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SOCIÉTÉ
DES letthes, des sciences, des arts, de l agriculture
ET de l'industrie
DE SAINT -DIZIER
HÉMOIRES
DR LA
SOCIÉTÉ DES LETTRES
des Scienoes,
des Arts, de T Agriculture et de l'Industrie
DE SAINT -DIZIER
TOME X
( Premier Paacictile )
SAINT-DIZIER
TYP. ET LITH. O. GODARD ET A. BRULLIARD
1906
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ
On peut se procurer ces volumes au prix de i fr. Vun (%S0 par la
poste) chex M. Boudard, conservateur du Musée, r. de Bar, à St-Disier.
TOME I. — Charte d'affranchissement de Salnt-Dizier.
Notice siir Eclaron, par M. le V" de Hédouville.
Les Oiseaux de la vallée de la Marne, par
M. F. Lescuyer.
Notice sur un ancien cours d'eau à St-Dizier,
par M. Cornuel. .
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TOME II. — Plantation des Conifères, par M. le V" de
Hédouville.
Une visite au musée de Baye, par M. le V* de
Hédouville.
Utilité de l'oiseau, par M. F. Lescuyer.
La garde nationale mobilisée de Saint-Dizier,
par M. ï*. Lescuyer.
Camps et enceintes fortifiés antiques, par MM.
E. et H. Royer.
Manomètre à air libre pour la mesure des
faibles pressions, par M. Adnet.
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par M. i^aulin-
Battage des pieux à l'écluse d'AIlIchomps, par
M. Lagout.
Beurvllle, Blinfey et fontaine de Ceffonds aux
xii' et XIII* siècles, par M. E. Hoyer.
Terrain crétacé inférieur du nord de la Haute-
Marne, par M. Cornuel.
TOME III. — FloredelaH"-Marne,i>arMM.AubriotetI)aguin.
TOME IV. — EpLis-.
TOME V. — Histoire du village de Mussey, par M. Mallet.
TOME VI. — Les origines de St-Dizler, par M. l'abbé Fourot.
Saint- Dtzier d'après les registres de l'échevi-
nage, par M. P. Guillemin.
— VIII —
TOME VII. — Antiquités recueillies en Tunisie.par M. Houdard.
Cirey-leChàleau, par M. l'abbé Piot.
La Marquise du CbAielet et Voltaire, par M.
l'abbé Piot.
L'art ancien et les moulages du Louvre au
Musée de Saint-Dlzier, par M Houdard.
Le Monastère de la Chapelle aux Planches, par
M. l'abbé Didier.
TOME VIII. — Fac simile de la Charte de Saint-Dizier, par
M. l'abbé Jacob.
Traduction de la Charte de Saint-Dizier, par
M. l'abbé Fourot.
Le sol et les eaux, par M. le D' Vesselle.
Naturalisation des oiseaux et mammifères, par
M. l'abbé Ruvrard.
Le gui de Noël, par M. Paulin.
Une vieille chanson, par M. Joppé.
L'abbaye Notre-Dame de Boulancourt, par M.
l'abbé Didier.
Couvents de Minimes k Bracancourt et Doule-
vant, par M. l'abbé Didier.
M. l'abbé Geoffroy et le Collège de Puellemon-
tier, par M. l'abbé Didier.
Le Couvent des Annonciades à Rourmont, par
M. Pariscl.
De la reproduction photographique des objets
colorés cl des manuscrits anciens, par M.
l'abbé Jncob.
Ferrure antique en lUe-Marne, par M. Paulin.
TOME IX.
t*» fascicule
2* fascicule
3* fascicule
Ei-laron pendant la guerre de 1870, par M. le
V de Hc^douvllle.
Végélntlon épiphyte des saules têtards, par
M. Thomas.
Chenilles de Macrolépidoplères français, (iou-
metrae (Phalènes^ par M. Friunnet.
Etal du clergé constitutionnel de la Hle Marne,
par M. H. Meltrier.
Notice sur la commune de Landrlcourl, par
M. Simonnet.
Siège et Monument de 1544, par MM. C. Mel-
trier et Charmeteau.
Catalogue du Musée de Sl~Dizier, 050 chez le cuncicrgc de la ma'.ric.
Emile HUMBLOT
Le Château
du
Grand jardin
1546
Maison de plaisance
de Claude de Lorraine et d'Antoinette de Bourbon
à JOINVILLE (Hte-Marne)
Clicliés de Charles STAEDLER
ClAI-DK DR LoitltAlNR
Ptiniurc à i'IiApilal de Joinville
INTRODUCTION
Heureux les pays qui gardent leurs légendes I La Lé
gende est souvent un chapitre de la vie locale que dé-
daigne l'Histoire, et cette menue monnaie des grands
événements sonne encore bien souvent, d'une façon poé
tique et troublante, alors que, depuis longtemps, la rumeur
puissante des faits authentiques est dispersée dans le vent
de l'oubli. Aux livres austères et contrôlés incombe la
tâche de retenir les faits dont la réalité est indiscutable ;
aux vieilles gens de repasser aux générations nouvelles le
souvenir fané des « on dit )) délicieux, que rien ne prouve,
il est vrai, mais qu'il est si agréable d'écouter, et qu'on
serait si coupable de démentir.
Joinville possède donc sa légende ; c'est, la légende du
Grand Jardin, autrement dit du Château d'en bas.
Elle est jolie comme toutes les fables^ elle; est éclairée
du sourire mystérieux de la « belle inconnue )), insépara
ble de tout beau conte d'amour, et le personnage principal
est un prince charmant s'il en fut, le noble, valeureux et
galant Claude de Lorraine. « Le noble baron, raconte-t-
on, n'était pas toujours fidèle à M™« de Bourbon, son
épouse, et la chasse n'occupait pas toujours ses loisirs.
Souvent, prenant le chemin qui conduit à la ville et s'ar-
rêtant à mi-côte, précisément à l'endroit qu'on appelle
aujourd'hui la Viergeotte, il entrait dans une humble de-
meure et, près d'une jeune fille charmante, oubliait le
— 6 —
luxe de son palais et Tillustre rang d'Anloineltc ( I ). Celle
dernière prépara sa revanche el l'exécuta sans bruit.
Claude de Lorraine fui bien surpris, un jour, ^e trouver
la modeste maison ornée comme son château et de voir
sa maîtresse, qui n'avait à peu près que des charmes pour
parure, habillée comme une duchesse. Il reconnut la
générosité d'une épouse, et, touché de cette noble ven
geance, il quitta, dit on, la maison de la Viergeotte pour
faire construire un petit château, essayant d'oublier les
plaisirs de l'amour dans les tracas de la bâtisse (i).
Nous avons tenu à conserver sa saveur à ce petit cou-
plet légendaire transmis par Jolibois et par Fériel, qui
l'empruntèrent eux-mêmes aux chroniques manuscrites
de Fornier et d'Oudin.
Au surplus, ce ne serait point la première fois que
l'épée aurait pris sa poignée dans les fils du rouet, et
nous acceptons d'autant plus volontiers le fabliau d'au
trefois qu'il a, du moins, le mérite de justifier, par un
sentiment bien humain, la conception et la réalisation de
ce château du Grand Jardin, dont nous faisons Tobjet de
ce modeste ouvrage. Pour mémoire et sans nous y atta-
cher, nous retiendrons même les variantes selon les-
quelles ce ne serait point du tout pour renoncer à la
Viergeotte que Claude de Lorraine aurait fait édifier le
Château d'en bas, mais pour donner à son amante un logis
digne d'elle. Pour l'honneur de celle hautaine et probe
figure qu'était le chef des Guises, honoré de l'amitié du
(1) Divers dociimenis cxisienl sur celle pass'on de Claude de lor-
raine dans deux recueils de la Hibliolbèqne Nationale, I* Koinler, T. I,
fol. 10 et 11, fonds français liSOi, el 2' Oudin (lOiT). fonds français
5798, 5791), 5800, 5S01. Mais il ne faut qu'avec une extrême réserve
accorder créance aux déclarai ions de ces deux historiens de la maison
des Guises, qui sont, à plus proprement parler, des panégyristes assez
peu dignes de foi,
M. de Pimodan, dans son remarquable ouvrage La Mère des Guises,
Paris, 1889, n'attache que peu de valeur à ces deux sources historiques.
(2) Jolibois. — La Haute-Marne ancienne et moderne, Chaumont,
1858, page 271, article : Joinville.
— 7 --
roi et titulaire de la haute charge de gouverneur de la
Champagne, nous préférons toutefois en rester à la ver-
sion du renoncement et au triomphe de la vertu dans
cette lutte de l'amour et du devoir. L'illustre prince
n'avait à cela que plus de mérite : il était encore relati-
vement jeune, bien qu'il approchât de la cinquantaine,
mais c'était là un demi-siècle bien porté, si l'on en juge
par les eiBgîes qui nous restent de lui. Toujours est-il
que le Grand Jardin s'éleva rapidement et que sur les
murs de la nouvelle résidence on grava, par l'ordre du
maître, les devises « TOVTES POVR VNE » faisant
allusion à la foi jurée, « LA ET NON PLVS » indiquant
qu'un repos champêtre sera désormais le seul plaisir de
répoux réconcilié (I).
Les maçons parurent au Grand Jardin un matin, en ce
temps même où une belle fièvre stimulait les construc-
teurs sur cinquante points du territoire et faisait jaillir
du cerveau des artistes tant de magnifiques inventions de
pierre, où éclataient dans une splendeur et une jouvence
exquise toutes les ressources de la Renaissance. Les sei-
gneurs voulaient, en des décors royaux, connaître toutes
les douceurs d'une vie facile et riante. On cherchait dans
les campagnes de France les sites les plus nobles pour y
dresser des palais, on osait même composer de toutes
pièces des paradis artificiels dans des contrées déshéri-
tées. Ainsi, depuis bien des années, depuis plus de trente
ans, Chambord silhouettait la féerie de ses toitures sur
les horizons désolés de la triste Sologne ; Anet venait de
sortir de terre pour l'heureuse Diane de Poitiers ; Blois
s'enorgueillissait de son château, qui devait être fatal aux
Guises. Cent merveilles sculptées à la manière d'Italie
fleurissaient sur le sol du pays de France.
Claude de Lorraine, piqué au vif par les constructions
qu'il avait vu édifier à Fontainebleau sur les ordres de
(1) Fériel. — Notes et Documents pour servir à l'histoire de Join-
ville. 1856, page 50.
— 8 —
son roi, connaissant peut être même certains des artistes
qui avaient collaboré à celte œuvre, ne voulut point
rester en retard sur son temps. Le goût était aux châ-
teaux, il résolut de bâtir à son tour, et, dans le vallon
joinvillois, choisit un emplacement, lit tracer des plans
et appeler des ouvriers.
U n'est pas interdit à Thistorien d'imaginer telles
scènes que rend rigoureusement véridiques la connais-
sance de certains faits précis. C'est ainsi que nous pou-
vons aisément voir descendre de son château d'en haut,
au petit matin, impatient de tenir en mains les clefs de
sa nouvelle demeure, le chef de la maison des Guises,
Claude de Lorraine, duc de Guise et d'Aumale, marquis
de Mayenne et d'Elbeuf, baron de Joinville, pair et grand-
veneur de France, sénéchal de Champagne, gouverneur
de Champagne, de Brie et de Bourgogne, chevalierde
l'Ordre du Roi et désormais époux fidèle d'Antoinette de
Bourbon Vendôme. Encore qu'il soit simplement vêtu,
sans apparat, suivi de son chien blanc favori, et qu'il se
rende par le coteau vers le chantier où l'on édifie son
rêve, Claude de Lorraine justifie la parole de cet histo-
rien du xviii<^ siècle qui lui prêtait grande allure et disait
de lui e qu'il était d'une taille avantageuse, très bien
proportionnée, d'une mine et d'un air qui sentoit son
grand Prince * (I). Sans doute, dans ses instants d'in-
spection, suppute-t il déjà le bel effet que feront les
quatre tours qu'il veut placer aux angles des murs de
clôture. 11 songe à tout, à l'agencement du parc boisé, à
celui du jeu de mail ; surtout il veut que la chose aille
vile. Il multipliera les ordres, il augmentera la main-
d'œuvre, on recommencera pour lui ces miracles d'archi
lectures improvisées, dont le souvenir emplit les temps
(I) Dom Calmet. — Histoire ecclésiastique et civile de LorrainCy
1728, tome II, page 1142.
- 9 —
antiques ; à Tentendre, il faudrait que le château fût
debout dans les quarante jours. Sur le sentier, son chien
le précède et il arrive à l'enclos où s'affairent, dans un
beau désordre, les charpentiers et les tailleurs de pierre.
Ce soir, dans les hautes salles du vieux château des
sires de Joinville, Claude de Lorraine reparlera de sa
demeure nouvelle, attentivement écouté par son épouse
qui triomphe ; il énumèrera les espèces d'arbres qu'il
veut grouper ici et là, il insistera sur le choix qu'il a fait
du « corinthien », style noble et exquis s'il en fut, et il
décrira les emblèmes que composent, suivant ses conseils,
d'habiles imagiers.
Enfin, au jour où à son tour Antoinette descend au
Grand Jardin, dûment achevé, dans ce fier et élégant
costume que nous lui voyons encore aujourd'hui en son
portrait conservé à l'hospice de Joinville, la noble fille
de François de Bourbon et de Marie de I^uxembourg ar-
rive au château, accompagnée de sa suite nombreuse.
Antoinette, heureuse d'avoir reconquis son époux, est
saluée par lui. C'est alors un beau prince de cour, qui
garde en son âge mûr toute la grâce forte, la beauté de
race et cette prestance de parfait gentilhomme qui le
faisaient si fort admirer de l'assistance au jour de son
mariage à l'hôtel des Tournelles, à la date, si lointaine
déjà, du 9 juin 1513. Il porte le justaucorps blanc bou-
tonné à petits boutons jusqu'à la ceinture molle. Les
cuisses s'étoffent à la mode du temps, alors que le maillot
moule les deux jambes nerveuses. Il se chausse de deux
mules sans parures, qu'il porte étroites, fier de son pied
fin qui pourtant fut longtemps prisonnier dans la botte de
guerre. Sur ses épaules pèse le lourd manteau a revers
d'hermine, tandis que les crevés bâillent sur ses arrière-
bras et que du coude au poignet s'enchevêtre, sur la soie
qui luit, un souple dessin de broderies. A son cou, retenu
par un fil, pend un médaillon ; à son côté, fidèle au bau-
drier finement orné, est suspendue l'épée plate et longue
que termine une garde cruciale. Sur sa lôte s'incline la
— 10 —
toque sombre chère à son roi ; et son chien fidèle est à
ses côtés (I).
Quant à Antoinette, Dieu la fit bonne si elle n*est point
belle. En ce jour de fête même; elle conserve cette austé-
rité qui lui est coutumière : son visage porte tous les ca-
ractères de ce type
Bourbon qui semble
composé pour le plat
d'une médaille: nez
long et recourbé vers
une bouche grande
où la lèvre inférieure
dénonce la sensualité
alors que la mince
lèvre supérieure est
toute de sécheresse
et de dédain ; arcades
sourcilières exhaus-
sées, grands yeux
pénétrants, inquisi
teurs et rayonnant
d'une lumière intérieure, méplats accusés, faciès serti de
lignes nerveuses qu'encadrent le sombre bonnet à dépas
sant clair et la fraise gaufrée prisonnière au col évasé
d'un manteau sans ornements. — (Portrait sur bois con
serve à l'hospice de Joinville) {'!).
Pour cette femme qui lui donna douze enfants, Claude
vient de renverser la devise qu'avait adoptée son père
René 11, duc de Lorraine. « UNE POUR TOUTES » est
devenu <» TOUTES POUR UNE » et les initiales C. A.
(Claude-Antoinette) se nouent maintenant et pour tou-
(1) D'après le portrait de Claude de Lorraine conservé à l'hospice de
Joinville. Ce portrait porte, sur le collier du chien, la date de 1611 :
c'est donc un portrait de galerie. (Voir la planche en regard du litre.)
(2) Deux portraits de Claude de Lorraine et d'Antoinette de Bourbon
figurent nu musée de Cluny. Ce sont deux émaux provenant de l'hos-
pice de Joinville et qui sont l'œuvre de Léonard Limousin.
- Il —
jours, sur les piliers décoratifs de ce lieu charmant.
Charmant en tout point, en effet, ce château du Grand
Jardin, si Ton en croit un manuscrit de 1632 (I). « Du
château, Ton a pour objet un beau jardin spacieux, planté
de toutes sortes d'arbres fruitiers, orangers, citronniers,
grenadiers et autres, à chacun des coins duquel sont
quatre belles tours et au milieu un grand et beau pavillon
où sont les cuisines et garde manger. 11 y a aux deux
bouts deux grandes montées fort larges et au devant un
escalier de même pour monter a une grande salle qui est
au dessus, dans laquelle, au côté droit, une belle cha-
pelle magnifiquement bâtie ; de l'autre côté, une chambre,
antichambre et garde-robe. Dans les fenêtres de ladite
salle étaient empreintes les armoiries royales et celles
des alliances de la maison de Guise, du temps de Claude
de Lorraine et de dame Antoinette de Bourbon, son
épouse.
(( Sur Tescalier sont bâtis deux dômes qui embellissent
ce bâtiment par haut, et de Tanlre côté, par derrière, il y
a un cabinet qui .sort de la muraille, lequel fait un autre
dôme bien joli ; et tout autour de ce pavillon sont les
devises et armoiries des sieurs et dames de Guise, des
cardinaux de la famille et autres.
(( Le parterre de ce jardin est arrosé de trois fontaines
qui sortent du flanc du rocher et de la montagne qui sont
au dessus, lesquelles font un canal large d'une toise et
demie passant au travers de ce jardin, où Ton voit une
grande quantité de poissons qui y sont nourris. Ce par-
terre est embelli de compartiments, entrelacs, berceaux,
arcades et tout autre qu'on pouvait souhaiter embellis
saient ce parterre, où l'on trouvait encore un beau jeu de
mail pour les plaisirs des seigneurs . . Par la permission
d'iceux, les bourj^eois du lieu pouvaient aller aussi s'y
recréer et passer le temps. Entre le jardin et la Marne
(1) Histoire manuscrite de Joinville, dont il existe plusieurs copies,
nue entre autres dans la bibliothèque de l'auteur.
— 12 —
s'élendail un petit bocage épais et peuplé de grands
arbres. »
Ainsi, au xvr'' siècle, le vallon joinvillois se trouva
enrichi d'une aimable résidence de plaisir par un des
plus nobles princes qui y vécurent jamais, de même que,
quelques siècles auparavant, le coteau de Joinville avait
été coiffé d*un des plus beaux nids de guerre de la contrée.
Autres temps, autres architectures !
Une vie heureuse allait emplir les salles du château du
Grand Jardin. La destinée des Guises avait grandi en
France d'année en année, et la maison de Lorraine médi-
tait déjà le projet de supplanter l'autorité royale. Hélas !
Antoinette de Bourbon, qui avait si sagement manœuvré,
se berçait de ses espérances : Dieu devait en disposer
autrement. Après quatre années de félicité, le chêne lor
rain fut frappé dans ses racines: Claude mourut le 12
avril lo.'ii». Son cœur (( plein de courage et de généro-
sité » cessa de battre. Joinville perdit le plus libéral de
ses sires.
Revenu malade de Fontainebleau, il avait vu bientôt
empirer son mal. Ses médecins impuissants accusaient le
poison. Ses derniers moments furent d'un chrétien : « Je
ne scais, dit-il à Theure suprême, si celui qui m'a donné
le morceau pour mourir est grand ou petit, mais quand il
serait là présent et que je saurois son nom, je ne le nom
merois ni accuserois mie, ainsi je prierois pour lui et lui
ferois du bien et lui pardonne ma mort d'aussi bon cœur
que je prie mon Sauveur de pardonner mes péchés. »
Chacun vit, avec une grande peine au cœur, s'éteindre
ce prince aimé de tous qui, peu de jours avant sa mort,
si l'on en croit son oraison funèbre, « le cœur renforcé
contre les mortels assaulx, allait et venait par sa chambre
et parfois jusqu'à son Grand Jardin où tout le peuple
s'assembla en sa grand'salle le jour de Dominica in pas-
sione, et illect fut faict la prédication après disner, où il
assista et ressiouyt son peuple par sa présence ».
- 13 -
On porta sa dépouille à l'église de Saint-Laurent, où
il dormit son dernier sommeil, après des obsèques quasi
royales (I).
Antoinette survécut trente-trois ans, après avoir fait
élever à son époux un monument superbe ; c pour cet
effet, elle envoya chercher dans les trésors de la nature
le plus précieux et le plus beau de tous les marbres, . . .
dans les secrets de l'art les artistes les plus délicats et
les plus doctes de la sculpture. En sorte que par ces soins
curieux elle luy érigea la merveille de son temps » (î).
Lorsque, dans la tourmente de l'Histoire, les dernières
feuilles qui pendaient a l'arbre des Guises furent disper-
sées, le Grand Jardin passa aux mains des princes d'Or-
léans. En 1747, Louis d'Orléans en décida la démolition.
Le bailli de Joinville parvint à faire revenir le prince sur
sa décision, répara l'édifice et y voulut lui même demeu-
rer. Plus tard, la famille d'Orléans reprit le château
qu'elle avait cédé à bail et ce ne fut qu'en 1791 que fut
vendue, cette fois définitivement, la maison de l'Amour
Repenti, le Château d'en bas, construit jadis pour un
cœur fidèle avec les morceaux d'un cœur brisé.
(I) Du HouUay. — Le catholique enterrement de M. C. de Lorraine.
|2) Fornier II, fol. 5(X). (ll!sloire manuscrite de lu maison de Guise.
Bibliothèque nationale). — M. de Pimodan, dans La Mère des Guises,
indique par erreur, page 3. le volume manuscrit de Fornier sous la
cote Supplément français 5802. i.a cote véritable est simplement : fonds
français 5802. — Sur ce monument, voir : Ronnaffé. Le Mausolée de
Claude de Lorraine, Paris, 188i. (Extra t de la Gazette des Beaux-
Arts). — Roserot. Nouvelles recherches sur le mausolée de Claude de
Lorraine. (Gazette des Beaux- Arts, mars 1899).
CHATEAU
DU GRAND JARDIN
Aspect Général
Faisant lace au Petit Bois, le château du Grand
Jardin se présente aujourd'hui aux regards, singuHè-
rcment modifié depuis le temps où Claude de Lorraine
y donna sa première lête. Si on en croit des documents
anciens, si Ton examine les dessins et gravures qui
subsistent, des douves profondes entouraient l'habita-
tion seigneuriale, les balustrades qui courent au-dessus
des corniches n'existaient point, non plus que les
hautes mansardes de style qui se décrochent sur les
toitures. Par contre, tous les ornements étaient intacts,
les trois dômes étaient là. Le temps n'avait point fait
son œuvre ! De même, dans les intérieurs, le plan pri-
mitif n'avait pas été modifié, l'escalier non encore dé-
doublé, la chapelle n'avait subi aucune transformation.
Nous nous proposons donc ici, parlant de l'aspect
actuel, de remonter aux origines de ce bijou d'archi-
tecture, de faire le relevé de ce qui n'a pas souffert,
d'essayer la reconstitution de ce qui est endommagé
ou disparu, et, autant que possible, dans la limite
qu'autorisent les présomptions de vérité ou de vraisem-
blance, de faire modestement revivre sous notre plume
— 16 —
ce qui est détruit avec ce qui subsiste de la résidence
de Claude de Lorraine.
Tel que nous le voyons actuellement, le château du
Grand Jardin ne manque pas d'allure. Sa caractéris-
tique première, celle qui frappe ù première vue, c'est la
distinction.
Avec une adresse intelligente, il a été plusieurs fois
restauré : nous avons dit qu'on lui avait ajouté, notam-
ment, six corps de mansardes de pierre qui — il en
faut souvent moins que cela -- auraient pu compro-
mettre l'harmonie générale de ses lignes. Heureuse-
ment, le mal fut réduit à son minimum. Cette décora-
tion à hauteur des combles resle adroitement solidaire
et parente de l'agencement décoratif des parties infé-
rieures. D'autres lucarnes jadis figuraient là, c'étaient
celles du plan conçu par Claude de Lorraine : elles
étaient plus modestes. Fériel, historien de Joinville,
regrette leur disparition ainsi que celle de certains
« clochetons et cheminées ». 11 faudrait se lamenter
encore, dit-il, sur la destruction des vitraux historiés et
a la mutilation de tout ce qui pouvait présenter un
caractère féodal ».
Néanmoins, le Grand Jardin de Joinville reste bien
de la famille distinguée d'Anet, de Chenonceaux et de
tant d'autres demeures princières, contemporaines de
sa construction.
Nous avons maintes fois rendu justice à la valeur
archéologique de Fériel, et ce nous est ici une occasion
nouvelle de faire appel à cet historien de la localité.
Nous ne pourrions, à vrai dire, mieux retracer qu'il ne
l'a fait l'aspect et les dispositions de cette demeure.
Aussi, nous reportons-nous à la notice qu'il fit paraître
- 11 -
en 1847, dans les Mémoires de la Société Historique et
Archéologique de Langres,
« Elevc sur un plan rectangulaire long de 48 mètres,
large de 12, le bâtiment n'a, à proprement parler,
qu'un étage. Au-dessous de vastes salles qu'on a dû
couper pour les rendre habitables, existent des celliers
voûtés et parfaitement appareillés ; au-dessus étaient
ménagés des logements de service. La porte d'entrée, à
laquelle on arrive par un escalier à double rampe qui a
remplacé la montée primitive, s'ouvre à l'aspect du
couchant ; elle est surmontée d'un bas-relief représen-
tant une bataille et d'une exécution aussi parfaite
qu'elle est délicate.
« Au levant et au midi, les murs se reflètent dans
icseaux d'un vivier, qui baigne le pied de l'édifice; sur
le milieu de la façade postérieure se détache un pa-
villon saillant plus orné que le reste. Les fenêtres sont
séparées par des pilastres géminés, et les socles de ces
pilaslres présentent encore des fragments d'écussons
avec des chiffres entiers. On y trouve la trace des ar-
moiries de Guise et de Bourbon-Vendôme, au-dessus
desquelles étaient placées les initiales de Claude et
d'Antoinette. Les devises sont gravées en creux sur des
cartouches qui s'attachent obliquement à la cannelure
des montants.
« Il faut renoncer à décrire l'ornementation de la
frise et de l'appui des fenêtres : des fleurs, des fruits et
des feuillages s'attachent en groupes, se mêlent en
guirlandes et parfois s'interrompent pour faire placo
à des têtes d'animaux ou à des figures humaines.
« Dans les entre-colonncmenls, au-dessous des ni-
ches, on voit des trophées d'armes, le symbole des
saisons, les attributs mythologiques de Mercure. Çà et
là oa remarque les alérions, la double croix de Lor-
raine et parfois un bras tenant une épée nue (1).
c N'oublions pas un guerrier à cheval, foulant aux
pieds un captif: ce relief se détache d*un soubassement
de la façade orientale.
« De Tancienne chapelle, aujourd'hui coupée dans
sa hauteur par un plancher, il reste la voûte à plein
cintre, ornée de caissons et de cartouches; mais la
montée qui y conduit n'est plus couronnée, à l'exté-
rieur, de son ancien clocheton ; il en est de môme de
l'escalier parallèle qui occupe l'angle nord-ouest et du
pavillon saillant au milieu de la façade opposée (3).
t Le toit, recouvert en ardoises et depuis longtemps
déjà privé de ses lucarnes, est lourd et triste au re-
gard ; sa charpente est parfaitement conservée. Les
tours (3), qui s'élevaient aux quatre angles du Grand
Jardin, n'existent plus. Les murs de clôture ont été,
dans certains endroits, reportés en avant pour agrandir
l'enclos, mais le parc boisé qui se rattachait au château
en a été séparé pour former, sous le nom de Petit-
(1) René de Lorraine, père de Claude de Lorraine, portait sur sa
bannière : un bras sortant d'une nue et tenant une épée. L'épée nue
marquait le droit du glaive et celui de protection souveraine sur les
chemins tant par terre et par eau dans toute l'étendue de leur dudié.
(Don Calmbt.)
(2) Le texte de Fériel est parfaitement explicite en ce qui concerne
la place des dômes, le prem'er sur la montée extérieure de l'escalier
de la chapelle, le second sur l'escalier symétrique du nord-ouest, et le
troisième sur le pavillon saillant de la face postérieure.
Ces déclarations sont pleinement confirmées dans un plan cavalier,
admirable de finesse et d'exécution. — Ce plan de Joinville, exécuté en
1750 par Contenot, alors ingénieur à Joinville, appartient à l'auteur et
il fournit sur la disposition et la forme des dômes des renseignements
précis tout en étant, malheureusement, d'un tracé minuscule.
(3) Tours indépendantes de l'édifice et marquant les angles des murs
de clôture. Plans Contenot et autres.
Bois, une promenade publique, dont la jouissance
appartient à la ville ».
Si nous ne voyons pas, comme Fériel, les murs se
<( l'efléter » dans l'eau, si nous connaissons, par contre,
les nouvelles lucarnes qu'il ne vit pas, car elles furent
construites en 1857, sous la direction de l'arclntccle,
M. Lcbreton, de Paris, avec la balustrade (I), dans le
même temps que Ton comblait les fossés, nous aurons
le courage qui lui manqua, celui de ne pas « renoncer
à décrire Tornementation » du Grand Jardin, car nous
croyons pouvoir apporter ainsi une contribution per-
sonnelle à l'élude de ce château de plaisance.
(1) Dans La Mère des Guises» M. le marquis de Pimodan dil, page IIÎ,
que l'édifice du Grand Jardin est c( singulièrement surmonté d'une
balustrade en fonte pe'nle en blanc ». M. de Pimodan ne s'est certai-
nement pas rendu compte de la matière dont est faite la balustrade, qui,
nous l'avons constaté, est bien en pierre.
Façade principale du ChAleaii du Grand Jardin
Façade Principale
Le comte Alexandre de Laborde a publié en 1836 un
ouvrage bien connu, intitulé Monuments de la France,
et où figurent, à côte de documents littéraires et artis-
tiques non sans valeur, des planches nombreuses des-
sinées par Bence et gravées par Pillemont et Lorieux.
Le zèle de Tauteur, appliqué à réunir, en deux volumes,
des témoignages épars relatifs aux plus intéressantes
œuvres bâties de notre pays, a été, — il laut pourtant
le dire une fois, — assez mal servi par le crayon ou le
burin de ses illustrateurs. A bien des points de vue, on
ne saurait trop recommander de vérifier aux sources
les dessins qui figurent dans ce grand recueil. Trop
— 22 —
souvent une iantaisie déplorable a entraîné les artistes
à interpréter plutôt qu'à transcrire, et, dans ce domaine
de la gravure, nous devons, hélas, trouver une lois de
plus la preuve que le proverbe italien « Traduttore,
tradittore » a bien souvent du vrai.
En ce qui concerne le Grand Jardin de Joinvillc (L II,
pi. 224-225), c'est pitié de constater avec quelle désin-
volture on Ta relevé. Sans nul doute, Tagencement
d'arbustes, de parterres, de rideaux de feuillages qui
forment fond de décor, la haie d'arrière-garde des
peupliers contribuent à donner à la résidence un aspect
lort aimable, mais, pour ce qui intéresse l'architecture
elle-même — qui est, croyons-nous, le point capital
de l'affaire, — il faut constater que c'est là l'image
d'un château, peut-être, mais, à coup sûr, point celle
du Grand Jardin.
I.a cassure caractéristique des charpentes du toit au
quart environ de la hauteur à partir des corniches
n'est pas observée. La proportion même de la corniche
est toute d'imagination. La porte d'entrée principale
n'a pas conservé sa proportion et même, si l'on tient
compte des modifications qui, dans la suite, ont été
apportées à son couronnement, on ne retrouve pas dans
les dessins de Bence le Iranc parti du linteau décoré
d'une bataille que soutiennent deux Victoires ailées
portant le laurier triomphal. La petite porte de gauche,
en regardant la façade, prend une importance qu'elle
n'a pas en réalité et les profils qui la surmontent n'ont
qu'un rapport lointain, comme proportion et comme
aspect, avec ce que nous pouvons observer sur place.
Le caractère même de l'ornementation est méconnu,
interprété avec sécheresse. Nous ne prendrons que
deux exemples : !<> dans cette même petite porte dont
— 23 —
nous parlons plus haut, la partie recevant décoration
est d'une fois et demie sa hauteur véritable ; 2« dans
les écoinçons ménagés par le cintre de la porte princi-
pale, les figures de Bence ne sont point ailées et ne
portent pas la couronne qui, dans le bas-relief, est
passée à leur bras.
Nous devons reconnaître que la gravure de la face
postérieure est quelque peu plus exacte. Mais nous
avons dû, bien qu'à i^egret, rectifier ces importants dé-
tails iconographiques avant de tenter d'entreprendre
une description plus scrupuleusement, mieux vérifiée.
»
« «
La façade principale se compose suivant une dispo-
sition symétrique dont l'axe vertical passerait par le
milieu de la porte cintrée ouverte au sommet du perron.
Une ordonnance da pilastres corinthiens, deux à deux
accouplés, se succède de part et d'autre, alternant avec
trois surfaces murales formant travées, où s'élèvent de
hautes fenêtres. Celles-ci ne présentaient pas autrefois
la coupure horizontale qu'on leur voit aujourd'hui à
mi-étage et éclairaient des intérieurs montant à toute
hauteur. Les parties extrêmes de la construction sont
occupées par des nus de murs percés de lumières rares
et étroites ; ces angles formant, par leur masse voulue
et par leur presque totale absence de décor, un con-
traste frappant avec la partie médiane toute de grâce,
de relief discret et de larges percements. Deux tou-
relles s'élevaient autrefois sur ces parties de l'édifice.
Un haut comble actuellement s'enlève par deux pentes
longitudinales vers une poutre faîtière parallèle aux
grands côtés du quadrilatère tandis que, latéralement.
— 24 -
deux autres pentes s'inclinent sous un angle un peu
plus accusé.
Cela constitue, en somme, une toiture à quatre pans :
le point de jonclion des pans nord et sud avec les
autres pans étant à peu près à l'aplomb de Taxe des
grandes fenêtres extrêmes (dernière travée). I.e tout
est couvert en ardoise.
Ainsi que nous l'avons dit, un double perron a été
ajouté au château, perron formant palier presque à la
hauteur des planchers et regagnant la différence de
niveau de ces derniers et du sol, l'espace ainsi limité
étant affecté à des pièces de service où l'on accède, sur
l'aile droite, par deux portes cintrées et sur l'aile
gauche par une porte h linteau horizontal. Enfin, dans
les parties pleines butant la construction, sont égale-
ment ménagées deux portes qui ont donné prétexte à
un arrangement exquis de couronnements et de fron-
tons cintrés. L'une de ces portes (aile droite) est totale-
ment détachée du motil central ; l'autre (aile gauche)
est en quelque sorte solidaire du dernier groupe de
pilastres accouplés. Avec un retrait de 0^25 sur le nu
principal, celte petite porte se couronne d'un motif
mouluré dont les profils inférieurs courent à la hauteur
des profils du soubassement des colonnes. Toutefois,
la mouluration de celle partie de corniche couronnant
la porte est distincte de celle du soubassement : si elle
se limite dans les mêmes niveaux horizontaux, elle
garde, ainsi qu'on en pourra jugor plus loin par les
photogravures accomj)agnant ce texte, la proportion
menue et gracile qui convient à un motif ornemental
d'aussi peu d'importance dans l'ensemble.
Quand nous aurons rappelé que les trois lucarnes
Renaissance et la balustrade qui court de l'une à
— 25 —
l'autre sont d'exécution moderne, nous pourrons abor--
der le détail de celte façade principale, en retenant
tout d'abord les véritables dimensions du château du
Grand Jardin : soit 49 "'70 pour les grandes façades,
13 mètres pour les petites, et une hauteur de 10™0o à
fleur de l'arête du profil supérieur de la corniche (1).
Partant de l'angle droit, en regardant la façade, nous
trouvons d'abord un pilastre d'angle retourné sur la
façade latérale et séparé de l'arête du mur par un petit
champ. Ce pilastre a sa base à la hauteur des plan-
chers intérieurs et il repose sur un haut socle qui ra-
chète la différence de ce niveau au sol du jardin. Le
soubassement n'en est pas orné ; la base du pilastre est
d'un profil corinthien classiquement tracé, le fût com-
porte 6 cannelures, mesure 0™52 de large et s'achève
par un chapiteau d'acanthes sous un entablement dans
la partie médiane duquel vient buter un bandeau plat
formant saillie sur le nu et se retournant sur l'aile
latérale.
En façade principale, entre ce bandeau et la partie
supérieure (corniche proprement dite), on voit un per-
cement sans ornement, d'une forme allongée, à l'aplomb
de la petite porte du rez-de-chaussée. Près de cette
porte, se trouve une petite fenêtre calée par deux pan-
neaux à table creuse que surmonte un fronton aux pro-
fils aigus, d'un joli caractère.
La porte compte l"iO sur 1"90 de haut, sous tableau.
Deux pilastres ioniques la flanquent, soutenant un en-
tablement dont la frise comporte un décor de rinceaux.
Le tout est dominé par une table saillante limitée par
de souples mouvements de pierre, où s'inscrivent sous
(1} Fériei, dous l'avons vti, fixe par erreur à 48 mètres la longueur
el à 12 mëlies la largeur du château du Grand Jardin.
— 26 -
un profil horizontal deux têtes d'anges joufflus ailées,
se faisant vis-à vis et participant à un motif de fruits
délicatement sculptés.
Au-dessus de celte porte, et suivant le même axe, une
fenêtre de petites proportions, reposant sur un profil
saillant, est couronnée de sobres ornements de fruits,
en relief.
Identique au pilastre d'angle (O'"o2 de large), un nou-
veau pilastre isolé marque la délimitation entre la par-
tie d'angle et la partie médiane. Toutefois, dans la
seconde moitié de sa hauteur, il présente, sur un car-
touche traité en cuir Renaissance, Tinscription « TOVT
POVR VNNK » (sic). Autre particularitii : dans le socle
figure un C sculpté, le C de Claude de Lorraine.
A la suite se trouve Tordonnance des hautes fenêtres
alternant avec les pilastres accouplés. L'imparlaite gra-
— il —
vure de Bence donne approximativement l*impression
de ce que pouvait être le dispositif de ces sveltes baies
montant tout d'une venue jusqu'au-dessous de Tenta-
blement, et encadrées, sur leui*s trois autres faces,
par un chambranle à la fois souple et nerveux. Une des
modifications qui leur ont été apportées fut, avons-nous
déjà dit, la construction d'une partie pleine indiquant
en façade l'existence de planchers intérieurs à mi-hau-
teur ; le caractère de l'habitation seigneuriale a malheu-
reusement souffert de cette disposition d'après coup,
fatale conséquence des nécessités d'une demeure mo-
derne.
Une seconde modification, datant de l8o7, fut la sup-
pression d'ornements sculptés soutenant l'abaque des
fenêtres de la partie gauche. Ils représentaient des têtes
d'anges, des motifs de fleurs et de fruits sculptés dans
le goût du temps. L'aspect princier a cédé le- pas aux
besoins de cette demeure aujourd'hui bourgeoise ; tout
logiquement, la proportion de la façade s'en est trouvée
modifiée et cette coupure a brutalement nui à l'élance-
ment qu'avaient si rationnellement prévu les architec-
tes du xvi" siècle. On doit pourtant reconnaître avec
quel goût et quelle adresse le château du Lorrain a été
remanié. La transformation eût pu être désastreuse,
elle n'est que regrettable et il y a lieu d'accorder les
circonstances atténuantes à ceux qui ont été chargés
de placer ces planchers et de modifier partiellement ces
nobles fenêtres. Ils ont su réaliser leur tâche coupable
avec prudence et habileté.
Tout était si joliment prévu pour donner à ces faça-
des une allure svelte et légère ! Les maîtres d'œuvre
d'autrefois s'étaient bien gardés de faire filer leur enta-
blement. Par crainte d'alourdir l'ensemble, ils avaient
— 28 —
décroché leurs frises et la partie inférieure de Tentable-
ment, ne les laissant saillir qu'à Taplomb des pilastres
et engageant, à leur lieu et place, dans le reste du nu
de la muraille, le sommet de leurs fenêtres ainsi percées
jusqu'à quelques centimètres de la corniche haute qui,
elle seule, courait sur tout le front de l'édifice.
De même avaient-ils évité de barrer toute la partie
inférieure de la façade par la ligne continue des mou-
lures des soubassements. Le zéro du mur descendait
entre ceux-ci jusqu'au sol, sans même que le moindre
slylobale ne se profilât à la base. Ces inventions char-
mantes, jointes à l'art de proportionner les pleins et les
vides, sont tout le secret de cette époque, faite de nuan-
ces et d'esprit méticuleusement dosé.
Un rien, et le château perdait de son éh^gance. Ah !
certes, ceux du temps passé n'auraient point songé à
supprimer les deux tourelles d'angle, la tourelle sur
Tavant-corps d'arrière, non plus qu'à chaperonner leur
construction de ces trois lucarnes et de cette balus-
trade aux profils secs qui pèse sur la pure et sage or-
donnance des pilastres et des baies !
A la suite de la fenêtre, et reposant sur un socle
oblong, deux pilastres accouplés que sépare une niche
en cul-de-four. Les pilastres sont cannelés (six canne-
lures) et portent, à la même hauteur que le pilastre
précédemment cité, chacun un écusson gravé : « LA
ET NON PLVS 9. L'acanthe fleurit aux chapiteaux et
dans la frise de l'entablement correspondant, une corne
d'abondance figure parmi d'autres ornements. La ni-
che dans son cul-de-four présente une coquille talon
en dessus, et sa base est sculptée dans la pierre, avec
le probe souci de se Umiter au joint inférieur, d'un
— â9 —
motif de casque à panache reposant sur une massue de
guerre et un espa-
don entre-croiscs.
A la suite d'une
lenêtre qui, comme
la précédente, et
d'ailleurs toutes les
autres en façade,
montre un meneau
vertical rompu par
le panneau plein dont nous avons parlé, se trouvent
deux nouveaux pilastres, sur leur socle, flanquant une
niche dans la partie
inférieure de la-
quelle est un cas-
que ailé avec un
caducée.
Sous la grande
fenêtre, une porte
cintrée surmontée
d'un baudrier or-
né; sur les pilastres, les cartouches « TOVTKS POVR
UNE, I.A ET NON PLVS ».
Dans les chapiteaux, une varianlc : deux mufles de
lion aux angles, sommés dans l'axe d'une tète d'ange ;
— 30 -
dans la frise enfin, un carquois acompagné d'une hache
et d'une flèche alterne deux fois avec des ornements
floraux.
Sous la fenêtre qui vient à la suite, une petite porte
en plein cintre avec fronton circulaire sans décor. Près
de cette porte sVpanouit le rampant extérieur du per-
ron qui masque une partie du mur inférieur et le socle
sur lequel reposent les deux pilastres suivants, en
sorte que la base de ceux-ci est au niveau du palier
d'arrivée.
Ces pilastres portent le cuir « TOVTES POVR VNE »
et la niclie intercalée contient la même coquille que
plus haut, talon en dessus ; les chapiteaux sont corin
thiens, sans variantes. Le soubassement de la niche
- 3i - .
est ici constitué par une dalle saillante ornée d'une
composition où Ton voit un homme nu sur un char,
laissant s'envoler derrière lui une écharpe, alors que
deux animaux
fantastiques
traînent l'en-
semble.
Le perron ,
qui a remplacé
la montée pri- ^
mitive, compte
une première volée de 7 marches de 0"M7 de haut,
montant par deux rampes cintrées, un palier, puis
un groupe de deux marches perpendiculaires à la
façade, et trois marches à la porte d'entrée. Les em-
marchements, paliers, rampes et balustres sont mo-
dernes. Ces derniers sont analogues à ceux de la
balustrade qu'on voit sur la toiture. Au fond du fer à
cheval que créent les deux montées, est une petite
fenêtre donnant jour dans les sous-sols.
Dans Taxe du perron s'ouvre la porte principale de
la demeure, cintrée, ornée de deux colonnes engagées
sr:?
Fiise sculptée au dessus de la porle du perron.
Perron du Château.
des deux tiers, de style corinthien, portant à la partie
supérieure du chapiteau, au-dessus du deuxième rang
de feuilles, une gaîne intérieure cylindrique et canne-
lée. L'arc repose sur deux parties moulurées et les
écoinçons contiennent deux belles figures en relief,
drapées d'un superbe mouvement, ailes déployées.
Toutes deux soutiennent d'un bras tendu une couronne
oblongue et feuillue. Elles portent chacune une cou-
ronne plus légère passée dans l'avant-bras. La figure
de gauche soutient une grosse palme. Les figures sont
d'un très noble caractère. Dans l'espace limité par les
deux branches de la couronne, on voit le reliel assez
confus d'une décoration de feuilles de laurier.
La porte a 2"»90 sous cintre et les colonnes sont d'un
diamètre de O^nSO à la base. Le tableau de la porte,
dans la partie cintrée, est orné de caissons défoncés.
Au-dessus, existe un important linteau qui servit de
prétexte à un agencement décoratif à la fois simple et
allure. Sur une largeur de 2"40 se déroule une compo-
sition de bataille à l'antique, très logiquement distri-
buée, au point de vue de l'appareillage, en trois pièces,
dont les joints verticaux ne sectionnent aucune figure
importante. La tradition gothique persistait au mo-
ment de la construction (et bien que l'on fut en plein
xvi*' siècle) de disposer le décor de telle sorte qu'il
n'eût rien à craindre, dans ses parties délicates et fra-
giles, de l'effritement fatal qui guette toute pierre, et
à plus forte raison tous les joints, plus vite effrités
lorsqu'ils sont rendus irréguliers et moins résistants
par l'existence de figures minutieusement sculptées.
C'est ainsi qu'une mêlée met ici aux prises des cava-
liers à boucliers et des soldats à pied brandissant le
ter pour un grand carnage. Au seuil même de cette
demeure qu'il avait consacrée à l'amour repenti, Claude
3
-ai-
de Lorraine voulut commémorer, par un symbole du-
rable, qu'il s'était couvert de gloire en combattant près
de son roi François I", sur la terre d'Italie, aux champs
de Marignan, puis, plus tard, à Fontarabie, à Hesdin,
•à Neufchâteau, à Saverne et à Péronne, en Champagne
à la poursuile des gens d'Espagne, à Damvillers, à
Montmédy, à Ivoy, à Arlon, à Luxembourg contre les
Impériaux, à Landrecies, partout enfin où paraissait la
double croix des armes de Lorraine.
Autrefois, si l'on s'en réière au douteux témoignage de
Bence, une partie pleine couronnait ce linteau si artis-
tiquement décoré. On voit actuellement une baie à
meneaux assez disgracieuse, comportant un treillage
losange, de pierre, peu en rapport avec l'esthétique
générale de l'édifice. C'est encore là une modification
faite par l'architecte Lebreton, cette lois, il faut l'a-
vouer, assez mal inspiré. •
Constatons, au passage, que la hauteur même du
linteau disposé sur la porte principale a commandé
celle des parties pkines surajoutées aux (enêtres, lors
de l'établissement des planchers à mi-étage.
Ici commence une disposition symétrique de celle
que nous venons d'étudier (l), c est-à-dire deux pilas-
tres accouplés à chapiteaux corinthiens avec niche
médiane, les pilastres portant le,^ cartouches « TOVTKS
(Il II faul pouitanl tenir roinpie de ce que les labiés d'appui de fc-
nôlres, dans celle partie de l'éd-iice, étaient plus élevées au-dessus du
sol que ne l'élaienl celles des autres baies l'ne disposition analogue se
rclronvail en façade postérieure. Nous n'avons pu découvrir pont quelle
raison avait été adoptée cette disposition bizarre lors de la conslrnclioii
du chAteau. Ces abaques étaient fort délicaleinenl décorées. Nous avons,
il y a quelques instants, signalé qu'en 1857 le dernier propriétaire du
cbAteau, pour ramener toutes les fenêtres nu inéme niveau, lit déposer
ces appuis. L'ensemble en est fort heureusement conservé dans les
greniers même du Grand Jardin.
- 3S-
POVR VNE » (pilastre de gauche), « LA ET NON
PLVS » (pilastre de droite), la niche ornée d'une co-
quille, talon en dessous, la parlie iniérieure de la niche
étant consti-
tuée d'une dal-
le saillante où
l'on voit en re-
lie! deux chc
vaux galopant
et trainant un
char qu'occu-
pent deux figure?, le tout sortant d'un buisson feuillu ;
une Irise d'entablement décorée de trois tête? , une de
lace et deux de chaque côté, que relient des sortes de
gourdes de pèlerins.
Puis une lenétrc tvpc des Ibnélres précédentes, au
dessous de laquelle est une porte de service. On trouve
ensuite deux pilastres accouplés portant les cartouches
-36 —
u TOYTES POVR VNE » .pilastre de gauche), « LA ET
NON PLUS * (pilastre droite» ; pas de niche entre
ces pilastres : dans la construction primitive il en
existait une, mais des restaurations l'ont supprimée,
tout en réservant la dalle inférieure qui porte un casque
vu de face accolé de deux retombées de Iruits ; en Irise
d'entablement deux têtes de profil sur les angles, une
tête de face dans Taxe et, reliant le tout, un arrange-
ment de gourdes de pèlerins. Puis une fenêtre à me-
neaux (type décrit), au-dessous de laquelle sont trois
baies formant molil d'un type analogue aux fenêtres
du soubassement de la face postérieure, lesquelles sont
contemporaines de la première construction. Il est
à remarquer que celle fenêtre n'existe pas dans la
planche de Bence, ce qui pourrait laisser supposer, en
admettant l'exactitude du graveur sur ce point, que
cette ouverture serait postérieure aux ouvertures simi-
laires qu'on voit sur l'autre lace. Mais nous avons vu
que le témoignage de Bence n'offre qu'une garantie
plutôt médiocre. Viennent ensuite deux pilastres ac-
couplés avec niche, les cartouches portant « ÏOVTES
POVR VNE, LA ET NON PLVS ». Des têtes d'anges figu-
rent aux chapiteaux composite corinthien, la frise porte
des casques, morions, boucliers, sabres et masses
d'armes, la ni-
che, talon en
dessus avec co-
(|uille ; la dalle
intérieure est
décorée d'un
char traîné par
deux béliers,
char dans lequel est assise une femme niie qui pré-
sente une coupe, alors que deux figures apparais-
- 37 —
sent très peu en relief, à Tavant et à l'arrière du
char.
Après une lenêtre à meneaux, sous laquelle est percée
une porte sans décor, nous trouvons un pilastre Isolé
à chapiteau corinthien ; la Irise de Tentablement por-
tant une tête vue de face, et le cartouche cuir « LA ET
NON PLVS ».
Dans la partie pleine qui suit, on voit une petite
fenêtre à fronton triangulaire et à pendentif où sont deux
têtes de chevaux dans un décor de feuillage. Puis une
porle, butant dans le soubassement du pilastre sus-
nommé, est encadrcc d'un motif à pilastre ionique
cannelé (un seul, l'emplacement de l'autre étant en-
gagé), d'un couronnement de rinceaux très déliés avec,
au centre, un buste d'enfant, le tout surmonté d'un
trumeau triangulaire portant au milieu les lettres en-
lacées C. A., et sous son fronton supérieur la date
- 38 -
1546(1). Un vase ardent, à l'aplomb du pilastre ionique,
et de souples rinceaux feuillus et fleuris complètent la
décoration de cette élégante porte. Tout ce nu est en
retrait de 0"2o sur le nu du motif central.
Un pilastre d'angle, retourné sur la face nord, cale
enfin cette (açade principale avec le même dispositif de
bandeau plat courant à hauteur du troisième tiers infé-
rieur de rentabîement et ménageant entre lui et la cor-
niche une partie de frise plate simplement appareillée
et sans décor.
Quant à la corniche proprement dite, elle présente
sur tout le Iront de l'édifice un profil très classique
avec un beau larmier gras et souple, et de fines con-
soles entre lesquelles alternent des têtes fleuries, des
rosaces, des mufles d'animaux stylisés reliés par un
discret décor de fleurs.
(I) Celle diile de 154G semblerail devoir prouver que le château avait
été commencé vers celte époque pour n'être achevé que plus lard. H
faut se souvenir, en efTel, que celle année 1546 fut précisément
celle où les nouveaux bâtiments du Louvre furent décidés. La même
année, Philibert Delorme bâtit Saint-Maur. Le grand mouvement qui
devait révolutionner l'architecture française n'en était qu'à ses pre*
miëres manifestations.
Le Ch&leau du Grand Jardin, façade postérieure
(D'autres la Uthojinplue de CIcérî ).
Façade Postérieure
Cet aspect de la maison de plaisance des ducs de
Guise a été plusieurs fois reproduit dans des ouvrages
relatifs à Joinville.
Nous citerons entre autres une planche, page 108,
des Mémoires de la Sodé té Historique et Archéologique de
Langres, 1847, planche lithographique de Guesdon,
dessinée par Girault de Prangey, en 1839, et imprimée
par Lemercier, à Paris ; puis, dans les Voyages pittores-
ques et romantiques de l* ancienne France, du baron Taylor,
à la série a Champagne », une lithographie de Cicéri,
imprimée par Thiéry frères; puis une phototypie pu-
bUée en 1887, d'après un document ancien, qui n'est
qu'une planche de Bence, dont nous parlerons tout à
l'heure, et transposée dans un recueil de vues joinvil-
loises édité par E. Lepoix, à Joinville, sous le titre :
Jointille ancien et moderne. Citons encore, pour complé-
- 40 —
ter riconographie du château du Grand Jardin, dans
un ouvrage public chez Didot, 1859 : Mémoires de Jean,
sire de JointilU, une gravure de Gaucherel et de Laraar-
che, qualifiée : Maison de plaisance des ducs de Joinvilley
et que n'accompagne aucun commentaire. La gravure
a été reproduite par E. Lepoix, en frontispice d'une
plaquette : Notice historique sur le château de Joinrille
(Haute-Marne). Ce même ouvrage contient une autre
phototypie, élablie d'après une photographie de la
façade principale du Grand Jardin. Le commentateur
de cette dernière planche atteste que la partie gauche
de l'édifice a été ajoutée. Rien ne vient à l'appui de sa
thèse et tout, au contraire, laisse entendre que cette
aile est contemporaine du corps principal : on conce-
vrait mal qu'il en lût aulrcment, dès l'instant que l'on
prend soin de rapprocher le caractère d'ornementation
des portes et fenêtres de cette aile de celui des décors
de la construction médiane, où figurent les pilastres
cannelés et les hautes baies décrites plus haut. Cette
aile servait de base, ainsi que la partie correspondante
de droite, à deux tourelles qui, malheureusement, ont
disparu et auxquelles on accédait par des escaliers
encore conservés intérieurement. L'existence des deux
constructions à mur plein reste incontestable dès I.')46.
Relativement à la façade qui nous occupe mainte-
nant, la gravure de Bence, reproduite dans l'ouvrage
de Lepoix, montre la disposition dos fossés remplis
d'eau qui enserraient rédificc. Nous nous rallions,
cette fois encore, à l'opinion de Fériel, qui dit, dans
ses Notes historiques sur la ville et les seigneurs de Join-
tille : « La planche qui donne la vue de ce château,
prise du côté du canal, c'est-à-dire par derrière, est de
beaucoup supérieure à l'autre pour la fidélité et l'exé-
cution. » On remarque dans cette planche qu'il y a de
— 41 —
Teau sur trois côtés. La douve qui existait sur cette
surlace a donc été remplie avant 1835, car Fériel dit :
« Au levant et au midi, les murs se reflètent dans les
eaux d'un vivier que baigne le pied de l'édifice », et il
ne parle pas du côté nord.
La planche de Guesdon ne présente qu'une partie
de cette façade, celle qui comprend l'angle sud avec la
fenêtre de la chapelle, trois travées de fenêtres et de
pilastres, l'avant-corps reposant sur Irois piles doriques
et une travée de fenêtres. Le dessin, sans être rigoureu-
sement fidèle, est consciencieux et a une certaine
valeur documentaire.
I^a planche de Cicéri est élégante et est établie par
un artiste délicat, soucieux du pittoresque, un pitto-
resque qui nuirait parfois à l'exactitude. Une des par-
ticularités de cette œuvre est qu'on y retrouve l'indica-
tion d'un ponceau de fer, à gauche, enjambant les
douves encore existantes à l'époque où fut gravée la
planche.
Façade poslérieurc actuelle du ChAteau.
— 42 —
Un coup d'œil suffit pour nous rendre compte que
les deux grandes laçades s'ordonnent sur un parti
identique : deux butées latérales, la même disposition
de travées, et le remplacement (en façade postérieure)
par un avant corps intéressant de la parlie médiane où
cxislait (en laçade principale) la montée d'accès au
seuil du petit château.
Nous prendrons notre analyse par l'aile gauche, en
regardant la façade, c'est-à-dire par la partie où existe
la chapelle.
Après un pilastre d'angle retourne sur la façade sud,
de style corinlhien et cannelé comme les pilastres de
la façade principale, mois ne portant pas de cartouche,
vient une large baie cintrée éclairant le fond de la cha-
pelle et montrant dans son tableau vertical un pilastre
cannelé. Un nouveau pilastre s^ns cartouche fait pen
dant au premier, un entablement sans décor étant jeté
de l'un à l'autre. Après quoi commence le dispositif
alterné de baies et de pilastres. Un premier pilastre,
formant motif avec le précédent, repose avec lui sur
un socle sans ornement, alors qu'il est surmonté d'un
entablement décoré do tètes de lion dans la frise et que
ses cannelures sont coupées par l'écusson « TOVTES
POVR UNE ».
Suit une haute fenêtre analogue à celles de la façade
principale, au-dessous de laquelle s'ouvrent trois pe
titcs baies accouplées éclairant les services du rez-de-
chaussée.
Puis viennent deux pilastres accouplés flanquant une
niche où l'on retrouve la coquille, talon en dessus. Les
inscriptions respectives des cartouches sont : cr TVO-
TES (sic) POVR VNE, » et TOVTES POVR VNE «. La
pierre inférieure de la niche est décorée d'une tête
— 43 —
d'ange dans un cartouche carré. La frise d'entablement
porte au centre un petit cartouche.
Le socle de ces deux pilastres mesure 2 mètres de
long sur une hauteur de un mètre, et sa base repose
sur le talus appareillé qui, actuellement, est enfoui,
mais dont les gravures anciennes nous montrent le
fruit robuste plongeant dans les eaux du vivier.
Ledit socle est orné d'une table creuse, moulurée
dans son cadre oblong et portant sur son plat, à gau-
che, le C, à droite, TA, dans lequel apparaît l'effigie
symbolique de René II, duc do Lorraine ot père de
Claude : un bras armé, sortant d'une nue, tenant une
épée deux fois ceinte d'un roulet.
— li-
on trouve ensuite une fenêtre à meneaux surmon-
tant le même percement trilobé du rez-de chaussée,
puis deux pilastres corinthiens avec les cartouches
« Lk ET NON PLVS » à droite et « TOVTES POVR
VNE » à gauche, avec, entre les deux, la niche à co-
quille talon en dessus, une abaque ornée et, par dessus
le tout, un enlable
ment à frises ornées
de rinceaux Renais-
sance.
Le socle commun
aux deux pilastres a
2 mètres de long sur
l'"3o de large. Il ne
comporte, cette fois, pas de table creuse, mais un sim-
ple nu sur lequel s'enlève, d'un beau relief, un cavalier
nu, bouclier au bras gauche, menaçant, de la main
droite armée d'un glaive, un soldat nu et tombé, qui
s'abrite sous son bouclier et par-dessus lequel bondit
le cheval, en se cabrant.
A la suite d'une fenêtre (type décrit), accompagnée
des baies trilobées du rez-de-chaussée, se trouvent un
pilastre et un demi pilastre, séparés par une niche à
coquille, à abaque ornée, les chapiteaux étant d'un
corinthien extrêmement composite, le cartouche du
pilastre plein portant « TOVTES POUR VNE y> ; les
initiales C. A., quoique grattées, paraissent encore dans
le socle. Les profils de l'entablement viennent buter
dans l'atlique, dépourvu de tout ornement, qui coiffe
l'avant-corps.
La saillie extrême de cet avant-corps sur le nu zéro
de l'édifice est de 2"25. Il se compose de trois piles
allongées rentrant sous l'édifice, arrondies sur leurs
faces et terminées par un chapiteau dorique portant
un lourd entablement décomposé : 1° en un premier
corps de moulures ; 2** en une partie médiane, où trois
robustes et grasses consoles sont séparées par de pe-
tites lumières donnant dans les celliers ; i^ en un cou-
ronnement formant corniche, de silhouette très vigou-
reuse et mesurant, sur la face, une longueur de 5
mètres, la largeur inférieure mesurée sur la face des
consoles étant de 3*^70. Chacune de ces consoles compte
Q'^li de large (1).
Au-dessus de cette assise, s'élève un corps de ma-
çonnerie rectangulaire distribué en un premier socle
très orné, un parti de gaines feuillues reposant lui-
même sur des petits dés, le tout coiffé d'un profil très
simple sur lequel, non sans élégance, vient se poser
l'attique. Quatre fenêtres ajourent l'avant-corps pro-
prement dit et un œil-de-bœuf troue le cube de maçon-
(1) Le lableau de la ville de Joioville (1639), plan en peinture con-
servé à la mairie de Join ville, donne la pieuve de l'exislence du dôme
9ur Tavant-corps, ainsi que le disposltir des dômes latéraux de la face
principale.
\uil«l I orh^ E;i<.M h' ^xi-^iK i M'iin
^ 4T -
nerie de Taltique dans son axe. Par-dessus, enfin, Ton
voit un bandeau filant avec le profil supérieur de la
corniche du bâtiment, sur lequel bandeau prend place
une balustrade moderne formant balcon à une lucarne
également moderne.
La décoration de ce petit ensemble est des plus soi-
gnées et vraiment charmante. Les gaines de la partie
inférieure (trois sur la face principale, une sur chaque
face latérale) sont composées de fourreaux de pierre,
couronnés à leur sommet par des bustes humains,
sortes de termes qui portent sur leur tête des corbeilles
fleuries où vient reposer une corniche saillante coupée
par deux percements de baies. Sous chacune de ces
baies sont des panneaux scul()tés représentant Tun et
Détails de Ta vanl -corps.
^ iè
Tautre deux anges ailés, qui, avec une grâce bien
païenne, élèvent entre eux un anneau, alors que de
Tautre main ils soutiennent des cornes d'abondance
d'où roulent des fruits.
De même, les gaines supérieures sont lort habilement
traitées. Deux baies sans caractère s'insèrent entre
elles.
Dans la partie droite delà façade qui vient immédia-
tement après l'avant corps, notons cette particularité
que le pilastre d'angle est entièrement dégagé. On a
donc un motif complet de deux pilastres avec cartou-
ches « TOVTES POVR VNE, LA ET NON PLVS »,
avec, dans la fri-
se, des têtes de
bucrane, tandis
que, celte fois, la
coquille de la ni-
che a son talon
en dessous et que,
dans la pierre d'abaque, se trouve un intéressant relief
représentant un ange ailé et deux dauphins.
Viennent ensuite une fenêtre à meneaux surmontant
les baies trilobées, puis deux pilastres à cartouche
« TOVTES POVR VNE, LA ET NON PLVS ». La niche
a été bouchée et il est à remarquer que, dans la façade
principale, la niche de la même travée a subi semblable
modification. Quant à l'abaque, elle porte une très
jolie décoration de guirlande de fruits. La frise d'en-
tablemont est originalement ornée d'un motil de tor-
tues fantastiques. Le socle des pilastres porte le G et
l'A, le bras armé issant du nuage, ainsi que le roulet.
Ensuite on rencontre une travée de fenêtres (modèles
décrits), deux pilastres à cartouches « TOVTES POVR
- 4d -
UNE, LA ET NON PLUS », une niclie à coquille lalon
en dessous, la pierre d'abaque portant une femme as-
sise dans un char que traînent deux chevaux, l'Amour,
chargé de son car-
quois et de son arc,
courant aux côtés
de Tattelage.
Puis une fenêtre
refaite. On voit en-
core, sur la droite,
un retrait dans la
maçonnerie. Au sommet, sur le côté droit, se distingue
l'amorce d'un bandeau avec un motif sculpté ; h la
partie inférieure existe un piédestal que supporte un
mufle de lion.
Après deux pilastres, dont le second est en retrait et
a subi diverses réfections, vient la partie de maçon-
nerie où existent quatre percements pratiqués sans
aucun souci des axes ni de la symétrie. La fenêtre su-
périeure porte un cartouche « LA ET NON PLVS », la
fenêtre intermédiaire est soutenue par deux consoles.
Les deux petites baies, au rez-de-chaussée, sont coif-
fées d'un fronton qui s'orne de trois urnes fort simples,
le fronton étant supporté par deux consoles sans grand
intérêt, chaque baie comportant un cul-de-lampe de
mascarons accompagnés de banderoles et de feuil-
lages. Un pilastre d'angle limite celte aile latérale, qui
compte 4 mèlres de largeur.
Nous ne saurions trop déplorer la suppression des
douves, qui donnaient h cette façade du Grand Jardin
son caractère propre, justifiaient la structure de l'avant-
corps, hii donnaient cette belle proportion qu'on lui
voit dans la lithographie- de Guesdon et dégageaient.
_
- 80 -
par un sensible abaissement de niveau, toute une
ordonnance d'architecture, prévue pour être consi-
dérée sur le terre-plein de soutènement actuellement
dissimulé par le remblai.
Verrons-nous jamais restituer ces fossés au château
de Claude de Lorraine ? On doit toujours l'espérer, tout
en en doutant bien lort. Un archéologue peut en rêver.
Mais les conditions de la vie moderne et les lois de
l'hygiène d'aujourd'hui en disposent autrement.
Façade nord du Château du Grand Jardin.
Façade Nord
Sans grand intérêt, elle se compose, sur ses 13 mètres
de large, de trois panneaux circonscrits par quatre pi-
lastres cannelrs, exhaussds sur des socles dont les li-
gnes filent avec celles des socles des autres laçades. Les
pilastres ne porlent pas dVcussons.
Un entablement court sur le tout et dix baies percent
la muraille ici et là. La première lenèlrc en haut à gau-
che porte en fronton un motif dt-eoralif et, sous sa
pierre d'appui, une tète sculptée. Immédiatement au-
dessous, se trouve une autre fenêtre qui comporte une
décoration de trois figures d'enfant jouant à taquiner
deux fauves dont les têtes seules paraissent.
Au rez-de-chaussée, on voit, dans le même panneau
de gauche, deux fenêtres analogues, à fronton et à
consoles, reposant l'une et l'autre sur des reliefs très
fouillés, dont le motif central est une tête d'homme
dans des rinceaux.
Dans la frise d'entable-
ment, l'on voit, à l'aplomb
de l'un des pilastres mé-
dians, une ornementation
dont la tête de chèvre fait
les frais ; à l'aplomb de
l'autre, deux faunes tien-
nent un écusson au cen-
tre duquel se trouvent des
grappes de raisin.
Dans lcj)anneau du mi-
lieu, la fenêtre supérieure
est décorée d'un linteau
orné et son abaque repose
sur un papyrus à demi
déployé où figure en relief
une tête d'homme. Sous celle fenêtre existe une autre
baie (!«' étage), décorée de deux têtes d'anges, et la
fenêtre du rez - de chaussée, à fronton triangulaire,
.'«^. '■ v.~," . .«r*»r, Ji
3é
m^Tt
^ 53 -
repose sur un relief où nous reconnaissons la tête
de bucrane.
Le panneau de droite comprend enfin, à mi-étage,
entre le deuxième et
le premier étage, une
fenêtre sous laquelle
sont sculptées deux
têtes de chevaux ré-
unies par une co-
quille et des palmet-
tes ; puis, à hauteur du premier étage, une petite baie
allongée et sans caractère ; enfin à demi-hauteur, entre
le rez-de-chaus-
sée et le premier
étage, une autre
fenêtre, à fronton
triangulaire, re-
posant sur une
fine abaque dont
la partie inférieure est élégamment décorée d'un bucra-
ne, des yeux duquel se détachent de souples banderoles.
Bence a indiqué, dans sa composition, un ponceau
de bois enjambant les douves et aboutissant à la façade
que nous venons d'étudier. Le pittoresque du dessin y
gagne sans doute, mais la vérité historique en souffre,
car nulle porte n'a jamais existé sur cette façade et les
hallebardiers de Bence n'auraient jamais pu passer par-
là. La seule excuse de Bence est une faute de perspec-
tive. Le pont a presque sûrement existé de ce côté, sur
un ruisseau alimenté par une fontaine venant de la
colline, parallèlement à l'autre canal, dont on peut
voir des restes de construction dans le jardin ; mais il
était reporté bien en avant de l'angle du mur et se
— 54 —
trouvait aboutir au château, de telle sorte qu'il permît
l'accès de la tour actuellement disparue. Mais cet accès
était en lace principale et non en face latérale.
Une particularité de construction est à signaler pour
cefle face : le mur, au lieu d'êlre en ligne droite, <l'un
pila^-trc à Tautre, présente un angle obtus ouvert et
lormant ainsi légère saillie au centre de la largeur. Le
pilastre d'angle de la face principale étant d'équerre
avec la portion de droite de la face nord, il s'ensuit
que cettcf petite partie de la façade principale, où se
trouve la porte portant la date 15i6, est en retrait de
O'"2o sur la ligne d'ensemble.
Façade sud da Château du Grand Jardin.
Façade Sud
Celte quatrième façade a une tenue arcïiilecturale un
peu plus accentuée que la précédente. Elle se compose,
comme elle, de trois panneaux limités par quatre pi-
lastres (sans cartouche) dont deux d'angle.
Dans le premier panneau, à gauche, on voit deux
baies : une au rez-de-chaussée, portant un fronton
simple et soutenu par un cartouche Renaissance flanqué
de deux têtes d'enfants ailés ; l'autre, percée dans le
bandeau supérieur et encochant la muraille jusqu'un
peu plus bas que la bague des chapiteaux ; un autre
cartouche décore également l'abaque de cette fenêtre
étroite et allongée.
— 56 —
Les deux autres présentent un dispositif identique.
En l'un comme en l'autre, on voit une porte à rez-de-
chaussce, sur le bandeau supérieur de laquelle s'étage
une baie en plein cintre d'une très bonne proportion.
Les tableaux de ces deux baies cintrées sont décorés
d'un discret pilastre dont le couronnement se trouve
à la hauteur de la retombée des arcs. Ce sont là les
deux portes- lenêtres de l'orangerie actuelle qui (ut
jadis, avant de passer par une série de transformations,
la chapelle du château du Grand Jardin. Le plafond de
cette chapelle a conservé encore, et c'est iort heureux,
toute sa décoration qui pourtant est empâtée par des
couches de badigeon de chaux qui la dénaturent. C'est
là un plafond à caissons disposé selon une suite de
nervures géométriques se recoupant en diagonale dans
l'axe longitudinal de la pièce et déterminant, par leur
croisement, des hexagones allongés et des carrés où
s'enchâssent des cartouches nerveusement découpés et
d'un fort relief. Ces ornements sont enrichis de thèmes
floraux qui s'assemblent très heureusement avec les
formes sèches et nettes des cartouches auxquels ils
sont attachés. Une inscription— 1546— figure dans
le plafou'J, où l'on retrouve également le C et l'A de
Claude et d'Antoinette.
La chapelle mesure, dans son œuvre, T'^IO sur 4'"I5.
Sans doute, dans cette chapelle vint souvent prier le
- 57 -
prince, fatigué de tant de prouesses, qui, sur le soir de
ses jours, était tout à la fois revenu à sa femme et à
Dieu. Dora Calmet dit « qu'au souvenir et en expiation
de ses péchés galants, il portoit toujours, sur la chair,
au haut du bras gauche, un bracelet de fer qui Tin-
commodoit extrêmement ».
Si Ton s'en rapporte au témoignage du même auteur,
Claude aimait la musique autant que la chasse : « La
musi lue lui servoit de délassement et il l'employoit,
les jours de fête et de dimanche, à louer son créateur
et à illustrer son culte. La vie étoit aimable au Grand
Château. Le prince y tenoit toujours table largement
ouverte à tout venant et il prioit chacun de ne point se
priver des plaisirs de la plus large hospitalité. Toutetois il
lui répugnoitde voir dégénérer l'amusement honnête en
scandaleuse licence et il ne manquoit point de chasser
sans rémission ceux de ses serviteurs qui s'abandon-
noient à la faiblesse d'abuser des trésors de sa cave.
La diversité de religion et l'insolence des libelles diffa-
matoires qui régnoient alors produisirent plusieurs
mauvais écrits, où les princes lorrains étoient tort mal-
traitez de la part des protestants ». (Histoire de Lor-
raine, t. II, p. 114-2.) Mais la piété de la maison de
Lorraine ne saurait être contestée par l'Histoire, et les
sculpteurs Dominique le Florentin, dit del Barbiere,
Jean Picard, dit le Roux, et Richier, chargés par Antoi-
nette de Bourbon de grouper des allégories dans les
tympans du mausolée où reposa Claude de Lorraine,
eurent raison d'y réunir, tout d'abord, la Foi et la
Religion.
Au-dessus du deuxième pilastre, en partant de la
gauche, est un cartouche portant une table creuse
rectangulaire; au-dessus du pilastre suivant est un
autre cartouche, très déchiqueté, dont le centre est
occupé par un mascaron où figure, en relief, une tête
de lion.
Intérieurs
En entrant par la porte de gauche (l'^'tO de large), au
fronton de laquelle est inscrite la date de loi6, on se
trouve dans la cage d*un escalier tournant, tout en
pierre, comptant 53 marches, dont la largeur est de
l^oO. Nous avons vu que c'était là remplacement d'une
des anciennes tours recouvertes d'un dôme, tours de-
puis longtemps découronnées et modifiées.
La première partie de cette cage d'escalier est cylin-
drique ; le noyau de la rampe est décoré d'une frise
moulurée et de forme hélicoïdale. A partir de la pre-
mière porte donnant accès aux appartements, la cage
devient rectangulaire. Le palier à cet endroit, c'est-à-
dire après 15 marches, compte une largeur de 3"o0 et
les murs une épaisseur de 1""20.
Dans toute la partie cylindrique, au-dessous des mar-
ches formant plafond, se trouve une banderole moulu-
rée, large de 0'"20, sur laquelle on distingue divers
motifs dans l'ordre suivant : une croix à branches éga-
les pattée, les lettres G. A. enlacées, le bras armé, la
croix de Lorraine, une tête d'ange, un alérion, le bras
armé, un alérion, la croix.
Dans chaque angle de la partie rectangulaire, mon-
tant jusqu'aux greniers (I) par 17 marches (deuxième
palier), puis par 19 autres marches, se trouve une pier-
(1; Lei charpentes des greniers sont très intéressantes comme tracés.
Elles sont, pour la plupart, en bois de châtaignier et quelques-unes
sont moulurées. Elles présentent de fréquentes analogies d'assemblage
et de groupe avec celles du toit de l'hôpital de Joinville (1567).
— 60 —
re formant saillie et soutenant la marche extrême. Ces
pierres encastrées, au nombre de quatre, dont le des-
sous porte un fleuron de leuillages, ont leur face diver-
sement décorée. La première porte Talérion, le bras
arme, puis de nouveau ràlérion. La deuxième : le bras
armé, entre deux croix de même forme que celles de la
banderole ; la troisième : l'alérion entre deux croix de
Lorraine ; la quatrième : le bras armé seul.
La porte de droite donne aussi accès dans un escalier
tournant, plus monumental que celui de Tangle gau-
che. La cage en est cylindrique dans toute sa hauteur
et le diamètre intérieur est de 4"'80. Le nombre des
marches est de 56 et la hauteur de chacune d'elles est
deO-17.
Deux portes accèdent sur cet escalier. La première
présente deux vantaux, qui s'ouvraient probablement
sur les appartements particuliers. Le fronton commun
est Irappé de deux croix de Lorraine, entre lesquelles
se trouveune F surmontée d'une couronne. Une partie
de cette F et les deux croix de Lorraine sont mutilées,
mais encore distinctes. La seconde porte n'a qu'un seul
vantail, qui s'ouvre sur la tribune de la chapelle.
Chaque marche, dont l'arête du dessous est arrondie
et apporte une gracieuse quoique très simple note dé-
corative dans le plafond, vient s'appuyer sur une cré-
maillère moulurée prise à pleine pierre et saillant sur
la muraille circulaire. Les marches, ainsi que la ma-
çonnerie, sont en pierre blanche d'un beau grain.
Les portes du rez-de-chaussée de l'édifice donnent
accès dans un immense sous-sol divisé en trois parties :
A droite, l'emplacement probable des anciennes cui-
sines seigneuriales (on y voit encore un immense évier
et le tuyau de la cheminée), la voûte n'existe plus ; à
gauche, ce sont les caves avec leur voûte sur un plan
d'arc surbaisse, d'une construction hardie et qui vient
s'appuyer nerveusement sur les murailles, dont l'épais-
seur est de i°»iO. La largeur de cette partie est de O'^SO
dans œuvre; les pierres des voûtes sont taillées et ap-
pareillées par un jointoiement presque imperceptible ;
elles ont conservé presque intacte leur couleur blanche
et naturelle.
Au milieu, un escalier, également de pierre blanche,
relie le sous-sol aux appartements supérieurs ; les pre-
mières marches, franchement cintrées, plus larges que
les suivantes, sont d'un galbe des plus gracieux. Nous
devons ajouter que cet escalier est de construction mo-
derne et date de 1886-1860, époque où M. Lcbreton
apporta au château du Grand Jardin les modifications
que nous avons signalées.
POSSESSEURS
successifs du Grand Jardin
MAISON DE JOIN VILLE
I5i6. — Construction du chftleau par Claude de Lor
raine, premier duc de Guise.
1S5(L — François de Guise, iils atné de Claude de
Lorraine et d'Antoinette de Bourbon.
1563. — Henri de Guise : « Logez- vous au Grand
Jardin... Faites accommoder mon cabbinet au Jardin,
tout ainsy qu'il estoit quant jen suis party », écrivait le
duc Henri de Guise à Catherine de Clèves, son épouse,
dans Tautomne de Willy (Mss Gaignières, vol. 85 i, fol. ih).
1588. — Charles de Guise.
1681. — 0 Le 6® octobre au dit an, Monsieur le Prince
de Condé vint à passer à Joinville, visita le chasteau du
Grand Jardin et fit pesché aux esculuges où fortuitement
se rencontrèrent qudques truites, trouvant le lieu fort
plaisant, délectable et récréatifs. (Manuscrit de 1575 à
IG70, intitulé : Curieuses recherches de ce qui s'est passé en
ce pat/s joinvillois, tirées des tailles, pancartes, refjistres et
comptes tant de la Chambie de la tille que du Trésor de
l'église du dit Joinville.) (Bibliothèque de Tauteur.)
1610. — Henri II de Guise.
1646. — Henriette Catherine de Joyeuse.
1654. — Louis de Lorraine.
1655. — Louis-Joseph de Lorraine.
1671. — François-Joseph de Lorraine.
1675. — Mariede Lorraine, dite MademoiselledeGuise.
-63-
MAISON D'ORLÉANS
1688. — Anne Marie-Louise d'Orléans, dite Mademoi-
selle de Montpensier, ou la grande Mademoiselle.
1693. — Philippe de France, duc d'Orléans, fils de
Louis XIIL
1701. - Philippe II d'Orléans.
17^3. — Louis I«' d'Orléans. En i 7 i7, le château du
Grand Jardin était devenu inhabité et inhabitable, et
Louis d'Orléans, seigneur de Joinville, après avoir pris
l'avis de son conseil, le 7 mars 1747, en avait décidé la
démolition. Il ordonnait que le Château d'en bas serait
démoli, « parce que l'eau des canaux de ce jardin et de ce
château en a pourri les fondements des murs et des voûtes
du rez-de-chaussée et que la vapeur des eaux en a endom-
magé les planchers. )) Exception était faite en faveur des
murs de clôture et des quatre tours qui se trouvent dans
les encoignures de ces murs. Pareil sort était réservé aux
arbres du parc, contemporain de l'édifice, et qui, comme
lui, avaient été singulièrement négligés. Messire Jacques
Faypoult, écuyer, était alors bailli de Joinville ; il sol-
licita du prince l'abandon du château, qu'il s'engageait à
faire démolir, et de la coupe du Petit Bois, qu'il offrait
de faire replanter en allées régulières de nouveaux ar-
bres et des meilleures espèces. (Archives de la ville :
Extrait des Tegis Ires du Conseil de Mgr le duc d* Orléans), . .
Le prince de Joinville accepta ses offres... Heureuse-
ment, le bailli ne jugea point à propos d'user des droits
qui lui étaient conférés. 11 s'occupa, au contraire, de faire
réparer l'édifice et il en fit son habitation. (J. Fériel.)
1747. — ^ Bail emphytéotique cédant le château du
Grand Jardin à Jacques Faypoult, écuyer, bailli de Join-
ville, en lui assurant la jouissance du sol et lui imposant
l'obligation d'entretenir les lieux en bon état (Acte passé
devant Doyen, notaire à Paris, le 44 mars 1747, entre
^ 6i -
M. de Thury, intendant des finances du duc d'Orléans, et
le fondé de pouvoirs des sieur et dame Faypoult).
En 1771, on avait construit des écluses avec des maté-
riaux provenant de la démolition des tours du Grand
Jardin (Collin, Tablettes historiques de Joinmlle, Chau-
mont, 1857).
I78i. — Jacques Faypoult, bailli de Joinville, sollicite
et obtient la rétrocession du bail de 99 années, consenti
en sa faveur en 1747. (Acte du 26 novembre 1784, par-
devant Lhomme et son collègue, notaires au Chàtelet de
Paris). Le château retourne à la maison d'Orléans: Louis-
Philippe d'Orléans.
178o. — Louis-Philippe-Joseph, fils du précédent.
1791, 21 juin. — Vente des biens nationaux. Le Grand
Jardin est acquis des mains de J.-C.-M. Choderlot, ré-
gisseur des biens de Louis-Philippe d'Orléans (acte reçu
par Hanin et Perrin, notaires à Joinville\ par Raphaël-
Hippolyte-Françors de Thosse, officier de marine, moyen
nant 23 mille livres.
Une seule chambre y fut réservée, par acte sous seing
privé, pour le dépôt des archives de l'ancien château, au
loyer annuel de trois livres (Archites de la maison d'Or-
léans, carton de Joinville, 7 liasses 59 (1).
Mme Antoinette de Roussel, veuve divorcée de M. Ra-
phaël de Thosse, à qui appartenait la seigneurie d'An
nonville, au moins en grande partie, et qui s'était retiré
k Joinville après la Révolution, où il s'occupa de sciences
relatives à l'agriculture, reprit ensuite le Grand-Jardin,
partie pour l'avoir acquise comme domaine national par-
devant les administrateurs du ci devant district de Join-
ville, le 25 pluviôse an II, et le surplus, comprenant un
(1) M*** Salin-Capitain, propriétaire ncliielle du cliûleaii du Grand
Jardin, possède un dessin daté du 27 janvier 1798. où (iguie un projet
d'habilatlon modeste destiné à remplacer le Grand Jardin et heureuse-
ment non exécuté. C'était là une maison sans caractère, où rien de la
résidence de Claude de Lorraine n'était conservé.
- 65 -
grand nombre de parcelles, précédemment détachées du
domaine, comme en ayant, fait l'acquisition de diverses
personnes, il y avait fort longtemps, moyennant des prix
soldés (I).
En mourant, M"^® de Thosse laissait pour héritières
deux filles: 1° M™« Antoinette de Thosse, épouse de
M. Charles de Klopstein, membre du Conseil général de
la Haute-Marne, propriétaire, avec lequel elle demeurait
à Prez-sur Marne ; et i^ W^^ de Thosse, célibataire ma
jeure, depuis interdite et ayant été pourvue d'un tuteur à
son interdiction en la personne de M. Armand-Arnould-
Joseph d'Armand de Châteauvieux, propriétaire, demeu-
rant à Courcelles, et d'un subrogé-tuteur en la personne
de M. Charles Hanin, demeurant à Rouvroy. M™« de
Klopstein est ensuite décédée postérieurement à sa mère,
à Joinville, le 4 avril I85i, laissant son mari pour léga
taire universel, aux termes d'un testament olographe en
date du i^'juin 1819, déposé, après décès, au rang des
minutes de M. Henrion, alors notaire à Joinville, le lo
avril ISoi. Mais M. de Klopstein n'ayant accepté que
sous bénéfice d'inventaire, suivant déclaration faite au
greffe du tribunal civil de première instance de Wassy,
le 9 mai ISoi, le legs universel que lui avait fait sa
femme, en a été envoyé en possession régulière suivant
ordonnance rendue par M. le président du tribunal civil
de Wassy, le 10 dudit mois de mai ISoi.
Sur demande formée par M. de Klopstein, comme
légataire de sa femme, contre MM. de Châteauvieux et
Hanin, en qualité de tuteur et subrogé-tuteur de M^^® Pau-
line de Thosse, le tribunal civil de Wassy a, par juge-
ment du 50 décembre ISoo, ordonné la vente sur licila
tion, après expertise préalable, du domaine de Joinville
dépendant de la succession de M® de Thosse, et alors
indivis entre M. de Klopsleln et M'^« de Thosse.
(1) En juin 1819, le duc trAngouléme, passant ù Jo'.nvile, s'arrêta
au chflleau du Grand Jardin.
- 66-
26 février 1856. — Cette vente a eu lieu à la barre du
Tribunal de Wassy par jugement du 26 février 1856,-
moyennant le prix de 60.000 francs, au profit de M.
Pierre-Hyacinthe-Félix Salin Capitain, mattre de forges,
demeurant à Abainviile (Meuse). D'après la désignation
établie en vue de cette vente, le domaine comprenait :
(( Le domaine connu sous le nom de chftteau du Grand
Jardin, situé à Joinville, entouré de murs et contenant
intra muros 4 hectares 3i ares 6^ centiares et en dehors
de ces murs et y attenant 16 ares 70 centiares de jardin,
cotés articles 338 de la section B et II et 9 de la sec-
tion E, moins, pour ce dernier article, environ 3 ares
10 centiares n*en faisant pas partie et qui joignent au
midi et au levant M""^ Vve Desuoyers, au nord le surplus
du terrain, et au couchant Tallée ou avenue du château.
(( Il joint, dans son ensemble, au couchant le chemin
de dessous Grévisse conduisant à Sainte-Ame, au levant
la route de Saint-Dizier à Joinville, au nord les Chene-^
vières et au midi des jardins, et prend son entrée prin
cipale au moyen d'une allée donnant sur le prolongement
de la rue des Tilleuls, puis sur la route de Saint Dizier à
Joinville, où existent diverses issues.
« Il se compose, à gauche de la porte d'entrée priuci
pale, d'un bâtiment servant de logement pour concierge,
dans lequel se trouvent une chambre à feu et une cham
bre à four servant de lessiverie. avec grenier régnant sur
le tout.
« A droite de ladite porte et dans Tangie sud est se
trouvent :
(( Une remise à fourrages, une vinée, une autre re
mise, puis un hangar avec issue donnant sur la partie du
terrain, en nature de jardin, coté au plan cadastral sous
le n° 9, section E, dépendant du domaine, lequel terrain
aboutit sur la route impériale et contourne une tour dont
le rez-de-chaussée sert d'écurie ; joignant à cette écurie
et à l'aspect du nord, se trouve une autre écurie, ensuite
— 67 -
de laquelle en existe une troisième de moindre dimen-
sion ; grenier régnant sur lesdites écuries et tour, chenil
à côté. En avant des remises se trouve un puits avec
pierre à eau.
(( Avant d'arriver au château, à une certaine distance
des remises qui viennent d'être désignées, on traverse,
au moyen de trois ponts, dont Tun est en fonte, l'autre
en pierre, le troisième en bois, une pièce d'eau en forme
de canal contournant le château aux aspects du sud et de
l'est. Cette pièce d'eau est alimentée par une source d'eau
très limpide et très abondante formant cascade. Elle est
entourée de plantations.
< Entre le mur, au sud de la propriété, et cette pièce
d'eau se trouve le jardin potager, en avant duquel existe
une serre de construction moderne chauffée par un ther-
mosiphon. Une partie de la propriété est en culture et
l'autre partie est en jardin anglais. Près de la pièce d'eau
se trouve le château bâti vers le milieu du xvi' siècle,
élevé sur un plan rectangulaire long de 48 mètres sur \i
de large et n'ayant à proprement parler qu'un étage ; au
dessous des vastes pièces dont se compose cet étage,
auquel on parvient par un escalier de pierre à double
rampe, existent des celliers voûtés parfaitement appa-
reillés. Cet étage se compose d'une vasle antichambre,
d'une grande salle à manger, de huit chambres, deux
cabinets, une cuisine et une chambre de débarras.
« Au dessus de cet étage se trouvent différentes cham-
bres et cabinets, surmontés eux-mêmes d'un vaste grenier
auquel on arrive par deux escaliers en pierre, tournant
et à noyaux, existant aux deux extrémités nord et sud du
château, qui est couvert en ardoise supportée par une
charpente en châtaignier. »
Il n'était pas inutile d'intercaler ici la liste des pro-
priétaires de cette résidence seigneuriale. C'est par eux
— 68 -
que des modifications successives furent apportées à cette
demeure d'abord choyée et chérie, puis, dans la suite,
longtemps abandonnée, un moment même menacée d'une
destruction imminente, enfin abritant diverses familles
qui tour à tour transformèrent l'ancienne maison de
Claude de Lorraine par des adjonctions de planchers,
d'escaliers, de balustrades et de perrons.
Actuellement, en 190.S, ce château appartient à M™®
veuve Salin Capitain, qui, gracieusement, a bien voulu
mettre a la disposition de l'auteur de cette brochure tous
les moyens de documentation dont elle pouvait disposer.
Que madame veuve Salin-Capitain veuille bien agréer
l'expression de ses sentiments les plus respectueux çt les
plus reconnaissants.
Principales Dimensions
du Château du Grand Jardin
Longueur totale de la face principale .... 49 m. 70
Largeur des soubassements des pilastres. . . ^ m, {)o
— des pilastres 0 m. o4
Distance moyenne entre les pilastres accou-
plés 0 m. 78
Largeur des niches 0 m. 68
Hauteur des niches 2 m. 15
Largeur de la porte principale sur le perron. I m. o5
Hauteur sous cintre — . 2 m. 90
Diamètre des colonnes décorant cette porte. . 0 m. 20
Nombre de marches du perron 12 m.
Hauteur de ces marches Om.l7
L'intérieur est élevé d'une marche au-dessus
du seuil de la porte, ce qui fait une diffé-
rence de niveau au-dessus du sol de. . . . 2 m. 20
Largeur moyenne des grandes fenêtres à me-
neaux 2 m. 10
Hauteur de ces fenêtres i m. 85
Du sol à l'appui de ces fenêtres 3 m. 30
La partie de droite est en saillie sur le corps
principal de 0 m. 05
Largeur de la porte 1 m. 10
Hauteur de cette porte sous bandeau .... I m^ 90
La partie de gauche, à son point de réunion
avec le corps principal, est en retrait de. . 0 m. 25
— 70 —
Largeur de la porte de loi6 1 m. 03
Hauteur sous bandeau 1 m. 95
Hauteur de l'édifice, du sol. à l'arête du profil
supérieur de la corniche 10 m. Olî
Largeur totale de la façade sud 13 m. 05
— des soubassements des pilastres
d'angle 0 m. 60
— du soubassement du pilastre sur la
face 0 m. 60
— des pilastres cannelés, angles et face. 0 m. 52
Longueur intérieure de la chapelle 7 m. 30
Largeur — — 4 m. 15
Hauteur sous voûte — 8 m. 62
Largeur totale de la face nord 13 m. 10
— des soubassements des pilastres
d'angle 0 m. 60
— du soubassement du pilastre sur la
face 0 m. 60
— des pilastres cannelés, angles et face. 0 m. 5â
Longueur totale de la face postérieure. ... 49 m. 70
Saillie de l'avancée du milieu 2 m. !25
Largeur de cette avancée 3 m. 70
Saillie de la partie droite et de la partie gauche 0 m. 35
TABLE
Pages
Introduction 5
DESCRIPTION DU CHATEAU
Aspect général 15
Façade principale 31
Façade postérieure 39
Façade nord 51
Façade sud 55
Intérieurs 59
Possesseurs successifs du château 6â
Principales dimensions 69
ÉPITAPHES
par
M. CHARMETEAU
Trésorier de la Sociélé des Lettres, Sciences el Arts de Sl-Dizier
Officier d'Académie
ÉPITAPHES
Qu'elle soit en prose ou en vers, rinscription que
nous lisons sur les monuments funéraires est presque
toujours l'expression toute naturelle de prières ou de
souhaits pour le repos de l'âme du défunt, l'éloge plus
ou moins pompeux de ses qualités ou de ses vertus, ou
encore l'énumération détaillée de ses bonnes œuvres et
des fondations dont il a enrichi l'église paroissiale ou
quelque monastère.
Les vers ne brillent généralement que par l'idée à la
lois noble, naïve et consolante qu'ils expriment ; mais,
à défaut de poésie élégante, le sens chrétien se révèle
toujours avec ce qu'il prête d'adoucissement à la pen-
sée de la mort : brièveté de la vie, néant des richesses,
illusions de la gloire, etc.
Les formules des plus anciennes épitaphes sont d'une
extrême simplicité. Les mots HÎC REQUIKSCIT IN
PAGE remontent aux premiers temps du Christianisme;
ils indiquent à la fois et Tendroit où se trouve le défunt
et une sorte d'injonction de respecter l'asile du dernier
repos; BONiE ou PI*: MEMORISE est également d'ori-
gine fort ancienne; HIC JACEÏ a été usité vers le
v siècle.
Toutes ces expressions ont été conservées jusqu'au
moyen- âge. Vers cette époque, on ajouta certaines
qualifications applicables les unes à une classe de
-76 -
dignitaires, les autres à tout individu : le prêtre est un
vénérable homme, ou encore une sage et discrète per-
sonne; le laïque est un honorable homme, un sage
maître ou une bonne personne.
Le XIV siècle mit à la mode les jeux de mots, les
calembours et les énigmes. Quand on rencontre de
pareils écarts de l'esprit jusque sur la pierre des
tombeaux ou sur les murs d'une église, il est permis
de se demander quel lut le plus à plaindre, ou du
chrétien dont la mémoire recevait un tel hommage, ou
du panégyriste. On trouvera dans le 3* volume des
Antiquités nationales de Milnin quelques unes de ces
épitaphes bizarres qui sont le comble de l'ineptie.
11 nous suffira d'en citer deux, celle d'un chantre de
la cathédrale de Langres (Cloître Saint-Mammès) ; sur
un cartouche placé entre deux têtes de mort sont les
notes la, mi, la, ce qui signifie : Mort l'a mis là mort.
On en trouve une autre dans le Musée impérial des
Monuments français (1810), elle est attribuée à François
Gentil, né à ïroyes, et fut composée pour Jean de
la Porte, conciliateur pour le roi, décédé en \Ui :
BONNES GENS VOUS DEVES
QV'ON DOIT SON TEMPS BIEN DIS
PENSER
CAR LA MORT HOMME NE DE
TEMOING MAISTRE JeHAN DE I.A
conciliateur pour le
au chastelet et sous des
l'un des escuiers en sa
DE paris sous d'aUTRUV EN
LEQUEL EN TERRE CY
GIST COMME LA MORT RE
PORTE
ROY
COUR
DEVANT
— 77 —
ET LAISSA CE MONDE HI
MIL QUATRE CENT QUARANTE ET
EN NOVEMBRE NÊUFVIEME /
SI PRIÉS DIEU QUE TOUT LE )
DE SES PECHES PARDON LUI }
ET LE PUISE VOIR EN (
LA SUS EN SON GLORIEUX |
OU IL DOMINE VIT ET ^
ET qu'il nous \EUILLE SI BIEN
qu'en la fin nous y puist con s
DEUX
JOUR
FACE
REGNE
DUIRE
L'église d'Eclaron possède plusieurs épitaphes cu-
rieuses ; la plus ancienne, qui perle la date du 21 avril
1628, se termine par cet avertissement salutaire :
JE suis esté CÔE VOUS
DEMAIN VOUS SEREZ CÔE MOI.
A Mognéville, sur le mur extérieur de l'église, on
peut lire une pensée analogue, exprimée d'une façon
assez originale :
Passant Pense Tv Pas Passer Par Ce Passage
Si Tv Ni Pense Pas Passant Tv Nés Pas Sage
Il est évident que le cimetière devait entourer l'église.
Cette inscription se rapproche beaucoup d'une autre
qui se trouvait à Paris, à l'entrée du cimetière Saint-
Séverin :
passant, penses-TV passer par ce passage
ov passant j'ay passé,
SI TV ni pense pas, passant, TV n'bs pas sage
CAR EN Y PASSANT, TV TE VERRAS PASSÉ
^ 7S —
Du Brcuil cite une inscription dans laquelle on tire
parti de la même idée :
PAUVRE PASSANT, CONSIDERE TA VIE
ET DE PECHER NE TE PRENDS PLUS d'eNVIE ;
CAR DE CE LIEU BIEN TOST IL FAUT SORTIR :
MAIS FAITS QUE SOIT AVEC GRAND REPENTIR !
CRAIGNANT LA MORT QUI ME TIENT AU TOMBEAU
ET t'y TIENDRA, FUSSES-TU LAID OU BEAU :
PRIES DIEU POUR MOY, PRIES LE QU'iL ME PARDONNE
TOUS MES PECHES, ET Qu'iL NE m'aBANDONNE
AINSY SOIT-IL
Quelquclois les paroles que Ton prête aux morts pour
attendrir ou prêcher les passants sont assez irrévéren-
cieuses :
hommes pour une bagatelle
QUI vous donnez tant de soucy
TOUTES LES TÈTES SANS CERVELLE
NE SONT PAS DANS CE LIEU CY
A Andelot tHautc-Marne), on peut lire une épitaphe
qui se termine comme celle d*Eclaron. Elle indique la
sépulture d'un nommé Guile, dit Lombard, décédé
en 1277.
CI : GiST : GviLi.r: : dit : lonhart :
QVE : dame dev : traie : a sa part :
MIL : dovz : cens : septante : et : sept :
IL : DEVIA : sicoN : dev : sEir :
PROIEZ- : CELVI : QVI '. TOVT : A : FAIT :
QVE : DE : sovE : ayme : marci : ait :
SI : AVRA : IL : par : sa : dovcour :
QVE : TOVT : DONA : povR : sovE : amovr :
— 79 —
AVX : ABBAIES : AVX *. ABBEIS :
ET : SI : RANDi : avtrvi : chateis :
TV : Qvi : CI : vas : la : bovche : clovse :
GARDE : Lov : CORS : Qvi : CI : repovse :
TEis : cvM : TU : eis : et : ie : ia fvi
ET : TV : SERAS : TEIS : CVM : ie : svis.
(Ci-gît Guillaume, dit Lombard,
Que le seigneur Dieu a attiré à lui.
En l'an mil deux cent soixante-dix-sept
Il mourut. Que Dieu soit son partage!
Priez le Créateur de toute chose
Qu'il ait pitié de son âme.
Il en aura certainement pitié par sa miséricorde,
Parce que le déiunt a tout donné pour son amour
Aux abbayes, aux abbés
Et il a aussi restitué le bien d'autrui.
Toi qui vas ici la bouche close,
Prends garde au corps qui y repose.
J'ai été déjà tel que tu es
Et tu seras tel que je suis.)
Très souvent les épitaphes célèbrent la bravoure et
les exploits des hommes d'armes. Nous ne saurions
choisir de plus bel exemple que l'inscription relevée
dans la cathédrale de Laon, sur la pierre tombale de
Lalande, le vaillant défenseur de St-Dizier en 154i.
CI-GIST LE BELLIQVEUX
EUSTACHE DE BIMONT, SEIGNEUR DE LALANDE
MAITRE d'hOTEL DU ROY
GENTILHOMME DE LA MAISON DE MONSEIGNEUR d'orLÉANS
CAPITAINE DE MIL HOMMES DE LA LÉGION DE PICARDIE
QUI TRESPASSA A SAINT DISIER LE I3 JUILLET I S4^
RRIEZ DIEU POUR LUI
— 80 -
ENTRE LES NOBLES PREUX ET VAILLANS CHAMPIONS
QUI ONT MIS EN HAULT BRUIT LA QUERELLE DE FRANCE
CESTUY EST RENOMMÉ EN MAINTES RÉGIONS,
LANDRECY LOUE ENCOR SA PROUESSE ET VAILl^ANCE
IRON NE s'en tait PAS OU PAR GRANDE DEFFIANCE
MONSTRÉE AUX ENNEMIS A FAICT TRES HAULTE EMPRISE.
SON COEUR ÉTAIT DISPOS A AIMER CETTE ÉGLISE ;
PARTANT Y GIST SON CORPS, SON NOM MIS EN MÉMOIRE
DITES POUR LUV PRIANT : TOUTE OFFENSE REMISE,
EUSTAGE DE BYMONT, DIEU TE METTE EN SA GLOIRE.
Lepilapïie suivante, qui se trouve à Celsoy, lait
reloge d'une autj-e célébrité haut-marnaisej un savant
nommé Guibert, médecin des rois Jean II, Charles V
et Charles VI.
CY (»IST LA FLEUR A ODEUR FINE
DE SCIENCE DE MÉDICINE
MAISTRE GUIBERT DIT DE CELSOY
LEQUEL VO DI EN BON FRANÇOIS
A FAIT GESTE CHAPELLE FAIRE
ET FUNDÉE DE GRANT DOAIRE
MAISTRE FU ES ARS EXCELLENT
ET EN .MEDICINE ENSEMENT
DE LA PRACriQUE SOUVERAIN
PAREIL NAUOIT KU CORPS HUMAIN ;
MEDECIN FU DKS ROIS DE FRANCE
JEAN ET DEUX CHARLES SANS DOUBTANCE
DE BENEFICES HABUNDANCE
VT ET DL^ SL'RPLUS SOUFISANCE :
TROIS PREBENDES UT CATHÉDAULX
LAON, CHALONS ET AUSI .MEAULX
A PARIS EN SON BEL MANOIR
FINI SES JOURS, POUR DIRE VOIR
— BI-
LAN DE GRACE MCCC ET X
E im** CE m'est ADVIS
AU MOIS DAOULT PRÈS DE LA FIN
JOUR DE S. AUGUSTIN
PRIEZ DIEU DE CUERT LOÏAL
QUIL LUI DOINT SON PALAIS ROÏAL
Citons encore Tépilaphe d'un artiste, originaire de la
Haute-Marne :
PASSANT
VEUX-TU SCAVOIR QUI ESTOIT
RICHARD TASSEL
VAY
A LORRETTE TU LE VERRAS PELERIN
A ROME PEINTRE EN TOUT
VENISE ADVOURA Qu'iL ESTOIT SCULPTEUR
ET
LYON A SUIVY LES ORDRES DE SON
ARCHITECTURE
PARIS DIRA qu'il LA VEU CONSUL ESCHEVIN
DEFENSEUR DES PRIVILÈGES DE SA PATRIE
PARMI LES HASARDS DE LA PESTE ET LA GUERRE
ET
LANGRES LE LIEU DE SA NAISSANCE
SFST SERVY DE LUY EN TOUTES SES QUALITÉS
IL EST MORT LE 12 OCTOBRE 1660
PRIE DIEU qu'il le METTE EN REPOS
AVEC DAME MARGUERITE LOUYS SON
ESPOUSE QUI DECEDA
LE 20 MAI 1648.
Sur le mur de la chapelle du cimetière de Joinville
(Haute-Marne), nous trouvons une épitaphe intf^ressante,
— 82 ~
qui se rapporte à un prêtre mort victime de son dé-
vouement pendant une épidémie.
EPITAPHE SVR LE TREPAS DE FEU MAISTRE lEHAN HERBELET
CVRÊ DE lONVILLE QVI DÉCÉDA TOVCHÉ DE LA MALADIE CONTAGIEVSE
LE DERNIER lOVR DV MOIS DE IVILLET l'aN 15^7
DES HERBES DE CE PRÉ I.A PLUS BELLE HERBELETTE
EST ICY AMORTIE PAR LE BRIISLANT POISON
d\n povrpre venimevx, qve svs notre UORISON
POVR NOS MAVX COiMMANDOIT DV SOWERAIN LA PLANETTE
CE DOVX, GRAVE-TONNANT HERBELET, SOVCIEVX
PROMTEMENT SECOVRIR LA BREBIS ASSAYLLIE
COMME LE PELLICAN POVR AVX SIENS DONNER VIE
s'expose et MEVRT AINSY, POVR LE SAWER ES-CIEVX,
PASSANT, lETTE DES FLEVRS OV DANS TA MAIN CREVSÉE
VIENS DE l'onde LVSTRALK HERBELET ARROVSER :
SOVDAIN TV LE VERRAS d'hEVR EN AVTRE POVSSER
COMME VN DIVIN SVRION DANS LA VOVTE AZVRÉE.
PONEBAT. I. V. JEAN VERET. Sl'CESSOR, DIE 12 X**"^ I SQS
Parfois le défunt prend lui même la parole pour ra-
conter sa vie, comme dans celte épilaplie d'un sieur de
Tournefoc, qui, en récompense de ses services, avait
eu de la maison de Guise la jouissance, sa vie durant,
de la seigneurie de Saudron (Haute-Marne) :
JA PASSES SONT MES ANS SOUB LA CHARGE d'uN PRINCE
AU SERVICE DES ROIS ET EN TANT DE PROVINCE
QUAPRES AVOIR RECEU LE BIEN ET LES FAVEURS
j'aY quitté ce BAS LIEU LE MONDE ET LES HONNEURS
QUAND LE FATAL DESTIN EUT MON BIEN ENVIÉ.
JE FUS DES ROCHELOIS EN POITRINE ESTROPIÉ
ou CE GRAND DUC DE GUISE d'hEUREUSE MÉMOIRE
DE CE SIÈCLE PASSA EN IMMORTELLE GLOIRE
- 8?> -
A SOY ME RESERVA ANTOINETTE DE BOURBON
QUOY QUE JEUSSE DES ROIS HONNESTE PENSION
j'avais AUSSY ESTAT d'eSCUIER DESCURIE
TANT QUE iMA CHERE DAME DE LUCEMBOURG EUT VIE
DONQUES AYANT PAYÉ LE TRIBUT A LA MORT
LE FUNÈBRE TOMBEAU ME RETIENT ET m'eNDORT
I/épilaphe est parfois touchante, comme celle que
porte le tombeau de la lemme de Gaspard de Daille-
court, seigneur de Buxereuilles, à Riaucourt (Haute-
Marne) :
SI VIATEVR TV DESIRE SCAVOIR
QVI r.IST ICY EN FVNEBRE MANOIR
c'est celle la QVI NE IVROIT Qv'hELAS
ET QV'ON PENSOIT ESTRE VNE AVTRE PALLAS
ANNE EVT A NOM ET FEVT FEMME TRES SAGE
DE NOBLE SANG ET d'aMYABLE PARLER
FERME EN LA FOY OV FINISSANT SON AGE
ICY VOVLVT EN POVSSIERE EN ALER
PRIE QVANT A TOY DIEU DE MISERICORDE
QVE BONNE PLACE A SON AME IL ACCORDE
CE FEVT LE 6 OOVT l'aN I SÔ^ Qv'eLLE MOVRICT
Nous pouvons donner comme exemple d'épitaplie
tout à lait sentimentale celle qui se trouve dans Tdglise
de Magnicourt (Aube) :
EN l'honneur de dieu
A LA MEMOIRE DE LOUIS DE LORMEAU
VIVANT ESCUYER
SEIGNEUR DE FALOURDET ET DE MAGNICOURT EN PARTIE
ET DE DAMOI SELLE MARGl'ERITE
DE SANS AVOIR SON EPOUSE
— 84 -
LA VAINE AMBITION NE ME FLATTE OU m'eSGARE
DONNANT l'eSTRE AU DESSEING PAR MON ESPOUS CONCEV
POUR LUI GOMME POUR MOI CE TOMBEAU JE PREPARE
AU MOINS SI MON PENSER PAR L AMOUR n'eST DECEV
SI l'aimé et l'aimant sont une MESME CHOSE
SI EN SOY-MESME ON MEURT POUR VIVRE HORS DE SOY
SI l'un travaille EN l'aUTRE ET l'aUTRE EN l'uN REPOSE
SUIS-JE PAS MORTE EN LU Y PUISQU'iL EST VIF EN MO Y
quoiqu'il SOIT MORT AILLEURS IL EST VIF DANS MON AME
NOS CORPS n'avaient Ql'lJN COKUR NOS COKl'RS n'oNT PLUS QU'uN CORPS
QUAND DONC JE SERAI SEULE ENCLOSE EN CETTE LAME
NOTRE AMOUREUX DESTIN VEUT QU'iL Y AIT DEUX MORTS
PRIEZ DIEU POUR LEl-RS AMES
Au-dessous de cette inscription, qui ne porte point
de date, deux branches encadrent deux cœurs enlacés
avec au milieu de chacun les initiales des deux défunts.
Les épitaphes sont pleines de renseignements curieux ;
très souvent elles constatent les libéralités du défunt,
et les charges qui s'ensuivent sont énumérées parlois
avec une profusion de détails d'acte notarié:
SISTE VIATOR ET ORA.
SOUS CETTE TOMBE DE MARBRE NOIR AU BAS DE LA PETITE PORTE Dl'
CHOEUR GISENT LES CORPS DE M* ANTOLNE DE LA VEFVE ECUYER S' DU
CHESNOY SECRETAIRE DU ROY PREVOT DE ( E F.IEU ET DE ROCHE S. MARNE
DECEDE LE JI AOUT I742 AGE DE 63 ANS ET DEMI ET DE D* SUZANNE
BERANGER SON EPOUSE DECEDEE LE 23 FÉVRIER I74I AGEE DE 62 ANS
LEDIT M* DE LA VEFVE PAR SON TESTAMENT OLOGRAPHE DU 7 JVIN I742
DEPOSE CHEZ FRANÇOIS VARNIER NOTAIRE EN CE LIEU A FONDÉ EN CETTE
EGLISE d'eCLARON A PERPÉTUITÉ TOUS LES JEUDIS DE LA I*'* SEMAINE DE
CAREME UN SERVICE SOLENNEL POUR LE REPOS DE l'aME DE LA DITE
EPOUSE ET DE LA SIENNE CONSISTANT EN VIGILES A IX LEÇONS, LAUDES,
TROIS GRANDES MESSES A DIACRE ET SOUS-DIACRES, RECOMMANDACES SUR
LA FOSSE ET AUTRES PRIERES ACCOUTUMEES LEQUEL SERVICE SERA
-88-
annoncé au prone le i" dimanche de careme et y sera fourny
l'argenterie et les plus beaux ornemens avec six cierges sur le
grand autel et quatre sur celui de la vierge. pourquoi le dit
m* de la vefve a legue a la fabrique de cette eglue trente livres
de rente annuelle et perpetuelle a prendre sur une piece de pre
contenant environ 3 fauchees situee dans le finage de 8** liviere
appelee le pre notre dame le dit legs autorise par m^ l*eveque
de chaî.ons le 2 2 fevrier i743 a la charge par la dite fabrique
de payer pour le dit service tous les frais honoraires et assistances
le tout comme il est porté plus amplement au dit testament.
Priez Dieu pour le repos de leurs ames.
(Eglise d'Eclaron).
L'épitaphe n'a pas toujours été le privilège des bien-
faiteurs et des personnes de qualité ; voici par exemple
une inscription qui se trouve dans l'église d'Aulnay
(Aube) et qui se rapporte à un chantre :
CEANS REPOSE ET DORT VNG PERSONNAGE
QVI BIEN CHANTAIT ET AVQVEL DIEV FASSE PAIX
IL SCAVAIT l'art, LA NOTE, AVSSÎ l'vSAGE
SON CORPS Y GIST MORT ET l'aME VIT EN PAIX
Dans la même église et' sur le même pilier se trouve
une autre épitapho beaucoup plus curieuse. Elle porte
la date du 15 août 1574 et était tout récemment encore
recouverte d'une couche épaisse de badigeon :
SOVS le PORTAIL EST GISANT A l'aNVERS (i)
VNG BON VELIARD QUI FEUT JEHAN LE BON
COÈ SERONS UIANDE IL EST A UERS
yUOIQLIL FELT BON KT DE FAICT ET DE NOM
(I) Ln chronique (le Siiini Dcn>s dit que, par û>pril iriiumilité et de
|iénllence, répin lo Rrct voulut éire inliumé ainii, adens, c'est-à-dire
fare contre terre : « Enscpouluré fu a l'abbeTe SaînclDenysen France
adcns. Tu coucliié en sarcus, une croix dessous la fasce et le chtef
tourné devers orient, si dicnl aucuns que en le inist einsi en sépoulure
pour les péchiés de -son père qui les dismcs avait toUo aux églises ».
^ 8(5 -
A TOY A MOY AUTANT EN PEND A i/eUIL
MOURIR NOUS FAULT c'eST DE DIEU LE DECRET
AMENDONS NOUS LAISSONS LA TOUT ORGUEIL
QVI SUIT VERTU EST FORT SAGE ET DISCRET
La plupart des épilaplies sont gravées non sur les
tombeaux, mais à proximitii; le plus souvent elles
sont encastrées ou gravées dans les murs ou les piliers
de l'église, soit qu'on ait voulu utiliser tqutes les laces
du monument pour un genre particulier de décoration,
soit qu'on ait pensé qu'elles seraient plus remarquées
à cet endroit, soit enfin que des raisons de renouvelle-
ment des sépultures aient obligé de changer l'emplace-
ment primitif.
Les épitaphes ne sont que très rarement peintes sur
vitraux ; en voici cependant une qu'on peut lire dans
l'église Saint-Jean de Dijon :
CI-GIT JEAN LE MENESTRIER.
l'an de sa vie SOIXANTE ET DIX
IL MIT LE PIED DA.^S LETRIER
POIR S KN ALLER EN PARADIS
Les inscriptions destinées à perpétuer le souvenir des
hommes cl de leurs œuvres remontent, nous l'avons
dit, à la plus haute antiquité. Sans vouloir parler des
Egyptiens, qui inscrivaient sur leurs pyramides et sur
leurs obélisques la vie des empereurs et des rois, sans
parler des arcs de triomphe qu'élevaient les Grecs et
les Romains à la gloire et au souvenir des héros, on
retrouve dans les catacombes, dès les premiers siècles
de l'Eglise, le témoignage précieux du respect de la
mort et de la croyance en l'immortalité.
^81 -
C'est ce sentiment inné chez l'homme d'une autre
vie qui explique Je besoin invincible que nous avons
de nous tourner vers Dieu et d'implorer sa miséri-
corde pour le repos de l'âme de ceux que nous avons
perdus.
C'est enfin la conscience de l'inutilité de nos larmes
et l'impuissance de nos récriminations qui excusent la
nécessité d'auréoler la mémoire des défunts et justifient
ces belles pages du passé, où le sens artistique de nos
pères nous Irappc moins que leur piété profonde.
Une Verrerie Champenoise
1630 - 1700
RIZAUCOURT
par
M. Paul EUVRARD
Ancien curé de Rizaucourt
Membre correspondant de la Société des Lettres, des Sciences, des Arts,
de l'Agricullare et de l'Industrie de Saint -Dizier
Rîzaucoart et sa Verrerie
CHAPITRE PREMIER
Situation géographique. — Climat
Flore et faune
I
Par le chemin de fer de Paris- Belfort, descendez à
Bar-sur-Aube, traversez la ville du nord au sud, con-
tournez rhospice, passez devant le nouveau cimetière
et vous êtes sur votre route.
La plaine apparaît gracieusement ondulée et entourée
de collines jurassiques, d'où jaillissent de clairs et
rapides ruisselets.
A votre gauche, deux fermes, le moulin de La Folie
et Orimont ; puis, au pied de coteaux escarpés, le
village d'Arrentières et son château (I).
Un peu plus loin, à votre droite, une merveille qu'il
laut voir : c'est le cellier de Colombe. Vaste bâtiment,
dont plusieurs parties sont des débuts de l'époque go-
(1) Dans le chapitre Verrerie, nous citerons plus d'une fois le nom
de ce village, où l'on voit encore aujourd'hui les vestiges du chAleau-
fort que l^uis XIII fit démolir à cause du crime de félonie commis
par un de ses seigneurs. Le château actuel n'est plus qu'une aile àe
l'ancien et appartient à la famille de Lassus.
— 92 —
thique. Des peintures, des boiseries, des statues et
même une cloche remontant à plusieurs siècles ; de
sorte que, si les vieux moines revenaient sur la terre,
ils pourraient, en cet endroit, reprendre leurs liabi-
tudes cénobiliques, sans être lort peu dcfpaysés.
Sous rédifice, c'est un monument qui aTaspecl d'une
église du moyen-âge, admirablement réussi en son
genre, un vrai chel-d'œuvre, qui n'est autre qu'un cel-
lier monastique, dans lequel un char à quatre roues et
attelé de plusieurs chevaux pourrait se mouvoir aisé-
ment.
Là, vous êtes en plein dans les vignobles renommés
de la région, entre Colombé-la-Fosse etColombé-le Sec.
Laissez à droite ce dernier, longez le premier et
montez une côte rapide. A peine êtes-vous au sommet
qu'il vous laut descendre plus rapidement encore, puis
traverser le village de Saulcy, pour monter à nouveau
une autre colline et dominer un vallon, celui-là plus
pittoresque que les autres : on dirait un petit vallon
suisse. Arrêtez-vous-y un instant.
Au loin, sur la droite et au sud, Colombey-les-deux-
Eglises, appuyé à un mamelon dont les contours tout
ridés s'étendent jusqu'à vos pieds. A gauche, devant
vous, vers le nord et l'est, la forêt de Blinfeix, que la
butte de Biaise relie, comme un trait d'union, à la
forêt de l'Etoile. Puis, dans cette vaste plaine sillonnée
de vallons, les clochers d'Harricourt, Lamothe, Biernes,
Pralz, Argentolles, Buchey, et là, tout près de vous,
comme pour vous surprendre, tant il se cache, un
riant petit village : Rizaucourt.
La descente est rapide, quoique contournée. Vous
êtes à 14 kilomètres de Bar-sur-Aube, à 31 kilomètres
deChaumont, chef-lieu du département de la Haute-
Marne, dont Rizaucourt lait partie, à 15 kilomètres de
— 93 —
Juzennecourt, chef-lieu de canton, par 48<> 16' 70" de
latitude nord et :2'» 31' 90" de longitude orientale, à en-
viron 280 mètres d'altitude.
D'après l'ancienne géographie, c'est en Basse-Cham-
pagne, dans le Barrois champenois, dont une partie
s'appelait le Vallage, que se trouve ce village de Rizau-
court.
Son origine remonte à une époque que l'absence de
documents rend difficile à préciser. Au dire de M. Ro-
serot, ancien archiviste de Chaumont, l'étymologie du
nom indiquerait une époque franque, comme tous les
noms terminés en cortis ou curtis, court.
Il a été diversement écrit : Risoncourt, 1 -208 (Archives
de l'Aube, Glairvaux); Rizocourt, 1222 (Clairvaux); Ri
«ocor^ 1230 (Clairvaux); RisaucuHa, 1244 (Clairvaux);
Risencourt, 1249:1 252 (Longnon, rôles n^ 33); Risocourt,
1252 (Clairvaux); Risaucourt-Risoncouri, 1274-1275 (Lon-
gnon, Doc. I, n^-» 6934, 7028) ; Rizaucourt, 1508 (Archi-
ves nationales, g* 691); Rizaucour, 1732 (Pouillé de
1732, p: 79) ; aujourd'hui Rizaucourt (\).
II
Ainsi, à l'abri des froids du nord-est, le climat y est
assez doux et les hivers peu rigoureux.
Mais ce que Rizaucourt gagne d'un côté ne lui pro-
fite guère de l'autre. Exposé aux vents du sud-ouest,
l'été y est chaud et les orages semblent l'avoir désigné
comme un de leurs théâtres préférés.
Ne remontons en arrière que d'un peu plus d'un
siècle. A la fin de mai 1781, sous forme de pétition col-
(1) Alphonse Roserot, Dictionnaire topngvaphique du département de
la Haute- Marne.
— 94 —
leclive, (( les syndic, habitants, corps et communauté *
de Rizaucourt exposaient leur misère « à Monsieur le
« subdélégué de l'intendance de Clianjpagne au dépar-
« tenient de Montiérendcr » et lui adressaient une sup-
plique disant « qu'en 1778 et 1779 ils ont eu le malheur
« de perdre leurs emblaves, tant il a tombé do pluie et
(( de grêle sur leur finage. Leur unique espérance, pour
« réparer en partie leurs pertes, était fondée sur la ré
« coite prochaine. Mails ils viennent d'en être Iruslrés.
« Le 15 mai 1781, ils ont essuyé un orage si considé-
« rable que les eaux et la grêle dont les grains étaient,
« pour la plupart, gros comme des noisettes et de
« petites noix, ont entraîné une partie des terres, coupé
« les grappes et bourgeons de leurs vignes et détruit
« les emblaves, notamment la contrée des Hacquines,
(( qui est la plus grande de leur finage.
« Le malheur laissait encore aux habitants quelques
« espérances.
« La grêle n'avait pas frappé toute retendue de leur
« finage. Mais un nouvel orage plus furieux que le pre-
« niier arrive le 19 du même mois de mai et vient
« mettre le comble à leur misère.
« La pluie a été si abondante, la grêle si grosse et si
« forte que tout est saccage ; les vignes qui étaient sur
(( des coteaux sont presque entièrement détruites; les
« paisseaux et les ceps sont cassés, arrachés et écrasés :
« les terres ont été entraînées par les eaux dans les
(( vallons ; les emblaves de toute espèce sont couvertes
« de terre et de pierres et sont comme englouties ; les
« chemins finagcrs sont totalement impraticables. Ici
« ils sont couverts de terre qu'il est nécessaire d'en-
« lever; là, sont des trous profonds qu'il laut remplir,
« ce qui exige un travail immense. En un mot la posi-
— 95 —
(( tion des suppliants est la plus malheureuse qu*il soit
(c possible d'imaginer. »
Réduits à une telle misère, les suppliants demandent
ensuite qu'on « n'ajoute pas à leur malheur en les for-
« çant à aller aux corvées royales ». Et la supplique se
termine en sollicitant l'exemption de ces corvées pour
« l'année présente et la suivante ».
Suivent vingt-deux signatures dont nous avons re-
levé les noms les plus lisibles : C. Blondeau, Béguinot,
Ladmiral, Lagneau, Frotté, Vouillemont, Paulin, Sau-
vage, Voirin, Voguet, Jeudy, etc., etc. (I).
En 1845, une partie du territoire fut encore ravagée
et les récoltes à peu près perdues.
En 1854, par une nuit des plus orageuses, la foudre
tombait sur le clocher et mettait le feu à la flèche. La
pointe seule lut brûlée, et la croix et le coq tombèrent
dans le jardin du presbytère.
Cette même année, le choléra, dont 97 personnes
furent atteintes, faisait 30 victimes. On conduisit au
cimetière 4 cercueils le jour de la fête patronale (2).
Aucun jour cependant ne fut plus triste que le 28
juillet 1895 ; aucun ne frappa plus au cœur la popula-
tion tout entière de Rizaucourt.
Les récoltes étaient abondantes et de qualité supé-
rieure. La moisson n'était commencée que depuis quel-
ques jours, quand le soir de ce 28 juillet, vers quatre
heures, un nuage énorme, noir et épais, apparut sou-
dain à l'horizon. On eut à peine le temps de réfléchir
et de prendre les précautions commandées en temps
d'orages, que déjà d'énormes tourbillons s'abattaient
sur le village, jetant partout l'épouvante.
(1) Archives du département de la Haute-Marne, série C, liasse n» 8.
Subdélégation de Bar-sur-Aube.
(2) Le choléra de 1832 et celui de 1849 épargnèrent Riiaucourt.
— 96 —
CN'^tait une obscurité profonde, que tempéraient seules
les lueurs d'incessants éclairs On n'entendait qu'un
bruit assez semblable à celui des vagues en furie et les
nuages roulaient à terre, poussés par un vent impétueux
qui renversait et brisait tout, l^cs rues lurent presque
aussitôt Iranslormces en torrents gonflés, ou bordées de
monceaux de grêlons.
En cinq minutes, tout avait été détruit. Il ne restait
plus rien, absolument rien de ce qui avait coûté tant
de peines et de sueurs pendant une anntfe. Plus de blé,
pas même la paille qui supporte les épis, tant elle était
hachée; plus d'avoine, plus de raisins. Des vitres cas-
sées partout, des cheminées renverst'cs, des toitures
endommagées, des arbres cassés et déracini's, des
meules de paille emportées et la paille en bottes traînée
sur plus d'un kilomètre; plus une feuille, plus un raisin
dans les vignes, qui devinrent improductives pendant
près de trois années (la grêle, dit on, est un poison) ;
des lièvres, des oiseaux tués par les grêlons et gisant
dans la plaine. Un vrai cyclone, avec sa puissance dé-
vastatrice, avait passé par là.
A Champcourl, à 7 kilomètres de Rizaucourt, la flèche
du clocher fut renversée.
Sur les routes, les chevaux aveuglés ne savaient où
aller, et, après la tourmente, se retrouvèrent au milieu
des champs. Les minutes semblèrent des heures d'une
angoisse poignante.
Heureusement on n'eut à déplorer aucune mort
d'homme.
Les âmes charitables s'émurent et des quêtes furent
organisées. Rizaucourt reçut, pour sa part, la somme
de 1.161 francs.
— 97 —
III
Ces catastrophes n'ont jamais découragé la population
laborieuse de Rizaucourt. La terre, du reste, y est rela-
tivement fertile, et ses liabitants aimèrent toujours à
rester au village.
La superficie du territoire comprend 936 hectares :
(( l.OOO arpents de terre labourable, i-2 de vignes, 408
(( de bois, 5 de jardins » (I). Tel est ce qui, en 1773,
occupait les 184 habitants de Rizaucourt.
Un recensement de cette époque constate que le vil-
lage comptait : « io feux, 1 ecclésiastique, 74 hommes
« et garçons, 80 femmes et filles au-dessus de 7 ans,
« 17 garçons et 12 filles au-dessous de 7 ans »,
Il y avait, en outre, à cette même date : « â5 che-
« vaux, 70 bétes à cornes et 200 bêles à laine. — 10
« laboureurs y avaient charrue ».
Les récoltes, cette même année, ne s'élevèrent qu'à
« 150 muids de vin, à la mesure de Paris, au lieu de
« 240 qu'on pouvait récolter en année commune, 1.S00
« boisseaux de blé, 2.097 de seigle, 1.500 d'orge et
« 4.194 d'avoine » (2).
La nature du sol n'a guère changé. Seuls les produits
ont été plus ou moins abondants selon les années,
selon aussi le travail de l'habitant.
Plus d'un coin jusque-là inculte a été défriché et
planté de vignes, plus d'un coteau boisé, l'irrigation
dans les prairies mieux organisée, les drainages prati-
(1) La ineniire de raritml VHi'iiit siiivaiil les lieux. F.n France, on
l'évaluiiit généi:aleinenl à un demi-hcclure. Dans la région (|iii nous
occupe, il ne valait environ que 42 ares 20 centiares.
(2) Le muid de vin à la mesure de Paris valait 268 litres. — Le
boisseau 13 liires 01.
— 98 —
qués dans plus d'un endroit, de sorte que, si le travail
de la terre a augmenté,, il en lut de même des revenus.
Ainsi, en 1904, nous avons le résultat suivant: blé,
pour lo6 hectares, iMS hectolitres; avoine, poin* Mi
hectares, 3.480 hectolitres; seigle, pour 7 hectares,
84 hectolitres (I). Quant à Torge, on n'en sème que
très peu, parce qu'il ne sert plus à payer les moisson-
neurs, qui prolèrent du blc ou de l'argent.
La culture des céréales n'est pas cependant l'unique
occupation et l'unique gagne- pain de la population de
Rizaucourt. Si le nombre des cultivateurs a augmenté,
on peut dire que tous les habitants, cultivateurs et ma-
nouvriers, sont vignerons et tous aiment leurs vignes
et les cultivent avec soin.
La récolte de 1904, pour 27 hectares de vignes, s'éle-
vait à 1.350 hectolitres de vin (-2).
Plantée aux flancs de coteaux rocailleux, en un fond
de terre un peu jaunâtre et ne gardant pas trop d'humi
dite, exposée aux vents doux du midi et du levant, la
vigne s'y plaît très bien. Si les vins n'ont pas l'arôme et
les parfums des meilleurs crus de Champagne, ils ont,
malgré leur dureté, un bouquet fin et délicat. Ils peu-
vent se conserver longtemps. Ici, comme partout ail-
leurs, les années 1800, 1811, 1836, 1865, 1870, 1893 lais-
sent bon souvenir de leurs produits exquis. IVIalheureu-
sement le cyclone de 1895 n'a pu permettre à qui que
ce soit de savourer le pur cru du pays.
Les espèces de cépages cultivés, du reste, ne peuvent
que produire, par le mélange de leurs fruits, un vin
délicieux.
C'est le Morillon noir, autrement dit Pineau, dont
(1) Rapport de la commune de Rizaucourt sur ses revenus, année
19()4.
(2) Même rapport que ci-dessus.
— 99 —
le plant vient d'Auvergne. Le fruit en est doux, sucré,
noir, excellent à manger. Il passe pour le raisin qui
fait le meilleur vin.
C'est ensuite le Chasselas, autrement dit Muscadet^
ou Bar-sur- Aube blanc. Le raisin est gros, blanc et
excellent. Il se conserve assez longtemps.
Le Muscat rouge, OU de corail. Son nom lui vient de
la vivacité de sa couleur.
Le Muscat noir, fort sucré et très recherché.
Le Mélié blanc et noir.
Le Gamay, fort commun, surtout pour cette raison
qu'il produit beaucoup.
Le Gouais, dont le plant, dit-on, dure cent ans en
terre. Sa grappe est plus grosse et plus longue que le
• gamay ; son jus est dur et piquant.
Citons encore le Damas, dont le grain est très gros,
long, ombré et n'a qu'un pépin.
Enfin, comme souvenir, la Malvoisie musquée ou
VArbanne, dont le vin est le plus fin qu'on puisse ren
contrer en Champagne. II est regrettable que chaque
année ce cépage disparaisse de plus en plus dans notre
région ; on ne trouve plus que quelques pieds isolés,
surtout aux environs de Bar-sur-Aube.
Malheureusement, les fléaux qui sévissent sur le
vignoble de France ne respectent point celui de Rizau-
court. Voîdium, le black-rot, etc., etc., et le plus ter-
rible de tous, la phylloxéra, y étendent leurs ravages,
malgré la guerre acharnée qui leur est faite. Il faut
aujourd'hui (et on a déjà commencé) arracher ce vieux
plant que nos ancêtres conservaient et entretenaient
avec un soin jaloux, pour le remplacer par un cépage
américain, résistant, dit-on, aux maladies, produisant
beaucoup, mais dont le vin plus noir restera, quoi
qu'on fasse, d'une qualité bien inférieure.
— 100 -^
La flore y est assez riche et produit des plantes aro-
matiques et amères, dont plusieurs procurent des ali-
ments sains et agn'îables, tels que fraisiers, cresson de
fontaine, valérianelle, asperges de bois, champignons
d'avril, à côté desquels il faut ajouter les plantes véné-
neuses, comme la jusquiame, la belladone et grand
nombre de champignons, etc., etc.
Aux flancs de coteaux si bien exposés et dont les
revers sont boisés et pour la plupart contigus à la forêt
de Blinfeix, se rencontrent les oiseaux de toutes les
espèces connues en Champagne et d'autres encore : la
buse, le milan, le grand et le petit autour, le faucon,
l'épervier, le balbuzard, la hulotte, le chat-huant, les
corbeaux de toutes sortes, le geai, la pie, le coucou,
l'alouette, la caille, la perdrix, le courlis et grand nom-
bre de passereaux, auxquels il faut joindre, à certaines
époques, le canard sauvage, le héron, les grues, les
oies sauvages, les vanneaux, la bécasse et quantité
d'autres, sans compter les reptiles, même dangereux,
comme la vipère (assez commune) ; les mammifères ne
manquent pas.
Ce sont les sangliers qui, sans attendre la proclama-
tion des bans, commencent la vendange (1); les che-
vreuils, qui timidement viennent brouter parmi les
luzernes et les sainfoins; les lièvres, qui à l'ombre des
feuilles de la vigne, montent silencieusement la garde
(1) Autrefois on ne recueillait les grappes de raisins qu'à leur com-
plèie maturité. On ne vendangeait pas arbitrairement. Les notables se
réunissaient et. après mûres réflexions, proclamaient la date des bntis.
l'un pour les raisins noirs, l'auire pour Jes blancs. I^ersoniie ne
deviiil vendanger avant la date fixée sous peine d'amende. Cette cou-
tume n'existe plus et nous le déplorons. Car le vm en souffre dans sa
qualité par suite de l'empressement de quelques-uns qui ne laissent pas
le raisin mûrir, sans coinpier que l'honnôtelé n'e»l pas toujours la
règle de conduite de tous. De là un désordre et souvent de mauvais
produits.
- 101 —
au pied des pierriers, jusqu'à ce qu'un bourreau, armé
d'un fusil, les oblige à fuir prestement et sans bruit,
sous peine d'un arrêt de mort, suivi, après son exécu-
tion, de la mise à la broche (1).
On parlera longtemps encore de certains curés de
Rizaucourt, qui trouvèrent dans la chasse une récréa-
tion aussi innocente pour leur âme qu'utile pour leur
santé. Ne les citons pas ; ils sont suflisamment connus :
leurs exploits cynégétiques ont toujours fait trop de
jaloux.
(1) Il faudraîl ciier encore, el sans élre complet, le loup, le renard,
le blaireau, la fouine, le putois, la belette, la taupe, par hasard le
cerf quittant les forêts de (Ilairvaiix pour chercher un refuge dans
Blinfeix, où il ne reste que quel(|ues jours, puis quelques lapins de
garenne, etc., etc.
- lOâ -
CHAPITRE II
Disposition du village et population — Revenus
et impôts — Ecoles — Fontaines
Le village de Rizaucourt comprend deux groupes de
maisons séparés par la Bierne, dont les eaux, venant de
la butte de Colombey, s'écoulent vers le nord pour se
jeter dans le Ceftondet, affluent de la Voire et de TAube.
A la droite de ce maigre ruisseau, qui pendant l'été
est à peu près à sec et dans lequel on ne rencontre que
quelques moutelUs et vairons, au flanc du coteau, les
maisons de la plus grande partie du premier groupe
ouvrent leurs portes sur le chemin vicinal de Colom-
bey-les-2 Eglises à Nully, qui relie entre elles les deux
grandes routes nationales de Nancy à Orléans et de
Paris à Baie, à 1 1 kilomètres de la première et à 7 kilo-
mètres de la seconde.
Ce chemin vicinal, assez rapide, fait que les maisons
sont échelonnées ; il porte le nom de rue Haute, à
laquelle ftiit suite la rue du Chemin neuf. La route
s'enfonce ensuite dans la vallée, au nord, vers Beurville.
Au-dessous de cette route, c'est le centre du village,
dont les deux rues de la Ruelle et du Centre donnent
accès, par deux ponts et une passerelle, sur la rive
gauche de la Bierne, au second groupe de maisons
assises sur les rues de Pichot et de Vogon, La plupart
— 103 —
des habitations sont appuyées au coteau à la droite de
la Bierne.
C'est là qu'en 1665 on comptait 38 leux et environ
1S-J habitants (1).
Un siècle plus tard, en 1773, il y avait 45 feux et 184
habitants (2). En 1787, l'accroissement est notable ; il y
a 58 leux (3) et environ 230 habitants.
Dès lors la population ne cesse d'augmenter pendant
un demi-siècle et, en 1855, malgré le choléra, Rizau-
court compte 375 habitants (4).
En 1869, Rizaucourt compte encore le même chiffre ;
en 1885, ce n'est plus que 271, pour n'inscrire en 1891
que 246 habitants, 94 maisons et 95 ménages (5). En
1902, le recensement n'accuse plus que 215 habitants.
La décroissance de la population est un mal et une
inquiétude pour l'avenir ; ce mal existe à Rizaucourt
comme à peu près partout, mal qui offense Dieu,
outrage la nature et affaiblit le pays.
II
De bonne heure le village fut érigé en municipalité
avec charge de s'administrer, tout en subissant plus ou
moins, à certaines époques, l'influence de ses seigneurs.
(i) Archives du département de l'Aube, séries G et D, introduction.
Nous ne pouvons donner exactement le nombre d'iiobîlants. Comme en
1773 nous avons un chiffre officiel de 184 habitants pour 45 feux,
nous établissons approximativement une moyenne de 4 habitants par
feu. De même agirons-nous pour 1787.
(2) Archives du département de la Haute-Marne, série G, liasse n* 8.
Snbdélégation de Bar-sur- Aube.
(3) Archives du département de l'Aube, G 301. Assemblée provin-
ciale de Châlons. Etal nominatif des assemblées municipales de toutes
les communes de l'élection de Barsur-Aube, 1787.
(4) Annuaire du département de la Haute-Marne, 18;)5-1856.
(5) Annuaire du déparleracnt de la Haute-Marne, 1869-1870. Recen-
sement des communes, archives du département de la Haule-Marne.
- m -
Dos lors, comptes et budgets communaux établissant
les recettes et les dépenses. Les détails que nous pou-
vons donner ne seront que des chiffres puisés aux
archives. Mieux que toute parole ils feront voir la
prospc'rilé successive du village. Les voici sans com-
mentaires : En 1659, taille 438 livres (I).
ANNÉES RECETTES DÉPENSES
livres sols dealers livres sols deniers
1770et 1771 réunies (2) 182 16 3 192 16 3
1772-1773-1774 réunies ;>81 > • 601 • 9
1775 291 • * 298 4 6
1776 200 ■ 12 214 4 6
1778 215 8 6 165 » •
En 1789, nous trouvons aux archives du département
de la Haute Marne, série G, iiS, les chiffres suivants :
1° Taille : 52 i livres 15 sols ;
2** Impositions accessoires, y compris le sol pour
livre : 809 livres 5 sols 4 deniers ;
En total : I33i livres 4 deniers.
En 1790, le total des impôts est de 1 158 livres.
La livre, on le sait, valait généralement vingt sous
de cuivre. Chaque sou se divisait en quatre liards et
cha(|ue liard en trois deniers.
RECETTES DÉPENSES
Année 1854 (3) 34(i5'50 3474'60
■ 18«i9 4i;W.». 4107. ••
» 1902 3651. •» :H49.»i
• 1904 3517. »• 3498.. •
(1) Archives du déparlemenl de l'Aube, séries C et D, inlroduction.
La taille éiail l'impôt que pa> aient avant 178i) tous ceux qui n'étaient
pHN nobles ou ecclésiastiques. Ce n'était pas le seul impôt; nous ne citons
que celui-là parce que nous n'avons trouvé aucune inscription des autres.
r2) Archives du département de la liante-Marne, série C, liasse n" 8.
Subdélégation de Rar-sur-.^iibe.
'3) l.e déficit est de 9 fr. 10 et la commune avait encore à payer
une dette de 14()0 fr. (Annuaire du département de la Haute-Marne,
1854i. Il y avait un boni de oOl fr. à lin d'année i868.
Pour être plus précis, voici comment s'établissent
les recettes de 3.577 Ir. pour Tannée 1904.
Il y a quatre contributions principales dont le pro-
duit est partagé entre l'Etat et la commune.
Revenu 8uppo»6 ImpOt par Total da
1» Conlribullons foncières : "'"r*"* ""' ''!.»*'
a) Les propriélés bAlies sont
estimées pour celte année
1904 au revenu imposable de 3324 S»
Fit comme pour chaque
franc d'estimation le pro-
priétaire doit payer. . . . 7'8193
Le total de l'impôt est de 259'91
bj Les propriétés non bâties
sont estimées 14548.82
L'Impôt par franc . . . . 17 ''4207
Le total est de 2534.50
2** Contrib. des portos et fenêtres :
Les loyers d'habitations sont
évalués au revenu de . . . 1745.»»
Le marc pour franc . . 24° 6985
Le revenu total 430.99
3*" Taxes personnelles :
Il y en a 80 et chacune à
2fr. 25, total 180. ••
4"* Les patentes qui forment le
reste, soit 171.60
Ainsi, pour l'année I9ui, le village de Rizaucourt, avec
ses 215 habitants, se trouve imposé pour 3577 fr. sur un
revenu probable mais incei^tain, par suite de la gelée,
de la grêle ou de la sécheresse, et coté à 19617 Ir. Hi.
Les i*evenus communaux sont lacilement absoi'bés
par les dépenses. Des chemins à construire ou à entre-
tenir, des édifices à ne pas laisser tomber en ruines,
des fontaines, des fossés à curer, un garde-cham petite
à payer, etc., etc., de sorte qu'à la fin de l'année la
commune équilibre à peu près ses comptes.
8
~ 106
III
Les revenus permirent à la commune de Rizaucourt
de construire tout le nécessaire à rembellissement du
village et aux besoins des habitants.
Encore longtemps après Charlemagne, qui dans un
de ses capitulaires prescrit l'établissement d'écoles
pour apprendre à lire aux enfants (1), l'instruction pri-
maire ne se donnait pas dans tous les villages. Dans
les communes de la région qui nous occupe, la propor-
tion du nombre des maisons d'école n'était guère que
d'un cinquième et cependant « partout, disent en 1787
« les procureurs syndics de l'élection de Bar-sur-Aube,
« on voit percer les lumières ou le besoin d'en acqué-
« rir » (2). Grâce à ses sacrifices, Rizaucourt fut privi-
légié et eut de bonne heure son recteur d'école nommé
et agréé par le curé et le syndic.
Jusqu'en 1798, la commune louait pour lui une mai-
son (3). En 1798, la commune cessa de louer et fit
construire une école qui existe encore aujourd'hui.
Elle est basse, sans apparence, sur le bord du chemin,
au centre du village, en avant et près de l'entrée du
château. Elle est sans luxe, sans décors extérieurs,
comme l'étaient, du reste, toutes les maisons d'alors.
C'est là que nos pères, jusqu'en 1883, ap[)rirent à
lire, à écrire et à compter. Cette maison devint alors
l'asile du berger, pour ne plus être aujourd'hui qu'un
dépôt de fagots, écailles et sarments. Néanmoins, à
(1) Cap. Ed. Baluxe, t. I, col. 237.
2) Assemblée d'élection de Bar-sur-Aube, Alb. Babeau. — L'instruc-
tion primaire dans les campagnes.
(3) Archives académiques du déparlemenl de la Hautct-Marne, carton
canton de Juzennecourt-Rizaucourl.
Tintérieur, les plâtres sont assez bien conservés, et
c'est avec une noble fierté que les vieillards nous disent
encore : « C'est ici qu'était autrefois la maison d'école. »
Son exiguïté la rendit insuffisante et la commune
acquit, en 1831, pour 3.500 fr., sur une dépendance de
l'ancien château, un emplacement afin d'y construire
une nouvelle maison avec des pièces convenables pour
les séances municipales, la classe et le logement du
maître. L'acte fut passé devant M. Petit, notaire à Co
lombey-les-2-Eglises, le 4 septembre 1831 (1). L'archi-
tecte lut Charles Silvestre, de Chaumont. Le devis s'éle-
vait à 7.809 fr. 02, et la construction coûta 8.604 fr. 90 (2).
En 1833, les travaux étaient terminés; l'école était
ouverte et maître Moret y donnait ses leçons.
Tous ces changements matériels n'entravèrent en
rien l'éducation des enfants du village et de ceux du
voisinage qui venaient assister aux leçons du maître.
Aussi sont-ils nombreux les recteurs d'école, maîtres
d'école ou instituteurs qui se succédèrent à Rizaucourt
Nous avons recueilli ceux de leurs noms qui sont con-
servés et nous sommes heureux d'en publier la très
honorable liste :
TABLEAU DES INSTITUTEURS PRIMAIRES A RIZAUCOURT
Roms et prénoms ^„ ^^^^^ ^^»^^%^ Ueu d'origiDe
Perron Jean 1678 IGSS
Jacob Antoine ('^^ 1683 1704
Olivier Pierre 1704 1711
Jacob Agnan 1711 1727
(1) Rapport de M. Babouut aux archives académiques du départe-
ment de ia Haute-Marne.
'2) Archives du département de la Haute-Marne, liasse 0-348, n» 21.
(3) Une enfant d'Antoine Jacob, recteur d'école et époux de Jeanne
Voirin, fut baptisée en 1696 et reçut le nom de Jeanne. Elle eut l'hon-
neur d'avoir pour parrain Bernard de Borniolle, gentilhomme de la
verrerie de Rizaucourt, dont nous parlons plus loin.
— loâ —
TABLEAU DES INSTITUTEURS PRIMAIRES A RIZAUCOURT (Suite)
Roms et prinoms ,„ ^^^^ ^^J^^^^ Lieu d'origine
Chappuls Jean 1727 1730
Simon François 1730 1733
Ppignol Didier 1733 1772 né à Hizaucourl.
Boiteux Pierre 1772 1778
Prignol Didier 1778 1785 le même que ci-dessus
Lasne Juste 1785 1792 né à Harricourt.
Paulin 1792 1795 né à Baudrecourt.
Marelte 1795 1798
Morel François 1798 1844 né è Nully.
Babouot Nicolas-Isidore. . . 1844 1864 né à Orges.
Maître Jean-Baptiste .... 1864 1865 Silvarouvres.
Simon Nicolas 1865 1867 Gonaincourl.
Ferrand Eléonor 1867 1874 VilIlers-sur-Suize.
Jurvilliers Nicolas-Alexandre 1874 1880 Colombey-les-2-Eg.
Mariez Pierre-Ambroise. . . 1880 1888 Flornoy.
Gruot Jean Aug.-Gaston . . 1888 1900 Leffonds.
Demassez Fernand 1900 1905 Laneuville-aux-B.
Boucher Charles-Auguste . . 1905 Rouvroy.
Tous ces maîtres n'eurent pas à Rizaucourt les
mêmes avantages et la même aisance. Sans le salaire
de quelque travail manuel, la plupart des plus anciens
n'auraient pu vivre et nourrir leur famille.
Autrefois, le recteur d'école à Rizaucourt était chan-
tre, sonneur et chargé d'accompagner le prêtre à tous
les offices. A ce titre, jusqu'en 1816, il recevait de
chaque habitant et chaque année 8 litres de blé et I fr.
en argent (tous sans doute ne le payaient pas). A cela
ajoutez le casuel des baptêmes, mariages et enterre-
ments, puis la portion affouagère et la décharge, en
totalité ou en partie, de la taille, de la corvée ou des
autres impôts, quand Tàge forçait le maitre à se re-
tirer (1).
(1) Archives académiques du déparlemenl de la Haule-Marno. —
InlroducUon à l'inventaire des archives déparlemenlales de l'Aube.
— 109 —
Le maître d'école avait aussi le droit de laire la tour-
née du village parmi les gens aisés afin de recevoir d'eux
ce qu'ils voudraient lui donner comme compensation
de ses peines pour avoir sonné TAngelus, le couvre-feu
et aux jours de nuées.
Comme rétribution mensuelle, chaque élève payait:
« ceux qui portaient l'alphabet, la somme de quinze
(( centimes ; ceux qui portaient le petit psautier, vingt
« centimes ; la pensée chrétienne et le psautier, vingt-
« cinq centimes ; et enfin, pour les cas rares où les en-
« fants arrivaient à l'écriture et à lire sur la civilité
« et le manuscrit, quarante centimes (1).
Ainsi donc, jusqu'en 1816, le recteur d'école de Ri-
zaucourt pouvait recevoir six hectolitres de blé, au
prix moyen de 15 fr. : 90 fr. ; ensuite 60 fr. en argent ;
la rétribution des élèves, 30 fr. ; le casuel d'environ
40 Ir. ; la portion aflbuagère de 30 fr. Ce qui formait un
total de deux cent cinquante Irancs (â).
En 1816, une somme fixe de 200 fr., à laquelle s'a-
joutaient le casuel et la portion affouagère, remplaça
ce mode de paiement et il en fut ainsi jusqu'en 1844 (3).
Le traitement du maître d'école lut alors élevé à375fr.,
puis, en 1845, à 400 Ir., et il resta tel jusqu'à l'époque
où la loi prescrivit un minimum de 600 fr. (4). Depuis,
tout a changé, et le traitement des instituteurs est dou-
blé, même triplé selon l'âge de chacun et son temps
d'exercice.
L'enseignement autrefois consistait en la lecture,
l'écriture, un peu de calcul, jusqu'en 1844. Alors seule-
(1) Rapport de M. Habouol. Aichives académiques da déparlement
de la Haute-Marne, carton Ju/.ennecourl-Uizaucourl.
(2) Archives académiques du département de la lUe-Marne. Rapport
de M. Babouot.
(3) Idem.
(4) Idem.
— 110 —
ment on commença l'étude des principes de la gram-
maire (1).
Jusqu'en 1844, l'école se faisait quatre mois dans
Tannée (2). Dès lors, l'enseignement lut donné autant
de temps que les parents envoyaient leurs enfants,
excepté toutefois le temps des vacances ; le jeudi même
n'était plus qu'un jour de demi-congé.
Tout enfant était admis de cinq à treize ans. « La
« surveillance de la classe était faite par M. le curé,
« qui, seul, visitait l'école » (3).
En dehors de ses heures et de ses mois de classes, le
maître d'école pouvait se livrer à un autre travail et en
recevoir un salaire. Disons que plus d'un fut fier d'exer
cer un métier manuel selon ses aptitudes et ses
goûts : par exemple, ceux de tonnelier, maréchal-fer-
rant, etc., etc. ; les habitants, de leur côté, estimaient
ces laborieux d'autant plus qu'ils avaient plus besoin
de leurs services.
Si l'instruclion était donnée principalement aux en-
fants des gens aisés, les enfants des familles pauvres
ne furent point empêchés par leur indigence d'appren-
dre à lire et à écrire. Des âmes généreuses firent des
fondations en leur faveur, et les maîtres eurent pour
ces déshérités des attentions et des soins.
(t) Dans son rapport, en 18;)o, M. Rabouot, parlant du sieur Moret,
qu'il remplaça le 1'' avril 18i4, éoi-Ll qu'il fut très surpris du peu-
de savoir de ses élèves. Il dit : « J'ai été bien étonné de trouver les
enfants de Rizaucourt sans avoir aucune notion des principes de la
langue française. Du reste, on était assez content de lui. attendu que
le Conseil municipal lui avait fait une pension viagère de 100 fr. an-
nuellement, qui a éié aulori.sée par ordonnance royale le 22 mai 18i4.
Il n'en a joui que 2 ans, 4 mois, 10 jours. Il est décédé le 11 avril
1846. » Arch. acad. du département de la Haute Marne, canton de
Juzennecourt.
(2) Archives académiques du département de la Haute-Marne.
(3) Archives académiques du déparlement de la Haute-Marne. Rap-
port de M. Babouot. — Rizaucourt.
— m —
Ainsi, « en 1832, par acte notarié passé devant M.
« Petit, notaire à Colombey-les-2-Eglises, le 24 avril,
« M. Louis-Nicolas Aubert, prêtre desservant à Saulcy
« (Aube), fit une donation de la somme de 700 Ir. à la
« commune de Rizaucourt, à fin que les intérêts et
« arrérages de cette somme lussent employés à faire
« instruire les enfants des plus pauvres de la dite com-
a mune, leur acheter des livres, leur fournir du pa-
« pier, plumes et encre selon le besoin ». Le capital
fut, dans la suite, après tous frais payés, arrêté à 680
francs, qui furent placés, et la rente de 34 fr. fut par-
tagée, selon la destination voulue par le donateur,
« moitié à l'école des garçons et moitié à l'école des
« filles » (1). Ce capital et sa rente doivent exister encore.
Vers 1850, le nombre des enfants ne cessant d'aug-
menter, la commune crut bon d'établir une seconde
école pour les tout petits enfants et les jeunes filles. La
place, précédemment achetée, fut alors partagée et
l'école des filles fut construite moyennant la somme de
6.274 fr. 19 (2). Elle n'a point l'apparence de celle des
garçons, mais elle était suffisante. La direction en fut
confiée aux religieuses de la Providence de Porticux
(Vosges), et l'école ouverte en 1837; le nombre des
élèves des deux sexes et des deux classes s'éleva cette
année à 65 (3).
Les dignes sœurs de Porticux ne prodiguèrent pas
longtemps leurs leçons et leurs soins aux enfants de
Rizaucourt. Ne pouvant citer leurs noms, rappelons
seulement le souvenir de l'une d'entre elles, sœur Fru-
(1) Archives académiques du déparlemenl de la Haute-Marne. Rap-
port de M. Babouot. — Rizaucourt.
(2) Archives du département de la Haute-Marne, liasse 0, 348.
(3) Fayet. Recherches historiques el statistiques sur les communes
et les écoles de la Haute-Marne.
— 11-2 —
mence, qui, durant la guerre de 1870-71, servit d'in-
terprète dans le village. Elle n'y a pas été oubliée, pas
plus qu'elle ne le fut et ne Test encore de certains ofïi-
ciers allemands, à qui elle en imposait par sa dignité (I).
En 1881, les religieuses durent abandonner leur
école ; une institutrice laïque les remplaça, M"" Hélène
Durand. A son tour, elle devait quitter ses leçons en
1889, car l'école des filles lut alors réunie à celle des
garçons.
L'école des filles fut abandonnée et la maison sert
d'habitation au garde forestier.
La curiosité de savoir si nos ancêtres savaient, pour
la plupart, lire et écrire nous a fait parcourir les actes de
catholicité et examiner les signatures. Sans les contrô-
ler à une date trop rapprochée, nous les avons notées
depuis 1651 à 1850, en nous arrêtant à certaines épo-
ques, de 2i ans en -24 ans, pour n'avoir pas trop de
chiffres. Ainsi j'ai pu former les deux tableaux sui-
vants. Ils ne sont pas sans lacunes, mais ils ont leur
intérêt {:2).
NOMBRE D'ACTES
Périodes
Baptêmes
Mariages
D6cès
1651 a 1675 f3)
1676 à 1700
275
42
180
1701 à ilili
166
42
140
1726 à 1750
162
38
105
1751 à 1775
164
32
116
1776 k 1800
270
48
200
1801 è 1825
242
55
241
1826 à 1850
294
81
215
(1) l.a guerre de 1870-71 cniUa k lUzancoiirt : monlani des iin))ôts el
contributions payées, i.382 fr. 94-: montant des amendes, 131 fr. ;
montant des réquisitions en nature juslifiée!*, 1.29;> fr. : dépenses rela-
tives an logement el à In nourriture des trou {«s, oGO fr. Total 3.3<)8
francs 94.
(2) Voir les registres de catholicité.
(3) Généralement le curé el l'instituteur seuls signaient les actes.
— 113 —
NOMBRE D'ACTES signés dans les mêmes périodes
BAPTÊMES MARIAGES
Signés par
le par. la mar.
Hon signés par
le par. la mar.
Signés par Ron signés par
l'époux l'épouse l'époux l'épous
1651 à 1675
1676 à 1700
70
30
205
245
15
9
27 33
1701 à 172;)
78
18
88
148
20
8
22 34
1726 à 1750
81
17
81
145
16
3
22 35
1751 à 1755
102
15
62
149
18
4
14 28
1776 k 1800
180
91
90
179
40
10
8 38
1801 à 1825
230
20
12
122
43
15
12 40
1826 à 1850 2,56 - ;}8 - 72 47 9 34
IV
Une école, dans un village, pourvu que renseigne-
ment y soit sain, c'est une précieuse ressource. Une
eau également saine et des fontaines accessibles, c'en
est une autre.
L'eau ne manque pas à Rizaucourt. On la voit sour-
ciller un peu partout. Grâce à certains aménagements
pour la préserver de l'approche des animaux, l'eau se
puise à la main et facilement. La principale source est
la fontaine de la Saulx, qui alimente le lavoir du même
nom, situé sur la place. Construit en 18^21, ce lavoir et
sa fontaine coûtèrent environ 2.700 fr. (1).
Une autre fontaine, située à l'extrémité ouest du vil-
lage, alimente aussi un lavoir qui porte son nom. C'est
la fontaine de Vogon. Les travaux lurent exécutée en
1843 et 18ii, pour la somme de 1.134 Ir. 15 (2).
Ces fontaines, sans compter les autres, plus petites,
que je ne citerai pas, cette facilité d'avoir leau sous la
(1) Arch. du département Je la Haute-Marne, 0-348.
(2) Idem.
— 114 —
main, fit que la commune, pour se prémunir contre les
incendies et en arrêter les ravages sans attendre le
secours des villages voisins, acheta une pompe. Mais
l'habitude d'ordre et de prévoyance qui règne généra-
lement dans les ménages lait que celte pompe ne sert
que fort rarement, et, si ce n'était l'exercice qui lui est
donné, chaque premier dimanche du mois, par ceux
qui en ont le soin, elle serait peut-être dans un état qui
ne laisserait pas la population sans inquiétude en cas
de sinistre.
L'égline de Rizaucotirt.
— 116 —
CHAPITRE III
L'église et les curés — Le château et les
seigneurs — Les syndics
I
De bonne heure Rizaucourt eut son église, sa cure et
son curé.
Ce qui donne un cachet à Téglise, ce n'est point son
architecture, mais sa position. Elle est construite à mi-
côte. Le chœur semble se cacher dans la butte, tandis
que la tour en avant de la nef s'élève majestueuse sur
des terres soutenues par un mur d'au moins six à sept
mètres de haut. Elle n'a que deux accès : celui du midi,
sur le cimetière, de plain-pied ; et celui du couchant,
pluS' abrupt, aboutissant à la porte d'entrée, après une
montée de 2S marches larges et faciles. Un vieux tilleul,
du temps de Sully, agrémente encore ce tableau pitto-
resque en venant au printemps embaumer du parlum
de ses fleurs les tombes des morts, tout en abritant de
ses longs bras la maison du Très-Haut contre les bour-
rasques et les orages.
Orientée au point de vue liturgique, ayant entrée au
coucliant et le chœur au levant, l'église, int(irieurement,
n'offre aucun intérêt artistique. C'est une grande salle,
à l'extrémité de laquelle vous apercevez, en entrant,
trois autels, dont la réunion fait un ensemble assez
agréable. Le principal est plus en arrière, au fond d'un
— 116 —
carré et appuyé au mur. L'autel, tout en bois, ainsi que
le retable, semble être de la fin du wi^ ou du commen-
cement du xvu^ siècle. Les deux autres sont en avant
et de chaque côte, et dédiés à la Très Sainte Vierge et à
saint Nicolas. La sacristie est au nord, derrière ce der-
nier.
D'après les contreforts d'i chœur, l'église semble
remonter au xn° siècle, mais elle ne fut pas toujours ce
qu'elle est.
Primitivement, le mur de la nef du côté du nord
n'était que la continuation du mur du chœur à celui de
la tour du même côté. Plus tard, dans une adjudication
de différents travaux à J.-B. Bouchcy, passée le 20 mars
1772 et autorisée par le Conseil d'Etat le 27 octobre
1778, était projeté un agrandissement de la nef. « Le
« mur du nord sera reculé à égale dislance du mur du
a midi par rapport à la ligne du milieu du chœur. Six
« colonnes seront à construire en pierre de taille et
« quatre demi-colonnes adaptées à des pilastres qui
ff joindront le mur du chœur et du portail. Le plafond
ff sera en forme circulaire, plus élevé que celui des
(( collatéraux ; il sera en planche. Les colonnes auront
« 15 pieds de hauteur. Les murs seront faits à nouveau
(f et couverts d'une corniche ; la pierre de taille viendra
(( des carrières de Lamothe. La flèche du clocher sera
(( de forme octogone, plus grande que l'ancienne, qui
(( était trop petite » (1).
C'était un beau rêve, mais il ne fut pas réalisé com-
plètement. Deux colonnes en avant du chœur soute-
nant un christ en plomb sur une croix en bois, le mur
du côté du nord, auquel est appuyée la chaire, retiré
selon le devis pour permettre d'élever l'autel de saint
(1) Archives dn déparlement de la Haute-Maroe, série C, liasse n*> 8.
- in -
Nicolas, furent les seuls travaux accomplis. C'est Té-
•glise actuelle.
Plus tard, en 18:21, furent posés les deux tableaux
des petits autels représentant saint Nicolas et TAssonip-
tion de la Très Sainte Vierge, fête patronale de la pa-
roisse. Cette même année, le christ en plomb fut reposé
sur une croix en fer et de proportions convenables^ tel
qu'il existe aujourd'hui. En même temps, on réparait
la toiture, on refaisait les jointements et les enduits, et
sur les murs on posait du blanc à la colle et à la
chaux (I). Six fenêtres en plein ceintre, dont deux au
nord et quatre au midi, donnent une lumière très vive
à l'intérieur; une septième, plus petite et carrée, pro-
jette sur le sanctuaire une clarté plus douce et fait face
à un magnifique tableau de l'Assomption.
La tour du clocher est carrée et surmontée d'une
flèche à six pans ; en avant, la porte, avec fronton
triangulaire sans décors.
Le beffroi, qui, en 1819, ne supportait qu'une cloche
pesant 490 kilos, subit un changement, pour permettre
de poser une seconde cloche du poids de 323 kilos.
« Elle sera, dit le contrat, couh'e en bon métal, com-
« posé de quatre parties de cuivre et une partie d'étain,
« et toutes les lournitures et ouvrages relatifs à ^a
« coulée, pose, seront à la chai'ge de Tentrepreneur ;
« le battant sera en fer battu et pèsera l i kilos » (â).
Ces deux cloches ne contentèrent pas la population.
Aussi lurent-elles, en I8i7, hvn'os à la fonderie Barret
frères, à Breuvannes (Haute-Marne), pour y être reton-
dues et servir au coulage des trois cloches qui existent
aujourd'hui.
(1) Archives du département de 1» llauie-Marne, liasse 0-348.
(2) Idem.
L'horloge fut placée dans la tour en 1821 (1).
A côté de l'église, sur le même plan, au nord, le pres-
bytère. Il est modeste, simple, mais très agréablement
situé. Quant aux pasteurs qui furent chargés de régir
la paroisse de Rizaucourt, nous n'avons pas ici à ra-
conter leur histoire, pas plus que nous ne l'avons fait
pour les instituteurs, mais nous ne saurions omettre
de signaler leurs noms, la durée et quelques particyla-
rités intéressantes de leur ministère. Le plus ancien
que nous puissions citer est :
1- Humbert, vers 1-240 à 1-250.
En 124i, au mois de novembre, Etienne, abbé de
Clairvaux, accorde à Humbert, curé de Rizaucourt et
Buchey, sa vie durant, toute la part de dîmes de vin
que lesdits religieux ont, tant à Buchey qu'à Rizau-
court, ainsi que celle qui leur revient in Jinagio de
Bosco Radulphi, Au décès d'Humbert, lesdits religieux
rentreront paisiblement et librement dans leurs droits.
En récompense de ce bienfait, de son côté, ledit curé
de Rizaucourt donne aux religieux ses biens, comme il
est désigné dans la charte (2).
A la mort d'Humbert, les religieux rentrèrent en
effet dans leurs droits ; mais, en 1251, une dispute eut
li^ entre eux et Pierre, seigneur de Rizaucourt, au
sujet de la donation faite par Humbert en leur faveur
de tous ses biens meubles et immeubles. Pierre aurait
saisi tous ces biens. De là un procès qui se termina
en ce sens que les religieux abandonnèrent au seigneur
tous les immeubles. L'acte est du mois de mars
1251 (3).
(t) Archives da département de la Haute-Marne, liasse 0-348.
(i) Bibliothèque do département de l'Aube, fonds de Clairvaux, ma-
nuscrit 731.
(3) Bibliolhëque du déparlement de l'Aube, manuscrit 731.
- 119 -
20 X»**, vers 1400.
Relation de Oudinot Ancher, prévôt de Barysur-Aube,
aux S" du Parlement, à Paris, lequel a fait inlormation
contre le curé de Buchey (et Rizaucourt), sur certaines
complaintes que les habitants des villages de Clairvaux
avaient faites par devant mes dits s" et avaient impê-
tré en mandement royal pour cause que le dit curé
imposait, à ses paroissiens, grande somme d'argent
pour les mortuaires et administrations des sacrements,
au moyen de quoy plusieurs demeuraient sans recevoir
le saint sacrement de Tautel. Lequel Oudinot avait
trouvé le dit curé coupable de ce que dessus ; par quoy
il lui avait lait deffense, sous peine de dix marcs d'ar-
gent, qu'il n'exigeât plus de ses paroissiens du dit lieu
aucune somme excessive ou indue pour l'administra-
tion dessacrementsdel'Eglise. — 14 décembre 140! (1).
3*» Nicolas Cugny, vers 1510 à iol5.
Il dut avoir des démêlés avec les religieux de Clair-
vaux, car une sentence du bailli de Chaumont ou de
son lieutenant nous dit que messire Nicolas Cugny,
prêtre, curé de Rizaucourt et Bûché, doit jouir, sa vie
durant, de certaine vigne à lui appartenant, séante au
finage de Bûché, sans payer aucune redevance à l'église
de Clairvaux et, après son décès, la dite vigne sera re-
devable envers icette église de quinze deniers portant
lots et ventes. Au dos de laquelle sentence est la quit-
tance de 100 sols tournois que le dit curé a reçu pour
les dépens du procès. Ce fut fait le 27° jour du mois de
décembre 1514 (-2).
4» N. Miguet, curé en 1516 (3).
(1) Bibliothèque du déparlemeni de l'Aube, manuscrit 731. — Le nom
du curé n'est pas désigné.
(2) Bibliothèque du département de l'.Aube, manuscrit 731.
(3) Roussel. — Diocèse de Lan grès.
o*» Jean d'Igny, vers 1530 à 1550 environ.
Jean dlgny était religieux de Molesme quand il de-
vint curé de Rizaucourt. Il était, de plus, de la famille
d'Igny, seigneurs du lieu. Le produit des dîmes amena
entre lui et les religieux de Glairvaux différents procès
et une sentence fut d'abord prononcée contre Jean
d'Igny, religieux de Molesme, curé de Rizaucourt. Jean
d'Igny revendiqua ses droits, mais la sentence touchant
les dimes « tant anciennes que novales des grains et
« fruits croissans es paroisses et finages de Buchey et
« Rizaucourt fut maintenue en laveur des religieux à
(( la date du 16" jour de mai I53i, avec exécution de
« ladite sentence par Maurice Baillot, sergent royal,
« résidant à Bar-sur-Aube ))(!).
Dans la suite, les doux parties transigèrent, et ce
n'est qu'en 1342 que l'entente eut lieu (û\.
Les dates nous permettent de supposer que le suc-
cesseur immédiat de Jean d'Igny fut :
6» Jean Letèvre, qui mourut en 1565.
Il était ex-secrétaire de l'évêclié et ex-curé de Quin-
cey (Aube).
Il eut deux vicaires successifs : Jacques Bouillevaux,
en 1560, puis Bernard Nodol, à la fin de l'année 1560.
Ce dernier devint curé de Maranville (3).
1^ Martin Girard, gradué du diocèse de Troyes, en
1566.
8o CUristophe Giffard, concurrent en 1566.
9« Pierre Tabert, en 1570, où il meurt.
10*' Nicolas Carré, 1570 à 1576. Il était du diocèse de
Rouen. Il eut un vicaire, Simon Durand, né à Ailleville
(1) Bibliothèque du déparleraent de l'Aube, manuscrit 731.
(2) Idem.
(3 Houssel. — Dioci'se de Laiigies. En lo60, Guillaume Legrand,
prêtre retiré, mourait a Uizaucouit, son pays natal.
_ î2i _
(Aube), ordonné prêtre en 1537, puis vicaire de Rizail-
court en 1870, et enfin prébendier de Bar-sur- Aube en
1574. Nicolas Carré mourut à Rizaucourt en 1576.
11« Jean Rainfroy, 1576 à 1580. II était du diocèse
d'Avranches et eut comme vicaire, en 1576, Bernard
Martin, nommé curé d'Arconvilie.
12« Jean Jeffin, 1580 à 1587, religieux cistercien.
13** Hugues Lebon, 1587, cistercien. Il meurt cette
année même.
14*» Antoine Besançon, 1587. Il ne lait qu'apparaître.
1 5° Gérard Maitrot, 1 587 à 1 588, puis curé d'Arcon ville.
16<» Robert Brocard, 1588, pendant quelques mois
seulement. Il était ex-curé de Balot.
17*» François Lancelot, ordonné en 1575, curé de Ri-
zaucourt en 1 588.
18° Jacques Pigeot, 16i7 à 1678.
19° François Ragot, 1678 à 1680, puis curé de Maisey-
les-Sec (Côte-d'Or).
20o François Jeudy, 1680 à 1745, où il meurt, âgé de
90 ans. François Jeudy eut des discussions répétées
avec les religieux de Clairvaux au sujet du paiement de
bineur à Buchey (1).
21*» Edme Collin, né à Chaumonl en 1710, prêtre en
1735, vicaire d'Ancy-le-Franc (Yonne) 1738, curé de
Thors (Aube), puis curé de Rizaucourt, 1745 à 1759, et
ensuite de Crenay.
22° Antoine-François Annequin, ex-vicaire de Velles,
1759 à 1761, puis curé de Voisines.
23° Nicolas Silvestre, ex- vicaire de Charmoy, 1761 à
1781, puis curé des Loges.
24o Louis Cousin, ex- vicaire de Rennepont, 1781 à
1791, fidèle et déporté.
1) Archives du déparleinent de l'Aube. 3 H., 69.
- 122 —
250 Antoine Verney, ex-curé de Cour-l'Evêque, 1*791
à 1793, prêtre intrus et constitutionnel, installé dès le
2! février 1791, fît plusieurs mariages qui furent réha-
bilités par M. Babouot (1).
26« Claude Babouot, ex-vicaire et prébendier de Châ-
teauvillain, desservant en 1795 à Rizaucourt. En 1797,
le 8 septembre, il baptise. Reine-Marguerite, née ce
jour, de Pierre Frampas, vigneron, et Marguerite Blon-
deau. Puis son nom disparaît pour quelques années. A
son retour à Rizaucourt, il écrit au bas de cet acte:
« A ce moment j'ai été contraint de me rendre en ré-
« clusion et n'ai pu revenir à Rizaucourt qu'au mois
« d'août mil huit cent. Rizaucourt et Buchey lurent
« alors desservis quelque temps par M. Collas, religieux
(( bernardin, qui a laissé les notes ci-jointes, ensuite
« par M. le curé de Saulcy et autres, dont il ne reste
a aucun document. Pendant cette réclusion, M. Cousin,
« curé légitime de Rizaucourt et Buchey, a fait sa dé
« mission en ma laveur entre les mains des légitimes
« grands vicaires, qui m'ont nommé à sa place •, signé :
Babouot (2). Son premier acte, du 16 novembre 1800,
est le baptême de Marie-Anne Ligerot (3). En 1803, il
fut nommé curé de Vaudrémont, mais il refusa et vou-
lut rester curé de Rizaucourt jusqu'à sa mort, arrivée
le 24 février 1831.
27° Antoine Gaillet, ex curé de
1836, puis curé de Germaines.
28*» Denis R«nrîo ^ - —
curé de
où il mv *ip «. '^
(2) Acli> ^ -^^^ i»-«r:^':r
(3) l.es - ^
et fînissen- « î* ' - "^^
^sjMmr au infi '^j. •
— 1-23 -
29o Cbarles-Nicolas Multier, né à Maran ville en 1799,
ordonné prêtre à Troyes en 1826, vicaire de Mussy-
l'Evêque18â6 à 18-28, curé de Pel-et-Der 18à8à1837,
ensuite de Thors 1837 à 18ii, revient alors au diocèse
de Langres, comme curé de Rizaucourt 1844 à 1870,
et enfin se retire à Marbéville, où il meurt.
30*» Nicolas-Zéphirin Rozier, né à Gonaincourt en
1844, ordonné prêtre en 1867, vicaire à Sommevoire
1867 à 1871, curé de Rizaucourt 1871 à 1893, et curé de
Chalvraines 1893... •
31<» Paul-Louis Euvrard, né à Morancourt en 1867,
ordonné prêtre en 1891, vicaire à Melay 1891 à 1893,
curé de Rizaucourt 1893 à 1898, puis curé d'Anglus
1898...
32* Camille-Eugène Donot, né à Saint-Dizîer en 1871.
Ordonné prêtre en 1896, vicaire de Brousseval 1896 à
1898, curé de Rizaucourt 1898 à 1902, puis deCirlon-
taines-en-Ornois 1902...
33<> Marie-Camille- Zenon Remy, né à Maisoncelles en
1863. Ordonné prêtre en 1890, vicaire à Wassy 1890 à
1892, curé de Thol-les-Millières 1892 à 1893, de Cirlon-
taines-en-Ornois 1893 à 1902, et de Rizaucourt 1902. . .
La paroisse de Rizaucourt fit de tout temps partie du
diocèse de Langres. Avant la Révolution, elle dépendait
du doyenné rural de Bar-sur-Aube et de Tarcliidiaconé
du Barrois, avec Bar sur-Aube pour chef- lieu. Après
1793, elle fut rattachée au doyenné de Juzennecourt et
à Tarchidiaconé de Chaumont, telle qu'elle est aujour-
d'hui.
Si depuis la Révolution la plupart des desservants de
nos campagnes vivent d'un modeste traitement, auquel
s'ajoute un casuel très souvent sans importance, il n'en
était pas de même autrefois. La cure de Rizaucourt,
sous ce rapport, n'était pas à dédaigner, surtout si Ton
Compare la valeur ancienne de l'argent avec sa valeur
actuelle. Voilà pourquoi Rizaucourt eut toujours son
curé.
Sans parler de ce qui lui était accordé comme bineur
à Bucliey, le curé de Rizaucourt vivait du revenu de
certains immeubles attachés à la cure ou à la fabrique,
tels que terres arables, prés, vignes, maisons, et c'est
ce qu'on appelait vulgairement le bouoerot, dont le pro-
duit fut variable.
En 1600, il était de 50 livres.
En 1730 ~ 350 —
En 1732 — 350 ~
En 1760 — 380 —
En 1765 — 637 —
Cette même année 1765, la dîme rapportait 24 livres
8 sous (H.
A la Révolution, on le sait, les biens possédés par le
clerg(i, à différents litres, quel qu'en lût l'usage, furent
confisqués et mis en vente au profit de la nation, et
alors une rente annuelle de neuf cents francs remplaça
le bouverot. Aux archives départementales de la Haute-
Marne nous avons trouvé, sinon pour tout, du moins
pour une partie, l'estimation qui en fut faite et le prix
de vente :
1*» Le 11 avril 1792, en exécution des décrets de l'As-
semblée nationale des 14, 31 mai, 25, 26, 29 juin et
9 juillet 1791, sanctionnés par le Roy, le sieur J.-B. La-
gneau, demeurant à Rizaucourt et déclarant « être dans
« l'intention d'acquérir un bien national dont la dési-
« gnation suit », il fut procédé à son estimation, sa-
voir : quinze hommes de vignes, dont « onze en la
« contrée appelée Roujet; un homme aux Acquines ;
(1) Abbé Roussel. — \je diocèse de Langres. Histoire el stalisliqiie.
— 128 —
« trois hommes derrière la cure ». Le tout « nous les
« avons estimés dans leur totalité être d'un revenu
(( net annuellement de 8 livres donnant. Conséquem
« ment, le principal étant de la première classe, le re-
« venu est fixé à 176 livres ».
2° Ce même jour et sur la demande du même ci-
toyen, « un quart de pré, au lieu dit la Noire prairie,
« estimé de revenu annuellement 3 livres, formant le
« principal, étant de la première classe, 66 livres ».
Signé : Girard (!).
Ces deux lots, ainsi estimés comme revenu, furent-ils
achetés par J. B. Lagneau? Nous l'ignorons, mais nous
avons lieu de le croire.
3° L'an troisième de la République, en floréal (du 21
avril au 20 mai 1793), il est fait l'estimation de deux
lots provenant de la Fabrique.
Le premier est « une maison située à Rizaucourt, rue
« de Vaugon, consistant en une cuisine, chambre der-
« rière et écurie attenant; en une grange contre le
« pignon ; au levant est adossé un four avec poulailler
« dessus et rang à porc dessous. Contre le même pi-
« gnon, jusque près le ruisseau, en laissant cependant
« la largeur suffisante pour le chemin, est un empla-
« cément à ladite maison. Au nord est un jardin pota-
« ger entouré de haies. Estimation 1.490 livres». Le
22 mars 179i, celle maison avait été louée, pour un an,
moyennant 130 Uvres, à Hyacinthe Gérard, de Chau-
mont (2). Dans l'acte, il est stipulé que le prix en sera
payé entre les mains du receveur des domaines de l'ar-
rondissement.
Le deuxième lot consiste en « deux petits prés situés
au lieu dit sur le Ruisseau du Vaugon » estimés « cha-
(1) Archives du département de la Haute-Marne, série Q, n* 69.
(2) Archives du département de la Haute-Marne, série Q, n* 460.
— 126 —
Clin à 80 livres, total 160 livres ». Nous ne savons par
qui ces deux lots furent achetés (1).
4® L'an 6 de la République, le 9 germinal (59 mars
1798), nous signale une vente de biens nationaux, sa-
voir : « Une petite vigne d'une journée et demie, située
« derrière l'église et provenant de la Fabrique ». Elle
lut vendue le 18 germinal, au prix « de dix-huit cents
« livres au citoyen Hilairc Perrière, de Ghaumont » (:2).
Tels étaient approximativement, car nous n'avons pas
tout dit, faute de documents, les biens constituant les
revenus du curé de Rizaucourt, et ce n'était pas là ses
uniques ressources. Outre une indemnité qu'il recevait
pour les services religieux à Buchey, il percevait encore
le produit des dîmes sur au moins tout ce qui n'appar-
tenait pas au seigneur ou aux religieux de Clairvaux (3).
Il avait ensuite le casuel ou produit des honoraires
et oblations pour les diverses fonctions du culte ; aussi,
sans vivre dans l'opulence, il avait une certaine aisance
qui ne s'est plus rencontrée depuis.
A côté du curé et du seigneur, les religieux de Clair-
vaux avaient, eux aussi, des revenus et des biens dus à
leurs acquisitions autant, sinon plus, qu'aux libéralités
des âmes pieuses.
C'est ainsi qu'Hulric Duménil vendit à l'abbaye de
Clairvaux, moyennant 300 livres de provins, tout ce
(1) Archives du département de la Haute-MarDe, série Q, n* 69.
(2) Archives du département de la Haute-Marne, série Q, n"* 395-396.
L'ahbé Roussel, qui, à son aise, put consulter les archives départe-
mentales, résume la vente en 1793 des biens nationaux, tant de la cure
que de la fabrique :
A la cure : prés, 705 livres; à la fabrique : prés en 9 lots. 13.130
livres ; maisons et dépendances, 12 100 livres ; terrages. 7.175 livres ;
vignes en 4 lots, 865 livres ; totsl 33 975 livres.
Le diocèse de Langres. — Histoire et statistique.
(3) La dfme pour le vin était due à la treizième bottée. Les deux
tiers étaient aux religieux de Clairvaux et le liers au curé. — Archives
du département de l'Aube, 3 H, 69.
— 127 —
qu'il possédait à Rizaucourt, Buchey, Beurviile, etc. (1).
La dime de tous leurs biens était versée au diocèse.
« Parmi les charges annuelles de Clairvaux, lisons-
« nous dans la déclaration des biens et revenus de
« l'abbaye, 31 octobre 1773, il y a les dîmes que l'ab-
« baye paie annuellement au diocèse et montant à
« 15.573 livres J6 sols et 6 deniers, compris les dé-
« cimes de la cure de Longchamps. 11 y a d'autres
« charges et prestations annuelles, mais les fermiers
« sont chargés de les acquitter sans diminution du
(( prix de leurs baux » (2). Dans cette somme, Rizau-
court avait sa part proportionnelle. Car les religieux
y possédaient 13 pièces de terres louées 10 livres à leur
admodiateur de Buchey (Euvrard), et 3 au meunier du
moulin à vent. Ensemble, ces terres formaient une
contenance de 41 arpents et 20 cordes, ou, selon une
autre mesure du temps, 54 fauchées 70 cordes. Le prix
du bail montait avant 1777 à 410 livres, en 1777 à 610
livres, soit une augmentation de 200 livres. Des blés,
avoines, sombres, prés, en formaient l'objet, et les lo-
cataires devaient encore donner aux religieux douze
chapons estimés 9 livres (3).
A la Révolution, tous ces biens furent confisqués et
vendus. « Deux pièces de prés sises à Rizaucourt, dé-
« pendant de l'abbaye de Clairvaux, telles qu'elles se
<c consistent et telles qu'elles étaient louées au citoyen
« Pierre Prignot, meunier à Buchey, moyennant 300
(1) Carnandel. — La Haute-Marne.
(2) Archives da département de la Hante-Marne, carton Clairvaux.
L'acte est signé : H. Lebloy, abbé de Clairvaux ; Gervaise, prieur de
Clairvaux ; Bautaire, maître de loix ; frère Gauthier, vertier employé
dans les travaux d'imprimerie) ; frère Dreux, bouvier.
(3) Archives du département de la Haute-Marne, 'carton Clairvaux.
Déclaration des biens en 1786.
— 128 —
« livres par an, furent adjugées à François Chaillon
(( pour seize mille deux cents livres de foin » (1).
L'acte eut lieu Tan 3 de la République, 7 prairial
(il mai 1795) (2).
II
A côté de l'autorité ecclésiastique et religieuse, il y
avait, à Rizaucourt, l'autorité laïque et civile.
Né avec le château, avec lui le village devait suivre
révolution des siècles.
Mais ce qui nous reste du château ne nous permet
guère de préciser ce qu'il était autrefois.
Gomme souvenir de son premier état, nous n'avons
plus que des murs très épais au milieu desquels, au
rez-de-chaussée, se trouvent deux vastes salles, dans
chacune desquelles une cheminée haute et large.
Comme les plaques du foyer, ces cheminées sont sans
décors et sans armoiries. Ces salles n'étaient donc pas
la résidence privilégiée des seigneurs. Leurs apparte-
ments réservés étaient au premier étage, aujourd'hui
le grenier.
Là également les salles étaient spacieuses, mais plus
décorées. De riches motifs de sculpture enjolivaient le
manteau des cheminées.
Le manteau de l'une des deux qui nous restent se
divisait en trois parties. Au milieu de la partie du cen
tre, et surmonté d'un plumet, un écu d'azur chargé de
deux lions d'or. La partie de droite, comme celle de
gauche, est formée de qualre panneaux ; le premier, du
(1) Archives du déparlemenl de la [laiile-Marnc, série Q, n** 460.
(2) L'abbé Roussel. — Le diocèse de Langres — nous dil que la ferme
de l'abbaye de Claîrvaux à Rizaucourt, unie à celle de Bucliey, fut
vendue 25 600 livres.
- 129 —
côté droit et dans le haut, représente un sujet mécon-
naissable, tant il est mutilé. A côté, un poisson plon-
geant. Les deux panneaux du dessous représentent,
chacun en leur cadre, un guerrier. L'un, le premier,
semble tenir une épée qu'il lève haut et ferme, comme
pour aller au combat ; le second semble prêt à Irapper
iort. La suite du récit se continue sur la troisième
partie du manteau. L'un des panneaux ne nous dit
rien, parce qu'il est brisé. Le voisin, un guerrier y est
représenté tenant un fanal, comme pour éclairer ceux
qui dans les deux panneaux inférieurs semblent, l'un
marcher de Tavant et charger l'ennemi, tandis que
l'autre, gravissant une colline, présente un semblant
de parchemin, indiquant sans doute les conditions de
la paix si la place se rend.
Au-dessous de ce manteau, la bande de cheminée est
ornée de trois médaillons représentant des têtes aujour-
d'hui méconnaissables, tant la colère des révolution-
naires s'est acharnée contre elles, qui, du reste, étaient
plus à portée de leurs coups. Ajoutons enfin que la
corniche au-dessous du plafond est ornée de denticules.
La cheminée de la seconde salle peut paraître moins
chevaleresque, mais elle n'en est [)as moins artistique.
Nous donnons le croquis d'une partie.
Son style gothique pur est du xiv siècle. Comme
celui de la précinlente cheminée, le manteau de celle-
ci se compose de trois parties. De chaque côti», des
sculptures indemnes du vandalisme révolutionnaire.
Au milieu, un écu surmonté d'un casque. A notre
grand regret, nous ne pouvons dire, en figure, ce
qu'étaient cet écu et ce casque, tant ils sont mutilés
et difficiles à reproduire. Seul, le cimier terminé
par une tête couronnée, à l'extrémité d'une hanche et
flanquée au-dessous de la corniche, fut épargné. Celte
— 130 —
tèteest d'or, le menton est couvert d'une longue barbe ;
sur cette tête, une couronne d'or. A la voir, on croirait
presque revivre au temps de la chanson de Roland,
car elle semble nous rappeler ce vieux Cliarlemagne, à
la barbe longue et chenue, et la valeur de ses preux. 11
devait être un brave, ce vaillant baron de Rizaucourt,
qui avait des armes de noblesse si belliqueuses.
Ces cheminées, à elles seules, suffisent pour nous
permettre d'affirmer qu'autrefois le château était très
élevé. Ce ne fut qu'après 1789 qu'il lut réduit à l'état
lourd et abaissé dans lequel nous le voyons aujourd'hui,
sans plus d'apparence extérieure que celle d'une grosse
maison de culture.
Selon un plan de 1812, alors que déjà sans doute
bien des translormations avaient eu lieu, il est représenté
sous la lorme d'un quadrilatère, dont deux côtés, le
nord et l'ouest, sont le château proprement dit; les
deux autres, à l'est et au sud, sont composés de bâti-
ments séparés, formant les dépendances ou la résidence
des serviteurs. Au centre de ce quadrilatère, une cour
et, au dehors, des (ossés qui n'existent plus, mais dont
la trace est encore marquée sur le plan de cette époque.
A l'ouest et au sud, signalons encore différentes pierres
longues et larges, scellées dans les murs à l'intérieur
de la cour et représentant les armoiries de différents
seigneurs, mais les jacobins de 1789 ne les épargnèrent
pas ; deux cependant étaient encore assez bien conser-
vées quand, il y a quelques années, le propriétaire de
l'ancien château, afin de mieux aménager sa maison,
les fit enlever, et les enfants leur infligèrent le sort que
la Riîvolution n'avait pas osé ou plutôt avait oublié de
leur faire. A les bien examiner cependant, l'une nous
laisse deviner, dans les armoiries, un vallon et, sur la
colline, un château avec une tour carrée et surmontée
— 131 —
d'une flèche. Dans le lointain, on croit reconnaître une
colline. La cour intérieure du château possède une
croix. L'entrée est représentée par un pont-levis. Répé-
tons-le, tout cela est mutilé et nous n'osons l'affirmer
comme très exact; nous ne pouvons davantage dire
quel seigneur elles représentaient.
« La seigneurie de Rizaucourt était laïque et avait Iç
« titre de baronnie » (I). Bien que les seigneurs eussent
été désignés sous le titre de chevalier, homme lige,
escuyer, baron, ils n'en étaient pas moins tous barons,
car autrefois ce titre n'était qu'un titre générique pour
désigner toute espèce de grand seigneur, et c'est seu-
lement quand la hiérarchie féodale fut constituée que
le baron lut un seigneur inlérieur au comte et supé-
rieur au simple chevalier. En outre, « les baronnies,
€ nous dit J. Née de la Rochelle, avaient le droit de
« marquer leur justice par quatre piliers, de dominer
« sur trois chàtellenies et d'avoir en leur justice une
(( abbaye ou un prieuré conventuel, ou un collège de
« chanoines, avec des forêts, comme aussi de porter
(( des armes en figure carrée de bannière et non en
« écus ». C'est pourquoi, si l'on se transporte dans la
lorêt, à mi-chemin entre Rizaucourt et la lerme de
Blinfey, au lieudit « la Crosse Saint-Bernard », on y
voit, au nii'ieu d'une tranchée forestière, une borne
séparant autrefois les bois des religieux de Clairvaux
de ceux du seigneur de RizaucourL D'un côté, la crosse
légendaire de saint Bernard, encore très visible; de
l'autre, les armoiries du seigneur .du dit Rizaucourt,
encore quelque peu visibles, mais trop mutilées pour
pouvoir être di^crites. Cependant la forme de l'écusson
est assez bien conservi'c pour permettre de dire, avec
(I) Roussel, Diocèse de Langres. — Jolibois, la Haute-Marne.
— 132 —
Née de la Rochelle, qu'ils étaient vraiment barons,
les soigneurs de Rizaucourt, bien que dans les actes
ils n'aient exprimé que leurs titres plus personnels.
Leur liste doit être longue. Voici les mieux connus :
Vers 120-2, Guillaume, seigneur de Rizaucourt : « Il
« fit des donations à l'abbaye de Clairvaux qui perce-
ce vait des dimes sur le territoire » (l).
Vers 1251, Pierre, seigneur dont nous avons parlé
plus haut à propos d'un différend avec les religieux de
Clairvaux, au sujet d'une donation faite par Humbert,
curé de Rizaucourt et Buchey (2).
Au mois de mai 1260 eut lieu un « eschange des
« prez de la vallée de Rizaucourt avec le seigneur dudit
(( lieu, c'est-à-dire que les religieux de Clairvaux luy
(( ont donné les prés de l'entrée de la vallée proche du
« dit Rizaucourt pour ceux qui sont au-dessous en
« descendant vers h^ grand pré proche le puis Richard,
« que le dit seigneur leur a cédé, le tout comme il est
« contenu dans la charte en parchemin du mois de
(( mai 1260 » (3).
1267. Pierre, seigneur de Rizaucourt, chevalier, et
dame Guillemette, son épouse, ont vendu aux religieux
de Clairvaux la sixième partie de la lorét de Macuemont
(Machaumonl) et tout le droit qu'ils avaient dans la
dite forêt. Ensuite deux pièces de prés selon la conte-
nance désignée dans la charte (4).
Vers 1268, Pierre, seigneur de Risocuria, homme
lige, fait hommage à Thibaut V « par deux lois, devant
« tous, des choses qu'il a à Risocurium en sang, en
« ban, en justice et en autres choses, de la moitié des
(I) Roussel. — Diocèse de Langres.
2) Bibliothèque du département de TAube, manuscrit n" 731.
(3) Bibliothèque du déparlement de TAube, manuscrit n« 731'
(4 Idem.
- 133 —
« maisons qui sont en pescherie de Bar-sur-Aube, des
a moulins de Chaumont qui sont sur la Suize, des
a merceries, des cordonneries » (i).
A la mort de Thibault V, 1270, Henri III, comte de
Champagne, succédait à son Irère. 11 avait épousé, en
1269, Blanche, fille de Robert P', comte d'Artois, et
nièce de saint Louis. En 1274, il meurt laissant une
fille, Jeanne (plus tard épouse de Philippe le Bel), et
la régence à sa iemme, Blanche. Les seigneurs de Ri-
zaucourt étaient ses vassaux : a c'est ce que messire
« Pierre de Rizaucourt tient en fié de ma Dame la reine
« de Navarre en la chatellerie de Bar-sur-Aube ; c'est à
« savoir Risoucourt et les appartenances et ce qu'il a à
« Bar-sur-Aube et c'est en la chatellerie de Bar-sur-
et Aube » (2).
D'autres seigneuries leur appartenaient encore : « c'est
« ce que Pierre de Rizaucourt tient en fief de madame
« la reine en la chatellerie de Bar sur-Saigne, c'est à
« savoir vile nueve et les appartenances qu'elle a à
« Bar-sur-Saigne » (3).
Vers 1271, Guioz ou Guido de Rizaucourt, escuyer,
précédemment seigneur d'un fief de Jehan de Roiche-
fort, vassal de madame la reine de Navarre, à Ausson
[Auzon] (Aube), et pour lequel il devait XV livres en
bourse en la foire de Bar-sur-Aube. Il abandonne ce
fief de Jehan pour reprendre ensuite celui de Rizau-
court et ses apartenances ; et il le tient de madame la
reine de Navarre (i). Quand le vassal s'apercevait que
le produit de ce qu'il tenait en fief n'était pas suffisant
(i) Longnon. — llommagos faits à Tiiibaull V, 1:2;)<i-l276, n" 5407.
(2) Longnon. — Rôle de HIanclie d'Artois, 1272 1274, n" 7028.
(3) Longnon. — Rôle de Rlanolie d'Arlois, 1272-1274, n« 6534. —
Darbois de Jubainville. — Histoire des ducs et romles de Champagne.
(4 Longnon. — Rôle de Blanche d'Arlois, 12741275. n" 6540 et 6934.
— 134 -
pour le dédommager des frais du service de guerre
auquel ce fiel rassujetlissait, il pouvait alors remettre
son fief au suzerain, et par ce moyen se dégager de
l'obligation de le servir.
Ainsi agirent Kbal de Riceys, qui devait deux mois
de garde, rend son fiel au comte. Ainsi Jean d'Argen-
tolles et beaucoup d'autres.
Mais, de suite, ces nobles repassaient au service d'un
autre seigneur, qui leur promettait un fief plus consi-
dérable. Ainsi agit Guioz de Rizaucourt (Ij.
1331. Jean de Blumereix, noble homme, chevalier et
sire de Rizaucourt. Par suite de divers héritages, il
tient de l'église de Clairvaux, en fief et en hommage,
des terres sur les territoires de La Chapelle-en-Blésy,
Baspré et Argentolles « et sera tenu le dit fiet de telle
(( manière et de telle condition que le seigneur de Ri-
« zaucourt et de la forte maison d'illec, tant présents
« que futurs, tiendront et doivent tenir perpétuelle-
« ment, l'un après l'autre, de la dite église en (oy et
« hommage toutes les choses dessus dites, cl ne pour-
ce ront ny devront les dits seigneurs de Rizaucourt et
« de la forte maison d'illec les aliéner ny mettre hora
(( de leurs mains si ce n'était par la licence et autorité
« des dits religieux. Ce fut fail le 9® jour du mois de
a novembre 1331. Item un vidlmus sous le scel delà
« prévôté de Bar-sur-Aube, 22 septembre 1442 (2).
1364. Jean de Chardoigne, chevalier. Ce seigneur
voyait d'un mauvais œil les vénérables religieux de Clair-
vaux toucher des dîmes tant de graines que de vin sur
le territoire de Rizaucourt. Malgré toutes ses volontés, il
fut contraint par M. le bailli de Chaumont de laisser
(1) Brussel. — Txa^e général des fiefs en France, liv. H, chap. XH.
(2) Bibliothèque du département de FAube, manuscrit n* 73t.
— 138 —
lesdits religieux user de tous leurs droits. L'acte fut
donné à Chaumont le 4 juillet 1364 (I).
1426. Jean Viart, seigneur demeurant à Rizaucourt,
a pris et retenu à titre de loyer pour le temps et terme
de trois années, de Messieurs les Vénérables de Clair-
vaux, les dîmes de blé dudit Rizaucourt, appartenant
auxdits Vénérables pour et moyennant la quantité de
quatorze septiers de graines, par moitié iroment et
avoine, à la mesure de Bar- sur-Aube, que ledit Viard
sera tenu de rendre et payer auxdits Messieurs Véné-
rables par chacun an, au terme de Saint-Martin d'hiver
et la somme de 16 livres 8 sols tournois pour le droit
du rentier. Ce lut fait le 2« jour du mois d'avril 1426 (2).
1449. Alain de la Roche, escuyer. Son nom est connu
par un acte des chanoines de Saint-Etienne de Troyes,
qui loue pour 19 ans à Alain.de la Roche, écuyer,
seigneur de Rcseucourt, moyennant 40 sols tournois
de rente annuelle, l'étang de Varnonvilliers. 24 mars
1449 (3).
1494. C'est à la date du 8 avril 1494 que, pour la
première fois, on rencontre le nom delà famille d'Ogny
ou Igny. C'est cette famille de nobles et barons qui fut
le plus longtemps en possession de la seigneurie de
Rizaucourt.
Les rehgieux de Clairvaux, voulant délimiter leurs
propriétés sur les finages et territoire de Rizaucourt,
Buchey, Corney, Saulcy, Beurville, Blinley et Ceffonds-
en-Barrois, durent s'entendre avec le seigneur de
Rizaucourt, dont les terres étaient entourées par les
leurs. Il y eut alors « un compromis entre noble dame
« Madame Jeanne d'Ogny, dame du dit Ogny et de
(1) Bibliothèque du départemenl de l'Aube, nianuscrit n" 731.
(2) Bibliothèque du département de l'Aube, manuscrit o» 731.
(3) Archives du département de l'Aube, 6 G 5, registre 8- 19 V».
-m-
(( Rizaucourt, et noble seigneur Jean d'Ogny, son fils
« d'une part » et lesdils religieux d'autre part. La
transaction et l'accord eurent lieu, et c'est sans doute
à cette date que fut posée la borne limilative au lieu
dénommé aujourd'hui la Crosse Saint-Bernard (I).
1 497. Malgré cetle délimitation, les religieux de Clair-
vaux voulurent plus précise encore la déclaration de
leurs biens, héritages et droits sur le territoire de
Rizaucourt (2). Assignation fut alors donnée à Monsieur
le Procureur général de Nancy pour comparaître en
qualité de tuteur des Messieurs Digny, seigneurs de
Fontenay et de la terre de Rizaucourt (3), et ce n'est
que plus tard que se termina le conflit avec Jean d'Igny.
1519. Jean d'Igny, seigneur de Rizaucourt, chevalier,
époux de Marguerite de Dinteville, « fille de Pierre,
seigneur de Dinteville, de Lisignes, Vireaux et de
Louize de Tourzel d'Alègre » (i) et seigneur d'Anglus
(5), octroie aux religieux, abbé et couvent de Clairvaux
(( un chemin pour [)asser un char double parmi ses
« prés du dit Rizaucourt en temps et saison pour
« charrier leurs foins et toutes autres fournitures de
« bêtes pour leurs maisons de Cornay, Blinfay et toutes
« autres maisons du dit Clairvaux ; moyennant cinq
(( journaux de terre ou environ appelés le Champ de
« Puisât, tenant du côté devers Bûché au Grand Che-
« min et d'autre part aux terres du Chasset du dit
(( Rizaucourt, du bout devers Rizaucourt aboutissant
(1) B.bliotitè({ue du département de l'Aube, manuscrit n' 731.
(2) Archives du département de l'Aube, 3 11 (il) (7 pages).
(3) Archives du département de l'Aube, 3 11 09.
(4) La Chesnaye des Ro:s. Dictionnaire de la noblesse. Pierre, sei-
gneur de Dinteville, éiail pannelier du roi et capitaine du château de
CoKTy. Il eut divers emplois sous les régnes des rois Charles VII et
l^uis Xll depuis 14i6 jusqu'en 1479. De son épouse Louise d'Alègre
il eut cinq enfants, dont le quatrième est Marguerite de Dinteville.
(5) Alph. Roserol. Uôle des fiefs du bailliage de Chaumont.
- i37 ^.
« contre les terres du dit Chasset, et de l'autre bout
« aux terres de la Renterie de Clairvaux et à celles du
« dit Chasset que les dits religieux lui ont donné pour
« avoir le dit passage. Item, le dit seigneur reconnaît
« qu'il ne prétend aucun droit en bois de Blinfay,
(( Cornay, Beurville, Saussy, Celbnt et autres bois
(( appartenant aux dits de Clairvaux. Et ce qu'il y a
« este, ça este, par leur congé et permission ; ne veut
(( el entend n'y prétendre, ny ses successeurs aucun
« droit possessoire ou pétitoire quelqu'il soit. Sous le
« seing manuel et scel d'iceluy seigneur le 7 juillet
« 1519(1).
Ces concessions n'amenèrent qu'un accord de très
courte durée entre les religieux et le seigneur de Rizau-
courl, car, en lévrier 1520, des lettres royales termi-
naient de nouveaux différends survenus par suite de
troubles que Philipbert d'Igny, se disant seigneur de
Rizaucîourt, avait jetés dans l'exercice des droits des dits
religieux sur le territoire {i).
1532. Le â8 décembre 1532, Cleradius, seigneur
d'Igny-Rizaucourt et Chémilly, époux de Claire deCler-
mont, teste, en laissant quatre filles dont la plus jeune
est Claudine. La troisième, également du nom de Clau-
dine, se marie en I5i4 à Pierre de Monthuel, seigneur
de Chàteaulort et de Corcelles, bailly de Bugey, fils de
Nicolas, seigneur de Chàteaulort et de Françoise de
Luyrieux. La seconde se lait religieuse aux Cordeliers
du couvent de Besançon. L'ainée, Guillemette d'Igny,
épouse le 28 décembre 1532, au jour du testament de
son père, Claude de la Baume, troisième fils de Guy de
la Baume, seigneur de la Roche du Vanel, baron du
Mont Saint-Sorlin, chevalier de la Toison-d'Or, maré-
(1) Bibliothèque du dépai^emenl de PAube. Manuscrit 731.
(2) Archives du département de l'Aube, 3 11 69.
- 138 -
chai et gouverneur du comté de Bourgogne, veuf sans
enfants de Claudine de Toulongeon (1).
1548. Quelque temps après ce mariage, Claude de la
Baume mourait et sa veuve, Guillemelte, épousait, dans
de secondes noces, en 1648, Jean d'Andelot, seigneur
de Myons. De ce mariage naquirent deux fils et deux
filles (â).
Dès lors, rhistoire des seigneurs de Rizaucourt de-
vient pour nous assez obscure, malgré nos recherches.
Cependant la famille d'Igny n'abandonna pas son do-
maine. En 1540, E. Jolibois, dans son livre La Haute-
Marne ancienne et moderne^ cite comme seigneur
d'Anglus, Philibert, seigneur de Rizaucourt. Un autre
auteur, Carnandet, nomme Philippe d'Igny, seigneur
de Rizaucourt en 1559. Disons seulement qu'un contrat
de vente de la terre de Rizaucourt eut lieu vers 1560,
entre Philippe d'Igny et M. de Vaudrcmont du nom de
Saint-Belin, acquéreur, et, dans ce contrat, le seigneur
de Rizaucourt veut que Messieurs de Clairvaux se désis-
tent de la possession de la vigne de Trémevaux, au
finage de Colombey-le-Sec, comme étant partie de la
terre de Rizaucourt. Cette vigne venait de Philippe
d'Igny. Malheureusement, les actes en notre possession
ne nous fixent pas la date du contrat, qui nous aurait
éclairci ce point ténébreux dans l'histoire de la famille
d'Igny (3).
1558. En 1558, à l'époque des luttes entre catho-
liques et protestants, X- • • (peut-être d'Igny), capitaine,
seigneur de Rizaulcourt, veut, contre toute justice, oc-
cuper la région.
La ville de Bar-sur- Aube, afin de l'empêcher de venir
(1) La Chesnaye des Bols, DicUonnaire de la noblesse
(2) La Chesnaye des Rois, Dictionnaire dt la noblesse
(3) Archives du déparlement de l'Aube, 3 H 69.
avec ses soldats s'établir dans ses murs, s'était en-
gagée à lui verser une certaine somme.
L'Assemblée des notables n'ayant pu s'accorder sur
le paiement, le seigneur ne reçut que deux ou trois
cents livres, recueillies librement parmi les gens de
bonne volonté (1).
1614. Une chose certaine, c'est que, dans les pre-
mières années du xvn* siècle, en 1614, la noblesse de
Rizaucourt est représentée par Charles d'Igny, époux
de Quinquempoix (2) et Claude d'Igny, baron de Rizau-
court. Bientôt ils vendent leurs biens (3), et leur nom
n'est plus qu'un souvenir. Les armes de la famille
étaient : burelé d'argent et de gueules de dix pièces (4).
1650. Dès 1650, le château et ses dépendances appar-
tenaient au sieur Paillot, seigneur de la Voivre et Rizau-
court. C'est à cette famille que nous devons la verrerie
dont nous parlerons au chapitre suivant. En 1672, le
sieur Paillot, seigneur, transporta ses droits sur cette
terre à Charles Paillot, chanoine de Saint-Maclou, de
Bar-sur-Aube (o).
1772. Plus tard, nous ne savons comment, la sei-
gneurie de Rizaucourt passe à la famille De Lavaulx, et
en 1772, « Augustin Brice, Lepetit de Lavaulx, cheva-
« lier, seigneur de Rizocour, capitaine au régiment de
u Bretagne », ne pouvant, à la mort de ses parents, être
présent au partage des biens de la communauté, a donne
« procuration à sa sœur Mademoiselle Delavaux, à
« Mathaut, de le représenter ». La lettre est du 28
mars 1722 et datée d'Anduze (6).
(1) BUm pignon, Bar-sur-Aube, p. 849.
(2) JoliboU. La Haute-Manie,
(3) Archives du déparlemenl de TAube. 3 H 69.
(4) La Chesnaye des Bois.
(5) Archives du département de l'Aube, 3 H 69.
(6) Archives départementales de l'Aube, E, 769 (21 pages in-folio).
Anduze, département du Gard.
- 140 —
1787. Après ce partage, la lamille de Lavaux dispa-
raît. Le nouveau seigneur est Af. de Lux de Vauthelet,
Nous le trouvons cité comme membre des assemblées
municipales de Télection de Bar-sur Aube en 1787 (I).
De Lux de Vaulelet lut le dernier seigneur de Rizau-
court (2).
Nous étions arrivés à cette heure tatale dans l'his-
toire de France où le courage de la résistance laiblit
devant Taudace du crime. L'autorité, qui n'était plus
protégée, dut chercher un refuge à l'étranger. Le comte
d'Artois donna le signal, la haute noblesse le suivit et
Charles- Jean-Marie de Lux, seigneur de Rizaucourt, fit
de même. Ses biens furent alors confisqués et loués en
attendant qu'ils lussent vendus.
1*^ Aussi, l'an XII de la République, 8 vendémiaire
(i" oct. 1803), est mise en vente une pièce de vigne,
située au finage de Rizaucourt, lieudit les Grandes
Vignes, contenant environ 1 hectare 60 ares (ou 30
journées), provenant du partage fait le 23 nivôse an VII
(12 janvier 1799) entre la République, comme étant
aux droits de Charles-Jean-Marie de Lux, émigré, et
ses père et mère, telle qu'elle se consiste et comporte
et telle qu'elle est louée pour neuf années à Nicolas
Béguinot de Rizaucourt.
La vente eut lieu le 13 vendémiaire (6 octobre) au
citoyen Charles-Jean-Marie Delux, demeurant à Aille-
ville (Aube), lequel a déclaré que la présente adjudica-
tion est pour le sieur I4erre Remy, de Chaumont, qui a
(i) Assemblée provinciale de Chftlons. Archives déparlemenlales de
l'Aube, C, 301. A celle assemblée étaient Bernard Sauvage, lieutenant,
Charles Jeudy, laboureur, et Jean Paulin, de Rizaucourt.
(2) En 1789, la Révolution supprime les particules nobiliaires et son
nom est écrit tantôt De Lux, tantôt Delux. Archives du département
de la Haute-Marne, série C, 228.
— 141 —
accepté et signé à ce présent pour la somme de
656 francs (I).
2*» Le même jour, un petit bois de broussailles de
2 hectares environ (ou 4 arpents), au lieudit la côte de
Saulcy, tenant au levant à des friches, au couchant à
des terres, fut vendu pour 650 fr. aux mêmes acqué-
reurs que le lot précédent.
Le même jour encore, un moulin à eau situé à Ri-
zaucourt, consistant en une chambre basse, une cham-
bre haute, la cage de Tusine, environ 94 ares de prés
(ou 3 fauchées), 16 ares de terres labourables, tenant
de tous les côtés et de tous les aspects au citoyen Vouil-
lemont, provenant du partage fait le 23 nivôse an 7,
entre la République représentant Charles-Jean-Marie
Delux, émigré, et ses père et mère, tel que le tout se
consiste et comporte et tel que le tout est loué par bail
emphytéotique de 99 ans (2), dont restaient encore 88
ans à courir, fut vendu aux mêmes acquéreurs que
ci-dessus (3).
4** Egalement aux mêmes et à la même date, furent
vendus pour 1.325 Ir. un terrage de 12 pièces de terre
contenant 9 hectares 70 ares, et 4 pièces de terre de
pré provenant du même seigneur (4).
(1) A rassemblée du bailliage de Chaumonl, en 1789, assistait Charles
Antoine de Liiz Duvaiilelet, seigneur d'Ailieville, Rizaucourt et Mon-
tier-en-risle, qui en 1797 habitait Ailleville avec Thérèse VerpiUat,
son épouse (Raymond, Histoire de Bar-sur Aube et son arrondissement).
Nous pensons que ce fut lui qui dans la vente des biens nationaux
acheta sous le nom de Charles-Jean-Marie Delux, seigneur émigré dont
il était très proche parent.
(2) Bail qui concède des droits très prolongés, mais qui ne doit pas
excéder cent ans.
(3) Ce moulin n'existe plus et. si ce n'était une poutre qui, au fond
du lit du ruisseau, à peu de distance en aval du pont de la rue de
Vaugon, servait de base pour les vannes du bief, nous ne pourrions en
aucune façon le préciser. l\ était ainsi dans les dépendances du chft-
teau, au nord, vers Beurville.
(4) Archives du département de la Haute-Marne, série 9, n° 426,
liasse n» 8.
— 142 —
Nous n'avons pas trouvé l'acte de vente du cliàteau.
On le voit, tout ce que nous venons de dire des sei-
gneurs et barons de Rizaucourt est loin d'être com-
plet. Il aurait fallu préciser la date d'entrée de chacun
d'eux en possession de ce fiel et la date où il le quittait ;
il aurait fallu dire également la généalogie des familles,
et comment étaient composés leurs blasons ; mais le
lecteur, nous l'espérons, sera indulgent à notre égard,
s'il veut bien considérer que les manuscrits qui seuls
pouvaient nous aider dans ce travail ont pour la plu-
part disparu, les autres sont dispersés dans différentes
archives départementales ou relégués au fond de quel-
ques greniers, en proie aux mites et aux vers ; tous
enfin, ou presque tous, illisibles, sinon par ceux qui
ont lait quelques études paléographiques. Ce n'est donc
que pour aider à une étude plus complète que nous
avons écrit ces lignes sur Rizaucourt.
III
Jusqu'au xii* siècle, les seigneurs étaient tout puis-
sants et les habitants de Rizaucourt durent subir l'hu-
miliation du servage dans lequel gémissaienf les cam-
pagnes.
Quand Louis le Gros monta sur le trône, il sentit le
besoin de chercher dans les communes affranchies un
auxiliaire contre les envahissements du pouvoir féodal
devenu oppressif pour le pauvre peuple, en même
temps que menaçant pour l'autorité royale elle-même.
C'est de cette époque que datent les premières chartes
des communes, qui lurent octroyées par nos rois et
et qui restituèrent aux villes, moyennant un prix de
rédemption fixé par des conventions ou pactes préala-
- 143 -
blement consentis, l'exercice des droits dont elles
avaient été jusque-là dépouillées, spécialement du droit
de nommer leurs magistrats, de s'administrer et de se
garder elles-mêmes.
Bientôt, à l'exemple des rois, les grands feudataires
et les seigneurs suzerains, séduits par les redevances
dont les villes payaient leur émancipation, s'empressè-
rent d'affranchir aux mêmes conditions celles de leurs
domaines, sous l'approbation du souverain, qui se ré-
servait expressément la sanction des pactes conclus
entre la ville et le seigneur. Rizaucourt lut-elle une
commune affranchie ? Nous l'ignorons ; et, si une charte
d'affranchissement existe, nous ne savons ni sa date,
ni le lieu où elle est conservée.
Toujours est-il que, si le droit de former une commu-
nauté, c'est-à-dire une corporation d'habitants s'ad-
ministrant eux-mêmes, fut, de prime abord, restreint à
quelques villes et villages ayant obtenu des chartes,
dans la suite, il s'étendit, .par la force des choses, à
toutes les agglomérations d'habitations, bourgs ou
simples villages. En sorte que, dès longtemps avant la
Révolution, chacune de ces agglomérations formait
une communauté distincte, ayant une existence lé-
gale, jouissant de la faculté de nommer ses officiers
municipaux et gérer ses propres affaires, sous la direc-
tion d'un ou plusieurs dépositaires du pouvoir muni-
cipal, désignés différemment, selon les lieux, des noms
d'échevins, mayeurs, consuls, jurats, vigniers, capi-
touls, syndics, etc., etc.
Ces droits, les communes les conservèrent longtemps
intacts quand, sous Louis XIV (I6i3-I7l5), par suite
des guerres ruineuses qui avaient appauvri la France,
elles devinrent des offices de finances qu'elles furent
obligées de racheter pour conserver le droit de nommer
— 144 —
leurs magistrats, et c'est vers 1770 à I77â qu'elles ren-
trèrent dans la libre possession de leurs droits et pré
rogatives, dont elles continuèrent à jouir jusqu'à la
Révolution de 1789(1).
Les syndics étaient nommés chaque ann^^e par les
habitants, convoqués à cet effet sur la place publique,
ou, comme à Rizaucourt, dans la cour du château, lieu
ordinaire des réunions des notables et do la commu-
nauté (i).
Citons ceux qui nous intéressent :
1770 et 1771. André Voirin.
177-2, 1773 et 1774. Bernard Sauvage.
1775 et 1776. Claude Blondcau.
1777 et 1778. Antoine Jeudy.
1779 et 1780. François-Etienne Voguet.
1781 et 178-2. Pierre Céard.
1783 et 1784. Jacques Paulin.
1785. Charles Jeudy.
1786. Pierre Simon.
1787. J.-B. Lagneau.
1788. Pierre Le Bœuf.
1789. Delux, (seigneur qui émigré) (3).
Quelquefois la nomination du syndic souffrait des
difficultés. La communauté avait alors recours à Tin-
(1) Voir Davenne, ancien chef de division au ministère de Tinté-
rieur — Exposé des principes qui pr(^sidenl à Tadininislration des
communes. Egalement Raynouard : Histoire du droit municipal.
(2) Nous lisons dans un procës-verhal ce qui suit: « Ce jourd'iiui
l*^*" aoât 1784. issue des Vêpres dit et chanté au château de Rizaucourt,
sont comparus maître Bernard Sauvage. Charles Jeudy, Antoine Jeudi,
Nicolas Céard, François Tisserand, l.ainé, notables de la première
classe, Pierre Lebœuf, Pierre Gangneux, Antoine Sauvage, Claude
Blondeau, notables de la seconde classe, etc. » (Archives du départe-
ment de la Haute-Marne, série C, liasse 8).
(3) Archives départementales de la Haute-Marne, série C, liasse 8.
— 14S —
tendant de la province, qui, généralement, confirmait
la nomination du syndic élu, ou bien, le nommait lui-
même et rim[)f)sail d'office.
De ce (ait, il arrivait qu'entre le syndic et certains
notables, comme aujourd'hui entre les maires et cer-
tains conseillers municipaux, existaient des.divergences
nuisibles à la bonne administration de la communauté
et source de querelles regrettables. Le syndic, injurié
dans ses fonctions, en référait à qui de droit et les
supérieurs ne manquaient pas d'intervenir parfois très
sévèrement. Le fait eut lieu à Rizaucourt en 1779, alors
que Gaspard-Louis Rouillé d'Orfeuil, chevalier, était
intendant de justice, police et finance en la province
de Champagne. « Vu, nous dit l'intendant dans son
« rapport, le procès-verbal dressé le 20 juin dernier
« par François Etienne Voguet, sindic en exercice de
a la communauté de Rizaucourt, nommé le 30 décem-
« bre 1778. . ., il résulte que le dit jour, 20 juin der
a nier, le dit syndic aurait convoqué une assemblée
« générale des notables et habitants, à l'effet de pren-
a dre une délibération sur différents objets commu-
« naux , le nommé Louis Malherbe, l'un des dits
« notables, se serait emporté contre le dit sindic, en
« engageant les dix autres notables et habitants à refu-
« ser absolument de délibérer et ajoutant d'ailleurs
« qu'il pouvait bien être le sindic de l'intendant et de
« son subdélégué, mais qu'il ne le reconnaissait point
« pour être celui de la communauté. Sur quoi le dit
« syndic aurait requis le dit Louis Malherbe de rédiger
« par écrit et signer ce qu'il avançait ; ce que le dit
« Malherbe aurait fait sur le champ et sous les yeux de
« tous les assistants en assurant qu'il le soutenait et
« qu'il s'en moquait ; ce qui aurait tellement troublé
« l'assemblée que tous les notables et habitants se sont
— 146 -
« retirés et qu'il n'a pu être pris aucune délibération.
«
« Vu aussi Tarrêt du Conseil du 31 juillet 1776, qui
« entre autres dispositions nous maintient et confirnae
0 dans le droit de connaître de la nomination des sin-
« dics des paroisses et communautés, même de les
0 nommer d'office, ensemble les autres éclaircissements
« que nous nous sommes procurés, Nous avons con-
a firme la nomination de la personne de M. François
« Etienne Voguet, en qualité de sindic de la commu-
« nauté de Rizaucourt ; enjoignons à tous et à un
« chacun des habitants d'icelle de le reconnaître et lui
« obéir en tout ce qu'il leur commandera, en cette qua-
« lité pour le bien et l'avantage de la dite communauté
« à peine de désobéissance et de punition suivant l'exi
« gence des cas.
(( Et pour, par le dit Louis Malherbe, avoir troublé
« par ses propos et l'acte de lui signé, l'assemblée de
« la dite communauté du 20 juin dernier nous l'avons
« condamné et condamnons en cinquante livres d'a-
« mende, au payment de laquelle somme il sera con-
(c traint par toute voye, même par corps, sans déport
« et sur sa quittance en main des cavaliers de maré-
« chaussée porteurs de notre présente ordonnance,
« lesquels nous autorisons à retenir la somme de six
« livres sur celle de cinquante livres dont ils auront
« lait le recouvrement et que nous leur accordons pour
« les vaccations qu'ils auront employées pour l'exécu-
« tion de cette disposition de notre présente ordon-
« nance qu'ils seront tenus de remettre ainsi que les
« quarante-quatre livres restant, dans le çiêmejour,
« au commandant de leur brigade qui aura soin d'en-
« voyer le tout dans le délai d'un mois au plus tard au
« seigneur Loraar de Valcourt, trésorier des Ponts et
— 147 —
« Chaussées à Chalons et par nous nommé pour faire
« la recette des amendes, lequel en délivrera son cer-
« tificat de réception.
« Nous avons en outre destitué et destituons le dit
« Louis Malherbe de sa qualité de notable de la dite
« communauté; lui faisons en conséquence très ex-
ce presses inhibitions et deffenses à peine de désobéis-
« sance et de telle peine qu'il appartiendra, de se trou-
er ver et assister à aucune des assemblées de la dite
« communauté, ce, pendant l'espace de cinq années à
« compter du jour de la notification qui lui sera faite
« de notre présente ordonnance. Autorisons en consé-
(( quence les habitants de la ditte communauté à nom-
a mer un autre notable au lieu et place dudit Louis
« Malherbe.
(( Et sera notre présente ordonnance lue et publiée
« dans ladite communauté à l'issue de la messe pa-
(( roissiale d'icelle le premier dimanche ou jour de fête
« qui en suivra la réception et copie d'icelle transcrite
« sur les registres des délibérations de la ditte com-
te munauté.
« Mandons au sieur Gehier, notre subdélégué à Bar-
ce sur-Aube, de tenir la main à l'exécution de notre
« présente ordonnance et de nous en informer.
« Fait par nous intendant le 6 juillet 1779.
« Signé : Rouillé » (1).
Cette sentence, assez sévère, dut faire réfléchir les
esprits acariâtres. Aussi, en 1780, la réélection d'Etienne
Voguet comme syndic nous prouve que la leçon faite
porta ses fruits.
En 1789, le titre de syndic disparait et ceux qui dans
l'exercice des mêmes fonctions les remplacèrent furent
(1) Archives du département de lu Haute-Marne, série C, liasse S.
— 148 -
appelés maires. Nous ne donnons pas ici la liste des
maires de Rizaucourt ; elle ne peut intéresser que les
habitants de la localité, mais la plupart des vivants ont
encore leurs noms dans la m('»moire.
Pour être complet, il faudrait dire beaucoup de choses
en elles-mêmes insignifiantes. On pourrait citer los
noms plus ou moins bizarres des 150 contrées du vil
lage; il faudrait donner quelques détails sur les ca-
vernes des Perrière» et les aménagements des routes,
toutes choses de peu d'intérêt : aussi nous laissons ce
soin et ce travail à qui voudra Tentreprendre. Ajoutons
seulement, en terminant, que le premier plan complet
de tout le territoire do Rizaucourt date du 18 mars
1813, échelle un dix millième.
— 149 -
CHAPITRE IV
Verrerie en général. — Verrerie de Rizaucourt
Mais, rien de curieux dans Thistoire de Rizaucourt
comme celle de sa verrerie.
Rizaucourt, en effet, fut le berceau d'une industrie
de ce genre qui, malheureusement, par suite de diffi-
cultés survenues entre seigneurs et maîtres verriers,
ne put prospérer et grandir.
Elle dut s'exiler pour s'établir sur une terre plus
hospitalière, où elle vit et prospère, à Bayel (Aube).
l
La découverte du verre se perd dans la nui! des âges.
Des anecdotes plus ou moins légendaires la lont re-
monter aux temps mythologiques. Le plus certain
serait que l'art de la verrerie lut, autrelois, mélangé à
Tai-t de la poterie ; il ne serait même que le perfection-
nement de ce dernier. Keramos (xfi/ï«(xoç), dont on a
lait le nom cérame et céramique, est le nom grec des
poteries. Il désignait non pas la nature de la matière,
ni son usage, mais surtout la corne des animaux qui
était la matière et la forme primitive des vases à boire,
forme conservée directement ou par imitation dans les
vases de différentes matière?, ainsi qu'on en voit plu-
sieurs exemples dans les représentations des repas
antiques.
Suivant quelques auteurs, ce nom viendrait d'ailleurs
de Céramus, fils de Bacclms et d'Ariadne, considéré
comme l'inventeur de la poterie. A Athènes, il y avait
un grand quartier appelé « le Céramique », sans doute
parce que là se trouvaient de grandes fabriques de po-
teries.
Les Latins, pour désigner cet art de façonner des
vases et des ustensiles en terre, lui donnèrent le nom
de potum, d'où poterie. Ils n'indiquent ni la forme ni
la matière du vaâe, mais l'usage, celui de s'en servir
pour boire (1). Au dire de Pline (2), les verreries de
Sidon et d'Alexandrie produisaient, à son époque, des
ouvrages très perfectionnés.
Il faut le dire, les vieux Francs pensaient plus à la
guerre qu'à la culture des arts. Ils buvaient avec plai-
sir dans le crâne de leur ennemi vaincu, sans trop se
soucier qu'un vase de cristal ou de terre cuite serait
pour eux plus sain et plus facile. On comprend que,
n'ayant point approfondi l'art de la verrerie, ils cher-
chèrent à imiter ce qu'ils avaient vu peut-être, mais
n'y réussirent qu'à demi. Aussi leurs vases, reflétant
un art mal compris ou mal étudié, sans cependant
manquer de cachet, étaient des coupes et des gobelets
à dépressions longitudinales, formant les côtes, faits
de pâte très fine, noirâtre ou grise, lustrée par polis-
sage ou recouverte, dans les poteries, d'une glaçure
noire, unie et brillante. Tous rappellent les poteries
rouges romaines, sans cependant les imiter, poteries
réservées uniquement aux usages de la table, poteries
qui n'accompagnaient pas les morts dans les tom-
beaux, on ne sait pourquoi, mais poteries qui, on peut
(1) BrongDiart. — Traité des arLs céramiques.
(i\ Pline rAncien, né en l'an 23 avanl J.-C, asphyxié par l'érup-
tion du Vésuve en 79. Voir son histoire naturelle, livre XXXVHI.
le croire, remplaçaient grossièrement ce dont l'art
semblait quelque peu perdu.
Généralement, ces vases ou gobelets portaient des
inscriptions bachiques ou des souhaits tracés en carac-
tères romains, tels les suivants : Bibe — Bene hiho —
Reple — Vivamus — Vioasfelix ; etc. (I). C'étaient, en
pâte plus ou moins transparente, les premiers verres
des Francs, nos ancêtres, et l'enfance joyeuse de la
verrerie dans notre pays.
Une certaine stagnation que nous ne pouvons déter-
miner dans l'art de la fabrication du verre put durer
plusieurs siècles, mais, après les Croisades, l'art de la
verrerie se développa. Là où on éclairait les maisons,
soit en ouvrant un volet ou la porte, soit par des fenê-
tres faites de toile ou de parchemin, bientôt on vit la
lumière pénétrer à travers des feuilles de verre gros-
sier, épais et hérissé de gros nœuds en forme de culs
de bouteille, tel qu'on en voit aux fenêtres d'une vieille
abbaye, au bord de la Limmat, la Fraùenmunster, à
Zurich ; tel ce verre à vitre qu'un receveur du roi Jean
fit employer pour fermer les fenêtres de son bureau de
recettes (2). Bientôt des ouvriers verriers commencè-
rent à se montrer un peu partout.
Grâce aux leçons reçues par eux à l'étranger, grâce
à leur initiative personnelle, grâce surtout aux privi-
lèges qu'ils demandent et dont ils jouiront bientôt, une
grande émulation commença à s'établir dans l'art de
la verrerie.
Les verres à vitres attirèrent d'abord l'attention des
ouvriers verriers. De là, on comprend pourquoi, alors
que les architectes rivalisaient de talent pour construire
(1} Voir au musée de Sainl-Germain. — Edouard Gai-nier. Histoire de
la céramique.
CE) Simon Luce. — Duguesciin el son époque.
— 184 —
nos superbes cathédrales et lançaient vers le ciel ces
tours qui, malgré leur volume, semblent si sveltes,
alors que les sculpteurs fouillaient si délicatement ces
énormes blocs de pierre qu'ils transformaient en une
dentelle d'une délicatesse inouïe, comme nous en re-
trouvons par exemple dans le Jubé de la Madeleine, à
Troyes, dans le portail de la cathédrale de Reims, etc.,
nous comprenons, dis-je, que Tart de la verrerie ne
devait pas rester en arrière, mais au contraire rivaliser
de beauté, de limpidité et d'expression dans les nuan-
ces des couleurs mélangées pour figurer noblement
dans les œuvres que le Moyen-Age produisait pour la
gloire de Dieu.
Aussi, les écrivains de cette époque admirent-ils les
brillantes couleurs que le soleil levant produisait au
travers des vitraux. Forcément il nous faut convenir
que dès lors les verres colorés étaient fabriqués et
étaient plus estimés que les verres blancs, si l'on con-
sidère l'emploi que l'on faisait des uns et des autres.
Les premiers vitraux durent présenter comme des
compartiments de mosaïques transparentes, dont l'eflfet
agréable à la vue résultait de la variété et des combi-
naisons des couleurs. Ils ressemblaient à des pierres
précieuses, dont la douce obscurité, venant de la lu-
mière affaiblie qu'ils transmettaient, portait à la prière.
L'idée vint alors aux artistes verriers d'unir les cou-
leurs de la peinture à Tai't de la verrerie, en représen-
tant des sujets tirés généralement de l'Ecriture.
C'est vers 1100 a 1U0 que l'histoire nous fait re-
monter les plus anciens vitraux peints, parmi lesquels
il faut citer ceux dont Suger décora son abbaye de
Saint-Denis. L'('tat rudimenlaire des peintures de celte
('poque prouve les dlHlcultés de l'art, mais cette diffi-
culté ne fit que stimuler les artistes verriers.
— 153 —
Pour aider les peintres, les vitriers composèrent leurs
vitraux de deux couches, l'une de verre diaphane uni-
forme, Tautre d'un verre épais et coloré. Le bleu, le
vert et le rouge étaient plus particulièrement employés.
Au moyen de meules, on enlevait une partie de la
couche colorée et on obtenait des verres plus ou moins
épais et par conséquent plus ou moins clairs, permet-
tant au peintre de reproduire plus facilement des om-
bres dans ses dessins.
L'art du dessin grandit alors en France, avec l'art de
la verrerie, dans toutes les couleurs et dans toutes les
nuances (1). Grâce à la merveilleuse impulsion donnée
par ses comtes, la Champagne marcha rapidement
dans la voie du progrès (â), et par ses foires nombreu-
ses elle devint bien vite l'entrepôt du commerce de
l'Occident (3).
Les marchands de toutes sortes y accouraient en
foule, du nord et du midi, pour vendre leurs denrées à
bon profit. Ils venaient de Flandre, d'Allemagne, d'I-
talie, d'Espagne, de Suède, de Grèce, etc., et chaque
ville de commerce y avait une halle permanente, au
front de laquelle on pouvait lire les noms de Barcelone,
Valence, Lerida, Venise, Naples, Crémone, etc., etc. (4).
Thibaut II, prince noble et libéral, comte de Cham-
pagne, 1 l2o-l 154, comprit fort bien toute l'importance
(1) Enc.Yclo|<é liiMies sciences el des lellres. — Pirmiii Didul Verreries.
(2* Blampignon. — Har-snr-Auhe.
(3) Lesruyer. — Géo^iapliie du déparlemenl de TAube. — l.e» foires
de Champagne étaient un ui^me marclié qui se Iransférail h des épo-
ques li\es dans les villes de Tro.\es. liar-snr-Aiibe Provins, l.agny. On
en complail (>. La première s'ouvriiil u Lagny, en janvier, la seconde
à Bar sur-Aube, à la nii-car^me, la troisième à Provins, k l'AscenHion,
la qnalrième à Troyes. à la Sainl-Jean. la cinquième à Provins, k
l'exaliallon de la Sainte-Croix, et la sixième k Troyes, h la Toussaint,
|K)ur finir en janvier.
(4) \ escu^er — Département de PAube.
11
-154-
de sa province. Aussi, en encourageant l'importation,
il stimula le zèle des artistes qui voulurent bien s'y
établir. Grâce aux canaux qui portaient les eaux des
rivières là où elles étaient nécessaires, des manufac-
tures se créèrent et se développèrent rapidement. L'art
de la verrerie, comme les autres arts, subit l'influence
de son temps. Toutefois, après quelques succès bril-
lants qu'attestent les vitraux des cathédrales et autres
églises de cette époque, cet art sembla quelque peu
tomber en décadence pour céder sa place à l'art de la
peinture.
. En effet, le goût des peintures à fresque et à l'huile
dont on se mit à décorer les églises réclamait une lu-
mière vive. 11 fallut aussi plaire aux populations qui
aimaient à voir et à lire dans l'image la vie de leurs saints
patrons, ou les scènes de l'Evangile. C'est pourquoi les
vitraux de couleur et les vitraux peints devinrent moins
en usage. Généralement on leur substitua des vitraux
en verre blanc, entourés, pour la plupart, d'une étroite
bordure de verre coloré. Ainsi donc, le goût des vitraux
peints et des verres colorés s'affaiblit en proportion
des progrès de la peinture. C'est plus tard que nous
verrons cet art revivre avec nos artistes modernes qui,
en joignant à la beauté et à la délicatesse des traits
des personnages la finesse des couleurs, savent aujour-
d'hui laisser au verre peint une limpidité qui n'en-
trave en rien la vivacité de la lumière. Quoi qu'il en
soit, l'abandon que l'on fit des vitraux peints ne porta
pas grand préjudice aux verreries de Champagne.
Si, à la mort de Thibaut II (I lo2), cette province ne
pouvait encore compter que quelques verreries, ^lle en
vit s'établir de nouvelles sous Henri le Libéral (115^2-
1181). L'impulsion était donnée et bientôt plus d'une
— 185 —
trentaine (1) de verreries prospères se comptèrent danâ
la région qui porte aujourd'hui le nom de département
de l'Aube, en s'étendant sur l'ouest du département de
la Haute-Marne.
Toute cette région, du reste, prêtait à cette industrie.
Le pays, couvert de forêts, présentait toutes les ma-
tières premières nécessaires à la fabrication d'un verre
d'une pureté et d'un éclat remarquables. On trouvait,
en bien des endroits, le cristal de roche ; le sable four-
nissait la silice ; les cendres de bois donnaient la soude
et la potasse, et le bois était avantageusement employé
pour la fusion de tous ces produits mélangés. Le ver-
rier n'avait qu'à chercher le sous-sol renfermant une
couche de sable suffisamment pur, aisément exploi-
table et à portée de faciles débouchés et, quand il avait
trouvé le lieu désiré, il s'y installait.
Ce n'est donc point dans un lieu si propice, comme
l'était la Champagne, que l'art de la verrerie devait dis-
paraître. Du reste les ouvriers et les artistes verriers ne
manquaient pas ; ils ne demandaient qu'à travailler.
D'autre part, la Champagne était le pays vignoble
par excellence comme elle l'est encore aujourd'hui. 1^
vigne y était cultivée avec soin de tous les côtés et les
produits en étaient fort estimés. A défaut de fabrication
de verres fins en grande quantité, il fallait toujours
abondamment des bouteilles et des verres à boire.
L'art de la verrerie, qui, pendant les premiers siècles,
n'avait consisté que dans la fabrication plus ou moins
grossière de gobelets et bouteilles, pour s'épanouir aux
xi«, xn* et xnr siècles dans les chefs-d'œuvre des vitraux
de nos cathédrales, dut, si l'on peut ainsi parler, revenir
en arrière en ne produisant plus que des bouteilles ou
(1) Commnnication de M. Le Clerl» conservateur du Musée de Troyes.
— 186 —
des verres blancs et de couleurs variées, s'arrêlant
généralement à la production de ce qui était absolu-
ment nécessaire aux usages domestiques. Il semble que
ce lut pour Tart un temps d'arrêt, mais un arrêt qui
n'empêcha pas les artistes verriers de se perfectionner
afin de produire un verre toujours de plus en plus lim-
pide. Leur talent, ne pouvant plus leur servir que par
hasard aux décors des monuments publics, s'employa à
la perfection des verres blancs et de couleur pour la
décoration des appartements et l'usage de la table.
Aussi, de grands privilèges furent accordés aux ou-
vriers verriers. Des ordonnances royales assimilèrent
même les verriers aux nobles. De là celte qualification
de « gentilshommes verriers » qui, dans l'esprit de la
noblesse d'épée, avait un sens de dédain, même de
mépris.
Avouons que la plupart des nobles verriers, pauvres,
mal vêtus, dont l'existence avait le travail pour principe
et pour base, prêtaient quelque peu le flanc aux rail-
leries qui les accablaient de tous côtés, et s'il leur arri-
vait de tirer quelque orgueil des privilèges dont ils
jouissaient comme des richesses qu'ils avaient pu ac
quérir dans l'exercice de leur art, la dédaigneuse qua-
lification de « souffleurs de verre, souffleurs de bou-
teilles » ne tardait pas à leur rappeler ce que leur art
avait de mécanique (I).
(1) Keaupré : Reihercbcs sur l'induslrie cl les privilèges des verriers
dans l'ancienne Lorraine. — Lepage : Keclieiches sur l'iiidusUie en
Lorraine (verreries). — Fourn'er : La verrerie de Porlieux.
Lne tradition populaire de l'Argunne (partie de la Cliampagne et de
la Lorraine qui s'étend depuis Sedan jusqu'à Sainle MenehuuM, sur les
deux rives de l'Aisne), rapporte que Henri IV, lors du voynge qu'il fit
à Metz en 1G(J3, apercevant de loin les gentllslioinmes verriers de la
forcit de l'Argonne qui accouraient se ranger sur son passage, au pont
do la Hiesme, entre Clerniont et Sainte-Menehoulii, demunda ce qee
r'élaient que ces gens : Ce sont les « soulTlcurs de bouteilles », répondit
le postillon qui conduisait la voilure du roi Eh I» en ! dis leur de "Souf-
fler au c . . de tes chevaux pour les faire aller plus vile (Bcaupréi.
— 157 -
Ces railleries n'empêchaient point cependant les gen-
tilshommes verriers de jouir de certains privilèges ca-
pables de faire envie à plus d'un, car, dans certains
endroits, « les ouvriers de verres, ensemble leurs hoirs
et successeurs ouvrant dudit métier ez dites verrières
et un chascun d'iceulx, voulons, octroyons estre tenus
francs, quittes et exempts de toutes tailles, aydes, sub-
sides, d'ost, de giste et de chevaulchiées. » Telle était la
teneur de la charte des verriers octroyée en 1448 pour
la Lorraine par Jean de Calabre et renouvelée en 1469
par Jean II, après son avènement au duché de Lor-
raine (I).
Nous avons tout lieu de croire que la Champa-
gne, voisine de la Lorraine, dut accorder les mêmes
privilèges à ses ouvriers verriers (2), qui furent, de ce
fait, dispensés de suivre le seigneur non seulement
dans les guerres publiques, mais encore dans ses
guerres particulières (droit d'ost, service ou aide d'ost).
Ils échappèrent également au droit de gite qui consis-
tait en l'obligation de loger le souverain et de le dé-
frayer avec sa suite; mais, de plus, ils eurent le droit de
chasse dans les forêts voisines de leurs usines où ils
travaillaient. Car, ajoute la même charte, « pourront
les verriers et ouvriers chasser ez bois et forestz de
Monseigneur, à l'onviron desdites verrières, à bestes
grosses et rousses, à chiens et harnois de chasse, quand
il leur plaira sans pour ce estre reprins ». Et tous
ces privilèges sont accordés non pas seulement aux
maîtres verriers, mais aussi à leurs ouvriers ouvrant le
(1) Beaupré: Recherches sur l'industrie et les privilèges des verriers
dans l'ancienne Lorraine.
|2 1^ forél d'Argonne couvrait une partie de la frontière de Cham-
Sagne. et il y avaU dos verreries fameuses jouissant des privilèges ci-
essus. N'en citons que deux, l'une à Chatrice. l'autre au bois Japin,
près de Triamont (Volcyr de Serouvilte, an 1530;.
— 158 —
verre, et tous les transmettent à leurs successeurs, soit
qu'ils possèdent la verrerie par héritage, soit que,
comme fils d'ouvriers ou non, ils y travaillent à la fa-
brication du verre (1).
Outre cela, a le gentilhomme verrier avait seul le
« droit de souffler le verre. et jamais il n'aurait souffert
« qu'un roturier travaillât avec lui à moins que pour le
« servir. Pour lui, l'exercice de l'art de la verrerie était
(( même une preuve de noblesse.
« Ces privilèges que les rois avaient bien voulu ac-
« corder pour faire subsister la pauvre noblesse ne
« souffrirent d'altération que vers le milieu du xvni*
« siècle » (i\.
En effet, l'histoire montre que le développement pris
à cette époque par l'industrie verrière détermina de
grands abus et en même temps une réaction. Les droits,
les prétentions des verriers furent contestés. Il s'ensui-
vit des débats, des discussions, des procès qui abouti-
rent à faire admettre que la profession de verrier ne
supposait pas la noblesse, ne la conférait pas, mais
n'y dérogeait pas (3).
Mécontents de cette solution, les gentilshommes ver-
riers désertèrent les usines. K'allons pas plus loin dans
ces questions générales, qui nous éloigneraient trop de
notre sujet, et revenons à nos verreries de Champagne.
Au dire d'un auteur assez versé dans l'histoire de la
Champagne, certaines verreries des bords de l'Aube
remonteraient à l'époque de Philippe IV, dit le Bel (4).
Sans pouvoir confirmer ce fait, nous pouvons dire que
(1) Beaupré: Recherches sur Tindustrie et les privilèges des verriers,
dans l'ancienne Lorraine.
(2j Diderot : Enc3clopédie méthodique ^Verrerie).
(3) Beaupré. Ouvrage cité plus haut.
[k] Finot : L'Aube et ses bords.
— 169 —
sous Philippe le Bel le commerce se développa considé-
rablement et que, pour l'encourager, ce roi donnait vo-
lontiers des lettres de dispense en faveur des gentils-
hommes pauvres afin de leur permettre d'exercer la
profession de verrier sans déroger (l).
Pendant plusieurs siècles, l'industrie verrière ne dut
pas s'installer à demeure dans un endroit déterminé et
permanent. Il fallait compter avec la proximité et l'é-
loignement des matières premières, avec la difficulté
des transports et l'écoulement des produits. Les verriers
s'en allaient alors camper au flanc d'un coteau dans
une clairière à portée du combustible, du sable et de la
roche et, quand après quelque temps ils avaient épuisé
le bois ou le sable, ils reconstruisaient ailleurs leur
halle et leur four. Le four du reste ne pouvant se con-
server trop longtemps, son changement devenait né-
cessaire et permettait ainsi à un etablissement.de se
transporter sans trop de frais sur différents points d'un
territoire même assez restreint (2).
Qui sait si quelques verreries de ce genre n'ont point
(1) Dictioonaire de la oonversaUon : « Des geotilshommes de Champa-
gne demandèrent à Philippe le Bel des lettres do dispense pour exercer
la verrerie, et les verriers des autres provinces en obtinrent des sem-
blables des rois ses successeurs, ce qu'ils n'auraient pas fait si cet art
eut anobli ou s'il eut supposé la noblesse ».
(2) Augustin Cochin : Rtudes sociales et économiques « On ne doit
pas oublier que les verreries ont été longtemps des dépendances de
l'eiploitation forestière comme les petites forges. Il en est encore ainsi
en Bohême. Dans ce pajs, une verrerie se compose de deux fours sous
un misérable hangar en bois au milieu d'une forêt. On la transporte
plus loin quand le bois est brâlé. Dans tous les pays de bois, comme
ie Nivernais et la Lorraine, on trouve partout le nom ou la trace d'u-
ne verrerie et des familles d'origine allemande dans le lieu où exis-
taient ces verreries. Or, les forêts appartenant jadis aux gentilshommes,
ils ont dû de bonne heure demander la permission de fonder des ver-
reries sans déroger à la noblesse. Puis, la faveur une fois accordée, le
métier est devenu la ressource des gentilshommes ruinés et ensuite leur
prétention. Ce qui était une exception à la noblesse est devenu une
prétention à la noblesse. »
— 160 -
existe à Rizaucourt ou dans la région, et si leurs feux,
bien qu'éteints, n*ont point suggf^ré à d'autres l'idée de
profiter d'un lieu propice et lavorable h leur art ?
Quoi qu'il en soit de ces origines supposées des verre-
ries en Champagne, nous ne trouvons nulle part les
noms des maîtres de cristalleries. On le comprend
d'une certaine façon, car en Champagne, comme ail-
leurs, les chroniqueurs du moyen- âge appartenaient,
pour la plupart, au clergé et surtout aux ordres monas-
tiques. Ces chroniqueurs n'avaient guère en vue que de
transmettre à la postérité l'histoire de leur église ou de
leur couvent. Le reste n'avait pour eux aucun intérêt,
et ce n'est que par hasard qu'aux noms souvent
répétés du fondateur, de l'évêque ou de l'abbé
viennent de temps à autre se mêler dans leurs récits
le nom du" souverain, celui de quelque illustre chevalier
ou de quelque redoutable seigneur féodal de la contrée.
Ce n'est donc pas à nos chroniqueurs champenois
que nous devons demander des documents sur l'art de
la verrerie dans la région qui nous occupe. Car à les
lire ils n'ont rien vu, rien appris qui leur ait paru digne
de mémoire. Et cependant Rizaucourt était tout proche
du village de Buchey, dont tout le territoire, terres et
maisons, appartenait aux religeux de Clairvaux.
Ce que nous savons, c'est que le roi Louis XIV (1643-
1715), afin de faire fleurir l'art de la verrerie dans son
royaume, fit venir en France des ouvriers vénitiens
pour les établir, nous le pensons, dans la verrerie créée
par la veuve de François de Bourbon Vendôme, sous
Louis XII, située à l'extrémité du faubourg Saint-An-
toine à Paris, aujourd'hui la caserne de Reuilly (I).
Cette verrerie était alors remarquable par ses produc-
(1) [.arousse : Celle verrerie s'élablil en inanufaclure en 1685 avec
Abraham Thévard el devint inanufaclure luyule en 1692.
— 161 —
lions aussi abondantes que variées. On y fabriquait
<( (les glaces à miroir de mesmeset diverses grandeurs,
netteté et perfection que celles que Ton fait et fabrique
à Moreau (Murano), près la ville de Venise, lozanges ou
carreaux transparents servans aux châssis et fenestres,
vazes de toutes façons, verroteries pour les Indes, es-
maux, pièces de cheminées, verres de cristal, services
entiers de table de toutes façons, figures, manières et
grandeurs tant pour servir à l'ornement de nos mai-
sons royales que pour la commodité publique, le tout
par les ouvriers vénitiens qui y ont été conduits en no-
tre royaume et qui pourront s'y rendre cy après, à cet
effet sans que pendant le temps de vingt années aucun
puisse faire un semblable establissement ».
Alors seulement on commença à connaître le nom
des artistes verriers.
A côté de l'un d'eux, des plus renommés de celte
époque, l'inventeur du coulage des glaces, le fondateur
futur des cristalleries de Saint-Gobain, Abraham Thé-
vard (I), un Vénitien, mérite d'être cité et a droit à
toute notre estime et à notre attention. Son nom est
J.-B. Mazzolay, maître de verrerie à Rizaucourt et
plus tard fondateur de la verrerie de Bayel.
J.-B. Mazzolay, ou Mazzolai, ou de Mazzolay, ou
Mazzola (2), écuyer gentilhomme, était originaire a de
la ville et République de Venise » (3).
La date de sa naissance et l'histoire de ses premières
années nous sont inconnues.
(1) Turgon : Les grandes usines. C'est en 1676 qu'Abralioin Thévard
invente le roulage dcn glares.
(2) Registres de l'ancien élat civil de la parnis^e de Ri/aucnnrt.
Le nom de Mnzzola esi le nniu d'une famille illustre en llalie. Citons
Mazzuoli on Mazzola, dit le l'armo^i^an. peintre ilhisfre né à l'arme en
i.S03, mort en 15i0 : Mazzoln Philippo, peintre, 1530 i:>:)ll ; Mazzola
Oiaseppe. peintre. 1C48 1738. J.-R. Mazzolay ne serait il point un pa-
rent de ces artistes ?
(3) Arrêt du Conseil d'Etat, tl août 1678.
- 162 —
C'est vers 1663 qu'il aurait été appelé à Paris, « par
ordre de Sa Majesté, avec plusieurs autres gen-
tilshommes verriers de son pays (de Venise ou Murano),
pour la manufacture et fabrication de toutes sortes
d'ouvrages de cristal » (1).
Mazzolay et ses collaborateurs repondirent aux espé-
rances du roi et de son ministre Colbert. La preuve en
est dans une requête de Mazzolay lui-même où il aflBrme
que « Sa Majesté eut un jour la bonté de le voir tra-
vailler et de luy donner publiquement son approba-
tion » (2) en la cristallerie du faubourg Saint-Antoine.
Ces sympathies royales nous font supposer la finesse
du travail de Mazzolay, et, peut-être encore différentes
améliorations qu'il dut introduire dans l'art de la cris-
tallerie française. Aussi, « pour avoir lieu de s'attacher
plus fortement au service de Sa Majesté » (3), Mazzolay
se donna entièrement à son pays d'adoption. Ce qui lui
valut des lettres de naturalisation et lui permit d'épouser
Jeanne Quesnot, ou Guenot, ou Tiennot (4), dont nous
ne pouvons fixer le heu de naissance (5).
Où et comment Mazzolay a-t-il en effet pu faire con-
naissance de Jeanne Quesnot ? Sa sortie d'Italie vers
1663, l'appel du roi de France fait aux Vénitiens, l'exis-
tence d'une verrerie à Rizaucourt, sous J. Lacan, vers
166i, le nom de Guenot (transformation de Quesnot)
existant encore aujourd'hui dans la région, plus tard,
la demande de Mazzolay de venir s'établir en Cham-
pagne, nous permettent de supposer que Rizaucourt
(1) Arrêt da Conseil d'Etat, 27 août 1678.
(2) id. id.
(3) id. id.
(4) Registres de catholicité de la paroisse de Rizaucoort ; égale-
ment anciennes minutes des notaires de Bar-sur-Aube.
(5) Aujourd'hui encore, à Lavilleneuveaux-Fresnes, entre Rizau-
coart et oayel, il y a des familles du nom de Guenot.
— 163 -
ne lui était pas inconnu et que peut-être il s'y était
arrêté, y avait travaillé en la verrerie et y aurait connu
Jeanne Quesnot.
Toujours est-il que, la verrerie du faubourg Saint-
Antoine ayant dû un instant fermer, soit, comme le dit
Valsuzenet, « le manque de bois rendant à ce qu'il
paraît les dépenses trop considérables » (I), soit pour
d'autres motifs, les ouvriers obtinrent la liberté de
travailler à leur compte personnel là où il leur plairait.
Mazzolay obtint du roi la permission de se transporter
en Champagne et de s'y établir. De ce lait, il se trou-
vait au centre du grand commerce et à proximité des
grandes foires dont nous avons parlé plus haut.
Aucune preuve écrite ne nous confirme pourtant
cette permission mentionnée dajis plusieurs pièces, et
nous avons tout lieu de croire qu'elle fut probablement
verbale. On lit en effet dans un mémoire que « le feu
roy, dans la vue de faire fleurir les arts, ayant permis
au sieur de Mazzolay, gentilhomme vénitien, naturalisé
français, et à la demoiselle Quenot, sa femme, d'établir
une manufacture en la province de Champagne, en tel
lieu qu'ils jugeraient convenable pour y fabriquer
toutes sortes d'esmaux de cristal, il aurait, en consé-
quence, choisi le lieu de Rizaucourt pour l'establisse-
ment et l'exploitation de la fabrique des cristaux et
verreries » (-2). Or qu'était Rizaucourt ?
II
Le 11 novembre 1659, un appelé Jean Lacan, maître
verrier, originaire de Béziers, en Languedoc, sollicita
(1) Brualé de Valsuzenrl. Tableau statistique du déparlement de TAuhe.
(2) Arrêt du Conseil d'Etal en faveur de Jean de Villeprouvée.
— 164 -
et obtint < du Roy le privilège pour la fonte du cristal
de roche et pratiqua son secret en divers lieux du
royaume de France » (1).
Cinq années plus tard, en 1664, Lacan, passant à
Bar-sur-Aube, eut une entrevue avec le receveur des
tailles, le sieur Paillot père, qui le pria « d'aller à la
terre de RisaucourI, dont il était fermier judiciaire, où
ils firent construire une halle avec un fourneau pour la
fonte et fabrique des cristaux, auxquels il travailla
pendant quelque temps » (i).
La halle et le four furent construits dans les dépen-
dances du château, au-delà des lossés, à 40 mètres en
aval sur la rive droite; de la Bierne, et s'appuyaient au
coteau, dans le flanc duquel se groupent aujourd'hui
quelques maisons du village, assises sur la rue du
Chemin neuf.
S'il faut noter que cette date 1664 est indiscutable,
on pourrait cependant être tenté de croire qu'une ver-
rerie existait déjà auparavant, dès 1630, et sur le même
endroit, par conséquent bien avant l'arrivée de Jean
Lacan.
Les seules hypothèses capables de contredire ce fait
seraient que : ou bien Jean Lacan aurait apporté avec
lui des verres de sa fabrication ou plutôt d'une fabrica-
tion étrangère pour servir de modèle, et ces verres, une
fois cassés, n'auraient pas été rejetés dans le creuset ;
ou bien, pour être remis au four, les verriers auraient
acheté où ils le pouvaient des débris de verre qui n'ont
pas été refondus. Les historiens à venir nous éclairci-
ront peut-être ce fait.
(1) ArnH du Conseil d'Etat. â7 aoiU 1678, 28 décembre 1700. Doss er
J. B. Maxzolay aux Arcliives nationales. — Mémoires de Pommereu
aux Archives du ministère de l'intérieur.
(2) Ibidem.
- 168 -
Toujours est il que, si nous nous basons sur nos
simples découvertes, nous pensons pouvoir faire re-
monter l'existence d'une verrerie à Rizaucourt vers
1630. Pnnni les nombreux fragments de verre et cristal
aux couleurs bleu, vert, blanc, même de la roche à
demi calcinée, découverts dans les fouilles que nous
fîmes faire en l'emplacement des cristalleries, nous
avons trouvé entre autres une partie de la coupe d'un
petit verre à pied de forme hexagonale, de couleur vert
d'eau très claire, dont malheureusement nous n'avons
que deux faces contiguës et portant sur chacune d'elles
un chiffre, savoir 6 et 3. Ces deux chiffres, selon nous,
ne peuvent guère que faire partie d'une date de fabri-
cation remontant de l'année 1630 à l'année 1639 inclu-
sivement.
Cette précieuse découverte, ainsi que de nombreux
fragments de cristal bleu- vert et même de la roche à
demi calcinée, nous les avons déposés au musée de
Saint-Dizier (Haute-Marne), où tout amateur pourra les
voir; chacun conviendra que, par la limpidité du
cristal, les verreries de cette époque jouissaient d'une
renommée bien méritée.
Jean Lacan, enorgueilli sans doute par son privilège
et bien vu du seigneur de Rizaucourt, crut pouvoir se
mêler aux choses politiques de son temps.
Au lieu de rester un habile verrier, il conspira
• contre la sûreté de l'Estat » et « s'est rendu indigne
« de la grâce que Sa Majesté lui a faite, pour se réfu-
« gier avec sa famille en la ville de Bruxelles, où il est
« mort parmy les ennemis de TEstat » (1).
Le départ de Jean Lacan laissait libre la cristallerie
de Rizaucourt. Mazzolay, obligé de quitter Paris, résolut
(1) Arrél du Cunseil d Elat, tl août 1678.
alors de bénéficier de la situation. Il savait du reste
trouver sur les lieux « le bois, les lougères et toutes
autres herbes propres et convenables pour le fait de
son métier de verrier ». Il y avait de plus, pour lui,
l'avantage d'un établissement déjà créé et une clientèle
assurée qu'il put exploiter, en vertu d'un privilège per-
sonnel, verbal sans doute, récompense de l'habileté
qu'il avait montrée en la cristallerie royale du faubourg
Saint-Antoine.
Une fois établi, il travailla pendant un certain temps
a sans aucun trouble ni empeschement ))(1); quand
enfin Marie Lacan, fille et héritière de Jean Lacan, sup-
posant la situation de Mazzolay entachée de précarité,
crut pouvoir se réserver à elle seule tout le privilège de
la fonte du cristal en la dite verrerie et disposer à son
aise de l'établissement. Pour cela, elle commença par
demander et obtenir du Roi, le 17 décembre 1672, le
renouvellement du privilège accordé à son père ; puis,
le 18 septembre 1674, elle céda les cristalleries avec le
brevet à un gentilhomme verrier, le sieur , de
Borniolle des Blains (:2), qui, deux ans après, céda à
Jean. Ory (ou Aury, ou Orry), bourgeois de Rouen, son
bail en la terre de Rizaucourt et son droit d'y fabriquer
les cristaux (3).
Pendant tout ce temps, Mazzolay n'avait cessé de tra-
vailler et, acceptant cette nouvelle situation, il consentit
(1) Arrêt du Conseil d'Elat, 27 août 1678.
i'i) Nous pensons qu'il s*agit ici de Léonard de Borniolle, sieur des
Belains ou Blains, membre d'une illustre famille.
Son nom, nous le trouvons à Rizaucourt, aux registres de catho-
licité, le 24 septembre 1679, 24 septembre 1680. — Nous ne connais-
sons ni le lieu ni la date de sa mort.
(3) Le mémoire de M. de Pommereu semble dire que ce sont les
sieurs Bleins et Aury qui ont appelé Mazzolay. Ce mémoire date de
1700. W est préférable de se baser sur les arrêts en rapport avec les
années où eurent lieu les difficultés, tel l'arrêt du Conseil d'ËUt 1678.
- 167 -
encore à donner son concours à Jean Ory, en qualité
de fabricant et fournisseur de pièces de cristal, mais
non comme associé. Ce fait est prouvé par Mazzolay
lui-même qui, dans sa requête adressée au Conseil
d'Etat, affirme deux points principaux, savoir :
1*» Qu'avant le renouvellement du privilège accordé à
Jean Lacan, lui, Mazzolay « aurait, pendant plusieurs
années, travaillé en la province de Champagne en la ver-
rerie de Rizaucourt sans aucun trouble ni empesche-
ment »;
2*» Qu'après le bail, cédé à Jean Ory, Mazzolay « au-
« rait continué son travail pendant quelques mois pour
a les dits Ory et consorts, lesquels aiant dans la suite
« crus de pouvoir se passer du suppliant pour perfec-
« tionner ses ouvrages », lui cherchèrent des querelles,
afin de l'obliger à quitter Rizaucourt. Mazzolay lut bien-
veillant. II ne se fâcha pas, il attendit. Cette bienveil-
lance et ce calme, au lieu de désarmer ses adversaires,
produisirent un résultat contraire. Car Ory et ses amis,
après les mena'^es, en vinrent aux actes.
Mazzolay articule en effet, dans sa requête, « qu'Ory
« et consorts l'avaient sy maltraité qu'il fut obligé d'en
« porter sa plainte en justice en sorte que, par deux
« sentances confirmées par arrêt contradictoire du
« parlement de Paris, il en aurait obtenu la réparation
« aux amandes, despans, dommages et intérêts... » (1)
Cette solution calma momentanément les esprits. Jean
Ory et ses associés quittèrent Rizaucourt. De son côté,
Mazzolay demeura « près d'un an sans rien faire m (2).
On était alors à la fin de l'année 1677 ou au commence-
ment de 1678.
Après réflexions, la nécessité de gagner sa vie l'y
(t) Arrêt du Conseil d'Etat. H août 1678.
(2) » »
poussant, ou plutôt, la souffrance morale de ne point
travailler à un art qu'il aimait, Mazzolay résolut de ré-
tablir la verrerie a non pas sur le privilège de Jean
V Lacan ou de Marie Lacan, mais bien sur celui qu'il
(( prétendait avoir de son chef La réputation de son
« ouvrage ot le prix raisonnable que Mazzolay en lait
« au public lui aiant atiréTaprobation générale de tous
(( les marchands » (I) lui procurèrent bien vite une ex-
cellente clientèle.
Mais les adversaires veillaient. Abusant du privilège
de Marie Lacan en date du 17 décembre 1674, enregis-
tré seulement le ^i janvier 1678 par arrêt du parlement
de Paris, Jean Ory fit saisir le 9 août 1678 « un panier
« de verres et carafîes envoyées par le coche de Chau-
« mont ». Les 1:2 et 13 du môme mois, Ory fit saisir
également « tous les ouvrages qui se sont trouvés en la
(( verrerie de Rizaucourt et establir des gardiens d'i-
« ceux, prétendant sous prétexte de deffenses exclusi-
« ves contenues au dit privilège, de ruiner Testablisse-
« ment de Mazzolay et de lui empescher de travail-
« 1er. » (2)
En présence de ces agissements, Mazzolay présenta
aussitôt une requête au Conseil d'Ktat pour obtenir la
mainlevée de ces saisies, « lesquelles, dit-il, sont d'au-
« tant plus injustes et injurieuses que le privilège en
« vertu duquel elles ont été faites, ne porte point de
« dcffances de faire fabriquer des verres, caraffes et
« autres ouvrages servant h l'usage journalier du pu-
a blic, à Texclusion portée par iceluy, n'estant qu'à l'é-
(( gard seulement de la fonte du cristal de roche que la
« dite Marie Lacan a fait cstendre aux cailloux, et le
(( suppliant ne se servant ni de l'un ni de l'autre pour
(1) ArrcM du Conseil d'IClal, 27 aoiU 1(i78.
(2 » h »
<( la labrication de son ouvrage, on ne peut pas dire
« qu'il y avait aucune entreprise ou contravention de
« la part du suppliant en la matière et encore moins
« en la forme qui est entièrement de son invention
« qu'il a apportée de son pays sans avoir jamais rien
« imité du prétendu secret de Lacan » (4).
Mazzolay allait même plus loin. Il affirmait que le pri-
vilège obtenu par Lacan avait été reconnu * sy abusif,
« sy contraire à la liberté publique, au bien de TRstat
* et à l'intention que Sa Majesté a toiyours eue de lavo-
a riser toutes sortes de manufactures pour atirer Tabon-
(( dance dans le royaume que dans toutes les occasions
« qui se sont présentées, Sa Majesté n'y a eu aucun
« esgard et a toujours accordé la main levée des saisies
« laites en vertu d'iceluy ainsi qu'il est justifié par les
« arrêts du Conseil des 52 novembre 1666 et 18 février
« 1667 avec pleine liberté aux marchands verriers de
(c vandre touttes sortes de marchandises de leur pro-
(( fession partout où Don leur semblera, ce qu'ils ne pour-
« raient pourtant pas faire sy la deftanse portée par le
(c privilège du dit Lacan avait lieu, mais quand cela
« serait ces dites défiances ne s'étendanl point aux
« verres et caraffes et autres ouvrages du service per-
« pétuel et journalier et le suppliant (Mazzolay) ne se
« servant ny de la matière, ny de la forme portée par
« iceluy, l'entreprise des dits Ory et Lacan ne peut pas
« être tolérée en justice » (â).
Enfm, Mazzolay continue en demandant au Conseil
d'Ktat l'autorisation « de continuer son travail ordinaire
e en la dite verrerie de Rizaucourt ou partout ailleurs
« ou bon lui semblera » (3).
(t) Arrêt du Conseil d'Elat. 27 aoAl 1678.
(2) » » »
(3) » »> » '
12
-110-
Le résultat fut que, par arrêt en date du 27 août 1678,
rendu sur le rapport favorable du contrôleur général
des finances Colbert, le Conseil d'Etat donna mainlevée
des saisies pratiquées sous le nom de Marie Lacan et fit
« deffenses à la dite de Lacan et à tous autres de don-
a ner aucun trouble au suppliant en la fabrication de
« ses ouvrages de cristal servant à l'ouvrage journalier
« du public en la dite verrerie de Rizaucourl à peine
< de dix mille livres d'amende et de tous dommages
« et intérêts » (1).
Le procès était gagné. Mazzolay se remit à l'œuvre et
continua ses travaux en la verrerie de Rizaucourt. Il
lui restait au cœur cependant le souvenir de tous les
ennuis au milieu desquels il avait vécu en agissant
toujours de bonne loi. Il voulait s'éloigner d'un pays
que la méchanceté des hommes lui faisait paraître in-
grat; et, sans quitter la Champagne, sans trop cepen-
dant s'éloigner de Rizaucourt, il résolut d'établir ail-
leurs sa verrerie.
C'était en 1679. « Ayant cru la situation de Bayel
« plus propice à cet establissement, il y fit construire
« une halle et un four » (2). C'est à cette date 1679
qu'il nous faut laire remonter la naissance de la ver-
rerie de Bayel, et nous avons tout lieu de croire qu'elle
lut établie sur l'emplacement des verreries actuelles,
avec, sans doute, l'autorisation des abbés et religieux
de Clairvaux, seigneurs temporels de Bayel, auxquels
appartenaient les bois du lieu.
A Bayel, « Mazzolay travailla dix-huit à vingt mois
« seulement pendant lesquels Rizaucourt fut aban-
(1) Arrêt do Conseil dTAat, 27 aoi1t 1G78.
(2) Mémoires du Conseiller d*Elat de Pommerea, dossier J.-B. Maz-
zolay, aux Archives nationales.
-171-
tt donné » (1). Ce lait nous est confirmé par diverses
pièces contemporaines. L'une nous dit en effet que
« le dit sieur Mazzolay a travaillé longtemps à la fabri-
« cation des dits cristaux et autres verreries dans la
« terre de Rizaucourt et il a aussy fait de pareils ou-
(( vrages à Bayel » (2). D'autre part, en l'église de
Bayel, nous voyons figurer « damoiselle Jeanne Quenot,
« épouse de J.-B. Mazzolay de ce lieu de Bayel » (3).
Quoi qu'il en soit, le séjour à Bayel ne fut pas de
longue durée, et, pour des motifs que nous ignorons,
Mazzolay et ses compagnons quittèrent bientôt Bayel
pour revenir rallumer les feux aux fours de la verrerie
de Rizaucourt.
Alors on eût pu croire que la verrerie de Rizaucourt
devait vivre et les feux ne plus s'éteindre ; jamais, du
reste, elle ne fut plus prospère.
En effet, rien de plus intéressant que de lire et relire
les actes de catholicité de Rizaucourt. Malgré quelques
lacunes regrettables, nous y retrouvons à peu près la
vie intime et familiale des gentilshommes verriers de
cette époque, car leurs noms sont consignés dans un
grand nombre d'actes de baptêmes, mariages et inhu-
mations. Rizaucourt fut le séjour d'un grand nombre
de descendants de familles dont la noblesse remontait
fort loin dans l'histoire. C'étaient les de Borniolle, les
Roch de Maillet, les du Bourg, dont le nom existe en-
core aujourd'hui, les Joseph de Fer (4), Dominique des
(1) Mémoires du Conseiller d'Eut de Pomroereu, dossier J.-B. Max-
zolay, aux Archives nationales.
(2) Idem.
(3) Regislre de catholicité de Bayel,
(4^ La famille de Fer a foarni plusieurs gentilshommes verriers.
Le 2t juin 1614 Gaspard de Fer et deux autres gentilshommes verriers
s'associent par contrat devant le notaire du auché de Nevers, pour
fonder une nouvelle verrerie. Joseph de Fer, ffentilhomme verrier à
Rizaucourt, mourut à l'âge de 36 ans. Son acte d'inhumation est ainsi
— 172 —
Riveltes, gentilhomme vénitien, travaillant ît la ver-
rerie (1), François de Colnet (2) et d'autres encore que
nous ne connaissons pas.
D'après la tradition, le maître de cristallerie de Ri-
zaucourt et la plupart des gentilshommes résidaient
sur la rive gauche du ruisseau la Bierne, les liseurs et
apprêteurs dans tout le voisinage. A cette époque, on
était loin déjà de Thabilation vulgaire primitive connue
sous le nom de « houbette ». Toutefois, aucun luxe
n'existait dans ces locaux, qui ont disparu. Car la mo-
dicité du salaire ne le permettait pas.
La plupart du temps, le maître de cristallerie souf-
flait lui-même le verre. Il était, du reste, généralement
l'ouvrier le plus expérimenté, par conséquent le meil-
leur, le plus consciencieux et surtout le plus intéressé.
Parfois, pour se rendre compte de l'opinion publique,
autant que pour s'attirer de la clientèle, il ne dédaignait
point de quitter son four pendant quelques jours et
conçu : « L'an 1G98 le 16 du mots de juillet, a été inhumé dans
VKglise de Rismicourt, par moy, soussigné curé du dit lieu, le corps
de défunt Joseph de Fer, vivant gentilhomme, travaillant à la verrerie
du dit lieu après avoir vescu chrestieiiuement et reçu les sacrements
de rF]glisc avec piété. Est décédé à l'Age de 'M\ ans : au convoi duquel
étaient présents Antoine Jacob ; M. Kdme Sauvage, procureur fiscal et
plusieurs autres et ont les dits Jacob et Sauvage signé. Jeudy ».
(1) Dominique des Riveltes, gentilhomme verrier, travaillant à Ri-
zaucourt, était époux de damoiselle Marie Richard (ou Tricard). Il eut
une fille, Françoise, baptisée le 21 septembre 1694. Au baptême, Jean
François de Colnet, gentilhomme de la verrerie, et demoiselle Jeanne
Quesnot. épouse de M. de Mazzolay, furent parrain et marraine de
l'enfant.
(2) Jean- François Colnet. écuyor, seigneur de Longchamp et seigneur
de la Joncherois, en partie, n'est pas qualifié gentilhomme verrier,
mais il est permis de croire que, pour divers motifs, il fut un des
ouvriers de Mazzolay, ou du moins un de ses amis intimes, car nous
rencontrons son nom à Rizaucourt. De son union avec demoiselle
Marie de Legrel, il eut un fila. Léonard -François. Le parrain fut
Léonard de HornioUe, « escuier, sieur des Blains et la marraine Jeanne
<Juenot » : c'était le 24 septembre 1()80. Plus tard, deux autres enfants
naquirent encore de cette union.
— 173 —
d'aller au loin. Alors, sur les épaules une « rafle ou
harasse » ( I ) remplie de verres, il partait, acquittait
partout où il le devait les droits seigneuriaux et fis-
caux (-2), exposait ses produits et revenait à son travail
après avoir recueilli bien souvent de nombreuses com-
mandes. Son absence de peu de durée ne faisait point
souffrir rétablissement. Nous savons en effet que les
gentilshommes verriers ne pouvaient que très diffici-
lement quitter leur maître; c'eût été pour eux s'exposer
à des peines très dures. Les arrêts du Parlement, en
date des 21 septembre 1745 et 22 janvier 1746, confir-
mant ceux des 13 mai 1694, 12 août 1701 et 18 mars
1713, nous diseht en effet qu'il est défendu à tous gen-
tilshommes verriers, tiseurs, ouvriers, serviteurs, do-
mestiques et autres employés aux dites manufactures,
sous peine d'amende, même de punition corporelle, de
quitter le service des maîtres de verrerie pour lesquels
ils travaillent sans un congé par écrit, lequel ils seront
tenus de demander, deux ans avant leur sortie et à
tous maîtres de verrerie de recevoir à leur service, sans
un congé par écrit, les dits ouvriers et encore qu'ils les
eussent reçus sans les connaître ou autrement ils seront
tenus de les rendre à peine de trois mille livres d'amende.
(1) La « rafle ou harasse » est une hotte dont la partie supérieure
déborde en avant, recouvre la tète du porteur et permet d'augmenter
la charge à porter. Vn vir-aire de la paroisse de Charmes (Vosges),
chargé par son curé de porter des verreries de Portieux à l'évèque de
Toul, en mars 1772, demandait pour s'acquitter de cette corvée « une
rafle qui pourrait en même temps lui servir de parapluie ». — Four-
nier. La verrerie de Portieux.
ii) Vu la proximité des lieux, nous ne pouvons ici passer sous si-
lence un article du droit de péage du comté de Lesmont (aujourd'hui
canton de Brienne), visant les verriers, art. 18 : <> Tn homme chargé
« de verres et pas.sant son chemin et avec bouteilles doit deux deniers ;
(« et, en exposant en vente dans les lieux du dit comté, doit aussi le
«« second verre au choix du sienr comte de Lesmont, en donnant le
c dit sieur comte aux marchands du vin plein le dit verre », en sorte
qu'il y avait compensation.
— 174 -
Ces arrêts rendaient donc quelque peu stables les
ouvriers verriers, et c'est grâce à leur application ri-
goureuse que les cristalleries de Rizaucourt, au milieu
des entraves qui surgirent à chaque instant, durent de
se maintenir et de prospérer, sous la conduite de Maz-
zolay, leur maître.
En dehors du maître, il y avait, dans une verrerie,
trois catégories d'ouvriers : le tiseur ou attiseur, Tap-
prêteur et le souffleur. A chacun, il faut ajouter un
certain nombre d'apprentis, d'aides ou domestiques.
Le garçon tiseur surveillait la fusion du verre, ali-
mentait la matière dans les creusets et soignait la
trempe des objets manufacturés. Il avait plusieurs
compagnons, dont l'ofïîce était de chauffer le four, en-
trer le charbon, vider les immondices de la cave et
nettoyer la halle de celles qui s'y sont amassées pen-
dant la fonte. Cet emploi était considéré comme ser-
vile et, pour la bonne disposition du travail, il ne per-
mettait pas à celui qui en remplissait les fonctions de
pénétrer les secrets de l'art du verrier. Cependant, d'a-
près un article des statuts des cristalleries, les mem-
bres des familles alliées aux gentilshommes verriers
pouvaient, après un apprentissage de quatre années
comme attiseur ou tiseur et quatre autres années
comme apprêteur, devenir maîtres souffleurs à leur tour.
Les apprêteurs formaient la composition du verre,
préparaient les fours et assignaient le poste de chaque
maître pour le travail. Ils servaient aussi d'aides au
maître souffleur (I).
Le souffleur était habituellement le chef de maîtrise.
Son emploi consistait à faire les plus grosses pièces de
(1) Citons quelques noms d'ouvriers des cristalleries de Rizaucourt:
Jean Sauget, Ëdme Saufçet. J. Lalleman, de Cornet, garçon de la ver-
rerie, Jacques Frampart, Dubourg Philibert, valet servant à la ver-
rerie, etc.
- 178 -
verre comme les fiasques, les dames-jeannes, les bou-
teilles, etc. Le souffleur était habituellement gentil-
homme (I).
Ainsi nous trouvons six gentilshommes verriers à la
cristallerie de Rizaucourt. En leur attribuant à chacun
deux aides, nous aurions une vingtaine d'ouvriers.
Quelques journaliers en plus pour la manipulation,
l'emballage et la surveillance, on arrive ainsi à vingt-
cinq, à trente personnes, ce qui, d'après le fisc, consti-
tuait la moyenne du personnel d'une cristallerie.
Les travaux exécutés à Rizaucourt ne durent être
autres que ceux autorisés par l'ordonnance donnée
pour les manufactures royales du faubourg Saint- An-
toine, dont nous avons parlé plus haut
III
Jean-Baptiste Mazzolay mourut, nous le supposons,
à Rizaucourt. Malgré nos recherches, l'acte d'inhuma-
tion est resté introuvable à Rizaucourt aussi bien
qu'aux archives départementales (2). La dernière men-
tion au sujet de Mazzolay, relatée sur les registres de
Rizaucourt, consiste en sa présence comme parrain à
un baptême, en date du 23 février 1695, avec son titre
de maître de verrerie.
Or, comme sa veuve convole en secondes noces le 8
décembre 1695, il nous faut fixer sa mort entre le 23
février et le 5 mars 1695.
(li Beaulillier. — La verrerie et les gentilshommes verriers de Nevers.
(i) Les registres de catholicité de Rizaacourt, remontant à l'an 1678,
nous donnent cinq signatures de Jean-Baptiste Mazzolay : iS mai 1679,
20 octobre 1683, 1" mars 16aH, 10 mars 1691, 23 février 1695.
Le double des registres de Rizaucourt, déposé au greffe de Chaumont
(Haute-Marne , ne remonte qu'en l'an 16/9 et il y manque les regis-
tres de 1681 à 1713«
— 176 —
La dépouille mortelle de Jean Baptiste Mazzolay re-
pose, selon toute vraisemblance, sous les dalles de la
ne! de Téglise de Rizaucourt, mais aucune mention
matérielle n'en consacre le souvenir.
La mort de Mazzolay n'arrêta pas l'essor de la ver-
rerie de Rizaucourt. L'article 10 de l'ordonnance de
mars 1600, signé par Henri IV, en faveur des verreries
et ainsi conçu : « la veuve continuera la maison de
« son défunt mary a moins qu'elle contracte un second
« mariage hors du premier » donnait le droit à Jeanne
Quesnot de gérer la manulacture de cristal. Aussi prit-
elle à bail, pour trois années, la halle et le four des
cristalleries avec le plus grand succès. La preuve en
est dans le grand hommage qui est rendu à la vigi-
lance, à l'habileté, à la prudence et au dévouement de
la veuve de Mazzolay par le juge-commissaire de Cham-
pagne De Pommereu. « La veuve de Mazzolay, dit-il, y
« est habile en l'art de la verrerie et tient son secret
9 d'un étranger attiré dans le royaume par sa capacité
« dans cette fabrication ; elle a contribué à y retenir
« cet ouvrier en quoy elle mérite encore quelques con-
« sidérations; elle a travaillé longtemps pour lui et
« depuis son déceds avec assez de succez » (1).
La renommée de Mazzolay, la réputation de ses ou-
vrages et de sa manulacture firent que bientôt la veuve
Jeanne Quenot fut invitée à convoler en secondes
noces. Le mariage eut lieu le 5 décembre 1695.
Elle épousa noble homme Pierre Simonnot
d'Arrentières, écuyer (4), seigneur d'Arrentiè-
(1 Rapport du Conseil d'Etat de Pomereu.
(2> Pierre Simonnot. escuyer. seigneur du dit Arrentières. recevra
aussi sur le dit écu étant aux droits du défunt, Kduie l^gas. sieur d'Aisé,
en qualité de seigneur du dit Arrentières, deux sols suivant l'acqui-
sition faite de ses biens. I Liasse E. H8.'). copie collaiionnée de la distri-
bution des droits seigneuriaux d'Arrentières et Kngente, 2i février 1702.
— Archives du département de l'Aube .
— Ml —
res (1), Engente (i), Fresnay (3), et Aunay (i), premier
lieutenant de la grande fauconnerie du roi (5), né vers
1650, à Saint-Maclou de Bar-sur-Aube.
A ce mariage, assiî^taient en qualité de témoins, Jean-
Baptiste Perrotti, avocat au parlement, résidant à Paris;
Louis Vanicr, notaire à Bar- sur-Aube; Dominique
des Rivettes et Bernard Borniolle, genlilsliommes ver-
riers (6).
Le mariage eut lieu dans Téglise de Rizaucourt. En
voici le texte même, il mérite d'être lu.
(( L'an mil six cent quatre vingt quinze, le cinquième
« jour du mois de décembre a été conjoint par le sacre-
ce ment de mariage par moi soussigné curé de Rizau-
« court, publiquement Pierre Simonnot D'Arrentière,
(( écuier, seigneur du dit Arrentière Engente Fresnay
(( et Aunay, premier lieutenant de la grande fauconne-
(( rie du roy, de la paroisse St-Madou de Bar sur Aube
(( avec demoiselle Jeanne Quenot, veuve de M' de Maz-
« zolay de ce lieu de Rizaucourt : Il y a eu un banc
« publié dans cette église et dans celle de SI Maclou,
a comme il m'apparaît par le certificat de M. le Cun» de
11) Arrenlières. — Commune du canton de Bar-sur-Aube. L'ancien
fief seigneurial, au sud du village, appartient aujourd'hui aux héritiers
de M. le comie de Lassus.
12) Engente. — Canton de Bar-sur-Aube lAube).
(3) Kresnay. — Canton de Soulalnes (Aube).
(4) Aunay (très probablement Aulnay). — Canton de Chavanges
(Aube), autrefois Aulnay-le-Châtel.
(5) Ce titre de premier lieutenant de fauconnerie du roi intri
guera sans doute quelques esprits ; à notre grand regret, nous ne pou-
vons, malgré nos recnerches, indiquer en quoi consistaient ses lonc
lions. Tout ce que nous .savons, c'est que le grand fauconnier touchait
4.00() florins de pension M avait sous ses ordres cinquante gentils-
hommes. Les grands fauconniers s'arrogeaient le droit de chasser en
tout temps et en tous lieux du royaume.
[jes lieutenants de la grande fauconnerie avaient ils un pouvoir au.ssi
grand ou restreint à une province? Nous n'osons l'afrirnier. Kn Itw.'i.
Nicolas Dauvel, comte de Slnrets. pos.sesseur du chAteau de Saint-Phal
(Aube), était grand fauconnier de France.
(6) Registre de catholicité de Hizaucourt.
— 178 -
« la dite paroisse, et on a obtenu dispense du deux et
« troisième de M. Legrand vicaire, laquelle dispense
« ra'a été communiquée, dûment scellée, controllée et
« insinuée ; ensuite le certificat du dit sieur vicaire
« général, pour procéder au dit mariage, supposé qu'il
« n'y ait point d'empeschement canonique, ensuite dis-
« pense pour épouser pendant l'avent signée Amiot
« vie. gén. dûment insinuée le deuxième décembre
« au dit an sans aucune opposition ou empeschement,
« les fiancialles aiant été le jour précédent célébrées
« par moi dans cette église. Laquelle cérémonie a été
« faite présence de M. J. B. Perrot, avocat au parlement
« demeurant à Paris, de Louis Vanier notaire demeu-
« rant à Bar sur Aube, M. Dominique des Rivettes gen-
« tilliomme, M. Bernard BornioUe aussi gentilhomme
a travaillant à la verrerie qui ont signé avec nous
« comme témoins ».
« Ont signé : Quenot, Simonnot d'Arrentières, Per-
« rot. De Rivettes, Vannier, BornioUe, Jeudy, curé du
« dit lieu. »
Fac-similé des signatures des principaux propriétaires des verreries
de Rizaucourt (Extrait des actes de catholicité de Rizaucourt).
-' 179 —
Pierre Simonnot d'Arrentières portait pour armes :
« d'argent à trois roses de gueules, pointées desinople,
« boutonnées d*or » (1). D'où lui venait sa noblesse ?
Descendait-il ou était-il parent de messire Pierre d'Ar-
rentières, « procureur et receveur des habitants de
Troyes », accusé sous Charles VII, en 1429, de conspi-
ration en faveur du duc de Bourgogne (i) et qui subit
la peine capitale sur la place publique de Troyes avec
plusieurs de ses compatriotes ? Nous ne le savons pas.
Peut-être serait-il préférable de croire qu'il appartenait
plutôt à une vieille famille bourgeoise anoblie en sa
personne par suite de ses fonctions de premier lieute-
nant de la fauconnerie du roi.
Quoi qu'il en soit, après deux ans comme maîtres en
la verrerie de Rizaucourt, Pierre Simonnot et Jeanne
Quesnot crurent agir dans leurs intérêts en désirant
quitter Rizaucourt pour transporter définitivement leur
établissement à Bayel, et alors des pourparlers eurent
lieu entre eux et messire Paillot, propriétaire des cris-
talleries. Ces pourparlers durèrent assez longtemps,
selon la façon dont chacun envisageait sa situation au
point de vue matériel comme au point de vue des rela
tions de familles qui semblaient quelque peu tendues.
D'autre part, messire Paillot désirait se retirer à Rizau-
court, peut-être avec la prétention de faire continuer la
verrerie, si Simonnot d'Arrentières la quittait. Le 30
décembre 1697, il écrivait « qu'il n'a jamais combattu
(1) Raymond. — Histoire de Bar-sur-Aube et de son arrondissement.
(2) Ce duc, fâché de voir la ville de Troyes enlevée aux Anglais ses
bienfaiteurs, voulut la regagner pour eux au moins par surprise et il
avait engagé Pierre d'Aranlières à la lui livrer. Mais ces intrigues furent
découvertes. D'Arantières fut mis à mort et ses biens avec ceux de ses
complices confisqués. I^a sentence fui rendue par Pierre de Tarties,
licencié-e-loix, iieuienant général de Guillaume Helier, seigneur de
Courcelles, maître d'hôtel du roi cl son bailly de Troyes. ((lourtalon.
— Annales troyennes.)
— 180 —
fl les raisons que le dit sieur d'Arrenlières a pour faire
^ son establissement à Bayel et qu'il est entièrement
« déterminé d'aller demeurer à Rizaucourt et même
« sans y avoir de verrerie puisque le sieur d'Arren-
« tières ne veut plus la continuer comme par le
« passé ))(1). C'était en quelque sorte accepter le dé-
part de Simonnot d'Arrentièreset son abandon du titre
de maître de la verrerie ; mais ce dernier temporisa en
renouvelant, le 27 août 1698, par traité sous seing
privé et pour 3 ans (â), le bail des cristalleries de Ri-
zaucourt moyennant -200 livres de rente annuelle, avec
cette clause que lui, Simonnot d'Arrentièrcs,« ne serait
« tenu d'y faire d'autres réparations aux cristalleries
« que celles que bon lui semblerait et aurait la liberté
« d'y faire travailler ou non » (3).
Paillot accepta, et, c'est en vertu de cette convention
que Simonnot d'Arrentières « a continué le travail à
« Rizaucourt », avec sans doute l'intention secrète de
quitter aussitôt qu'il le pourrait. Aussi, a-t-il « en même
« temps rétably la verrerie de Bayel que le défunt sieur
(( Mazzolay premier mari de sa femme y avait fait
« construire en 1679 (i).
Les deux verreries durent alors, sous la conduite du
même maître, pendant quelque temps, marcher de
front ; voilà pourquoi quelques gentilshommes ver-
riers, tout dévoués à leur chel, restèrent à Rizaucourt
(1) Mémoire du Conseiller d'Etat de Pommereu.
(2i ■ » »
(3) » »> »
i4) Mémoire du Conseiller d'Klal de Pommereu. — Jolibois, dans la
Haute-Marne ancienne et moderne, affirme formellement qu'à Rizau-
court « il y avait une cristallerie importante que la dame du dit lieu
fit transporter à Bayel dans les dernières années du xvii« siècle ».
Jeanne Quesnot ne l'a cerlalnemenl fait qu'avec le consentement de
son mari, si toutefois ce ne fut pas lui-même qui eut l'initiative de ce
transfert.
— 181 —
jusqu'en 1701. Cette même année,' on trouve le nom de
messire Joseph Paillot, écuyer, sieur de Rizaucourt,
major au régiment de la Reine, avec damoiselle Quesnot,
épouse de M. d'Arrentières, comme parrain et marraine
au baptême de la fille du principal verrier de Rizau-
court.
De ce iait, on peut conclure que, malgré bien des
difficultés et des ditTérends, les relations amicales des
maîtres et des ouvriers verriers de Rizaucourt et Rayel
ne se ralentirent pas entre eux, pas plus qu'avec les
propriétaires des établissements. Simonnot d'Arren-
tières n'avait qu'à gagner, du reste, en entretenant ces
bons rapports plus ou moins trompeurs. Il le comprit
si bien qu'avant l'expiration du terme du traité conclu
en 1698, bien que le paiement fût effectué à l'avance (I),
la verrerie de Rizaucourt, sur son ordre, cessa ses feux
et rétablissement commença à tomber.
Le motif fut qu'en dépit de l'axitorisation donnée,
tant par la lettre du 30 décembre 1697 que par le bail
pour trois années du 27 septembre 1698, le sieur de
Rizaucourt « fit donner assignation au sieur d'Arren-
« tières au baillage de Chaumont» (-2) pour le rétablis-
sement du four de la halle de Rizaucourt et Toblention
de dommages-intéi'èls.
Charles Paillot de Rizaucourt allait même plus loin
en émettant encore la prétention de faire revivre l'an-
cien privilège donné à Jean Lacan en 1639, en rétablis-
sant les cristalleries. Il ailirmail même que son père
avait obtenu, en l6oi, un privilège indépendant de
celui de Jean Lacan poiu' laire travailler dans « sa terre
de Rizaucourt une manufacture en pièces de cristal ».
C'était l'ancienne querelle qui revenait sur le lapis et
(1) Mémoire de Pommereu.
(2) Id.
dont le résultat lut la ruine de la verrerie de Rizau-
court.
Le commissaire enquêteur de Pommereu, nanti de
l'arrêt du Conseil d'Etat du 27 août 1678, comprit très
bien que le sieur Paillot voulait avant tout ses intérêts
personnels au détriment du maître de verrerie Pierre
Simonnot d'Arrentières, sur la loyauté duquel on ne
pouvait avoir de doutes. Aussi estima-t-il que ce der-
nier avait « agi dans la plénitude de son droit en étei-
« gnant les feux de l'usine de Rizaucourt et en rallu-
« mant ceux de l'usine de Bayel ».
(( Le privilège étant personnel, écrivait-il, il est sans
(( diflBculté qu'il suit le maître et n'est point attaché à
« la verrerie ; il a esté libre, à cette veuve de Mazzolay
« et à son mari, de le faire valoir ou bon leur a semblé ;
« ils l'ont estably à Bayel, on ne voit rien en cela de
« contraire au droit que donnent ces sortes de privi-
« lèges ».
Enfin, le conseiller de Pommereu conclut au rejet de
la demande de Charles Paillot pour les raisons ci-des-
sus d'abord et ensuite parce que « à ce qu'il nous pa-
« raît, le sieur de Rizaucourt n'a jamais ordonné de
« son chef et il n'est à présumer qu'il n'a acquis aucune
« expérience » dans la partie ; « il s'est contenté de
« louer son four et sa halle sans s'être mêlé d'entrer
« dans la composition des matières ». Tout ce qu'on
pourrait lui accorder, ajoutait-il, serait « d'obliger d'Ar-
« rentières à prendre les matières servant à la compo-
« sition qui sont à Rizaucourt au prix coûtant » (I).
Les difficultés, on le voit, étaient donc questions de
personnes et surtout questions d'intérêts. Ce n'était pas
tout, car le sieur Paillot, ne voulant pas se tenir pour
(1) Mémoire de Pommereu.
battu, l'extinction des feux de la verrerie dont il était
propriétaire lui causant un préjudice, et la prospérité
do Simonnot d'Arrentières, à Bayel, lui portant om-
brage, essaya d*intéresser à sa cause les habitants de
la ville de Bar-sur-Aube.
Ces derniers se plaignirent de « Testablissement de
a la verrerie de Bayel, en ce qu'elle renchérit leur bois
« de chauffage qui se prend dans tout cet endroit ou
« cette verrerie, en consommant une grande partye, le
a rend plus rare dans la dite ville et par conséquent
« plus cher, ce qui leur est préjudiciable et fort à
« charge * (I). Mal leur en prit, car le conseiller rap-
porteur estima que la requête des habitants de Bar-
sur-Aube était puérile, « les bois n'étant pas plus loin à
« aller cherchera Rizaucourt qu'à Bayel », et il conclut
qu'il est tout à lait indifférent pour la communauté de
Bar-sur-Aube que la verrerie existât soit à Rizaucourt,
soit à Bayel.
Sur ces rapports, le Conseil d'Etat, en date du 28 dé-
cembre 1700, rendait un arrêt par lequel il déboutait
« le dit sieur de Rizaucourt et les dits sieurs habitants
« de la ville de Bar-sur-Aube des fins de leurs requêtes
« et a ordonné et ordonna que conformément au dit
« arrest du Conseil du 27 août 1678, rendu en laveur
« de Mazzolay, la demoiselle d'Arrentières ci-devant sa
« veuve et le dit sieur d'Arrentières à présent son mary,
« pourront continuer dans la dite verrerie de Bayel la
« fonte et fabrication des cristaux et autres verreries.
« Fait Sa Majesté deffenses au dit sieur de Rizaucourt
« et à tous autres de les y troubler et de travailler ou
t faire travailler aucun ouvrage de cristal ou autres
« verreries dans la terre de Rizaucourt, sauf au dit
(1) De Pommereu.
« sieur de Rizaucourt à remettre au dit sieur d'Arren-
« tières les matières servant à la composition des cris-
« taux qui se trouveront chez luy, lesquels les dits sieur
« et damoiselle d'Arentières seront tenus de prendre
(( et de payer au prix coustant » (1).
Cet arrêt ne découragea pas le sieur Paillot, qui, à
tout prix, voulait voir revivre la verrerie dont il était
propriétaire. Aussi, après ces précédentes chicanes,
nous avons tout lieu de croire qu'il insinua à Nicolas
Mazzolay, sieur de La Motte, gentilhomme, Tidée de se
présenter en qualité d'héritier de J. B. Mazzolay, décédé
sans enlanls. Celui-ci, en effet, se pri'senta et demanda
d'entrer en possession de la cristallerie de Rizaucourt,
« estant gentilhomme et de l'art de la verrerie ». Mais
un arrêt du Conseil d'Ktat, en date du 14 octobre 1710,
débouta purement et simplement Mazzolay de sa de-
mande (-2). Paillot comprit qu'il ne (allait plus espérer
voir rallumer les feux de sa crislallerie, et il garda le
silence.
Dès lors, Pierre Simonnot d'Arrentières et Jeanne
Quesnot sa femme administrèrent paisiblement les
cristalleries royales de Champagne, à Bayel, non sur la
permission verbale du roi, mais d'après les arrêts du
Conseil d'Etat en date du 16 août 1678 et du 28 décem-
bre 1700.
Ajoutons que la plupart des gentilshommes verriers
do Rizaucourt suivirent Pierre Simonnot d'Arrentières
à Bayel. Citons : François Ponte, écuyer gentilhomme;
François Ponte fils, écuyer, « gentilhomme de la ver-
rerie » ; J.-B. Massart, écuyer, seigneur de Ville, son
(!) De Pominereii.
{'À) Arrdt du Conseil d'Etat, 14 octobre 1710.
fils ; et le plus illustre de tous, Bernard de BorniollQ,
neveu des propriétaires des cristalleries (I).
Avec Bernard de BornioUe, on eût pu un instant
espérer voir rallumer les leux de Tancienno cristallerie
de Mazzolay. Ses succès en la verrerie de Bayel, où il
était des plus estimés, et la conscience qu*il avait de
son savoir-faire firent qu'il chercha à devenir maître
verrier et créer un établissement dans le Bar-sur-
Aubois. Aussi demandait-il le privilège de s*installor
soit à Rizaucourt, soit à Thors, Beurville ou Bligny,
avec « deffenses à toutes personnes de Vy troubler ni
« inquiéter à peine de 3.000 livres d'amende, préten-
« danl que de père en (ils il a exercé en France et dans
« les pays étrangers la profession de la verrerie, que
« même il y a acquis une expérience particulière pour
« les ouvrages de cryslal de verres fins en pièces ».
Simonnot d'Arrcntières- se voyant lésé dans ses inté-
rêts, protesta énergiquement contre cette prétention,
en soutenant entre autres choses que « les villages de
« Thors, Beurville et Bligny sont proprement les con-
« tours de Rizaucourt dont Bayé est ie centre, que si
« restablissemcnt proposé par le sieur de Borniolle
(( était autorisé par le Conseil, la manufacture de luy,
« sieur d'Arrentière?, entreprise et soutenue à grands
(I) Né à Nevers, il fut appelé, dès son enfance, à Riiaucourt par ses
parenls, oncles ou cousins : Biaise de Borniolle, Léonard de Borniolle,
sieur des Blains, el Michel de Borniolle, sieur du Rocher, gentilshon>-
mes verriers : Bernard s'attacha à l'art de la verrerie et à la maison
d'Arrentières. Dans les actes de catholicité de Rizaucourt, nous le
voyons figurer dès le mois de septembre |69ii. i.oâi juin IGDB, il épouse
noble damoiselle Jeanne Feloix, d'une vieille famille troyenne de no-
blesse de robe et, par cette union, devient le neveu des maîtres des
cristalleries. Le mariage eut* lieu à Rizaucourt.
Ajoutons que Antoine Feloix, bourgeois de Paris, beau -père de Ber-
nard de Borniolles, était époux de Marguerite Quenot, sœur de Jeanne
Quenot, épouse de Pierre Simonnot d'Arrentières.
Bontiot. — Histoire de la ville de Troyes.
13
- 186-
<( frais, tomberait en fort peu de temps ce qui oblige-
« rait les ouvriers à quitter le royaume et à passer en
a Lorraine où on aurait grand soin de les retenir » (I).
Le Conseil d*Etat ne tarda pas à prononcer son arrêt,
et le 23 septembre 1716 il enjoignit à Bernard de Bor-
niolle l'ordre de cesser toute revendication à Rizau-
court comme aux autres lieux cités. Il lui fit même
« deffenses de troubler le dit d'Arrentières et sa femme
« dans leur verrerie de Baye, même de travailler ou
« faire travailler aucuns ouvrages de crystal dans la
« province de Champagne à peine de trois mille livres
« d'amendes et de tout dépens, dommages et inté-
« rets » (2).
Déçu dans ses espérances, Bernard de Borniolle
quitta la province de Champagne et retourna à Nevers,
où il mourut le 23 octobre 1745, laissant cinq enfants
nés d'un second mariage avec Catherine Lévêque.
Anne-Jeanne Feloix, sa première lemme, était morte à
Nevers (3).
C'en était fait des cristalleries de Rizaucourl et déjà
elles n'étaient plus qu'à l'état de souvenir, quand la
mort vint frapper ses anciens maîtres et fondateurs.
Jeanne Quenot, veuve en premières noces de J.-B.
Mazzolay et épouse en secondes noces de Pierre d'Ar-
rentières, mourut le 4 novembre 1720 et son corps fut
inhumé dans l'église de Bayel. Son mari ne hii survé-
cut que quelques mois et la rejoignit dans le tombeau
le 10 février 1721, à Tàge de 71 ans.
Deux plaques de cuivre conservées à la sacristie de
l'éghse de Bayel nous rappellent leur mémoire et leurs
importantes donations faites en laveur de la cure et de
(1) Arrêt du Conseil d'Eut, 23 septembre 1716.
(2) » » ,
(3) BotttiUier. — La verrerie et les gentilshommes verriers à Nevers.
Téglise de Bayel, tant par eux-mêmes que par le re-
gretté J.-B. Mazzolay.
De ia verrerie de Rizaucourt il ne restait plus rien au
milieu du xvin* siècle. L'emplacement conserva toute-
fois longtemps encore le nom de « place de la Verre-
rie ». Un acte nous dit que, le 7 novembre 1752, une
pièce de terre d'un demi arpent, au lieu dit la « place de
la Verrerie », fut vendue par « Messire Armand François
« de Neuilly, chevalier de St-Lazare, seigneur de Neuil-
« ly-surSuize et de Rizaucourt, à Nicolas Lagneau, la-
ce boureur, moyennant 3 livres de rente foncière et
« censive annuelle et perpétuelle » (I).
Depuis, cette « place de la Verrerie », située à l'inté-
rieur de l'angle formé p^r la rue du Centre avec la rue
neuve, vit s'élever, sur les vieux débris de roche calci-
née et de cristal à demi fondu, un groupe de maisons
avec jardins appartenant, à l'heure où nous écrivons,
aux familles Sauvage-Lebel, Gilbert Voguet, Berthel-
mot-Robin, Laujorrois- Voguet, Jeudy-Buchey. C'est
dans les jardins des maisons Sauvage-Lebel et Gilbert
Voguet qu'avaient été construits les fours.
C'est le cas de conclure avec le poète que :
Tout change, tout vieiUit, tout pérU, tout s'oublie. (2)
(1) Papiers de famille Sauvage-Lebel.
(2) Guingneoé, Le Vieux Rossignol.
— 188 -
CHAPITRE V
Notes sur quelques localités, disparues
ou encore existantes, à proximité de Rizauoourt :
Geifonds — Blinfey — Buchey
Si le site du village de Rizauoourt est pittoresque,
ses alentours ne manquent pas de charmes, surtout les
forêts qui s'étendent au nord et au nord-est. Ce ne
sont que vallons sur vallons, tous creusés en pointe et
au fond desquels un semblant de chemin ou une tran-
che forestière, partant du sommet du plateau, s'enfon-
cent profondément jusqu'à un vallon commun, un peu
plus évasé, mais d'un aspect solilah'e et sauvage. De tous
les côtés, que de choses prêtent à la rêverie, comme aux
pensées riantes ou tristes, selon les saisons, selon aussi
le goût de chacun ! L'un de ces vallons mérite d'être
cité : c'est celui du Ceffondet.
I
Située à environ 2 kilomètres 500 de Rizauoourt, la
source du Ceffondet, sans jamais tarir, projette un
mince filet d'eau. Pendant l'hiver, le trop plein s'écoule
en zigzags au milieu d'un ruban tortueux de prés qui
ne voient guère le soleil qu'aux grands jours d'été, tant
ils sont enfoncés et ombrés par les forêts des coteaux
à droite et à gauche. On se croirait au milieu de ces
- 189 -
endroits légendaires où des fées apparaissaient le soir
au voyageur attardé et signalaient leur présence par un
feu follet, une étoile filante ou le cri des hiboux. Et ce-
pendant cette source, ce petit coin de terre si impres-
sionnant pour les timides, eut comme beaucoup d'au-
Ires ses jours de vie et de gaieté.
Autrefois, un groupe de maisons y formaient un vil-
lage ayant un territoire déterminé comme les villages
voisins : Rizaucourt, Buchey, Beurville.
Différentes découvertes faites il y a plus d'un demi-
siècle, quand furent creusés les fossés qui séparent la
forêt des champs voisins, et en 1888-1889, quand Tad-
ministralion forestière construisit une route contour-
nant les bois de l'Etat et suivant le fond des principales
vallées, nous laissent croire que ce village remontait à
répoquc gallo-romaine. Des pièces de monnaie, une
entre autres attribuée à Claude !•" (4 1-54), des ciels, des
armes, un bénitier et d'autres souvenirs que Ton peut
voir au musée de I)oulevant-le-Châleau, nous prouvent
que ce village n'était pas sans importance. Il eut son
seigneur ( I ), comme il eut son église.Les nombreux osse-
ments recueillis dans un même endroit, en 1888, nous
indiquent où était le cimetière (à). Alors on mit à dii-
couvert plusieurs murs de fondations, dont la pierre
servit à construire les aqueducs que l'on voit au-
jourd'hui.
Le village portait le nom de Ceffonds (Sexfunt, Se-
funt, Seffonê, Se/uns, Ceffons), Le plus ancien docu-
ment écrit que nous ayons sur son existence est de
Tan 1196.
(1) Citons, ters 1200, Martin de Ceffonds; 122o, Aubert de Rtge-
oourt, chevalier ; 1294, Jean Booquin, escuyer.
(2) l>es ossemenls ont été enterrés pèle-raêle au pied d'un arbre, à
environ 40 à 50 mitres en aval de la source, tout près de la route.
— 190 —
A cette date, Garnier de Trainel contirme une vente
faite par Tabbaye de Beaulieu ( 1 ) à la maison de Clair-
vaux de tout ce qu'elle possédait sur les villages et ter-
ritoires de Beurville, de Danet, de Boulevaux, de Cef-
fonds, de Rizaucourt et de Daillancourt (à). ^Depuis
cette époque, petit à petit, le village passe aux mains
des religieux de Clairvaux.
En 1225, au mois de mars, Aubert de Ragecourt,
chevalier, du consentement de sa femme Helvède,
vend aux dits religieux la 48* partie de tout ce qu'il
possède en toutes choses au village et au-dessous des
Croix de Cetfonds, et la 24' partie de ce qu'il possède
en toutes choses hors des dites Croix, dans le finage
du dit village, situé près de la grange de Blinley, ap-
partenant à Clairvaux, et de plus, en général, tout ce
qu'il avait et pouvait avoir dans le dit village et le dit
finage de Ceffonds (3).
Eni29i, Jean Bouquin, cscuyer, vend à Clairvaux
tout ce qu'il a en la ville de Ceffonds, en toute justice
grande et petite, pour 200 livres tournois (4).
En 1297, Jacquin, fils de feu Thierri de Ceffonds,
donne aux religieux de Clairvaux une maison avec la
mansarde et les dépendances et 7 journaux de terre (5).
En 1305, une discussion s'élève entre les rehgieux de
Clairvaux et ceux de Montiéramey, touchant la justice
haute et basse de la ville et finage de Ceffonds, dehors
(i) L'abbaye de Beaulieu étail siluée sur le territoire de Trannes (Aube).
(2) Lettre de confirmalion de Garnier de Trainel, 1196. Cartulaire de
GlairTaux. Archives du département de l'Aube.
(3) Acte de vente en 1225. Cartulaire de Clairvaux. Arch. du départ,
de l'Aube. — E. Royer. Noies sur la fontaine de GefFonds.
(4) Bibliothèque de la ville de Troses. Fonds de Clairvaux, manu-
scrit 731.
(5) Bibliothèque de la ville de Troyes. Manuscrit 731.
-— 191 —
les Croix appartenant à- Téglise de Glairvaux et la moi-
tié de dedans les Croix (1).
En 1315, un accord est conclu entre les deux monastè-
res au sujet de la justice, tailles, hommes, femmes,
mainmorte de la ville. Ce qui cependant n'empêcha
pas différentes autres compositions qui eurent lieu en
1328 (2).
En 1339, Jean, fils de Payens d'Argentolles, devient
homme de Clairvaux, à la condition de ceux de Buchey,
en eschange de Collette, fille de Champagne, de Cef-
fonds, laquelle était femme de Clairvaux (3).
En 1342, les terrages et cornages de Beurville, appar-
tenant à Tabbaye de Clairvaux, sont laissés par adjudi-
cation à Perrinel de Ceffonds (4). Ce serait vers 1393
que tout le village passa complètement aux mains des
religieux de Clairvaux (5).
Comment depuis celte époque et à quelle date a-t-il
disparu? Nous rignorons. Fut-il victime d'un incendie
ou d'une soldatesque furieuse courant les campagnes ?
Fut-il volontairement abandonné par les religieux qui,
en possession de la ferme de Blinfey, transportèrent
dans cette dernière leur droit de justice ? L'histoire
nous le dira peut-être un jour.
Les ruines ne disparurent pas toutefois complètement
dès l'an 1400. Il fallut encore des siècles avant que les
ronces, les épines et les arbres eussent effacé leur sou-
venir. Vers 1700, il y avait encore quelque vieille man-
sarde sans doute abandonnée, mais qu'un receveur du
(1) Bibliothèque de la ville de Troyes. Manascrit 731.
(2) Idem.
(3) Idem.
(4) Carlolaire de Clairvaux. Archives du département de l'Aube. —
E. Royer. Notes sur la fonlaioe de Ceffonds.
(5) Bibliothèque de la ville de Troyes. Manuscrit 731.
— 192 —
Domaine réclamait pour servir de « gîste de chiens »,
auquel il avait soi-disant droit sur la terre de Ceffonds.
Les religieux gagnèrent le procès et le receveur fut
condamné aux dépens. ï/arrêt est du 29 juillet i707 (I).
Depuis cette date, il n'est plus question du village de
GefTonds. Aujourd'hui, la source coule limpide et si-
lencieuse dans ce vallon désert, qui a vu passer tant
de gc'nérdtions.
II
Blinley {Belymfay, Bellyfay, BUfay, Blifayl, Blin-
fey, BUnfeix) n'est qu'à quelques pas de la source du
CeflTondet, sur le sommet du coteau au nord, au centre
de la forêt domaniale du même nom.
La lerme et ses dépendances passèrent, comme le
village de Ceffonds, en 1 196, des mains des religieux
de Beaulieu à l'abbaye de Glairvaux (2).
Pendant longtemps, Blinfey ne fut qu'une gi'ange
monastique (grangiam), exploitée par des frères con-
vcrs tirés de l'abbaye en nombre proportionné à l'im-
portance de l'exploitation. Cette grange faisait partie du
village de Ceffonds ; c'est dans l'église de Ceffonds que
les religieux, selon les règles monastiques, assistaient
à la messe et recevaient la sainte communion ; c'est
également dans son cimetière qu'ils étaient enterrés.
Dans le courant du xv siècle, quand le village de
Ceffonds commença à tomber en ruines, l'abbaye de
Glairvaux établit à Blinfey son droit de haute, moyenne
et basse justice. Elle y eut, de ce fait, son juge, devant
lequel se portaient les délits qui se commettaient dans
(1 Bibliothèque de U ville de Troyes. Mtnutcrit 731.
(2) LeUre de Garnier de Trafnel, 1196. Cartoiaire de Glairvaux. Ar-
chives da départ, de l'Aube. Bibliothèque de Troyes Manuscrit 731^
— 193 -
ses possessions. De nombreux actes de cette justice
existent dans les archives du déparlement de l'Aube.
Citons Tun d'entre eux :
En 1621, Jean Faitout et Charles Aubry sont con-
damnés à être rompus tout vifs à la porte de Blinfey
pour avoir assassine frère Nicolas Rigollot, religieux de
Clairvaux et garde des bois de Blinfey. Ils sont exécu-
tés le âO janvier 16il (1).
Vers le milieu du XVIII' siècle, les religieux de Clair-
vaux avaient cessé d'exploiter la ferme par eux-mêmes.
Nicolas-Joseph Malherbes s'engage, comme fermier
des dits religieux, en la métairie deBhnfey, moyennant
une redevance de 1221 livres 15 sols en argent, un
septier d'orge, 2 septiers de navette, 12 boisseaux de
pois, 12 boisseaux de lèves, 6 milliers de paille et 12
chapons. Le bail fut passé pour 9 années, devant Chc-
villot, notaire royal à Clairvaux, le 8 avril 1767. (2)
Le S janvier 1774, Nicolas-Joseph Malherbes renou-
velle son bail pour 9 années, commençant le !•' janvier
1775, moyennant « 2021 livres 15 sols en argent (soit
« une augmentation de 800 livres), 1 septier d'orge,
« 2 septiers de navette noire, 28 boisseaux de pois,
« 12 boisseaux de fèves, 12 chapons, 400 bottes de
« froment, la botte pesant 15 livres, et un cochon ».
Le premier paiement ou premier versement eut lieu
le M novembre 1775 et le bail lut passé pardevant
Chevillot, notaire royal à Clairvaux.
Ce bail eut son eflfet pendant 7 années et demie quand
mourut Nicolas Malherbes. Son fils, Joseph Malherbes,
fut contraint de le continuer et payer les arrérages ;
(1) Blbliolhëque de Troyes, roanascril 731. Le delà il du procès esl
aux archives de rAube.
(2) Carton de l'abbaye de Clalrvaox. Archives du déparlement de la
Haute-Marne.
— 194 —
mais, s'y étant refusé, tout ce qu'il possédait fut vendu
le 8 mai 178-2 pour 6.73i fr. 19 (1).
Quelques années plus tard, Blinley et ses dépendan-
ces étaient inscrits parmi les biens nationaux. La forêt
passa et resta à l'Etat, la ferme et ses terres laboura-
bles furent vendues. Elles sont aujourd'hui exploitées
par deux fermiers qui habitent là où habitaient autre-
fois les religieux.
En elle même, la ferme de Blinfey est sans intérêt au
point de vue artistique et comme souvenir des moines.
Une seule chose pique la curiosité. C'est, au milieu de
la cour de la ferme, l'entrée d'un souterrain dont ori
ignore l'issue. Pour les uns, ce souterrain conduisait à
la forêt voisine, afin de permettre une fuite cachée en
cas d'invasion. Pour d'autres, il mettait en relation
secrète les religieux du village de Ceffonds avec ceux
de la Grange. Ne serait il pas plutôt un couloir passant
sous la cour et unissant les différentes ailes du bàti-
I ment des religieux (â), ou bien un couloir conduisant à
I une chambre souterraine et secrète dans laquelle, en
cas de nécessité, les religieux auraient pu cacher ce
I qu'ils avaient de plus précieux ?
Jusqu'à ce jour, aucune louille, autant que nous le
sachions, n'a été faite. Des sondages de distance en
distance auraient vite résolu le problème, en ménageant
des surprises et peut-être de riches trouvailles.
Nous nous sommes attardés à Ceffonds et à Blinley
parce que ce sont les deux buts favoris des promenades
des habitants de Rizaucourt et des villages voisins.
(1) Archives du département de l'Aube, 3 H 69. — Archives du
département de la Haute-Marne. Abbaye de Clairvaaz.
(2) Les granges monastiques étaient ordinairement construites en
la forme d'un parallélogramme.
- 198 —
L'intéressante étude de M. E. Royer (1) avait déjà lait
passer ces deux sites au rang de l'histoire. Ce que nous
venons de dire n'est que pour ajouter à ce qui a été
écrit ; d'autres approfondiront et diront ce que nous ne
pouvons pour ne pas trop nous éloigner de notre sujet.
III
Buchey, au point de vue civil, a toujours été indé-
pendant de Rizaucourt. Il n'en est pas de même au
point de vue ecclésiastique. Car l'église de Buchey n'eut
jamais d'autre curé que le curé de Rizaucourt. Buchey
{Buêcher, Buehier, Bucherium, Buischer, Bûcher,
Busckeum, Buchié, Buchey, Busché) n'est qu'à 1 kilo-
mètre au sud de Rizaucourt.
L'acte le plus ancien qui nous parle de ce village est
de l'an 1200. Depuis cette date jusqu'à la Révolution,
l'histoire de Buchey n'est qu'une page d'histoire de
l'abbaye de Clairvaux; c'est une suite de donations,
acquisitions, échanges, procès à l'avantage des reli-
gieux. Résumons, autant que faire se peut, ce que nous
savons de plus intéressant.
En 1200, c'est une donation faite à l'église de Clair-
vaux par Hugo de La Ferté, fils de Simon le Bègue
(Balbi), de tout ce qu'il avait au finage de Bûcher en
terres, en prés, en bois, en cens et en toutes autres
utilités (2). Cette donation amena quelques discussions
entre les religieux et Josbert, chevalier seigneur de
Buchey. En 1206, tous étaient d'accord (3).
(1) Mémoires de la Société des Lettres, des Sciences el Arts de
Saint-Dizier, années 1882 et 1883.
(2 Bibliothèque de la ville de Troycs. Manuscrit 731.
(3) Bibliothèque de la ville de Troyes. Voir aussi Roussel et Car-
nandet. — En 1202, différentes donations sont faites à l'abbaye de
Qalrvaax, comme l'atteste Hilvuin, évèque de Langres.
— 196 —
Entre temps, ces difficultés n'avaient pas indispose
le chevalier Josbert à l'égard des religieux, car en 1203,
avec le consentement de son épouse et de ses enfants,
il leur abandonne la dixième partie de ses terres,
«r Moi Bernard, doyen de Bar, je fais savoir aux prc-
« sents et aux futurs que Josbert de Buchey, chevalier,
(( donna à Dieu et à la Bienlieureuse Vierge Marie et
(( aux Frères de Clairvaux, en aumône, la dime de
(( toutes les terres que lui-même dans le finage de
« Bucbier, par ses mains ou par celles des siens peut
« cultiver; et ce qu'il avait près de Saucy et dans son
« finage, en terre et en bois et en cens et en toutes
(( autres utilités et avantages ; et ce que les héritiers
« de Rouvres tenaient de lui, de quelque façon qu'ils
(( le tiennent, en terres, en prés et bois et en toutes
(( autres utilités. Les témoins sont Hugo de Bologne
« chevalier et Humberl prêtre de Buchey. w
« Le même Josbert échangea aux mêmes frères la
« côte de Marcemoni (Machaumont) à Tusagc de Cor-
« nay, pour laquelle il eut en échange un champ sous
« le chemin de Colombey derrière le village et une
« pièce de terre à Matum Roë et trois parts que les
« frères tenaient dans le Val Raerû et une pièce qui
« était à Mazum Dosielant. »
(( Il leur donnS, en outre, ses pâturages sur tout le
9 finage de Buchey, de Cepoy, de Couvignon de telle
« sorte que si les frères ou les serviteurs ou leurs ani-
« maux portent dommage à qui que ce soit, ils paieront
« ce dommage sans réclamation. De toutes ces choses
« il fut loué par Ysabel son épouse, et Piçrre et Villa
« ses enfants. »
« Ces choses furent faites par la main de Humbert,
« prêtre de Buchey, qui en est témoin, et Durand
« Bodere. Et pour que ces choses demeurent ratifiées,
- 191 -
« je les ai fait confirmer par mon propre sceau l'an de
« grâce mil douze cent trois (1).
En 1â08, un; autre différent surgit entre une veuve
et les religieux. A la veille de sa mort, Durand de
Buchey, dont nous venons de citer le nom, avait donné
en aumône aux religieux de Clairvaux par volonté der-
nière, une partie de ce qu'il possédait, exception faite
de ce qui revenait à Lambert, fils de sa fille. De leur
côté, les religieux devaient annuellement livrer à
Pulcelle, veuve de Durand, six septiers de blé. Mécon-
tente, Pulcelle réclama mais perdit son procès. Il fut
déclaré qu'annuellement elle n'aurait plus que 2 sep-
tiers de blé et 1 d'orge ; de plus, ce qui était de Durand
de Bucliey, ce qui est à son fils Lambert au cas ou il
mourût sans héritier légitime, ce qui est à elle-même,
à sa mort, reviendrait à la maison de Clairvaux. De
plus, Pulcelle paiera annuellement aux religieux un
modius de vin (2) pour la jouissance de ce qui lui est
laissé. Les témoins furent Gauthier, célerier, Evrard,
sous-célerier. Chrétien, grangier, Mannerins, moine de
Clairvaux, Everard, prêtre de Longchamp, Guibert de
Bar, etc., etc. (3).
Au mois d'avril 1228, Simon, filsde Joblin et d'Emen-
garde son épouse, vend à Clairvaux sa maison avec la
mansarde derrière Buchcy, près de la maison de Mali-
gnette, la meunière, et près de la cour de Martin, meu-
nier, et Chrélien,dit Pelit,de Bouzancourt, son frère (4).
Les dons en laveur des moines continuent, et
Josberl, chevalier, seigneur de Buchey, prêche d'exem-
ple en abandonnant aux religieux, en 1230, le jeudi
(1) ArchivesdttdéparlemenlderAube, 3H, 153. Pièce justificaUve H.
(2) Le modias est une mesure ancienne valanl 8 litres 80.
(3) Arch. du déparlement de TAube, 3 H, 153. Pièce justificative UI.
(4) Bibliothèque de la ville de Troyes, manoscrit 731.
avant la fête de St-Barthélemy, différentes dîmes en
tout ou en partie,auxquelles il a droit sur les territoires
de Buchey et de Rizaucourt (t). Cet abandon ne l'em-
pêche pas,à son tour,de recevoir de la part des religieux
la dime de leurs revenus en sa châtellenie. Ceci le
prouve :
« Moi, maître André de l^eccy, officiai du diocèse de
« Langres, et moi, Bernard, doyen de la chrétienté de
« Bar-sur-Aube, nous faisons savoir à tous ceux qui
(( verront les présentes lettres, que le seigneur Josbert,
« chevalier de Buchey, et dame Galtère son épouse,
t devant nous présents, reconnurent que les Frères de
« Clairvaux leur payèrent deux cent soixante livres de
« bonne monnaie de Provins, pour les dîmes sur
« Bûcher et Risocort. Acte en Tan de grâce mil deux
« cent trente et un, au mois de juillet ». L'acte est
scellé de 2 cachets en cire, l'un du doyen de Bar, l'autre
de la maison de Clairvaux (i).
Quelques années plus tard, le fief de Buchey passait
à Thomassin, damoiseau seigneur de Buchey, lequel,
au mois d'avril 1265, reconnaît avoir concédé entre vifs,
en pure et perpétuelle aumône, pour le salut de son
âme et celles de ses ancêtres, pro anima suâ et ante-
cessorum auorum remedio et saluie^ aux religieux de
Clairvaux, la tierce partie d'un pré au-dessous de Rizau-
court, moyennant 330 livres de Provins forts qu'il cer-
tifie avoir reçues, et il ajoute qu'il se rend garant contre
tous du dit contrat (3).
Cinq mois après, cette même année 1265, le cinq
novembre, ce même Thomassin vend tout son fief aux
(1) Archives da dépiriement de TAube, 3 H, 153. Pièce jasiiGcalive IV.
(2) Archives du département de l'Aube, 3 H 153, pièce justi6ca-
live V.
(3) Archives du département de l'Aube, 3 H 153.
religieux de Clairvaux, moyennant 1.262 livres de Pro-
vins forts, sans compter le denier quint dû au roi de
Navarre et les autres Irais et dépenses. Voici l'acte :
0 Nous, maître André, doyen de la chrétienté de Bar-
« sur-Aube, et Jean, prévôt du dit Bar, faisons savoir à
« tous ceux qui verront les présentes lettres, que de-
ce vaut nous à ce délégués, a comparu, en personne,
a Thomassin, de Buchey, damoiseau, et a reconnu
« avoir vendu par vente pure, perpétuelle et irrévo-
c cable, en Tannée de N.-S. 1263, en la fête des onze
« mille Vierges, aux religieux, abbé et monastère de
« Clairvaux de l'ordre de Citeaux, le village de Buchey,
c avec hommes» femmes et justice de toute sorte, en
(( ce village, avec aussi les censives, les impôts, les
« revenus, les produits, les terres labourables, à savoir
« deux charrues ou environ, les vignes, les maisons,
c les places et tous les fossés, les routoirs, ainsi que
< les bois et toutes autres choses qu'il possédait ou
« pourrait posséder, de quelque manière que ce fût et
a pour quelques raisons que ce fût, tant dans le village
(C que dans son finage. De plus, la moitié de la vente
« de Vignory, le tout pour mille deux cent soixante
« deux livres de Provins forts, sans compter dans ce
« chiffre le denier quint dû au roi de Navarre, et les
a autres frais et dépenses. »
a De toutes et de chacune de ces choses ci-dessus
« désignées, le dit Thomassin s'est dessaisi en notre
« présence, pour en donner aux dits abbé et monastère
« de Claivaux vrai domaine et possession effective, ne
« se réservant rien sur toutes ces choses, ni à lui ni à
a ses héritiers. »
(( De plus, le dit Thomassin a promis et s'est engagé,
« envers les dits religieux, au sujet de toutes et de
c chacune de ces choses susdites, de les garantir et de
tt les détendre perpétuellement contre tous, de ne rien
« laire contre la présente vente et le présent écrit, et
(( ne le permettre à personne à l'avenir ; de plus, à la
« laire approuver par son épouse Elisande, et lui faire
« concéder et donner à perpétuité aux dits religieux,
« tout ce qu'elle a et peut avoir dans les choses pré-
« citées, soit comme dot ou don à cause de son mariage
« ou pour toute autre raison. Kl, pour l'observance et
* le plein accomplissement de toutes et de chacune de
« ces choses susdites, le même Thomassin remit au
« pouvoir des dits religieux, et s'oblige expressément à
« leur remettre tous ses biens meubles et immeubles
« présents et futurs, en quelque lieu qu'ils se trouvent,
« renonçant aux exceptions de dol, de mineur de trom-
« perie, au-delà de moitié du juste prix, à toute aide
« du droit canonique et civil de la coutume et délai et
« à tout ce qui pourrait être objecté contre le présent
« écrit et acte. En foi de quoi nous avons décidé, à la
« demande du dit Thomassin, d'apposer notre sceau
« aux présentes lettres, en témoignage d'authenticité.
« Fait Tan du Seigneur mil deux cent soixante-cinq,
« au mois de novembre. » 0)
Aussitôt la vente, le damoiseau Thomassin reçut un
acompte de 200 livres tournois. Et, comme le fief de
Buchcy était du ressort du roi de Navarre, les religieux
exigèrent que l'acte fût ratifié et approuvé par le roi.
Thomassin promit que lui-même, autant qu'il serait
en son pouvoir et aussi vile que possible, procurera
que Mcmscigneur le roi de Navarre ratifie cette dite
vente et confirme pour toujours, appartenir aux dits
abbé et couvent, les susdites villes et ses drpendanccs.
Que si cet assentiment fait défaut ou que le dit Monsci-
(1) Archives da défuirt. de l'Aube, 3 H 153. Pièce justificat. VI.
gneur le roi, quod abait, ne veuille pas le confirmer, le
dit Thomassin promet et, sur sa foi, s'engage à rendre
aux dits abbé et couvent, ou à leur délégué, la susdite
somme. De plus, il sera tenu aux dommages qui pour-
ront s'en suivre (I).
l/approbation du roi donnée, il fallut celle d'Elysando,
damoiselle, épouse de Thomassin. Elle ne la relusa pas.
L'acte fut passé en avril 1266, pardevant maître André,
doyen de la cbrélienté de Bar-sur-Aube, et Jean, maire
de la commune de Laferté- sur-Aube. Par cet acte,
Heljsande abandonne tout aux religieux, sans rien
retenir, et elle promet que cfans la ville de Buchey, soit
comme dot ou donations, à cause de ses noces, ou pour
quelque autre raison, elle ne réclamera rien et ne lera
rien réclamer par un autre. Que si quelqu'un veut plus
tard réclamer ou prolester contre cette ventc^ elle auto-
rise le doyen de Bar comme le prévôt de Laferté de le
Irapper d'excommunication et lui prendre ce qu'il pos~
sède (i).
A son tour, Henri, frère dudit Thomassin, dut confir-
mer cette même vente sans recours possible d'aucun
droit en succession. L'acte lut lait en mars 1-266, avant
celui d'Helysande (3).
Des lors les religieux de Clairvaux étaient en posses-
sion complète du village de Buchey, et les habitants
furent soumis à différentes charges, entre autres les
tailles, servitudes, mainmorte et pitances (4).
(1) Archives du départ, de l'Aube, 3 M 153. IMèce jusliGcal. VII.
(2) Archives du départ, de l'Aube, 3 il 153. Pièce justifîcat. VIII.
(3) Archives du départ, de l'Aube, 3 M lo3.
(4) On donnait le nom de pilance aux roels snpplénientntres qui à
certains jours étaient ajouté^, chez les religieux, aux portons fixées
par la règle et appelées pulmenti regularia. INîmilivement les moines
ne demandaient pas ce superflu. On le leur offrit par pitié et comme
adoucissement passager à leur régime très rigoureux.
— 202 -
« Philippe, abbé de Clairvaux, assigne un revenu de
« 45 livres tournois à percevoir chaque année sur le
« revenu de Buchey par le couvent de Clairvaux pour
« laire la pitance générale à tout le couvent, par sou-
« venir' et pour le salut de Tâme de Maître Lambert de
« récole de TEglise de Bordeaux, lequel donna à l'Abbé
« et au couvent de Clairvaux, pour acheter le dit revenu,
0 deux cents livres tournois afin de procurer la dite
« pitance. »
En souvenir de ce don, le monastère avait une charge
à remplir chaque année. C'était « en la fête de la Bien-
« heureuse Vierge Lucie, une messe conventuelle, les
« prêtres à la messe privée diront la collecte, les plus
(( jeunes des prêtres réciteront les sept psaumes dp la
« pénitence et les frères convers sept Miserere met
« Deuê. » Ce lut fait en 1266, au lendemain du Bien-
heureux Thomas, martyr (1).
Quelle était la situation des manants de Buchey à
cette époque ? Différents actes nous laissent croire que,
sous les religieux, la servitude était plus douce que
celle des serfs des seigneurs, car plus d'un d'entre eux
dans la région demanda à devenir homme de Clair-
vaux, à la condition de Buchey (2).
Un écrivain de ce temps nous dit : « Tout le monde
« sait de quelle manière les maîtres séculiers traitent
« leurs serfs et leurs serviteurs. Ils ne se contentent
« pas du service usuel qui leur est dû, mais ils reven-
« diquent sans miséricorde les biens et les personnes.
(1) Bibliothëqae de la ville de Troyes, manuscrit 731.
(2) Voir le manuscrit 731, bibliothèque de la ville de Tioyes. Citons
seulement en 1402 Jean de Susenecourt et Jeannette Marolle, sa femme,
demeurant à Sommevoire, se reconnaissent homme et femme des reli-
gieux de Clairvaui à la condition de Buchey.
En 1429, Oudotte, femme de Gillot-Oudin, de Buchey, fille de feu
Thevenin, Je Villers, se met eous la juridiction temporelle des reli-
gieux (5 novembre), etc., etc.
— îoà —
« De là, outre les cens accoutumés, ils les accablent de
« services innombrables, de charges intolérables, trois
a ou quatre fois Tan et toutes les fois qu'ils le veulent.
« Aussi -voit-on les gens de la campagne abandonner le
« sol et fuir en d'autres lieux. Mais, chose plus affreuse,
« ne vontil pas jusqu'à vendre pour de l'argent, pour
« un vil métal, les hommes que Dieu a rachetés au prix
0 de son sang! Les moines, au contraire, quand ils
« ont des possessions, agissent bien d'autre sorte. Ils
« n'exigent des colons que les choses dues et légitimes;
« ils ne réclament leurs services que pour les néces-
(( sites de leur existence; ils ne les tourmentent
« d'aucune exaction ; ils ne leur imposent rien d'insup-
« portable ; s'ils les voient nécessiteux, ils les nourris-
« sent de leur propre substance ; ils ne les traitent pas
« en esclaves ni en serviteurs, mais en frères ))(!).
Il en fut ainsi jusqu'en 1509, quand le 11 juin <( les
(c habitants de Buchey sont maintenus et affranchis de
t toutes tailles, servitudes et main morte, en payant
« pour le cheval deux moitons de graine par moitié
« froment et avoine ; pour le bœuf ou la vache un moi-
« ton ; et ceux qui n'auront point de bêtes un moiton
« comme dessus. Le mariage 10 livres etunegéline;
< et tous forains tenant héritages en la dite ville et de-
a meurant hors d'icelle \i livres tournois pour la re-
« connaissance de la dite manumission avec autres mo-
« difications en deux chartes spécifiées toutes sembla-
(( blés. Il juin 1809 » (i).
Après raffranchissement, les religieux ne conservè-
rent que leur grange et leur moulin et les amodièrent
à des censitaires libres appelés admodiateurs ou amo-
(1) Lettre de Pierre le Vénér. dans V Histoire de l' Abbaye de Cluuy,
par Lorain.
(2) Bibliothèque de la ville de Troyes, manuscrit 731.
— 204 -
diateurs, se glorifiant quelquefois du titre de bourgeois,
mais n'ayant d'autre noblesse que celle de cultiver et
faire cultiver des terres franches, avec charge d'en
payer l'impôt.
Ainsi fut amodié le moulin à vent, et en 1767, le 1 1
mare, Jean-Baptiste Chantrenne le prenait à bail pour
neuf années, moyennant 230 livres et 6 chapons ( I ).
Ainsi fut également amodié le domaine de la sei-
gneurie (les granges) à Félix Euvrard, désigné dès 173i
dans les actes de catholicité du titre d'admodialeur (i),
A sa mort, son fils, Pierre Euvrard, lui succéda dans
les mêmes fonctions, mais, à son titre d'admodiateur,
il ajouta celui de bourgeois (3), et le 26 décembre 1765,
il renouvelait son bail pour neuf années par devant
maître Chevillot, notaire royal à Clairvaux, moyennant
600 livres plus dix septiers et demy de froment et pa-
reille quantité d'avoine.
En 1777, Pierre Euvrard payait aux religieux 1.000
livres d'argent, 13 septiers et demi de froment, autant
d'avoine et 12 chapons (4).
La Révolution arriva et il n'y eut plus ni seigneurs,
ni religieux, ni amodiateurs. Les biens de la maison de
Clairvaux comme les revenus de la fabrique furent
vendus, ces derniers 8.000 fr., et le moulin à vent, au-
jourd'hui disparu, 4.500 (r. (5).
(1) Carton Clairvaux. Arcbives de Cliaumont.
(2) Actes de catholicité de la mairie de Buchey.
(3) Actes de catholicité de la mairie de Bachey et archives du dé-
partement de la llaule-Marne. Fonds de Clairvaux.
(4) Archives du département de la Haute-Marne, carton Clairvaux.
Félix Euvrard. 1675-1758, époux de Germaine Clément, 1685-1735. Son
fils aine est Pierre Euvrard, 1709-1796, admodialeur bourgeois. D'un dou-
ble mariage, il eut 9 enfants, dont J.B. Euvrard, 1738 1814, époux d'Eli-
sabeth Burot. Ils eurent 9 enfants, dont J.-B. Euvrard, 1781-1852,
époux de Marie Lirol, père de J.-B Euvrard, 1808 1882, époux de
Marguerite Parisot, père de Ernest Euvrard. 1838, époux de Rose
Marchand, père de Paul Euvrard, curé de Rizaucourt en 1893.
(5) Roussel. — Le diocèse de Lan grès.
— 205 —
Quand le M novembre 1789, l'Assemblée nationale
décréta la division de la France en départements, le
département de la Haute-Marne, par décret du 28 jan-
vier 1790, fut partagé en six districts et ces districts en
cantons, par arrêté du 4 mars 1790. Buchey et Rizau-
court furent placés dans le district de Chaumont et
dans le canton de Biaise, qui comptait 15 municipa-
lités.
En 1795 commença le remaniement des départements
en réduisant le nombre des cantons, dont la multipli-
cité entravait l'expédition rapide des affaires adminis-
tratives. Le canton de Biaise fut supprimé et Rizaucourt
et Buchey rattachés au canton de Juzennecourt, comme
ils le sont aujourd'hui.
Buchey ne possède que 80 habitants et son église est
dédiée à sainte Colombe. Puissent ces quelques notes
sur Buchey intéresser le lecteur ! Nous ne regretterons
pas ainsi les peines de nos recherches.
— 207 -
PIÈGES JUSTIFICATIVES
I
Arrêt du Conseil d'Etat, 27 août 1678. — Ar-
ohives nationales, Registre E, 513 A.
Sur la requeste, présentée au Roy en son Conseil par
Jean Baptiste de Mazzolay, gentilhomme natif originaire
de la ville et république de Venise, naturalisé Français,
contenant que s'estant, depuis plus de quinse ans, retiré
en France, par ordre de Sa Majesté, avec plusieurs autres
gentilshommes verriers du dit pays pour la manufacture
et fabrication de toutes sortes d'ouvrages de cristal, le
suplian y aurait sy heureusement réussy que dans le
temps qu'il travaillait en la verrerie pour lors establie
au faux bourg Saint-Antoine, Sa Majesté eut un jour la
bouté de le voir travailler et de luy donner son appro-
bation publiquement et pour avoir lieu de s'atacher en-
core plus fortement au service de Sa Majesté, il s'est
marié et fait naturaliser Français, mais depuis, la dite
verrerie du faubourg Saint-Antoine aiant cessé, le su-
plian aurait pendant plusieurs années travaillé en la
province de Champagne en la verrerie de Risaucourt,
sans aucun trouble ni empeschement, et dans la suite les
nommés Ory et quelques autres marchands de Rouen
s'estant establi en la dite verrerie de Rizaucourt, en vertu
dp certains privilèges surpris en l'année 1659 par feu
Jean Lacan pour la fonte du cristal de roche, duquel
Marie Lacan, sa fille, a depuis obtenu lettres de confir-
mation du 17 décembre 167â, dans lesquelles elle a su-
breticement fait comprendre la fonte des cailloux, le
\
— 208 —
suplian aurait continué son travail pendant quelques
mois pour les dits Ory et consorts lesquels aiant dans la
suite crues de se pouvoir passer du supplian pour perfec-
tionner ses ouvrages l'avaient sy maltraité qu'il fut obligé
d'en porter sa plainte en justice en sort que, par deux
sentances confirmées par arrêt contradictoire du Parle-
ment de Paris, il en aurait obtenu la réparation aux
amende, dépens, dommages et intérêts, depuis lequel
temps le suplian, qui a demeuré près d'un an sans rien
faire, voiant que les dils Ory et consorts avaient aban-
donné la ditte verrerie de Risaucourt, il s'y est installé
depuis le mois de mai dernier ou la réputation de son
ouvrage et le prix raisonnable qu'il en fait au public luy
aiant aliré l'aprobation générale de tous les marchands,
ont eu débit considérable.
Les dits Ory et consorts ont témoigné tant de jallousie
et de ressentiment que, sous le nom de la ditte Marie
Lacan et usant de son dit privilège, ont eu la témérité de
faire saisir, le 9 août dernier, un panier de verres et car-
raffes envoyées du supplian de la ditte verrerie de Rizau-
court par le coche de Chaumont, lesquelles saisies ils
ont continué les douze et treize du dit mois, de tous les
ouvrages qui s'y sont trouvés et estably des gardiens
d'iceux eo vertu desdittes lèlres de privilège sans aucune
signification, précédant et prétendant sous prétexte des
deffanses exclusives contenues audit privilège de ruyner
l'establissement du supplian et de lui empescher de tra-
vailler, lesquelles saisies sont d'autant plus injustes et
injurieuses que le privilège en vertu duquel elles ont été
faites, ne porte point de deffanses de faire et fabriquer
des verres, carraffes et autres ouvrages servant à l'usage
journalier du public à l'exclusion portée par iceluy n'es-
tant qu'à l'égard seulement de la fonte de cristal de roche
que la ditte Marie Lacan a fait eslendre aux cailloux et
le supplian ne se servant ni de l'un ni de l'autre pour la
fabrication de son ouvrage, on ne peut pas dire qu'il y
ait aucune entreprise ou contravention de la part du sup-
— 209 —
pliah en la matière et encore moins en la forme qui est
entièrement de son invention qu'il a aportée de son pays
sans avoir jamais rien imité du prétendu secret de Lacan
qui dailieurs s'est rendu indigne de la grâce que sa ma-
jesté lui a faite pour se reffugié avec sa famille en la
ville de Bruxelles ou il est mort parmy les ennemis de
TEstat. Joint que le dit privilège aiant esté obtenu en
1659, avant le mariage de Sa Majesté et la conclusion de
la paix généralle il a été reconnu sy abbusif, sy contraire
à la liberté publique, au bien de TEtat et a Tintention
que Sa Majesté a toujours eu de favoriser touttes sortes
de manufactures pour atirer l'abondance dans le royaume;
que dans toutes les occasions qui s'y sont présentées Sa
Majesté n*y a eu aucun esgard et a toujours accordé la
main levée des saisies faites en vertu d'iceluy ainsi qu'il
est justifié par les arrêts du Conseil des Iti novembre 1666
et 18 février 1667 avec plaine liberté aux marchands ver-
riers de vendre toutes sortes de marchandises de leur
proffession partout ou bon leur semblera ce quils ne
pourraient pourtant pas faire sy la deffanse portée par
le privilège du dit Lacan avait lieu ; mais quand cela
serait ces dittes deffanses ne s'estendant point aux verres
et carraffes et autres ouvrages du service perpétuel et
journalier ; et le suppliant, ne se servant ny de la ma-
tière ny de la forme portée par Iceluy Tantreprise des
dits Ory et Lacan ne peut pas être tolérée en justice.
Requérant à sa cause, le supplian qu'il plut à Sa Ma-
jesté sans s'arrester aux saisies et arrestement de la ditte
Lacan des dits jours neuf, douze et treize août dernier et
austres qui pourraient estre faites ny a tout ce qui peut
s'en estre ensuivy, faire pleine et entière main levée
d*icelles au supplian ; ordonner que les ouvrages saisis
luy seront rendus ; à ce faire tous gardiens et dépositaires
par toutes voies quoy faisant, ils demeureront bien vala
blement déchargés ; permettre en tant que de besoin au
supplian de continuer son travail ordinaire en la ditte
verrerie de Rizaucourt ou partout ailleurs ou bon luy
— 210 —
semblera noDobstant le dît privilège et deffanses portées
par iceluy ; faire deffanses au dit Ory Lacan et à tous
autres de lui donner aucun trouble ny empeschement, 4
peine de trois mille livres d'amende, dépaas, dommages,
et intérêts.
Veu la dite requête signée Donat advocat au Conseil,
le dit privilège du sept novembre 1639, arrest du Conseil
du 26 novembre 1666 et 18 février 1667 portant main-
levée des saisies lettres de confirmation du dit privilège
du 17 septembre 1678, certification des marchands ver-
riers de Paris en faveur du supplian et de ses ouvrages,
du 26 octobre 1677, les dites saisies et arrêts des dits
jours, neuf, douze et treize août dernier et autres pièces
attachées à la ditte requeste, ouy le rapport du sieur
Colbert, conseiller du Roy en ses conseils, contrôleur
général des finances, commissaire à ce député et tout
considéré.
Le Roy en son Conseil, ayant esgard à la ditte requeste
a fait pleine et entière main levée au suppliant des sai-
sies et enlevemans faits de ses ouvrages de cristal à la
requeste de la ditte dame Lacan les neuf, douze et treize
aoust dernier en vertu des dittes lettres pattenles du 17
septembre Mli; ordonne Sa Majesté que les gardiens
séquestres et dépositaires en videront leurs mains entre
celles du supplian, à ce faire contraints par toutes voies
dues et raisonnables moyennant quoy ils en demeureront
bien et valablement déchargés ; fait Sa Majesté deffanse
à la ditte de Lacan et à tous aultres de donner aucun
trouble uu supplian en la fabrication de ses ouvrages de
cristal servant à l'ouvrage journalier du public en la ditte
verrerie de Rizaucourt à peine de dix mille livres d'a-
mende et de tous dépens dommages et intérêts.
Signé : Letellier, Villeroy, Colbert, Poncet.
A Fontainebleau, le 27 août 1678.
Arrest pour Jean Bapiiête Mazxolay.
— 2H —
II
1208* — Donation faite par Josbert de Buchey
aux religieux de Clairraux en 1208.
(Inédit)
Ego Bernardus, decanus Barri, nolum facio presentibus
et futuris quod Josbertus de Buchier, miles, dédit Deo et
Bt£B Maria) et Fratibus Clarevallts in elemosinam decimam
omnium terrarum quas ipse in linagio de Buchier suis aut
suorum manibus possent excoiere et quidquid habebat
apud Saucy et in finagio ejus in terris et in nemoribus
et in censibus et in omnibus aliisutilitatibus etcommodis
et quidquid hœredes de Kovra tenebaut de eo quocumque
modo tenerent terrarum, pratorum, nemorum et omnium
aliarum utilitatum. Testes fuit Hugo de Belonia miles et
Hnmbertus presbyter de Buchier. Idem Josbertus excam-
bivit eisdem fratribus costam de Marcemont usus Cornay
pro qua habuit in excambium campum sub chimino de
Colombeio rétro villam et unam petiam terrte ad Matum
Roê et très partes quas tenebant fratres in vallo Raerii et
unam petiam* quœ erat a Mazum Dostelant. Dédit et pas
turas suas per totum finagium de Buchier et Cepoy et de
Covignon ita quod si fratres vel servientes aut eorum
animalia cuiquam damnum ibidem, damnuni sine emenda
reddent. Hœc omnia laudaverunt Ysabel uxor ejus et
Petrus et Villa liberi eorum. Hœc facla sunt per manum
Humbèrti presbyteri de Buchier qui testes est omnium
istorum et Durandus Bodere et ut hœc rata permaneant
feci ea sigillo proprio confirmari anno gratiœ 1:203.
Arch. du départ, de l'Aube, 3 H, Îô3.
— -212 -T
m
1208. — Discussion entre les religieux de Clair-
vaux et Puloelle, épouse de Durand, qui leur
avait abandonné ses biens par testament.
(Inédit)
Ego Bernardus decaiius Barri super albain notum facio
presentibus et futuris quod Durandus de Bucherio lesta-
mentum de rébus suis ultima voluntate dispoiiens dédit
domni Clarevaliis in eleinosinam duas partes omnium
qu»B habebat exceptis illis qusD reliquit Lamberlo filio
filia) suîB. Post mortem vero ejusdem Duraiidi orta est
controversia de eadem elemosina inter fiatres clarevaliis
et uxorem pracdicti Durandi, Pulcellam nomine, quîequi-
dem controversia tandem mediantibus viris prudentîbus
de assensu partium pacilicata est in hune modum. Scien-
dum est itaque quod medietas omnium de quibus idem
Durandus dum viveret vestitus fuit et tenens intègre re-
mansit domui Clarevaliis in terris, pratis, vineis, domibus
et cœteris utilitatibus universis exceptis illis quie prœ-
dictus Durandus reliquerat prœdicto Lamberto videlicet
campum de Plateis et vallem de Tinlefonlanes et cam-
pum in exitum de Rizocurl et Varennam ex altéra parte
de Roillets et totam domum cum appenditiis hujus et
vêtus folatum Ranceres et medietatem vineœ de Ran-
ceres ; Ita quod, idem Lambertus non possit vendere nec
invadiare nisi fratibus Clarevaliis, si tamen dicti fratres
voluerunt eidem facere quantum cuivis alius faceret juxtà
prudentiam et estimationem quatuor burgentium Barri
super Albani qui fuerint boni opinionis et fam^p.. Si vero
idem Lambertus sine legitimo herede obierit, prscdicta
ejus hereditas intègre remanebit domui Clarevaliis. AI-
teram vero medietatem supradicta; vineœ de Ranceres
tenebit prœdicla Pulcella quoad vixerit modium vini red*
-m-
dens annuatim pro recognitione domui Clarevallis. Quae
quidem medietas vineœ post ejusdem mulieris obitum
cum terris pratis et rébus aiiîs omnibus quœ per hanc
formam pacis in partem in îpsius mulieris venerunt intè-
gre ad domum Clarevallis et libère revertentur. De sex
sectariis bladi quœ domus Clarevallis debebat annuatim
mulieri prefatas tria quitata sunt in bac forma pacis, ita
quod domus Clarevallis reddet annuatim eidem mulieri
pantum duo sextaria frumenli et unum ordei. Post cujus
obitum hîL'c ipsa quoque quidita remanebunt domui Cla
revallis. Hanc compositionem laudavit Falconius et prœ-
dictus Lambertus filius ejus. Aclum anno ab Incarnatioue
Domini millesimo ducentesimo octavo présente et hoc
ipsum testificahte Domino Jacobo priore Clarevallis pre-
sentibqs item et testificantibus Gallerio celerario. Eve-
rardo subcelerario, Christiano grangerio, Manerio monaco
Clarevallis et 1)<> Everardo presbytero Longicampi, Gui-
berto de Barro, Brardo de Porta, Jacobo preposito, Mar-
tino Cochet et Wichardo Belino de Barro.
Arehioes du département de l'Aube, 3 H, 153.
IV
1230. — Donation de différentes dîmes ou par-
ties de dîmes aux religieur. de Clairvaux par
Josberty chevalier seigneur de Buchey (1280).
(Inédit)
Ego Bernardus decanus Barri super Albam notum facio
universibus présentes litleras inspecturis quod Dominus
Josbertus de Bucherio miles dédit in perpetuam elemosi-
nam fratribus Ecclesia* Clarevallis donatione facta inter
vivos duas parles quas habebat in decimis bladi de Bu-
cherio et de Risocort et in finagiis earumdem villarum
et etiam totam decimam vint quam habebatin dîctis villis
«àiafinagiia earum et si quid amplius habebat vel habere
debebat in grossis «i Bdiuili& decimis dictarum villarum
videlicet de Bucherio et Risocort et iasginrum earumdem
totum contulit EcclesisB supradicla*. Dedil etfam m per-
petuum dictis fratribus ad usus porlse Clarevallis quinque
moyteones et dimidium biadi quosipsepercipiebatannua
tim in illa quarta parte deciiuie quam portarius clare-
vallis tenet apud Villarium siccum. In cujus rei testimo-
nium ego ad înstantiam dicti Josberty présentes litteras
sigilli mei munimine roboravi. Actum anno gratiœ mille-
simo ducentesimo tricesimo mense Âugusto die jovis ante
festum Barthomei.
Archioes du département de l'Aube, 3 H, ÎÔ3.
1281. — Dîmes payées par les religieux de
Clairvaux à Josbert, chevalier .seigneur de
Buohey (1281).
(Inédit)
Ego magister Andréas de Lesseio officialis lingonensis
et ego Bernardus decanus chrislianitatis Barri super
Albam notum facimus universis présentes litteras inspec
turis quod dominus Josbertus miles de Bucherio et do-
mina Galtera uxor ejus in preseutia nostra constituti
recognoverunt quod fratres Clarevallis solverunt eis du-
centas et sexaginita libras pruvenientium fortium pro
decimis de Bucherio et de Risocort. Actum anno gratiie
millesimo ducentesimo tricesimo primo niense Julio.
(L'acte est scellé des cachets en cire du Doyen de Bar et
de la maison de Clairvaux.)
Archivée du département de l'Aube, 3 H. 163.
- m -
VI
1265. — Vente du village de Buohey aux reli-
gieux de Clairvaux par Thomassin, seigneur
de Buchey, en novembre 1265.
(Inédit)
Nos Magister Andréas decanus christianitatis Barri
super Albam et Johanneschristianiprœposîtus dicti Barri,
Dotum facimus universis présentes litteras inspecturis
quod in nostra propter hoc potestate personaliter consti-
tutus Thomassinus de Bucherio domicellus recognovit se
vendidisse pura et perpétua et irrevocabili venditione
facta anno Domini millesimo dùcentesimo sexagesimo
quinto in festo undecim millium virginum viris religtosis
Abbati et Conventui ClarevallisCisteriensisordinisvillam
de Buchier cum hominibus et mulieribus et omnimoda
jnstitia ejusdem necnon omnes census costumas, reditus,
proventus, exitus, terras arabiles scilicet duo carrucagia
vel circiter,vineas, domos, plateas et omniafossata,rataet
nemora cœteraque aiia universa quie tam in villa quani
in finagiis ejusdem habebat vel habere poterat quibus-
cumque modis et quacumque ratione et medietatem vente
Vangionis Rivi pro mille et ducentis et sexaginta duabus
libris pruveniensium non computatis in eisdem quinto
denario Domini régis Navarr<i; et aliis missionibus et
expeusis. De quibus omnibus et singulis supra diclis se
devestivit coram nobis dictus Thomassinus et dictos Ab-
batem et Conventum investivit et in verum dominium et
possessionem corporalem induxil nichil sibi vel hœredi
bus suis in eisdem retinendo. Promisit insuper et tenetur
idem Thomassinus omnia et singula supradicta dictis
reliogis garantire et deffendere perpetuo contra omnes et
quod contra predictam venditionem sive contra proesens
înstrumentum non veniet nec aliquem venire permittet in
- m -
futurum et quod eamdem ab Eiisandi uxore sua laudari
faciet et concedi et dictis religiosis in perpetuum quietari
quidquid in praBdiclis habet et habere potest et débet
dotis causa vel donationis propler nuptias seu alia qua
cumque ratione. Et pro omnibus et siugulis supra dictis
observandis et melius adiinplendis, idem Thomassinus
posuit in manu dictorum religiosorum et eisdem obligavit
expresse omnia bona sua mobilia et imroobiiia prœsenlîa
et futura ubicumque poterunt inveniri renuntians in hoc
facto exceptioni doli, minoris et deceptionis ultra dimi-
diam jusli pretii omnique juris canonici et civilis auxilio
consuetudinis et statuti et omnibus quie possunt obici
contra pra^sens instrumentum seu factum in quorum me
moriam et munimem prœsentibus litleris sigilia nostra ad
petitionem Thomassini duximus apponenda in testimo-
nium veritatis.
Actum Ânno Domini millesimo ducentesimo sexage-
simo quinto mense novembri. (Deux sceaux en cire dont
Tun est de St Maclou).
Archloea du département de l'Aube, 3 H, 153.
VII
1265. — Promesse par Thomassin de faire les
dÂmarches nécessaires près du roi de Navarre
pour obtenir son assentiment à la vente du
village de Buchey.
(Inédit)
Nos magister Andréas decanus Christianitis Barri super
albam et Frater Hugo prior de Firmitate super Albam
notum facimus omnibus pra^sentes iitleras inspecturis
quod cum Thomassinus de Buchié doniicellus vendidit
viris religiosis Abbati et conventui clarevallis villam de
Buchie cum pertinent lis ejusdem et dictœ venditionis
pretio ducentas et vigînli libras taronences jam recepit a
supradictis abbati et convenlui prout coram nobis spon-
tanée recognovit, Domini régis Navarrœ de cujus feodo
predictee villa et pertinentiœ movere dicuntur super die-,
tam venditionem nondum habito consensu, idem Thomas -
sinus voluit et per fidem suaift in manibus nostris corpo-
raliter prœstitam promisit quod ipse pro posse suo quam
citius expertœ dictorum abbatis et conventus super hoc
fuerit requisitus, laborabit et procurabit quod Dominas
Rex supradictus dictam venditionem ratam habeat et pr»-
dictas villam et pertinentias dictis Abbati et couventui in
perpetuum confirmet. Quod si hoc defecerit vel dictus
Domiuus rex supradicta, quod absit, confirmBre noluerit,
idem Thomassinus promisit et per dictam fidem suam
tenetur supra dictam pecuuiam dictis Abbati et conventui
vel eorum mandalo reddere infia quindemnam postquam
super hoc fuerit requisitus cum damnis et de perditis quo)
propter hoc incurrerint. De quibus creditur Cellario ut
medio Cellerario clarevalleusis per suum simplex verbum
sine alterius onere probationis, pro quibus omnibus et
siogulis supradictis melius adimplendis nec non de dicta
pecunia pervinctus quoudam pra^positusCaslinivallani pro
Dominico Thomassino et ad ipsius requisilionem se cou-
stituit (ide jussorem et principalem in solidum pagatorem
et redditorem, et ad majoretn securitatem idem Thomas-
sinus posuit in manu dictorum abbatis et conventus et
eisdem expresse titulo piguoris obligavit quadragentos
bichetos bladi per médium frumenti et avensB ad messu-
ram Barri supra dicti qui sibi debenlur apud Buchié ut
dicebat de reditibus et proventibus ejusdem, et ducentos
simililer per médium frumenti et avenœ qui sibi debenlur
ut dicebat apud alteram Viiiam de reditibus et proven-
tibus ejusdem, promittens quod de illis nichil capiel nec
ab aliquo capi faciet vel consentiel donec de pra^dictis
pecunia damnis et de perdilis dictis abbati et conventui
ad plénum fuerit satisfactum. In cujus rei testimonium
15
— 218 —
prsesentes litteras ad petitionem supra dicti Thomassini
sigillis nostris dedimus sigillatas. Actum anno Domîni
1268 mense februarii.
Archives du département de l'Aube, 3 H, 153.
VIII
1266* — Consentement donné par Helysande à
la vente du village de Buchey faite par son
mari Thomassin en faveur des religieux.
(Inédit)
Nos magister Andréas decanus X^^ Barri super Albam,
Viardus prœpositus Firmitatis super albam et Joannes
major communia) ejusdem Firmitatis notum facimus
prsBsentibus et futuris quod cum Thomassinus dictus de
Buchier domicelius vendidit viris religiosis abbati et
conventui clarevallensis cisterciensis ordinis villam de
Buchier cum hominibus et mulieribus et omnimoda jus-
ticia ejusdem necnon omues census, costumas, redditus,
provenlus, exitus, terras arabiles scilicet duo carrucagia,
vel circiter, vineas, domos, plateas,fossata,prata, nemora,
cœleraque alla universa qusn tam in dicta villa quam in
fiuagiis ejusdem habebat et habere poterat quibuscumque
modis et quacumque ratione et medietateni vente Van
gionis Rivi, domicella Helysandis uxor dicti Thomassini
in noslra pnrsentia propter hoc personnaliter constituta
dictam venditionem ratum habens et gratani datis reli-
giosis bénigne quitavit et libère in perpetuum tenenda
concessit dictam villam et omnia alia prout superius fuit
expressa, nichil sibi hujus juris possessionis aut proprie-
tatis retinens in eisdem, promittens per fidem suam in
manibus nostris corporaliter praestitam quod in dictis
villa et finagiis et aliis omnibus et singulis supradictis
— 219 —
nichil de cœtera caasa dotis vel dotalitii seu donationis
propter nuptias seu quacumque ratioue alia reclamabit
nec ab aliquo faciet reclaraari, renuntiavit autem dicta
Helysandis per dictam fidem suam exceptioni doli et mino-
ris omnique juris canonici et civilis auxilio consuetudinîs
et statuti. Voluit însuper et concessit eadem Helisandis
quod si contra prœdictas venditionem et quitationem aii-
quando, quod absit, venerit quod nos dictus decanus vel
qui pro tempore decanus fuerit dicti Barri per excommu-
nicationis sententiam et nos dictus prepositus vel qui
pro tempore fuerit prepositus dicta) Firmitatis per cap-
tionem rerum suarum ipsarum possimus et debeamus
compellere. Ad hoc quod dictas venditionem et quitatio-
nem ratas habeat et gratas et ne contra veniat in futurum
quotiescumque a predictis religiosis vel eorum mandato
fuerimus requisiti et quantum ad hoc juridictioni nostra)
dicti decani se supposuit ubique se transférât ut moretur,
in cujus rei testimonium ad requisitionem diclic Helisan-
dis presenlibus litteris sigilla nostra duximus apponenda.
Actum anno D^ l^GCtnense Aprilis.
Archioea du déparlement de l'Aube, 3 H, 153.
ERRATA
— Page 106, 23« ligne, 1883, lisez 1835.
— Dans les notes, où il est dit : Bibliothèque du dépar
tement de TAube, comprenez : Bibliothèque de la ville
de Troyes.
— Page 129, supprimer la 24« ligne : « Nous donnons
le croquis d'une partie. ».
TABLE DES MATIÈRES
CiiAP. I®'. — Situation géographique. — Climat. —
Flore et faune 91
CiiAP. II. — Disposition du village et population.
— Revenus et impôts. — Ecoles. — Fontaines. . 102
Chap. III. — L'église et les curés. — Le chftteau
et les seigneurs. — Les syndics 115
Chap. IV. — Les verreries en général. — La ver-
rerie de Rizaucourt 1 49
Chap. V. — Notes sur les environs de Rizaucourt.
Ceffonds. — Blinfey. — Ruchey 188
Pièces justificatives. — Chartes et documents . . . ^07
SOCIÉTÉS
I avec lesqwlles nom échangeons nos publications
Société des Lettres, Sciences et Arts, à Bar-le-Duc.
Société académique de l'Aube, à Troyes.
Académie de Dijon.
Académie de Stanislas, à Nancy.
Société des Sciences et Arts, à Vitry-le-François.
Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de
la Marne, à Châlons-sur-Marne.
Société d'Emulation des Vosges, à Epinal.
Société Historique et Archéologique, à Langres.
Société Éduenne, à Autun.
Société Belfortaine d'Émulation, à Belfort.
Société d'Histoire, d'Archéologie et des Beaux -Arts,
à Chaumont.
Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.
Société d'Histoire Naturelle, à Mâcon.
Société Historique et Archéologique de St-Malo.
TABLE GÉNÉRALE
LE CHATEAU DU GRAND JARDIN, loi6, par
M. Emile Humblol I
ÉPITAPHES, par M. Charmeteau 73
UNE VERRERIE CHAMPENOISE, 1630-1700, i
RIZAUCOURT, par M. Paul Euvrard. ... 89
Sainl-Dizitr. — Typ. cl Lith. O. Godaid et A. BtULiufto.
SOCIÉTÉ
DRS f.KTTHKS, DRS SCIRNCES, DES ARTS, DR 1/ AGRICULTURE
ET DE l/iNDUSTRIR
DE SAINT -DIZIER
MÉMOIRES
DK LA
SOCIÉTÉ DES LETTRES
des Sciences,
des Arts, de l'Agriculture et de J 'Industrie
DE SAINT -DIZIER
TOME X
( Deuxième F^aaclcule )
SAINT-DIZIER
TYP. ET LITH. O. GODARD ET A. BRULLIARD
1906
MÉMOIRES DE LA SOCIETE
On peut se procurer ces volumes au prùr de Sî fr. l'un {i.50 par lu
poste) ehes M. Boudard, conservateur du Musée, r. de Bar, à St-Disier.
TOME I. — Charte d'atTranchissement de Saint-Dizier.
Notice sur Rclaron, par M. le V" de Hédouville.
Les Oiseaux de la vallée de la Marne, par
M. F. Lescuyer.
Notice sur un ancien cours d'eau à St-I)izier,
par M. Cornuel.
Analyse des minerais de fer, par M. Barollet.
TOME II. — Plantation des Conifères, par M. le V" de
Hédouville.
Une visite au musée de Baye, par M. le V'*" de
Hédouville.
Utilité de l'oiseau, par M. F. Lescuyer.
La garde nationale mobilisée de Saint- Dizier,
par M. \\ Lescuyer.
Camps et enceintes fortifiés antiques, par MM.
E. et H. Royer.
Manomètre à air libre pour la mesure des
faibles pressions, par M. Adnet.
Chêne enfoui dans les alluvions de la Biaise,
par M. Paulin.
Battage des pieux à l'écluse d'Allichamps, par
M. Lagout.
Heurville, Blinfey et fontaine de Ceffonds aux
XII* et XIII* siècles, par M. E. Boyer.
Terrain crétacé inférieur du nord de la Haute-
Marne, par M. Cornuel.
TOME III. — FloredelaH"Marne,parMM.Aubiiotetl)aguin.
TOME IV. — Epuisé.
TOME V. — Histoire du village de Mussey, par M. Mallet.
TOME VI. — Les origines de St-Oizier, par M. l'abbé Fourot.
Saint- Dizier d'après les registres de l'échevi-
nage, par M. P. Guillemin.
TOME VII. — AntiquitésrecueilliesenTunisie.parM.Houdard.
Clrey-leChàteau, par M. l'abbé Piot.
TOMK VII. — La Marquise du ChAtelet et Voltaire, par M.
l'abbé Piot.
— VIIl —
anneaux étant nulles) — b) érucifoime (pattes thoraciques et
abdominales développées) — c) apode (pattes nulles).
La jeune larve, avec son appareil buccal broyeur, est encore
bien éloignée de la forme adulte, dont les pièces de la bouche
sont le plus souvent destinées à sucer. Elle s'en rapprochera
insensiblement par une série de mues, accompagnées ou non
de métamorphoses ; et, à ce point de vue, les insectes pourront
être partagés en trois groupes :
a) Les Amélaboliens. — L'embryon sort complet de l'œuf ; la
larve devient adulte par simple développement des organes gé-
nitaux ; il n'y a pas de métamorphose (Thysanoures).
b) Les Hémimétaboliens. — Les ailes, nulles chez l'embryon,
se développent sous la cuticule et les pièces buccales se modi-
lient ; il y a demi-mélamorphose ou métamorphose incomplète
(Orthoptères, Hémiptères).
c) Les Ilolometaboiiens. — Tout l'organisme se transforme
profondément ; il y a mélaniorphose complète (Lépidoptères).
Pendant la phase nymphe (I ), les organes internes, sauf les
organes génitaux, sont détruits par dégénérescence graisseuse
(histolyse) et phagocytose, en même temps que ceux de l'adulte
sont reconstitués par histogenèse. Toute la durée de la méta-
morphose n'est donc qu'un développement post embryonnaire,
le corps de la larve et celui de la nymphe surtout pouvant être
assimilés à un œuf véritable, dans lequel les tissus, se rema-
niant sans cesse, jouent le rôle d'un second vitellus qui nour-
rira les histoblastes et les disqiues imaginaux.
Les Lépidoptères sont des insectes holométaboles à larves
éruciformes. Leur vie évolutive comprendra donc trois stades
bien distincts, qui vont être brièvement passés en revue et, afin
de ne pas sortir du cadre que nous nous sommes tracé, nous
laisserons de côté ce qui a rapport à l'imago, renvoyant le lec-
teur désireux de plus amples renseignements aux nombreux
ouvrages parus sur ce sujet.
(1) Chez les Lépidoptères, les stades larve, nymphe, insecte parfait ou imago
sont désignés sous les noms de chenille, chrysaldc et papillon.
— IX —
1'^ stade : ŒUF
Après raccouplement, lu femelle choisit un végétal approprié
sur lequel elle déposera ses œufs. Ceux ci sont pondus sur la
tige, à la surface ou dans les fentes de Técorce, sur le limbe
des feuilles ou le périanthe des fleurs. Placés isolément, par
paires ou par groupes, ceux qui doivent hiverner sont recou-
verts d'une matière visqueuse ou d'une bourre soyeuse, le plus
souvent enveloppée elle-môme d'une couche de poils imbriqués.
A l'œil nu, ils paraissent tous à peu près semblables, mais,
vus à un assez fort grossissement, leur aspect est des plus va-
riés. La substance vitelline qui constitue chacun d'eux est limi-
tée extérieurement par une enveloppe résistante ou chorion,
généralement marquée d'ornements délicats, consistant surtout
en stries longitudinales, méridiens, côtes, cannelures, al
véoles, etc. (I). Le sommet ou apex porte le micropyle, asse(n-
blagc de cellules minuscules qui forment rosette et entourent
des petits canaux dirigés vers l'intérieur et par lesquels pénè
trent les spermatozoïdes (i). D'après les observations et les
expériences de plusieurs naturalistes, notamment de Sheldon
sur Deilephila (jalii, et de Barker sur Smerhithus populi (H),
l'oviscaple seul est fécondé. Si, en effet, on y dépose un œuf
stérile, après avoir au préalable brisé l'abdomen, cet œuf donne
une chenille.
Quant à la couleur, elle diffère, elle aussi, avec les genres et
les espèces. Verte chez les Sphinx cl les Smerinlhus, jaune
pâle chez les Zygœna, brune chez les Sesia, elle est blanche ou
jaune verdâlre chez un grand nombre de Rhopalocera. De façon
générale, elle change avec l'Age, se modifiant profondément et
virant surtout au foncé, à mesure que la larve se développe.
La résistance que les œufs opposent au chaud ou au froid
est vraiment remarquable, et certaines espèces ont pu être sou-
(i| Nous ne donnons ici que les généralités. Quant aux faits particuliers, on
les trouvera à la description de chaque espèce.
{i) I/accou pie ment se fait parfois entre deux espèces voisines et môme deux
genres différents, mais les œufs qui proviennent de cette union anormole sont
souvent inféconds.
(3) The Young Nat. 1888, p. 220.
— X —
mises pendant quelques minutes à des températures de 80^ au*
dessus ou au dessous de 0, sans que leur vitalité ait eu à en
souffrir.
1/éclosion se fait sous l'influence de la chaleur atmosphé-
rique. A l'exception de ceux qui passent lamauraise saison, elle
a lieu au bout de 4 30 jours. La limite est variable, sans doute,
mais, à conditions climatériques égales, elle semble dépendre
de deux facteurs principaux, la sculpture de la coque et surtout
son poli (1). L'œuf brillant absorbe moins de rayons calorifi-
ques que celui qui est mat ; aussi, bien qu'en réalité son enve-
loppe soit plus mince, il éclora plus lentement. Voilà pourquoi
ceux qui sont pondus sur les feuilles ont le plus souvent un
chorion luisant, tandis que ceux qui sont déposés à terre,
n'ayant guère que l'humidité à craindre, sont plutôt ternes ; tel
est le cas surtout des œufs hivernants, et, si parfois ces derniers
ont la coque luisante, ils sont généralement recouverts d'une
tente protectrice.
Lorsque la jeune larve est formée (2), c'est à dire lorsque les
anneaux, les pièces buccales et les pattes Ihoraciques commen-
cent à être visibles, elle est courbée en demi cercle, le ventre
tourné vers la périphérie. Peu à peu, elle change de position,
elle se replie deux fois, en forme d'S, se renverse complète-
ment et revient à la forme primitive, mais cette fois avec le
ventre tourné vers le centre de l'œuf. Les yeux, le vaisseau
dorsal, le tube digestif, etc., apparaissent alors et, quand le
développement est complet, elle brise la coque qui, très sou-
vent, lui sert de première nourriture. Dans certains cas cepen-
dant, l'éclosion est retardée et la jeune chenille attend plus ou
moins longtemps avant de rompre son enveloppe. C'est ainsi
que plusieurs espèces passent la mauvaise saison.
Les œufs sont parfois détruits par des parasites, et il n'est
pas rare de voir ceux de IHeris bvassicœ ou de Lasiocampa tri
/b/îi habités, les premiers par Cosmocoma orw/orum /ia/., les
seconds par Telemonus punctulatus Ratz,
(1) Goossens. Les œufs des Lépidoptères, dans Ann. Soc. eut France, 188i,
p. 129 et suiv.
(2) Voir à ce sujet : Tutt, À natural hisfory of the british Lepidoptera, et
la remarquable étude do M. Goossens, sur P. Machaon. L. parues dans An.
Soc. Fr„ 1885, p. CLXXXI et suiy.
— XI
2« Stade : CHENILLE
§ 1". — CARACTÈRES GÉNÉRAUX
A. — Fonctions de relation.
I. — ExosQUELETTE. — a) Ensemble du corps, — Les chenilles
se présentent à nos yeux sous des aspects bien divers.
Les unes sont ramassées en limace (Charaxes) ou
élargies à la manière d'un écusson, d'un cloporte (Ly-
cœna) ; les autres, et c'est le plus grand nombre, sont
cylindriques et allongées, avec les extrémités plus ou
moins atténuées. Parfois les côtés portent une saillie
en bourrelet sur lequel sont placés les orifices des
voies respiratoires. Mais, quelle que soit la forme, le
corps comprend toujours 12 segments ou anneaux (1)
séparés par les incisions, les trois premiers constituant
le thorax, les neuf autres l'abdomen.
b) Tête. — Généralement arrondie, elle est partagée en
deux lobes subelliptiques séparés par une pièce trian-
gulaire, le A, dont Tangle au sommet atteint le milieu
de la face ou se prolonge jusque sur le vertex. La
bouche est armée de fortes mandibules et comprend,
en outre, deux mâchoires et une lèvre qui est terminée
en cône un peu arrondi à l'extrémité et percé d'un
orifice formant filière ; c'est par là que sort le fil dont la
matière visqueuse constituante a été élaborée par deux
glandes internes placées sur les côtés du tube digestif.
Sur les côtés de la tête se trouvent les ocelles, généra-
lement au nombre de 6, placés le plus souvent en
demi-cercles (2), et à l'angle inféro-antérieur les an-
(1) En réalité et niorpiiologiquement parlant, il y en a 13 ; mais celui qui
forme la tôte est tellement différencié en vue de l'exploration du milieu, de
la préhension cl de la mastication des aliments fournis par ce milieu que
nous lui donnons dans les diagnoses et les descriptions une valeur à part.
(2) Le nombre des ocelles permet do distin^çucr h première vue les larves
de papillons de certaines larves de Tenthredinida; ou fausses clienilles qui
leur ressemblent d'une manière frappante. Ces dernières, en effet, n'ont qu'un
seul œil chaque côté de la tête,
— XII —
tennes toujours rudimeotaires, parfois même invisi-
bles. Chez quelques Satyrides on distingue nettement
' à Tangle du A deux petits prolongements charnus ; ce
sont ceux là que, dans les descriptions, nous- appelons
prolongements antennaires.
c) Thorax. — Il comprend trois anneaux que l'on nomme,
en allant du premier au troisième, prothorax, méso-
thorax et métathorax. Le prothorax est parfois séparé
de la tête par un étranglement en forme de cou (flespe-
riidœ) ou porte sur le dos un écusson ou plaque cornée
(A gratis), celle-ci pouvant aussi s'étendre, chez les
Psychidœ, sur les deux anneaux suivants.
d) Abdomen. — Il est fait de neuf segments et terminé
par une plaque cornée (clapet), lisse ou granuleuse,
qui dans certaines espèces s'allonge en visière ou est
accompagnée de deux pointes caudales. Sur ses côtés
se trouvent les stigmates (I) dont la forme est circu-
laire ou elliptique et la couleur bien tranchée ; ils sont
généralement cerclés d'une autre teinte et fournissent
de bons caractères pour. la classification.
e) Appendices, — Ils sont de deux sortes : les pattes écail-
Icuses, vraies ou thoraciques, et les pattes membra-
neuses, fausses pattes ou pattes abdominales. Les pre-
mières, faites de i articles qui décroissent successive-
ment de longueur, sont, à de très rares exceptions
près (Slauropus), égales entre elles ; de plus, elles
sont constantes et c'est à peine si l'on pourrait citer
comme exception apparente le genre CochlUiion. Elles
servent à la marche et surtout à la préhension des ali-
ments. Quant aux pattes membraneuses (ventrales et
anales), elles sont terminées par un disque en ven-
touse, avec le pourtour garni de petits crochets chiti-
neux. Elles servent à la marche et à la fixation, et leur
nombre peut varier. On en trouve i chez les arpen-
tev^es, 6 chez les demi-arpenleuses, 8 ou 10 chez les
chenilles complètes, les premières paires formant les
(i) Il y en a également un sur les c6tés du prothorax.
— Xîii —
pattes ventrales proprement dites, la dernière paire
donnant les pattes anales, celles ci quelquefois rem-
placées par des filets (Cerura).
Lorsque la larve a 16 pattes, les membraneuses sont
placées aux anneaux 6, 7, 8, 9, 1^.
Lorsque la larve a I i pattes, les membraneuses sont
placées aux anneaux 6, 7, 8, 9 ou 7, 8, 9, 1:2.
Lorsque la larve a là pattes, les membraneuses sont
placées aux anneaux 8, 9, 1:2.
Lorsque la larve a 10 pattes, les membraneuses sont
placées aux anneaux 9, 1:2.
Les pattes membraneuses ne sont pas toujours d'é-
gale longueur. Chez les Catocalidœ, la première paire
est plus courte, tandis que chez Pygœra ce sont les
pattes anales qui tendent à s'amoindrir. Celles-ci dis-
paraissent même totalement dans certaines espèces,
où elles sont remplacées par 1^ filets, comme il ar-
rive chez Ilarptjia, ou par une pointe aiguë, comme on
le constate dans Hybocampa (I).
. — Systkmr nerveux. — Les chenilles ont un système ner-
veux double, Tun présidant à la vie animale (at/stème
principal), l'autre à la vie organique (système synipa-
ihique).
a) Système principal — 11 est placé dans la région ventrale
et comprend une série de ganglions soudés en une
chaîne longitudinale. Seuls, ceux de la partie supé
rieure de la tête (ganglions cérébroîdes) sont libres et
réunis par une commissure. Ils se rattachent au sui
vaut (ganglion sous œsophagien) par deux conneclifs,
formant ainsi une sorte de collier autour du tube di-
gestif.
Système cèphalique. — Les ganglions cérébroîdes ou su
pra-œsophagiens émettent chacun deux filets : Tun qui
innerve les antennes, Taulre qui se rend aux ocelles.
Le ganglion sous œsophagien donne naissance à trois
rameaux : le mandibulaire, le maxillaire et le pharyn-
(1) Voir Goossens, Les pattes des chenilles, dans An. Soc. Fr. 1887, p. 38.*)-404.
gîen, une partie de ce dernier allant aussi k la lèvre
inférieure.
Systè^ne thoracique, — Chacun des ganglions soudés
donne une paire de nerfs, la première pour les pattes
écailleuses, la seconde pour les muscles et le tissu
adipeux de la région ventrale. De plus, de chacun des
connectifspartun rameau qui se rendauxmusclesdu dos.
Système tenlraL — Les ganglions, réunis deux à deux à
chaque segment, émettent une paire de nerfs qui
gagnent, la première la région ventrale, la deuxième
la région dorsale. Seul, le dernier est terminé par une
touffe, sorte de queue de cheval dont quelques bran-
ches semblent se rendre dans le voisinage des organes
génitaux rudimentaires.
b) Système sijmpathique. — C'est une sorte de corde dila-
tée par intervalles et placée au-dessus du tube digestif.
Les filets qu'elle émet se ramifient et s'anastomosent ;
ils entourent le tube digestif, le vaisseau dorsal, etc.,
assurant une circulation et une respiration régulières
et présidant à toutes les fonctions de la vie organique.
3. — Système musculaire. — Les muscles présentent un ven-
tre et deux tendons les rattachant aux pattes et aux
anneaux, ou sur les bourrelets qui joignent les épi-
mères aux épisternums. Ils sont à fibres lisses ou
striées, suivant qu'ils se rencontrent dans les organes
dépendant du sympathique ou du système nerveux
principal.
B. — Fonctions de nutrition,
1. — Appareil digestif. — Il comprend la bouche, l'œso-
phage, l'estomac et l'intestin.
a) Bouche, — Comme on l'a vu plus haut, la bouche de la
larve est celle d'un broyeur. Elle comprend : une lèvre
supérieure (labre) surmontée elle-même d'une pièce
transversale, l'épistome ; une paire de mandibules ;
une paire de mâchoires, généralement formées de trois
— XV —
articles emboîtés les uns dans les autres ; enfin une
lèvre inférieure avec deux petits palpes labiaux et la
filière.
b) Œsophage, — C'est un tube rectiligne sur les côtés
duquel s'ouvrent les canaux principaux de deux glan-
des salivaires formées de grappes d'acini plus ou
moins développées. 11 est un peu élargi à sa partie
postérieure en un jabot qui retient les aliments avant
la digestion.
c) Estomac ou teniticule chylifique, — C'est une poche
volumineuse où les matières nutritives subissent les
modifications qui doivent les rendre solubles et assi-
milables.
d) Intestin. — Court et droit, il communique chaque côté
avec une sorte d'ampoule prolongée par trois tubes
(tubes de lUalpighi), qui jouent le rôle de canaux uri-
naires ; il se termine par le rectum et l'anus, celui ci
limité chaque côté par les pattes anales et fermé à la
partie supérieure par une plaque résistante, le clapet.
2. — Appareil respiratoire.
Il comprend une série de trachées qui émanent des
stigmates. Ceux-ci, qu nombre de neuf placés sur
les anneaux I, 4 If, sont entourés chacun d'un cadre
rigide, elliptique ou arrondi et leur intérieur est le
plus souvent déchiqueté ou barbelé. Les trachées,
maintenues béantes par un filament chitineux enroulé
en spirale autour d'elles, se partagent en deux troncs
principaux qui se dirigent vers la région dorsale et la
région ventrale et se ramifient à leur tour en touffes ar-
borescentes dont les parties sont réunies par des ana-
stomoses. Grâce à ces nombreux canaux, Tair peut aller
chercher le sang à travers tout l'organisme et lui four-
nir l'oxygène nécessaire à l'entretien de la vie.
3. — Appareil circulatoire.
11 est constitué par un vaisseau dorsal, sorte de
muscle creux ouvert à ses deux extrémités et partagé
— XVI —
en plusieurs chambres ou ventriculites (au nombre <le
huit environ). Chacune de ces loges correspond avec
lu précédente par un étranglement qui, se prolongeant
un peu à son intérieur, donne un repli formant cloison
au moment de la systole. Leur partie postérieure est
percée de deux orifices qui communiquent avec la
cavité générale et par lesquels revient le sang lorsqu'il
a baigné les organes.
Le sang, espèce de chyle purifié, progresse d'arrière
en avant, grâce aux contractions de muscles triangu-
laires pairs (muscles ait formes) qui constituent un
péricarde incomplet.
Le nonibre des pulsations, facile à évaluer chez les
chenilles à téguments peu épais et chez bon nombre de
celles qui vont se transformer en chrysalide, est loin
d'être constant et varie, non seulement avec les espè :es,
mais encore avec l'état pathologique de l'animal. D'a-
près Tutt, ce nombre est de 48 à M chez Acromjcia psi,
ii chez Broiolomia meticulosa, et il peut atteindre
10(1-140 chez quelques Micros. Nous en avons compté
i2 chez Mamestra trifolii, iO chez Triphama pronuba,
et le 1)"^ Siepi en a trouvé 5i chez CharaTes jasius
avant la métamorphose.
-i. — Skcrktio.ns (I).
a) Glandes saliraùps. — Comme on a pu le voir dans l'étude
de l'appareil digestif, lorsqu'elles existent, elles sont
réduites à deux petites grappes formées d'acini plus ou
moins développés.
b) Sécrétion nr inaire. — Elle est assurée par les tubes de
Mulpighi. (^es tubes, au nombre de trois chaque côté,
sortent d'une ampoule ])lacée sur les parois latérales
de l'inlcslin, remontent le long du ventricule chylifi
que, puis redescendent en formant des sinuosités et
aboutissent enfin, en se pelotonnant, dans le cœcum.
(i) On pourrait placer ici les produits d'excrélion qui jaillissent des lenincules
rétracliles (Papille inacliaon) ou des vésicules de certains Burabycides Nous en
parlerons lorsque nous traiterons la question du mimétisme et des organes de
défense.
— xvn — -
c) Glandes séricigènes. — Elles consistent en deux longs
corps qui, partant d'un point situé en avant des am-
poules de Malpighi, longent parallèlement le tube di-
gestif et se réunissent pour déboucher en un pore
unique qui constitue la filière.
C. — Fonctions de reproduction.
Ce rôle n'est pas directement dévolu à la chenille.
Sans doute, certaines larves (Miastor) peuvent eugen
drer d'autres larves. Ce phénomène, connu sous le nom
de pœdogénèse, n'est que « l'exagération de la progé-
nèse ou l'accélération embryogénique compliquée de
parthénogenèse » (I) ; il est très rare, et on ne Ta pas
encore signalé chez les Macrolépidoptères.
La chenille ne possède donc pas d'organes génitaux
bien développés. Les quelques rudiments que l'on peut
remarquer se réduisent à deux capsules jaunâtres chez
le mâle, plutôt blanchâtres et moins visibles chez la
femelle. Elles sont placées â peu près au niveau du
huitième segment, sur les côtés du vaisseau dorsal
auquel elles sont rattachées par un tissu fibro-conjonc-
tif, et chacune d'elles émet quelques expansions d'où
partent deux canaux qui viennent aboutir à la partie
postérieure du rectum.
§ 2. - VIE ÉVOLUTIVE
I . — Nourriture, Mûicurs et Habitat.
Nous traiterons ces trois choses séparément en don-
nant la description de chaque espèce. Nous nous con-
tenterons de dire ici que, si une certaine quantité de
chenilles ne se nourrissent que d'une seule sorte de
plante ou d'une série restreinte de plantes, il en est
d'autres qui sont polyphages ; celles ci semblent
s'accommoder de tous les végétaux et, pour employer
(1) R. Aubert : Reproduction ches les Animaux, p. 38.
— XVIII —
l'expression heureuse d'un lépidoptérologisle distin-
gué, « elles mangeraient du pain )). Bon nombre de
celles qui passent l'hiver dans un état d'engourdisse-
ment plus ou moins prononcé prennent d'ordinaire, à
leur réveil au printemps, la première verdure qu'elles
rencontrent et y restent généralement fidèles. La plu-
part des Satyrides, par exemple, peuvent ainsi vivre
indiiïéremment sur telle ou telle graminée. Ce fait,
constaté à l'état de liberté aussi bien que dans les
éducations, est encore vrai lorsqu'il s'agit d'espèces
qui paraissent plus difficiles, et les Argynnis, dont les
premiers états sont bien connus ( Brenthis selene,
euphrosine^ etc.), s'accommodent tout aussi bien dans
la nature de l'airelle que de la violette, qui, pour cer-
tains auteurs, semblait jusqu'à ces derniers temps
composer leur nourriture à peu près exclusive.
2. — Ennemis et moyens de défense. ^
Certaines chenilles, surtout parmi celles qui vivent
en société, sont nuisibles et peuvent causer de grands
dégâts dans les jardins, les champs ou les plantations
de diverses natures. Citons en rapidement, quelques-
unes :
a) Jardins et potagers. — Pieris brassicœ et rapa\ Mames-
tra brassic»' et oleracea, Amphipyra tragopogônis,
Catocala sponsa, Melanlhia fluctuata, etc.
h) AgiicuUure : + Céréales, — Agrolis segetuni, etc.
-\- rourrayes. — Hypogymna inorio, Cha
rîL'as graminis, Agrotis, Euclidia gly
phica, Strenia clathrata, Euboiiu
bipunclaria, etc.
4- Plantes industrielles, — Mepialus hu-
muli (houblon), Agrotis peltigera
(tabac), etc.
Cl Arbres fruitiers, forestiers et plantations. — Aporia cra-
tœgi, Vanessa polychloros (orme), Cossus cossus, Sesia
apiformis, Dasychira pudibunda, Leucoma salicis, les
Lasiocampa, Porthesia et Thaumatopœa, Panolis griseo
variegata, Cheimalobia brumata, Fidonia piuiaria, etc.
A celte trop courte liste, on pourrait ajouter d'autres
noms ; mais la plupart des chenilles ne sont pas à
redouter. Cependant, en raison de la grande facilité
de reproduction et de l'abondance des œufs pondus par
les papillons, le nombre des larves nuisibles ou indif-
férentes pourrait, au bout d'un certain temps, devenir
encombrant. Heureusement la multiplication est réduite
par des agents destructeurs, parmi lesquels on peut
compter les rigueurs de la mauvaise saison, la conti-
nuité des pluies provoquant des inondations, les mala-
dies épidémiques et surtout les attaques de certains
animaux. Les oiseaux (rossignol, fauvette, mésange,
grimpereau, pinson, bergeronnette, moineau ('),etc.),
les lézards, les grenouilles en font une grande consom-
mation pour eux et leurs petits, et Dabi a compté dans
une tanière de taupe jusqu'à 67 chenilles d'Hepialus
lupulinus (Zool. Anz. 1891, p. 10). Mais ce sont les
insectes qui en sont particulièrement friands, les
Coléoptères, comme le Catosoine sycophante, les
Hémiptères, tels que la Punaise des bois, et surtout
les Hyménoptères (Sphex, Ammophila, Ichneumon,
Cynips, etc.) et les Diptères.
Est-ce à dire que la destruction va être complète ?
Nullement ; et, s'il est vrai que quelques espèces ten-
dent à disparaître ou môme ne se rencontrent plus
dans certaines régions, nous verrons plus loin que
cela tient surtout à des causes d'un ordre bien diffé-
rent. Comment l'équilibre sera t il donc maintenu ?
Sans doute, les hyper parasites (î), en s'attaquant à
l'ennemi, empêcheront bien à leur tour la trop grande
(1) ncichcrl cile aussi le coucou comme ayanl mangé une clieiiilie do Dei-
iephiln cu|)liorb!;p (llluslr. Wochensclir. f. Knt. 1897, p. 159).
(2) L.es liyper-parasiles sont des insectes vivant sur des espèces déjà para-
sites. Ijes principaux sont : llemileles fulvipcs et Mesocborus aciculalus sur
Micrugasier glomeralus ; Mesocborus gracilcntus sur Limneria vulgaris ; Meso-
cborus confusus sur Limneria sordida ; Mesocborus sylvarum sur Microgasier
subcomplelus ; llemimaclnis instubilis et Pezomacbus analis sur Apanteles
Zygu'narum. Quant à IlemiteUs melanarius, il est tantôt hyper-paras'te, tantôt
parasite direct.
— XX —
multiplication de celui-ci, mais cette lutte serait insuf-
fisaute et il faut faire intervenir ici un facteur plus
puissant. La chenille va être à elle-même son propre
défenseur, et ce but sera atteint grâce à certaines par-
ticularités de son organisme et à une adaptation spé-
ciale de la couleur de ses téguments.
Le Mimétisme ( i ), dont nous voulons parler, a déjà
fait l'objet des travaux de bon nombre d'auteurs. D'a-
près Gillo of Bath (â), appliqué aux insectes surtout,
il peut être représenté de huit manières différentes,
un même individu pouvant à lui seul en reproduire
plusieurs.
a) Couleur protectrice, en harmonie avec le milieu envi-
ronnant. La chenille de P. Machaon, vivant sur les
feuilles vert foncé de la carotte, a une teinte verte
avec des bandes qui la cachent d'autant mieux qu'elles
sont plus noires. Celles des Noctuelles, vivant sur le
sol, auront plutôt une couleur sombre, terne et ter
reuse.
b) Variation de coloration, — Une .même espèce change
souvent de couleur, suivant les divers milieux où on
la rencontre. Àmphidasys betularia L., par exemple,
est ordinairement jaune ocreux sur le bouleau, vert
jaunâtre avec une dorsale rouille sur le peuplier et
les saules, jaune brun sur Torme, gris cendré sur le
chêne, brun rougeâtre sur le tilleul.
c) AppendiceSy notamment chez certaines espèces à couleur
voyante, poils, épines, tentacules, etc.
d) Mimétisme proprement dit ou imitation. — Les insectes
ressemblent aux supports sur lesquels ils sont générale-
ment appliqués. Une grande quantité d'Hétérocères se
(1) Nous nous étendrons davantage sur ceUe question et nous y ferons ren-
trer certains caractères qui, à première vue, sembleraient peut-être servir a
autre ciiose qu'à la défense, cela afin de faciliter l'intelligence des diagnoses,
tout en conservant une certaine unité. Notre but, en écrivant celle petite in-
troduction, est moins de donner des notions développées que de facililer la
lecture des descriptions. Aussi tenons-nous avant tout à laisser de côté ce qui
serait superflu en pareil cas et à éviter les doubles emplois.
(2) Gillo of Bath : British natur., 1891, p. 29.
— XXI —
confondent avec les écorces ; les chenilles de Phalènes,
dans leur forme et leur attitude, imitent une branche
d'arbre ou un pédoncule de feuille, etc.
e) Mimétisme attrayant. — Certains animaux attirent leur
proie en imitant les objets que celle-ci recherche de
préférence.
f) Mimétisme agressif. — Bon nombre d'insectes revêtent
la livrée de ceux aux dépens desquels ils vivent. Parmi
les Hyménoptères, certains Psithyrus en fournissent
des exemples frappants, et un Diptère commun, Volu-
cella bombylans, imite le Bourdon pour s'introduire
dans son nid.
g) Marques distinctites, — La plupart des animaux qui vi-
vent en colonies portent quelques signes communs à
Taide desquels ils se reconnaissent.
/*) Sélection sexuelle. — Les femelles de certaines espèces,
par exemple, recherchent de préférence les mâles les
plus brillamment colorés.
Les phénomènes précités se rencontrent à des de-
grés plus ou moins prononcés chez les chenilles, et,
limités à elles seules, la plupart de ces moyens de
défense peuvent, ce semble, être ramenés à deux grou-
pes : ceux qui font partie intégrante de l'anatomie de
l'animal, tout en n'étant pas indispensables, tels les
appendices, les poils, les épines, etc., et ceux qui
consistent en une simple ornementation superficielle
occasionnée par la répartition des couleurs, comme
les points, les lignes,' les chevrons, etc. Les premiers
sont en quelque sorte des organes accessoires, les se-
conds de purs dessins.
A. — Organes accessoires.
Ils consistent en verrues, tubercules, poils, épines,
tentacules, etc.
a) Verrues et tubercules. — Ce sont de très petites saillies,
souvent surmontées de poils. Elles peuvent être dissé-
minées sans ordre, en donnant aux téguments un
— XXII —
aspect granulé, ou placées avec une certaine régula-
rité. Dans ce cas, elles affectent surtout la forme d*un
trapèze ou d'un carré, et on les appelle points venu-
qneux, points trapézoïdaux, ou simplement trapézoï
daux. On les rencontre surtout chez les Noctuelles, et
elles sont le plus souvent disposées sur le corps dans
Tordre suivant :
+ Hégion dorsale : ^ en ligne transversale aux anneaux
^, 3 ; 4 en trapèze, la base en arrière, à chacun des
anneaux 4-10 ; 4 en carré sur le II®.
+ Ué(jion latérale : I aux anneaux 2, 3 ; 2 à chacun des
suivants, dont un au-dessus du stigmate et Tautre en
arrière.
H- Hégion sous-stigmatale : 2 à chacun des anneaux 4 11.
Les verrues, généralement mieux développées sur le
dos, sont souvent très réduites, parfois même presque
totalement effacées, au moins sur certains segments.
Si, au contraire, elles sont très grandes, arrondies
ou subarrondies au sommet, elles forment ce qu'on
appelle des tubercules.
b) Bosses, pyramides et prolongements charnus. — Chez cer-
taines espèces, le corps présente des saillies et n'est
plus rigoureusement cylindrique. Parfois même ces
bosses sont tellement exagérées que l'animal semble
porter de véritables petites pyramides, souvent agré-
mentées elles-mêmes de poils ou de courtes épines.
c) Poils et épines, — Les poils sont courts ou longs, sétacés
ou en massues, simples ou plumeux, implantés direc-
tement sur le corps ou placés sur des tubercules, jetés
sans ordre ou disposés régulièrement. Dans ce dernier
cas, ils forment des rayons, des verticillcs étoiles, des
aigrettes, des pinceaux, des brosses ou des faisceaux.
Lorsqu'ils sont épars, la chenille est subglabre (i)
(1) Dons le cours de ce Iravail. nous appelons clienille glabre non seule-
ment celle qui esl tolalemenl dépourvue de poils, mais encore celle qui n'a
que les poils des trapézoïdaux. Ceux-ci, en effet, sont en général si petits et si
fugaces que, dans un grand nombre de cas, ils passent pour ain^i dire inaper-
çus, même après un examen assez sérieux.
— XXIII —
(poils en très faible quantité et petits), pubescente
(poils nombreux, serrés, mais courts, quoique visibles
à l'œil nu), veloutée (poils nombreux, extrêmement
faibl.es, bien distincts seulement à la loupe) ou drapée
(poils nombreux, longs, mais la plupart couchés trans-
versalement sur les anneaux).
Quant aux épines, elles peuvent être simples ou
rameuses, glabres ou pubescentes, implantées directe-
ment sur la peau ou fixées sur des mamelons et prolon-
gements charnus.
d) Prolongements divers. — Ce sont les cornes simples ou ra-
mifiées, lisses, granulées ou rocailleuses que Ton voit
sur la tête et plus souvent sur le 1 1<^ anneau ; les pointes
qui terminent l'abdomen de quelques espèces, etc.
e) Organes à sécrétions spéciales, — Nous rangeons sous ce
titre les tentacules des Papilionida% les glandes pro-
thoraciques des Cerura, les vésicules dorsales et les
bosses de certains Bombijcides.
Les Papilionidœ portent derrière la tête un prolon-
gement fourchu, visible seulement quand Tanimal est
inquiété. Cet appareil de défense sécrète un liquide
acre, rougissant fortement le papier de tournesol, qui,
injecté dans les yeux, occasionne une cuisson très
vive. La composition de ce produit est assez complexe,
mais chez P. Machaon Tacide butyrique semble y
dominer, comme Tatlesterait l'odeur et la formation
de butyrate d'éthyle sous l'influence de l'alcool et de
l'acide sulfurique. On sait d'ailleurs que cet acide peut
se produire dans la fermentation des glucoses et la
saponification de l'essence de certaines ombellifères.
Les Centra ont l'abdomen terminé par deux longs
appendices en forme de fouets et destinés à chasser les
Ichneumons et autres parasites qui pourraient venir
déposer leurs œufs sous la peau de l'animal. Outre cet
appareil de protection mécanique, il eh est un autre
de nature chimique qui est placé dans la région tho-
racique. Il consiste en une glande qui peut atteindre
8 millim. de long et 5 millim. de large chez Cerura
— XXIV —
vinulu adulte. Le canal excréteur se termine entre la
bouche et la première paire de pattes écailleuses ; c'est
par là que l'animal seringue avec force un liquide
caustique qui, d'après Latter, n'est autre que l'acide
formique (Latter, Journ. micv. Lond, 1897, p. 377).
Quelques Bombycides portent sur chacun des anneaux
9 et 10 une vésicule rouge (Porthesia, etc.) ou quelques
bosses dorsales plus ou moins molles (Thaumatopœa) .
Ces vésicules et ces bosses produisent un exsudât qui,
en se desséchant, forme une sorte de poussière blanche
très ténue et fortement corrosive. Celle-ci, introduite
sous la peau, y provoque des urtications violentes. La
cause d'un accident connu depuis longtemps n'a été
réellement biea expliquée que grâce aux expériences
de M. Goossens. Jusqu'alors, on attribuait la douleur
k la piqûre occasionnée par les poils desséchés, mais
bon nombre d'autres chenilles très velues, Arctia^ par
exemple, peuvent être saisies presque impunément ;
si parfois une démangeaison se produit, elle est peu
violente et de courte durée. Ou a objecté que l'adulte
de Thaumatopœa possédait la même propriété ; le fait
est vrai, mais à condition qu'il soit nouvellement éclos,
c'est à-dire qu'il vienne de traverser les parois de la
tente soyeuse imprégnée de poussière ; quelques heures
de vol suffisent pour le rendre complètement inoffensif.
B, — Dessins.
Ils consistent en stries, marbrures, taches ou points,
à bords nets ou fondus, avec ou sans bordures. Les
uns, tels que les triangles, les losanges (I), etc., sont
réguliers ; d'autres, au contraire, ne peuvent être
ramenés à aucune figure géométrique (dessins hiéro-
glyphiques).
Certaines taches sont ocellées ou s'allongent trans-
versalement, soit sur le premier anneau (collier), soit
aux incisions de certains segments (miroirs).
(1) Chez les Ccnira, le dos porle une immense tache en losange que l'on
nomme manteau.
— XXV —
Les traits obliques constituent les chevrons et ceux-
ci sont ouverts en avant, du côté de la tête ou en
arrière, du côté du clapet anal.
Mais les dessins de beaucoup les plus importants
sont ceux que Ton désigne communément sous le nom
de lignes ordinaires. Ces lignes, dirigées dans le sens
de la longueur du corps, forment des bandes ou des
iilets, suivant leur largeur. Continues ou interrompues
aux incisions, pleines ou évidées dans leur milieu,
elles prennent difTérents noms suivant la région
qu'elles occupent: rasculaire ou dorsale (milieu du
dos) ; sous-dorsale (chaque côté du dos, mais un peu
au dessous) ; stvjmatale (dans la région des stigmates);
sovs-stifjmatale (entre la stigmatale et la base des
pattes) ; ventrale (entre les pattes).
Quelques uns de ces dessins sont parfois un peu
déplacés, et il peut se faire que la sous-dorsale et la
stigmatale, s'avançant en quelque sorte à la rencontre
l'une de l'autre, n'en forment plus qu'une que l'on
nomme simplement latérale. Souvent aussi tous ces
dessins existent ensemble et forment des bandes d'é-
gale largeur, en sorte qu'il devient assez difficile de
préciser quelle teinte est celle du fond (I) ou celle des
lignes ordinaires; la chenille est alors rayée (Hames-
trapisi, Apopestes spectrum).
Les couleurs sont très variées et il est souvent diffi-
cile de préciser à quel groupe elles appartiennent. De
façon générale, une teinte pâle est celle qui se rap-
proche du blanc ou du jaune, et une teinte sombre
celle qui tire sur le gris, le bruu, le noir ou toute
autre nuance très foncée.
3. — Mues et MÉTAMonpiiosE.
Les téguments chitineux se prêtent difficilement à
l'accroissement des organes internes et la chenille
(1) En réalilé, la loinle du fond est alors celle qui accompagne la dorsale,
soit immédiatement si cette ligne n'est ni bordée ni liserée, soit médiatemcnt
dans le cas contraire.
— XXVI —
doit de temps à autre subir des mues. Ces chan-
gements de peau, généralement au nombre de qua-
tre, sont complets et s'étendent à toutes les parties
du corps. Ils sont annoncés par une sorte de dé
pression physique et, pendant un ou plusieurs jours,
la larve, devenue peu active, cesse de manger. Si
elle exécute quelques mouvements, c'est ordinaire-
ment sur place, relevant le dos, faisant osciller son
corps, lentement de haut en bas ou rapidement de
droite à gauche. La peau tombe bientôt, pour être
remplacée par une nouvelle à teintes plus fraîches ;
souvent même celle ci diffère complètement de la pré-
cédente par perte d'organes accessoires, mamelons
charnus (Papilio machaon), épines (Aglia tau), ou
prolongements auriculaires (l)icrannva vinula). Les
espèces pubescentcs ont les poils libres et non placés
comme dans des fourreaux à Tintérieur des anciens.
Après chaque mue, la diète dure encore un jour ou
deux, aiin de permettre aux organes de se raffermir,
et la larve continue à accumuler des substances nutri-
tives, sorte de pulpe blanchâtre avec de nombreuses
lacunes, destinées à l'élaboration des tissus de
Tadulte.
La durée de la croissance varie beaucoup avec les
espèces. Il en est qui parcourent tout le cycle larvaire
en un ou deux nïois ; d'autres, au contraire, mettent
un temps plus long ; il en est même quelques-unes
qui n'atteignent leur complet développement qu'au
bout de deux ans.
Leur vitalité est généralement grande. Les chenilles
hibernantes, en particulier, résistent à des tempéra-
tures très basses, et nous avons vu des Cossus cossvs,
complètement raidis par la gelée, reprendre leurs
înouvements après avoir été exposés à la chaleur.
Quelque temps avant la métamorphose, les teintes
s'affaiblissent, les dessins se ternissent et s'effacent.
La matière verte contenue dans l'intestin n'étant
plus évacuée, celui-ci se remplit de déchets azotés
XXVII
qui passent en partie dans le corps, en lui communi-
quant une couleur lie de vin (I).
La larve cherche alors un endroit favorable et la trans
formation commence presque aussitôt. Parfois cepen-
dant, notamment chez les espèces qui filent un tissu ou
se confeclionnent une coque, elle peut être retardée de
quelques jours par suite de l'intervention d'agents
extérieurs, tels qu'un brusque changement dans l'état
hygrométrique. Une atmosphère surchargée d'humi-
dilé contrarie, en effet, la sécrétion de la soie ou tout
au moins empêche celle-ci de prendre assez de consis-
tance à sa sortie de la iilière, et les cocons que l'on
trouve dans le sol sont généralement beaucoup plus
agglutinés que ceux que l'on rencontre en plein air.
Quelques espèces aussi ( Cochiidion, Euprepia, Cir-
rhœdia) ne se chrysalident qu'après un ou plusieurs
mois ; ce sont surtout les espèces hivernantes, dont la
coque, confectionnée en automne, forme abri pendant
la mauvaise saison. Il en est même qui sont mixtes,
et la chenille de Cossus cossus, qui s'est métamor-
phosée en mai ou juin, donne le papillon en moins
d'un mois, tandis que celle qui s'engourdit en au-
tomne ne se transforme qu'en juin suivant. Ce sont là
des exceptions qui reconnaissent évidemment une
toute autre cause que celle invoquée plus haut.
Quand le moment est venu, le corps exécute des
mouvements presque invisibles ; une partie des
anneaux se gonde tandis que les autres se contractent.
La peau se dessèche et il se produit sur le dos du
deuxième ou du troisième segment une fente qui va en
s'accentuant sous Tinfluence des gonflements et des
contractions. Lorsque l'orifice est assez grand, la che-
nille y engage la tête par un mouvement de recul, peu
à peu la peau se détache, tombant à terre ou restant
accrochée à l'extrémitô de l'abdomen et la larve est
devenue une momie (Latreille), une nymphe cmmail-
lottée (Linné), une chrysalide.
(Il I^'aulrc partie de ces déchels, de beaucoup la plus considérable, ^ela
rejelée par le papillon au moment de l'éclosion.
^
— XXVIU —
3^^ Stade : CHRYSALIDE
Lorsque le second slade de la vie post-embryonnaire
est achevé, l'animal ne possède plus ces organes qui
le mettaient en relation avec le monde extérieur. Il
n'est guère qu'une masse presque inerte, constituée en
apparence par un fluide laiteux et informe enveloppé
dans une peau mince et tendre. Celle ci, prenant au
bout de quelques heures une certaine consistance
grâce à la dessiccation du fluide visqueux qui la mouille,
pourra résister plus facilement à l'action des agents
destructeurs. Si on la considère alors, on aperçoit les
fourreaux des antennes, des ailes et des pattes, et Ton
serait tenté de conclure que ces organes sont déjà
formés. Il n'en est rien et il faudra toute la durée de
l'état léthargique pour accomplir ce travail.
/. — Morphologie.
Toute chrysalide, considérée dans son ensemble,
présente trois parties ou, pour parler plus exactement,
trois sortes d'étuis :
I. — Etui de la têtk (Cephalo-theca). — Il comprend les
antennes (cera-theca), la trompe (tjlosso-iheca) et les
yeux (ophthalmo theca), ceux ci entourés au côté interne
d'un croissant lisse, très probablement destiné à lais-
ser filtrer la lumière.
II. — Etui du tronc (Cytho-theca). — La partie supérieure ou
thorax est formée d'un prothorax, d'un mésothorax et
d'un métathorax soudés entre eux, tandis que la partie
inférieure, poitrine ou peotus, supporte les ailes
(ptero-theca, plérothèques) et les pattes (podo theca), les
premiers recouvrant les trois premiers segments abdo-
minaux.
*\. — Etui de l'abdomen (Gastro-theca), — Les anneaux, au
nombre de neuf, dont six seulement visibles dans la
région ventrale, sont généralement bien séparés. Tan-
— XXIX —
tôt leur mobilité est très grande et Taniinal les agite
simplement au toucher ; tantôt elle est moyenne et il
faut le va et vient du doigt pour les faire remuer ; par
fois môme elle est nulle et Tabdomen demeure rigide,
même sous la pression.
La sculpture des téguments est peu variée. La tête
est généralement lisse ou striée, les ptérothèques
rugueux ou chagrinés et les anneaux ponctués, surtout
à la partie antérieure et médiane. L'extrémité anale,
souvent terminée par un crémaster ou une pointe par
laquelle l'animal se fixe, est glabre (Sphinx) ou héris-
sée de crins droits ou recourbés, dont le nombre et la
position sont très variables. Sous la pointe anale on
aperçoit très souvent une sorte de fente bordée par
deux bourrelets réniformes plus ou moins nets formant
tubercules génitaux.
Quant à la forme, elle peut être ramenée à deux
types principaux :
1. — ÏYi»E ANtiULKux. — Cc type, que Ton rencontre chez la
plupart des Rhopalocères, présente quelques particu-
larités intéressantes dans chacune des trois régions
principales :
a) Tête, — Elle est généralement prolongée en avant ou
armée de deux pointes coniques droites ou courbes,
parallèles ou divergentes.
h) Thorax. — Il présente souvent une projection médiane
en nez ou en hache, sous laquelle se trouve une dé-
pression (Anjynjiis paphia) accompagnée d'autres
petites élévations angulaires. Chez Pieris rapœ et
quelques autres espèces, on aperçoit aussi un prolon-
gement latéral dont la base est fortement élargie.
c) Abdomen. — Il porte généralement des saillies plus ou
moins fortes et placées sur deux ou plusieurs rangs
longitudinaux.
2. — Type cylindrico coniqi:k. — Bien qu'on le rencontre chez
un certain nombre de Rhopalocères (Salyridœ, espe-
riidœ)^ ce type est surtout caractéristique des Hété-
— XXX —
rocères et des Geomelrm. La transition entre cette
forme et la précédente semble être réalisée par les '
chrysalides du type d*Euchloë rardamines, les deux
extrémités, étirées en pointe allongée, donnant au
corps un aspect naviculaire ou fusiforme. On pourrait
encore comparer Cossus cossus, avec sa tète munie de
deux protubérances ou Thaumalopiva pitijocampa avec
sa partie antérieure aiguë et son extrémité abdominale
obtuse.
Quelques chenilles, notamment celles qui sont en-
dophytes, portent au bord des anneaux, à l'exception
du premier et des deux derniers, des crins qui for-
ment angle aigu avec le corps. Ces crins, générale-
ment placés sur deux rangs et remplacés sur Tavant-
dernier segment par une élévation ventrale très den-
tée, permettent à Tanimal de progresser dans sa
galerie, en lui fournissant une plus grande résistance.
Les espèces chez lesquelles la glosso theca est for
tement développée et par conséquent ne peut être
appliquée tout le long du corps présentent parfois
des particularités très intéressantes. La trompe de
h'Otoparce conrolruli et de Sphinx lifjustri est sail-
lante, avec l'extrémité recourbée vers l'intérieur ; celle
de Plusia tjamvia et des CuculUa est légèrement déta-
chée au bout, tandis que celle de Cleophana Vniariœ
se trouve un peu jetée de côté.
II. — Couleur.
Chiiysamoks ANT.rLKi'SKs. — Lcs chrysalides des llhopa-
loches présentent des couleurs assez nombreuses et
assez variées. Pieris hvassic(v est d'un vert jaunâtre
avec des taches noires. Enchloê cardamines et Apatuva
iris d'un vert tendre uniforme, Grapta c. album d'un
gris cendré ou d'un brun rouge avec des ombres
noires chaque côté de l'abdomen.
La plupart des Nymphalidu' sont, en outre, ornées
de taches dorées ou argentées, qui parfois s'étendent
par bandes ou envahissent tout le corps, communi-
quant à la nymphe cet éclat qui précisément lui a valu
— XXXI —
le nom de Chrysalide ou Aurélia. D'après Réaumur,
celte particularilé est due à une membrane très fine
de couleur blanche ou jaune, qui se trouve sous la
peau et qui devient métallique lorsqu'elle est humi-
difiée, ce qui se réalise quand l'animal est vivant.
2. — Chrysalides cylindrico coniques. — Elles sont presque
toujours de couleur brun rouge ou marron foncé, vi-
rant au noir, avec les ptérothèques souvent discolores.
Les exceptions sont peu nombreuses et, en dehors de
Catocala sponsa, qui est lilas, et de quelques autres
Noctuelles, on les rencontre plutôt chez les Phalènes,
dont certaines espèces présentent une nuance verte ou
jaune.
Et maintenant quelles peuvent bien être les causes
qui amènent chez deux espèces différentes et surtout
chez le même individu les variations de teinte que
nous venons de signaler? Cette question, d'un intérêt
tout particulier lorsqu'il s'agit des Hhopalocères sur-
tout, a tenté bon nombre de naturalistes. On sait, par
exemple, que les chrysalides de Papilio machaon sont
vertes ou grises (I). D'après Ebrard (F. d. J. N. 1877,
p. t i), celte différence de couleur proviendrait proba
blement de la nature des objets sur lesquels s'attache
la chenille, au moment de la nymphose. Serait-ce
alors l'effet d'une sensation résultant d'une excitation
produite sur les yeux de la larve ou simplement l'ac-
tion des rayons réfléchis sur la nouvelle chrysalide ?
La première opinion ne semble guère admissible, et
la seconde est souvent contredite par les faits ordi-
naires et par l'expérience. En exposant dans les mêmes
conditions de lumière et de milieu des chenilles de
machaon, on obtient tout aussi bien l'une et Taulre
forme. Les choses n'auraient donc pas toujours lieu
pour la nymphe comme elles ont lieu souvent pour le
cocon. On sait, en effet, que la teinte de celui ci peut
être modifiée par les milieux environnants. D'après
(1) Voir aussi à ce sujel Veber den Farbenunterschied dev Machaon-Pup-
pen, dans Futomoi Sachnchtf XVH* année, p. 6 8.
— xxxit —
les expériences de Poulton et de Baleson (I), le cocon
de Saturnia patonia est d'un brun foncé quand la
nymphose a lieu dans une gaze noire (Poullon) ou
sur la bruyère (Batcson) ; il est au contraire d'un
blanc presque pur quand il se fait à Tair libre ou dans
une gaze blanche (Poulton, Young Nat. 1887, p. !23i).
D'après Newraann (Young Nat., ibid.), la coque d'Ë-
riofiaster laneslris est d'un brun noir lorsqu'elle se
rencontre dans un endroit sombre, par exemple entre
les feuilles, et elle est d'un blanc crème quand le voi-
sinage offre cette dernière teinte.
Est-ce à dire que la lumière ne joue aucun rôle
dans cette modification des teintes ? Nullement. Sans
doute, la chrysalide semble impénétrable au bleu et
au violet, et, comme nous l'avons constaté nous-méme
à maintes reprises, les élevages en lumière monochro
mutique ne sont pas très probants. D'après les re
cherches de Poulton (2), de Bordage (3), etc., la lu-
mière agirait plutôt par son intensité et, comme chez
le papillon, développerait surtout les couleurs opti-
ques. En traitant différemment .4 /e//a p//a/an(0, EupUva
gondotii, Danais chnjsippus, Vupdio demolœus et dU-
parilis, Bordage (i) est arrivé aux conclusions sui-
vantes :
a) Les surfaces à reflets métalliques (dorés ou argentés)
ne donnent que la forme brillante, le plus grand nom-
bre des chrysalides présentant un éclat inusité qui les
fait ressembler à de splendides bijoux.
b) Les surfaces à coloration claire et surtout les surfaces
blanches donnent déjà un assez grand nombre de
chrysalides à reflets brillants.
(1) Dnleson : Ou variation in the colnur of Cocnnus uf Eringaster laucs-
tns and Saturnia caiyiui, dans Transact. Soc l.ondou, i89i, p. 4;).
(2) E.-B. Poullon : An Enquiry in ta the Cause and Eitent of a spécial
Colour-Relalion beticeen certain exposed l.epidoj. ferons Pupa- aud the surfaces
tcich immedidtely siirround them. dans PhiL Traus Roy. Soc . 1887.
(3) Bordage : Expériences sur la relation qui cxisle entre la couleur du mi-
lieu et la couleur des chrysalides de certains Lépidoptères, dans Proceedings
of the fourth international Congress of Zoology. Cambridge, 1898, p. 235.
(4) Ibid., p. 236.
— Xxxiii — *
c) Les surfaces à coloration foncée, quelle que soit d'ail-
leurs leur couleur, ne donnent que des chrysalides
vertes à tubercules et à pointes plus brillants.
d) Les surfaces noires très faiblement éclairées, et surtout
les ténèbres complètes, donnent des chrysalides pres-
que entièrement noires, comme il n'en existe pas dans
les conditions normales. Sur ces chrysalides, les
pointes ornementales ont presque complètement perdu
leur éclat.
On a essayé d'alléguer d'autres raisons pour expli-
quer ces diverses variétés de nuances. Peut élre, dit
Royer ( 1 ), à propos de P. Machaon, la chenille dévore-
t-elle quelques parcelles de la matière sur laquelle
elle se trouve. Les constatations que nous avons faites
maintes fois sur ce point ne nous ont pas paru favo-
rables. D'après Honnorat (i), la diversité des couleurs
proviendrait de réactions chimiques.
Cette opinion, qui semble probante dans bien des
cas, ne doit cependant pas être considérée comme
exclusive. Sans vouloir trop affirmer, nous croyons,
au contraire, que plusieurs facteurs sont la plupart du
temps nécessaires pour l'explication d'un phénomène
aussi complexe : les uns externes, dépendant par
exemple de la lumière, de la température, du milieu,
de l'état atmosphérique, etc., les autres provenant
surtout de la vitalité de la chenille et par conséquent
de la plus ou moins grande somme d'énergie accumu-
lée au moment de la nymphose, ainsi que des réac-
tions accompagnant les phénomènes d'histolyse et
d'histogenèse, phénomènes qui se manifestent de
suite par la formation du système nerveux de l'adulte.
Les recherches sur cet intéressant sujet, on le voit,
sont bien loin d'être closes, et il faudra de nombreuses
expériences encore pour arriver à une conclusion à
peu près certaine. Quoi qu'il en soil, le court résumé
que nous venons de donner peut suffire pour indiquer
l'intérêt et la fécondité d'une telle étude.
(1. F. d. J. M. 1877, p. 141.
(2) F. d. J. II. 1878, p 6d.
— XXXIV —
III. — Durée de Fétat léthargique.
La durée de l'état léthargique est variable. Certaines
espèces peuvent éclore deux ou plusieurs années après
la métamorphose, tandis que d'autres s'éveillent au
bout de quelques jours. Rœsel cite même une Plusia
gamma qui aurait livré son papillon le lendemain de
la chrysalidation. Mais tous ces faits forment l'excep-
tion, et les espèces qui paraissent deux fois ont un
sommeil court en été, plus long en hiver.
En général, la durée de Tétat léthargique semble
dépendre surtout de la taille de la nymphe et de la
température ambiante. Elle sera plus grande, par
exemple, chez les Sphinx que chez les petites Noc-
tuelles, et, en traitant convenablement les chrysalides,
on pourra avancer ou retarder les dates d'éclosion (I).
Réaumur maintenait certaines espèces à une chaleur
suffisante et il récoltait ainsi en janvier des papillons
de mai ; d'autres étaient placées dans une glacière, et
les adultes ne sortaient que l'année suivante. Les
Piérides, en particulier, se prêtent facilement à ces
sortes d'expériences; mais.il ne faut pas oublier, si
l'on veut aboutir à des résultats certains, que l'humi-
dité doit aussi intervenir de temps à autre ; cela est
particulièrement vrai, surtout pour les espèces qui se
métamorphosent dans la terre.
Quant au mode de suspension chez les niiopalocèrex,
il ne paraît pas jouer un rôle bien considérable,
comme on pourrait le croire de prime abord, et des
chrysalides d'une niôine espèce, attachées ou non,
éclosent presque au môme moment lorsqu'elles sont
placées dans les mêmes conditions de température et
de milieu. Les nombreuses expériences auxquelles
nous nous sommes livré à ce sujet, notamment sur
des \anessa et des Arfiynuis, ne nous ont guère fourni
qu'un écart insignifiant, et les chrysalides détachées
aussitôt après leur formation donnaient le papillon
(Ij Mcrrifield : The Effects of Temj.crature in the pupal stage on the colon-
ring ofP. uupi, V. alaUnita, etc., dans Trans. ent. Soc London, 1892, p. 33,
55 et XXXVI.
à peu près en même temps que leurs congénères qui
étaient restées suspendues. L'écart n'a guère dépassé
un jour.
Pendant le sommeil léthargique, la nymphe peut
exécuter des mouvements de deux sortes. Les uns
consistent en un tournoiement de l'abdomen ; ils ne
se produisent que lorsque l'animal est inquiété et seu-
lement chez les espèces à anneaux mobiles. Les au-
tres, vrais mouvements de locomotion, permettent à
l'animal de progresser dans sa galerie. Ils ne se ren-
contrent que chez quelques espèces endophytes, telles
que Cossux cossus, Trochilium, etc. La chrysalide d'//e-
piahis humuii peut se mouvoir à l'intérieur de son
cocon, celui-ci étant deux fois plus long qu'elle.
II est assez difficile de prévoir quand la sortie de
l'adulte va avoir lieu. Les chrysalides de la plupart
des lihopalocères permettent cependant de donner une
approximation de quelques jours, car elles perdent
leur couleur. Chez certaines Vanesses et les Satyrides,
dont les ailes portent du blanc à l'extrémité, on voit
le papillon à travers l'enveloppe. Quant aux IlétérO'
cères, l'époque n'est indiquée par aucun signe.
A quel moment de la journée le papillon brise-t il
la membrane qui l'enveloppe et commence-t-il à vol-
tiger ? Plerogon œnetherœ se montre au lever du soleil,
les Ihydie dans la matinée, Acherontia atropos vers le
soir, Ortholitha cercinaria pendant la nuit, mais le
plus grand nombre paraît à n'importe quelle heure de
la journée.
Lorsque la chrysalide est libre, les téguments se
rompent dans la région thoracique en produisant une
fente longitudinale par laquelle le papillon dégagera
un à un tous ses appendices. Quand la nymphe est
enfermée, l'enveloppe doit aussi être perforée pour
que l'insecte puisse prendre son vol. (^e résultat est
facilement obtenu quand la coque est plus mince à
une extrémité. Mais, quand les deux bouts sont aussi
épais l'un que l'autre et également résistants, l'inter-
vention d'un autre agent est nécessaire. L'insecte se-
— XXXVI —
crête uu liquide qui ramollit l'enveloppe (Dicranura
vinula). Parfois c'est la chrysalide elle même qui, à
l'aide de deux pointes placées sur la tête, perfore la
membrane qui l'emprisonne, tandis que certaines es
pèces ont soin, avant la nymphose, de se ménager un
orifice (Salurnia patonia) ; celui-ci généralement est
en forme de nasse pour que les insectes ennemis ne
puissent le franchir.
RÉPARTITION DES LÉPIDOPTÈRES
dans le Temps et dans l'Iilspaee — Migralions
1. — Dans le Temps.
A quelle époque le papillon a t il paru pour la pre-
mière fois sur la terre ? il est bien difficile, dans l'état
actuel de la science, de fournir quelque donnée sé-
rieuse sur ce sujet. On serait tenté tout d'abord de
remouler jusqu'aux premiers âges de la vie animale,
surtout à l'époque carbonifère, où l'on rencontre déjà
les Nétrorthoplères à métamorphoses incomplètes.
Sans doute, les nombreuses forêts de cryptogames
acrogènes et de gymnospermes auraient pu nourrir
certaines espèces de chenilles ; mais alors que serait
il advenu du papillon, lui qui vit le pins souvent du
suc des fleurs, de la sève des plantes ou de la pulpe
des fruits? 11 semble plus logique de reporter les pre
miers jours de son existence à Tépoque crétacée, alors
qu'apparaissent les arbres à feuilles caduques.
Un des spécimens les plus anciens qui aient été
trouvés jusqu'à ce jour, CijUo sepuUa, appartient vrai-
semblablement aux marnes argileuses d'Aix, c'est-à-
dire aux premiers étages de TEocène. A cette époque,
la flore est variée, et les Angiospermes se développent
partout. Si l'on admet que cet insecte ait déjà eu
— XXXVII
lui-même des ancêtres, on peut en conclure que ceux-
ci étaient contemporains des oiseaux à dents et des
grands reptiles. C'est du reste vers les débuts de l'ère
tertiaire que se placent les premiers Lépidoptères
vraiment bien connus, tels que ceux qui ont été dé-
couverts au lac de Florissant, dans le Colorado. On en
a trouvé d'autres depuis, mais tous appartiennent au
Ligurien, à VAquitanien et au Tortonien.
2. — Dans l'Espace.
Les causes qui influent sur la répartition géogra-
phique des espèces sont tellement complexes qu'il est
très difficile d'établir des provinces zoologiques vrai-
ment sérieuses. Si l'on n'envisageait qu'une contrée
assez restreinte et parfaitement limitée, la France, par
exemple, on pourrait à la rigueur, comme le suggérait
Guenée (I), aboutir à des résultats assez heureux, en
la divisant en quatre ou cinq régions seulement que
détermineraient la latitude, la nature du sol, la pré-
sence de la mer et des grands cours d'eau, l'existence,
la direction et la hauteur des chaînes de montagnes.
Mais Ton conçoit sans peine que l'application de cette
méthode à la totalité des continents ne soit pas sans
difficultés.
On admet généralement aujourd'hui huit provinces
zoologiques :
a) La région arctique, qui embrasse le Nord de l'Amérique,
de la Russie et la Sibérie.
b) La région paléarctique, qui comprend l'Kurope, le Nord
de l'Afrique jusqu'au Sahara, une partie de l'Asie et
le nord de la Chine.
c) La région néarctique, formée par celte partie de l'Amé-
rique du Nord comprise entre le Mexique et la zone
polaire.
d) La région éthiopienne, qui s'étend sur toute l'Afrique au
sud du Sahara, sur l'Ethiopie et l'Arabie.
(I) Statistique sâentif., p. 2,
e) La région indo-malaise, compreDant THindoustan, l'Iiido-
Chioe et les îles de rarchipel Malais.
f) La région néo- tropicale, formée par TAmérique du Sud.
g) La région australienne^ s'élendant sur TAustralie et la
Nouvelle-Guinée.
h) La région antarctique, qui comprend le sud de la Pata-
goni&, la terre de Feu, les Malouines et la zone po
laire antarctique.
3. — Migrations.
Les chenilles, par suite de l'insuffisance de leurs
membres, sont généralement stationnaires. On cite
bien çà et là quelques déplacements ( I ) analogues à
celui qui a été constaté en 1854 entre Briinn et Pra-
gue (i), où, par suite du manque de nourriture, Thau-
matopœa pilyocampa a dû se retirer ailleurs. Mais, si
ces déplacements ne se produisent que rarement chez
la larve, il n'en va pas toujours de même chez l'adulte.
Sans doute, les excursions des invertébrés ont en
général peu d'étendue ; de plus, elles ne se succèdent
pas avec la fixité et la régularité qui caractérise cer-
tains animaux supérieurs, mais elles se rapprochent
plutôt des passages accidentels des oiseaux. Les pa-
pillons ne sont pas cosmopolites ; ils ne voyagent pas
continuellement, habitant tour à tour les diverses con-
trées du globe. Cependant certains d'entre eux sont
erratiques et leur présence ne coïncide pas toujours
avec des circonstances atmosphériques particulières.
Les espèces qui se déplaceront le plus souvent et iront
le plus loin se rencontreront parmi les mieux ailées
(Hhopalocera et Sphingides) et parmi celles qui vo-
lent aussi bien la nuit que le jour (Pyrameis Caidui).
C'est ce qui explique pourquoi Ton rencontre parfois
accidentellement dans notre pays des espèces exoti-
(1) Ânker : Migration de la clienille de P. Cardai, dans Rovart-Lapok,
1884, p. 247.
(2) Brehm : Lcpid. 257.
XXXIX —
ques. Papilio ajax d'Amérique a été capturé à Mont-
pellier, et Danais chrysippus de l'Inde est déjà re-
monté jusqu'en Vendée. Chœrocampa celerio, Daphnîs
nerii, Hyloicus pinastri se sont implantés dans le Midi,
venant soit de Sicile, soit d'Espagne. Lithosia pulchra
a été très commune dans l'Hérault en 18i0, alors que
pendant dix ans on l'avait peu ou pas rencontrée. He-
tiothis pelliger d'Europe s'est installé jusqu'au Cap de
Bonne-Espérance, tandis qu'en 1835 Ptusia daubei ve-
nait se fixer en Provence.
Les causes de ces migrations sont nombreuses ;
mais on peut, ce semble, les ramener à quatre prin-
cipales:
1. — Défaut d'aliments. — L'activité humaine modifie parfois
totalement les régions naturelles d'une contrée, et si,
par exemple, les forêts tombent, les espèces sylvati-
ques périssent ou se transportent ailleurs. C'est ainsi
que Lycœna io/a* aurait disparu des environs d'Aix (I).
2. — Plantations. — L'introduction de nouvelles cultures et
le reboisement pourront avoir un contre coup heureux
pour l'entomologie, et des espèces jusqu'alors étran-
gères à certaines régions viendront s'y établir. Il y a
quelques années, Fidonia piniaria était inconnue à
Prauthoy (Haute-Marne), mais, depuis les nouvelles
plantations de conifères, elle s'y est acclimatée, et au-
jourd'hui elle y est fort commune.
3. — Variations de la TE.viPÉnATrRE. — Elle exerce aussi une
très grande influence sur l'apparition de certains pa-
pillons, et les excursions de quelques Sphingides,
Daphnis nerii, Chœrocampa celerio, Deilephila lineata,
coïncident généralement avec les étés très chauds. La
chenille de Daphnis nerii a été fort commune à la fin
. d'août i83o dans le nord de la France et en Allema-
gne ; on en a capturé 3oà Gisors (Eure), :2()0 à Evreux,
60 à Amiens et à Epernay, !26 à Saint-Germain-en-
(1) G. Foulquier : Catal. Lép. Bouehcs-du- Rhône, p. 10.
XL
Laye, ^0 à Vincennes, plus de 100 dans la Loire et 10
en Belgique.
4. — Causes mécaniques. — Parmi celles-ci, l'action des vents
et les relations maritimes semblent les mieux définies.
C'est à la première que 1 on doit attribuer les appari-
tions de Chœrocampa celerio, qui vient tantôt de la Si-
cile, tantôt de TEspagne, et c'est aux secondes qu'il faut
rapporter l'introduction en France de Papilio ajax et
Danois archippus.
Explication de la Planche I.
Fig. 1-^. — Œufs de Lépidoptères grossis. — 1) Phragmatobia fuliginosa T..
— z) Melitœa maturna L. — 3; Aporia craiœgi L. —
4) Colias hyaU L. — 5) Diloba cœruleocephaia L. —
6j Caradrina erigua Hb.
7. — Chenille à 16 pailes. cylindrique, glabre, avec lenlacules rélrac-
tiles derrière la téle, bandes transversales et incisions
discolores {Papilio machaon L.].
8. — » avec corne sur le 11' anneau et lignes obliques (che-
vrons) sur les côlés (Sphinx ligustri L.).
9. — » à 16 pattes, les deux premières paires de membraneuses
peu développées {Brephos parthenias L.) .
10. — » à 16 pattes, la première paire de membraneuses atrophiée
et les anneaux bien incisés (Bomolocha fontis Thnb.)
11. — » à 14 pattes, les anales remplacées par des filets, le dos
orné d'un dessin en manteau (Dicranura vinula L.).
ii. — » à 14 pattes, la 1" paire de membraneuses plus courte,
sans mets à l'extrémité anale (Euclidia glyphica L.).
13. — » à 12 pâlies, atténuée antérieurement fplusia gamma L.}.
14. — » à 10 patles, avec des éuiinences sur le corps [Urapteryx
sambucaria L.).
lii. — «à 10 pattes (Biston sonarins Schiff.).
16-18. — Têtes grossies deux fois et vues de face. — 16) Tète cornue 'Cha-
raxes jasius L.). — 17) Tète triangulaire (Dilinn tiliœ
L.). — 18) Téle carrée, à verlex fortement déprimé,
avec pubescence et épines obtuses Van^ssa polychloros L. ).
19. — Chenille globuleuse (Nemeobius lucina L.).
20-21. — Chenilles fortement raccourcies, en cloporte ou écusson, — 20)
Région dorsale de /ephyrus quercus L. — 21) Région
latérale de Lycœna corydon Poda.
22. — » raccourcies {Lynena louicerœ E»p.)
2^r — Chenille limaciforme à (été cornue (Apatura ins Schi(T.\
24. — » pisciforme, > fortement atténuée à la partie postérieure
[Satyrus briseis L.).
25-26. — Chenilles de formes bizarres. — 2o) {SUiuropus fagi L.) — 26)
Hoplitis milhauseri Fab.).
Planchai
C. Frionnet dd .
Explication de la Planche II.
Fig. 1. — Chenille de forme bizarre, avec saillies pyramidales sur quelques
anneaux (Notodartta ziczac L.).
t. — » avec saillie sur le i\* anneau [Lophopleryx cueulla Esp.).
3. — » dans un fourreau {Psyché vicieUa Schiif.).
4. — » avec prolongements filiformes charnus (franges sur les
côtés du ventre (Catocala promissa Mb.).
5. — » très atténuée antérieurement, le 11* anneau en brosse
{Abrostola triplasia L.).
0. — » très atténuée antérieurement, avec taches ocellées sur le
3* segment (Daphnis nerii L.).
7. — » à 11* anneau surmonté d'une corne rocailleuse et deux fois
recourbée {Àcherontia atropos L.}.
8. — » M relevé en bosse {Brachionycha sphinx Hufn.)<
9. — » » surmonté d'une pyramide (Àmphipyra pyra-
midea L.).
10. — » » muni d'une saillie bifide {Endromis versko-
lora L ).
11. — » » avec une pyramide aiguë (Phé05tatremu/a Cl.}'
12. — » » avec une petite saillie en bouton {Pterogon
proserpina Pal.).
13. — » 4* anneau surmonté d'un prolongement pyramidal charnu
(Àcronycta psi L.).
14. — » couverte d'épines (Àrgymiis aglaia L.).
15. — Epines. — a) simple ; b) ramifiée.
16. — Poils détachés. — a) séliforme de Cheloiiia caja L. — b) légère-
ment plumeux de Thaumatopœa processionea L. — c) en
massue de Saturnia pyri L. — a) poil antennaire, forte-
ment plumeux d'Orgyia antiqua L.
17. — » courts, en étoiles (Saturnia pavouia L.).
18. — » en verlicllles {Stilpnotia salicis L.).
19. — » en brosses et en aigrettes (Orgyia gonostigma Fab.).
20. — Corps fortement velu {Aporia eraiœgi L.'.
21. — » d'aspect drapé {Lasiocampa quercus L.).
22. — » à pubescence épaisse, mais courte {Libythea celtis L.).
23. — Poils longs, isolés, en massue (Àcronycta alni L.)
24. — » isolés {Hipocrita jacobeœ L.),
25. — » très courts, nombreux, donnant au corps un aspect ve-
louté {Colias phicomone Esp.).
Planche If.
C.Friottnel dei.
P. Ociiv inh.
OF
Explication de la Planche III.
Fig. I. — Chenille d'Àgrotis avec écosson corné sur le 1*' anneau et trapé-
zoïdaux verruqueux sur les autres segments.
2. — » rayée longitudinalement (Mamestra pisi L.)*
3. — Chrysalide suspendue par la queue et par un lien transversal {Pa
pilio machaon L.).
4. — *) naviculaire {Euchloe eardamines L.).
i). — » arrondie, suspendue par un tien transversal [Lampides
bœticus L.).
6. — » suspendue par la queue (Charaxes jasius L.).
7. — » fortement anguleuse {Àrgynnis paphia L.).
8. — » à trompe développée et à pointe anale forte {Protoporce
convolvuli L. — 5, trompe. — pt, plérolhèques. — p,
pointe anale. — st, stigmates.
9. — » d^Hétérocère [Cossus cossus L).
tO. — » de Calocampa exoleta L.
11. — » de Cucullia vevbasci L.
12. — Système nerveux d'une chenille. — gc, ganglions réréhroîdes. —
gso, ganglion sou-s-œsophagien. — n/>, nerfs des pattes. —
ne, nerf considérable.
13. — Appareil digestif. — /, labre. — 5, glandes salivaires ~ e. estomac.
— I, intestin. — cl, clapet anal. — tm, tubes de Mal-
pigbi. — gs, glandes séricigènes.
PlaneàvIII
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(1) Ce travail se trouve dans les An. Soc. enl. Fr., i884, p. 129-146, pi. V.
(2) Celle œuvre poslhume est en cours de publication dans Ann. Association
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le titre de Berliner ent. Zeit., de 1875-1880, puis sous celui
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par Ch. Aurivillius, Stockholm, 1880, in-8, nombr. pi. color.
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ders, etc., London, 1864, in 8.
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nous ne donnons qu'une date, celle de la fondalion.
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Tutl, London, 1890.
Feuille des Jeunes Naturalistes (La), fondée à Mulhouse en
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Horse societatis entomologicse Rossicae, Saint-Pétersbourg,
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den, 188i, avec noinbr. pi. color. et noires.
Isis (Oken) oder encyclopœd. Zeitschrift fur Naturgeschichte,
von Oken, Leipzig, 1817-1848, in i, avec nombr. pi.
Jahrbûcher des Nassauîschen Vereins fiir Naturkunde, he-
rausgeg. von Pagenstecher, Wiesbaden, in-8, 1847.
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1891, in-8, avec pi, color.
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Miscellanea entoniologica, publié par Barthe, Narbonne, 1890,
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Neubrandenburg-Archiv. des Vereins der Freunde d. Naturge-
schichte in Mecklenburg, Neubr. 1847, in 8.
Rovartani Lapok (I) Ungar. Entomolog. Zeitschrift, herausgeg.
von Horvath, Budapesth, 188i, in 8, avec pi.
Societas entomologica, gegrfindet von Fritz Rûhl, Zurich-Hot-
lingen, 1886, in 4.
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Stettiner entomologische Zeitung, Stettin, 18iO.
Tijdschrift voor Entomologie. Soc. ent. des Pays Bas, Haag.,
1858, in-8, nombr. pi. color. et noires.
Transactions of the enlomological society of London, London,
183i, in 8, nombr. pi. color. et noires.
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schaft in Wien, Wien, 1851, in-8.
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— LUI —
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Kenntnisse iii Wien, Wien, 1860, in-8.
Wiener entomologische Monatschrift, redig. von Lederer und
Miller, Wien, 1837, 8 vol. in 8, 6â pi.
Wiener entomologische Zeitung, herausg. von Reitter, WachtI,
etc., Wien, 1883J, in-8.
Young Naturalist (The), direct. J.-T. Robson, London, 1879,
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Zeitschrift fur Entomologie (Illustrierte), herausgeg. von Ve-
rein fiir schlesische Insektenkunde zu Breslau, Breslau,
1847, in-8.
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Leipzig, 1877, in 8.
III. — Catalogues locaux se rapportant à la France
et rangés par noms d'auteurs
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et 7 pi. n. ; Sphinges et Bombyces, 1905, in 8, 90 p. et 5 pi. n.
Aubuisson (D^;. — Catal. des Lépidopt. de la Haute-Garonne,
dans Bul. Soc. Hist. Nat. Toulouse, -i® année, II, p. 1205-216.
Aubuisson (D'). — Suppl. au Catal. des Lépid. de la Haute-
Garonne (eodem loco), 1885, 1 1 p.
Bellier de la Ghavignerie. — Liste des Lépid. capturés dans
les Pyrénées-Orientales, dans Bul. Soc. ent. France, 1857.
Bézier (T.) — Catal. raisonné des Lépid. observés en Bretagne
jusqu'en 1881 Vd. GrifBth.
Bonjour (D' Sam.) — Faune lépidoptérol. de la Loire-Infé-
rieure, dans Bul. Soc. se. nat. Ouest, Nantes, 1897, VII,
p. 161-263.
Bruand. — Catal. systém. et synon. des Lépid. du Doubs, Be-
sançon, 18i5, in- 4.
Buckmaster. — Spring Lepidoptera at Hyères in 1897, dans
Ent. Record, 1897, p. 303-304.
Cantener. — Catal. des Lépid. du dép. du Var, Paris, 1833,
in-8, -28 p.
Cantener. — Hist. nat. des Rhopalocères du Haut et Bas-Rhin,
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— uv —
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Dupont (L.). — Catal. des Lépid. des environs de Pont-de-
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Macros.
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les Macros.
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Lhotte. — 1«r Supplément, ibid. 1879, p. 117-132.
— 2« Supplément, ibid. 1881, p. 17-24.
— 6^ Supplément, ibid, 1890, p. 63 70.
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rieure, ibid, 1883, p. 2i7-250 et 1886, p. 137-138.
Mabille. — Lépid. de la Corse, Paris, 1866-1869, in-8, 72 p.
et 2 pi. color.
Macker et Fettig. — Suppl. au Catal. des Lépid. d'Alsace,
dans Bul. Soc. H. nat. Colmar : 1^^' Suppl., 1883-1885; 2«
Suppl., 1889-1890; 3« Suppl., 1891-1894 ; 4« Suppl., 1901-
1902.
Mann (Jos.). — Die Lepidopteren gesammelt... in Corsika
im Jahre 1855, Wien 1858, in-8, 42 p. dont 18 pour les Macros.
Martin (Ern.). — Catal. des Lépid. trouvés dans les Pyré-
nées-Orientales par les membres faisant partie de l'excursion
de 1862, dans Bul. soc. ent. France, 1862.
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Revue d'Entomol., 1888, p. 26-56.
— LVl —
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in-8.
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environs de Douai par M. Foucart, dans Bul. scient., hist. et
lit. du dép. du Nord, Lille, 1875, p. :23o-238.
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Orientales, dans Bul. Soc. ent. fr., 1882, p. CL et suiv.
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CLXXXVI et suiv.
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Peyerimhoff (de). — Catal. des Lépid. d'Alsace, il^ édit.,
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mar 1880, in-8, 168 p.
Pierret. — Observations faites pendant les mois de Juillet et
Août I8i8 sur les Lépid. qui se trouvent aux environs de
Gavarnie, dans Bul. Soc. eut. Fr., 18i8.
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Rambur. — Catal. des Lépid. de Corse, "1 part., Paris, 1835,
in 8, 106 p. et 5 pi. color.
Régnier. — Catal. des Lépid. de Provence, Aix, 1899, in 12,
77 p., dont 41 pour les Macros.
(i). — Un certain nombre d'espèces nommées dans ce calalogue sonl accom-
pagnées d'un ? ; ce sonl celles que l'inard n'a pas rencontrées dans l'Oise,
mais dont il y soupçonnait l'existence. Nous ne les avons pas mentionnées
dans notre travail.
— LVII —
Roger. — Lépid. des environs de Bordeaux, dans Actes Soc.
lin. Bordeaux, 1838, p. -223-238.
Roi (Le). — Calai, des Lépid. dudép. du Nord, Lille,' 187 i, in-8.
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les Pyrénées en 1857, dans Bul. Soc. ent. France, 1858.
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Tutt (J.-W.). — Above Lake Bourget, ibid., 1895, p. 169-
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Tutt (J.-W.). — Contributions to the Fauna of the Dauphiné
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Tutt (J.-W.). — The Rhopalocera found in the Basses-Alpes
(Digne), in April, ibid., 1897, p. 221-226.
Tutt (J.-W.). — Lepidoptera in Haute Savoie, ibid., 1902,
p. 226-229 (Annecy, Chavoire), et p. 253-257 (Mégève).
Tutt (J.-W.). Lepidoptera of Provence, ibid., 1903, p. 139 142
(Hyères), et p. 205-210 (Grasse, Morrans Sartoux, Pegomas,
Auribeau). .
Tutt (J.-W.). — The Lepidoptera of Chamonix Lavaucher,
Monlauvert, moraines of the Mer de Glace, ibid., 1904,
p. 34-37.
Viret (G.). — Les Lépid. du dép. de la Seine-Inférieure, dans
Soc. Amis se. nat. Rouen, 1874, p. 3l-6i, et 1876, p. 35-124.
— Lvrii —
CATALOGUES CLASSÉS PAR DÉPARTEMENTS
Allier De Peyerlmhoff. ^
Alpes(H.etB.) (iulllemot, Tutt.
Alpes-Marlt.. MUlière.
Alsace De Peyerimboff,Mac-
ker el Fellig.
Ardennes . . . Harcourt-Ralh.
Aube lourdheulile.
Auvergne . . . Sand.
Bouches du-El. Foulquier.
Bretagne .... Ghftiih, Bêzier, Qberthar.
Calvados .... Fauvel, Moulier.
Cantal Sand.
Cher Sand.
Corse Rambur, Mabille, Mann,
Rowland-Brown.
Creuse Sand.
Doubs Bruand.
Kure Dupont.
Eure et- Loir. Guenée.
Finistère .... Lausanne .
Garonne (H'") D'Aubuisson, Caradja
Gironde Hoger, Trimoulet.
llle-et-Vil. . . Griffiih.Oberthûr.Breigna.
Indre Sand, II. Martin.
Isère Tutt.
Loire-Infé".. Dehfrmanu-Roy, Bonjour.
Loir-et-Cher Chevillon.
Loi Tarel.
Maine-el-L. . Cheux.
Manche Nicollet.
Marne (H'°).. Frionnet.
Mcurlhe Cantener.
Morbihan ... Griffith.
Moselle Cantener.
Nord Ilelle. Norguel, Le
Roi,Foucarl,I^BUx.
Oise Pinard.
Provence Régnier, Guillemot,
Neuschiid.
Puy-de-Dôme Guillemot, Sand.
Pyrénées (H'*' el B*" el Pyr.-Or.î:
Bellier de la Chavignerle, de
Grasiin, Obertliûr, Selys-Long-
champs, K. Marlin, Pierret,
|{ondou, Slruve, Flwes, Hln-
clhlff.
Saône-et-Ii. . Constant, André.
Sarllie Knockaert .
Savoie Tutt.
Seine Chopard, Tutt.
Seine- Infér". Viret, Lhotle.
Somme Carpenlier, Dujnrdin
Var Canlener.Buckmasler.TuU.
Vosges Canlener.
— LIX
ABRÉVIATIONS DES NOMS D'AUTEURS
Acerb.
Alb. ..
Alpli..
And ..
Assm .
Asz... .
Aud. . .
Auriv.
Aust . .
|{
Bar....
Barl. . .
Bdv...
Bell...
Ber....
Berg...
Berl...
Bgslr. .
B. H. .
UWh . .
Bkh...
Blancli
Boh...
Bon...
Bonel .
Bork. .
Bot . . .
Br . . . .
Brd...
Brahm.
Branls.
Brebm.
Brem. .
Brgslr .
Broni .
BQck..
Butl...
Calb . .
Cap . . .
Chrét .
Chr...
Christ.
Clk. ..
Const.
C()s . . .
Cosm .
Cr . . . .
Curo . .
Curt. .
Acerbi.
Albin.
Alplierakl.
André.
Assmann.
AszniusK.
Audrain.
.Aurivillius.
Auslant.
Boisduval.
Barrelt.
Bartel.
lioisduval.
Iteiliei'de la Ciiavigiiciie.
Berce.
Bergstrœsser.
Berliey.
Bergstrœsser.
Berge et ileinemann.
Bleberstein.
Bignell.
Borkbausen.
Blanchard.
Bohemann.
Ch. Bonaparle.
Bonelli.
Borkhausen.
Bottin-Desilles.
Bremer.
Jîruand.
Brahm.
Brants.
Brehm.
Bremer .
Bergstrœsser.
Bromilow.
Bûckler.
Butler.
Calberla.
Ca pieux.
Chrétien.
Christoph.
Christoph.
Clerck .
Constant .
Costa .
Cosmovici.
Cramer.
Curo.
Curtis.
Cyr...
Daim. .
Oan...
Dard. .
Daub..
Dbd...
Depr. .
Dev. . .
Dgl. ..
Don...
Donz . .
Dorf . .
Dr . . .
Drap. .
Dum. .
Dup. . .
Kdw. . .
Kib. ..
Engr. .
Ksp . . .
Kv . . . .
Fab...
Fal . . .
Feislh.
Fisoh..
Fleisch
Flet. . .
Forst. .
Fr. ...
F. R..
Frey . .
Fri
Frlsch .
Frlw. .
Frr. ..
Frœl . .
Fucbs.
Fues. .
F. W.
G
Gart...
Gauck.
Ge. ...
(îeof. .
Germ. .
Gern. .
Gernig,
Gii. ...
G for ..
Gleisz.
Cyrille.
Dalmann.
Dannhel.
Dardouin.
Daub.
Doubleday.
Deprunner.
Devilliers.
Douglas.
DoQovan.
Donzel .
Dorfmeistcr.
Drury.
Draparnaud.
Dujnéril.
Duponchel.
Fdwards.
Kibisch .
Kngramelle.
Fsper.
Eversmann.
Fabricius.
Faliou .
Feisthamel.
Fischer.
I^'leischmann.
Fletcher.
Forstero.
Frey.
Fischer de Bœslerstam
Freyer.
F r ion ne t.
Frisch .
Friwaldszky.
Freyer .
Frœllch.
Fuchs.
Fuessly.
Fischer de Waldheim.
G ras lin.
Gartner.
(iauckler.
Gêné.
Geoffroy.
(jîermar.
Gerner.
Gernig.
(ullmer.
(ilorna.
Gleiszner.
— LX —
Gn
Guenée.
Kollm . . .
God
Godard.
Kret
Gœze
Gœze.
Krod....
Goos. . . .
Goossens.
Kùhl ....
Goss ....
Goss.
L
Gra
Graells.
Lah
Grasl....
Grasiin (de).
I.ambil . .
Grieb ...
Griebel.
I.ang
Grif
Grlfiilh.
l.asp
Grosz . . .
Grosz-Sleyr.
Lat......
Grusz . . .
Grusz.
Ld
Gss
Goossens.
Led
Gue
Guenée.
Lef
Haase
Haase.
Lepecli . .
Hab
Habich.
Lcw
Har
Harrls.
Lleb ....
Hatcli. ..
Halchett.
Lj
Haw
Haworth.
Luc
Hawes. ..
Hawes.
Mab
Hb
Hûbner.
Mail
Hbsl. ...
Herbst.
Marsh...
Heeg. ...
Heeger.
Mari. ...
Hein
Heinemann.
M.-D....
Hel
Hellins.
Meig. ...
Her
Herlng.
Mieg....
Herbst. . .
Herbst.
Mén
Hey
Heyne.
Mer
Heyd....
Heyden.
Meiz. ...
Hew
Hewilson.
MU
H.G....
Hûbner et Gcyer.
Mn
Himmtg .
Himmighofen.
Morr
Hof
Hofner.
Mory
Hofm. ..
Hofmann.
Mail
Hofmsff. .
Hoiîmanseg.
Mfis
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Nat
Holm....
Holmgren.
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Horm
Hormuzakl.
Nick
Horn
Hornig.
Noick....
H.S....
Herricli-Schœffer.
Nord....
Hufn.,..
Hufnagci.
Now
Hum. . . .
Hummel.
0
Humph. .
Humphrey.
Ob
Hw. ...
Haworth.
Ochs
Il
llllger.
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Pabst....
Joan. .. .
.loannis (de).
Pack
K
Kirby.
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Keferslcln.
Panz ....
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Kindermann.
Par
Kir
Kirby.
Pas
Klee
Kleemann.
Payk....
KI,.K....
Klug.
Pet
Kn
Knoch.
Peyer
Kol
Kollar.
Pler
KoIImorgeD.
Krelschmar.
Krodel.
Kûhlweln.
Linné.
Laharpe.
Lamblllion.
Lang.
Laspeyres.
Latreltle.
Lederer.
Lederer .
Lefebvre.
Lepechin.
Lewln .
Llebmann.
Ljung.
Lucas.
Mabllle.
Maillard.
Marsbam.
Martorell.
Meyer-Dûrr.
Meïgen.
M léger.
Ménetrles.
Merrin.
Melzner.
Minière.
Mann.
Morrlsson.
Mory.
Mûller.
MûssehI.
Naturfescher.
Newmann.
Nlckerl.
Noicken .
Nordmann.
Nowickl.
Oohsenhelmer.
Oberlhûr.
Ochsenhelmer.
Osbeck.
Pabst.
Packard.
Pallas.
Panzer.
Parreyss .
Passerlnl.
Paykul.
Petagna.
Peyerlmhoff (De)
Plerrct.
— LXl —
Pli....
Poda . .
Por. ..
Pouj. .
Poul .
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Ppilt .
PPUD . . .
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Quœd. .
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Hatz. . .
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Hœs . . .
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Koug. .
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Sand. .
Scli . . .
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Schhim.
Schmtd .
Sclin . .
Schœf .
Sclîoy .
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Schw.
Scop . .
Sorib.
Sciid .
Seeb.
Sel...
Sél. . .
Sepp .
Sich..
«leg .
Siep. .
Sig. . .
Silb..
Piller.
SIev
Poda.
Sod
Ponltt.
Som
Pou jade.
Sp
Poutton .
Spang. ..
Praun.
Spey....
PrlUwUz.
Staud. . .
Prunner.
Sldgr
Pûngeler.
Stdfsz . . .
Quœdvlleg.
Slef
Quensel.
Sleph . . .
Hambur.
Sleud . . .
Ragonot .
Stgr
Hambur.
Slrœm . .
Ratzeburg.
Sulz.....
Hambur.
S. V....
Rebel.
Relzlus.
Sw
Reuli.
Tausch. .
Ruhl-Heyne.
Tengsl. . .
Rœsel.
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Rœssler.
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Rossi.
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Rottemburg.
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Hougcmonl .
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Houasl.
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Sandberg.
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Schilde.
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Schiffermûller.
Vog
Schlœgep.
Voll
Schl u m berger.
W
Schmid.
Wag. ...
Schneider.
Wal
Schœffer.
Walck . . .
Schoyen.
Wag. ...
Schrank.
Wck. ...
Schwartz.
Wrrn . . .
Scopoli.
Wernb . .
Scriba.
West....
Scudder.
Wild. ...
Seebold .
Wilk....
Sellon.
VV.-V. ..
Sélys (de)
Sepp.
Zck
Sichel.
Zel
Siegel.
Zet
Siepl.
Zlm
Slgmnnd.
Zinck....
Siibcrmann.
Zn
SIevogl.
Sodof.
Sommer.
Spuler.
Spangberg.
Speyer.
Slaudinger.
Slaudinger.
Slandfusz.
Slefanelli.
Stephens.
Steudel.
Slaudinger.
Strœm .
Sulzer.
Syslemalisches Verzeich-
nisz (Schiiïerinûller).
Swinton.
Tauscher.
Tengstrœm .
Tengstrœm .
Thunberg.
Thurau.
Treilschke.
ïrimen.
Urban (d').
Vieweg .
Villers.
Vogel.
Voll.
Wilde.
Wagner.
Wallengreen.
Walckenaer.
Wagner.
Wocke.
Werner.
Wernb.
Weslwood .
Wilde.
Wilkinson .
Wiener Yeizeichnisz (Schiffer-
mûller et Denis).
Zincken.
Zeller.
Zellerstedt.
Zimmermann.
Zincken .
Zincken.
LX!I —
ABRÉVIATIONS ET SIGNES CONVENTIONNELS
Ab Aberration.
Acci.iJ Accidentel.
An Année.
A ut Automnal.
Bibl Bibliographie.
Col. ou color. Colorié.
Ëc Ëcailleuse (patle\
Est Estival.
l'^x Exemplaire .
Fig Figure.
Il Haute.
ibid Ibidem (au même
endroit, dans le même ouvrage
ou la même revue).
Invis Invisible à l'œil nu.
AC Assez commun.
C <'ommun.
TC Très commun .
r: Est.
N Nord.
W Ouest.
S Sud.
Loc. cit Loco citato k l'en-
droit cité plus haat dans la description
ou plus bas dans la Bibiiograpbie
Membr Membraneuse. Paue.
N Noir.
CËst Estival.
I*. et p Page.
Par Parasite.
V\ Planche.
P. p Pro parle («n partie).
Sup Supplément.
ï Tome.
Var Variété.
Vd Voyez.
Ver Vernal.
Vol Volume.
AR Assez rare.
Il Bare.
TH Très rare.
! Très probable.
V Très douteux ou inconau.
* Visible k la loupe (D
— è.
Nota. — Les dimensions (longueur et largeur) sont évaluées en
centimètres.
(1) Dans les diagnnscs et la description dc.H espèces, nous avons écarté k
dessein le& instruments donnant un trop fort grossissement. On se contentera
donc, lorsqu'il en sera besoin, d'une loupe ordinaire ou d'un simple compte-fils
TABLEAU GÉNÉRAL
NOTA. — Certaines larves de Tenthredinidœ ou fausses chenilles
(Hyménoptères) ressemblent à s'y méprendre à celles des Lépidoptères.
On les reconnaîtra par les caractères suivants : la léte de ces larves ne
porte qu'un œil chaque côté et les pattes membraneuses, qui peuvent
être au nombre de 0, 2, 12, 14 ou 16, ne sont jamais terminées à leur
extrémité par une couronne de crochets.
4. — Chenille à 16 pattes i
— Chenille à 14 pattes — Bomhyces ; Nocluœ ; i Geometrœ
(Rumia). XVIll® Groupe — Cuspidatœ.
— Chenille à 12 pattes — Nocluœ ; lieomeirœ (Metrocampa
et Ellopia). XX« Groupe — Minores.
— Chenille à 10 pattes (I) — Geomelrœ.
XX« Groupe — Minores.
2. — Pattes membraneuses également développées . . * . 3
— Pattes membraneuses inégalement développées, mais
une ou plusieurs paires visiblement plus petites. . 16
3. — Chenille à corps allongé, cylindrique (comme on se la
figure d'ordinaire) 4
— Chenille très raccourcie ou allongée, mais dans ce cas
de forme assez singulière 14
(1) On serait leiilé, & première vue, de mettre dans ce groupe une Noc-
tuelle, Thalpochares sciluia R., qui a les pâlies annles réduites à leur couronne ;
mais, en réalité, elle fait partie des espèces à 12 pattes. Du reste, voici, à
l'usage des débutants qui pourraient parfois s'en rapporter seulement aux appa-
rences, un petit tableau capable de lever toute inceriitude :
i. — Chenille n'ayant que 6 pattes bien apparentes, les membraneuses étant
fort peu développées 2
— Chenille sans pattes bien apparentes, ramassées en cloportes. — Yd.
V" Groupe : Onîsci formes- Bombyces (Cochlidion et ileterogenea).
2. — Chenille dans un fourreau. — Vd. XV* Groupe: Saccophorœ.
— Chenille libre, ramassée en cloporte. Yd. V* Groupe : Onisciforroes-
Bombyccs (Cochlidion et Heterogenea).
-^ 2 —
4. — Corps ni vermifornie ni décoloré K
— Corps vermiforme, décoloré, presque toujours avec un
écusson sur le premier anneau et des trapézoïdaux bien
visibles. Chenilles vivant le plus souvent à Tintérieur
des tiges ou dans les racines — Sphinges ; rares Bom-
byces ; Nocluœ. Xll^ Groupe — Ver mif ormes.
5. — Des tentacules rétractiles derrière la tête (i) ou une
corne sur le 1 h anneau (i) , 6
— Ni tentacules derrière la tète, ni corne sur le 1 1^ anneau 7
6. — Des tentacules rétractiles derrière la tète — Rhopalocera,
i^r (înouPE — Tentaculatse.
— Une corne sur le 1 1® anneau — Sphinges.
XU Groupe — Caninculatae.
7. — Corps avec un ou plusieurs prolongements charnus, pyra
m ides, bosses, saillies ou boutons — Wiopalocera ;
Sphinges (Chœrocampa porcellus et Pterogon proser-
pina); Bombyces; Nociuœ, XVl^' Groupe — Erectae.
— Corps sans prolongements ni saillies quelconques . 8
8. — Corps couvert d'épines ou de poils, mais ceux ci géné-
ralement épais et longs, groupés régulièrement en
étoiles, verticilles, etc., ou non 9
— Corps simplement pubescent (c'est à dire à nombreux
poils très courts, ou à poils assez longs, mais isolés,
généralement sur des points verruqueux) ou glabre 1 1
9. — Des épines qui sont directement implantées sur la peau,
presque toujours rameuses — Wiopalocera, i Bombyces
(Aglia tau, jeune); / Noctuœ (CuculliaartemisiaiHufn.).
V11I« Groupe — Spinosœ.
— Pas d'épines, mais simplement des poils 10
10. - Poils groupés régulièrement en verticilles (Verticillalœ)
ou en étoiles (SteUalœ) — Rares Sp/iingides; Bombyces;
Noctuœ. XVl« Groupe — Verticillatœ
(1) Ce caractère n'est généralement visible que lorsque l'animal est inquiété.
(2) Il ne faut pas confondre la corne avec une pyramide très pointue ou avec
une épine.
— 8 —
— PoiJs groupés irrégulièreraenl, doDiiant généralement
au corps un aspect drapé (parfois, comme chez Acro-
nycta aceris, ils sont placés sur des verrues et sem-
blent à première vue verticillés) — i Ithopaloceia
(Aporia cratœgi L.) ; Bombi/ces ; rares Noctuœ,
II« Groupe — Pannosao.
11. — Corps visiblement pubescent, à poils nombreux, mais
courts — Rhopalocera; 2 Bombyces (Bryophila mura-
lis et Endrosa aurita) ; 1 Noctuœ (Cucullia santoli-
me R.). 111^ Groupe — Granulossa.
— Corps non visiblement pubescent ou avec des poils,
mais ceux-ci isolés sur les points trapézoïdaux et
généralement courts i â
12. — Un écusson corné sur le 1®^ anneau ou des points
trapézoïdaux sur le corps, généralement les deux
à la fois 13
— Ni écusson, ni trapézoïdaux bien visibles.
IVo Groupe — Nudœ.
13. — Un écusson corné sur le I<^' anneau (I). Sphinges ; quel-
ques Bombyces; iSociuœ, Xni® Groupe — ScutatfiB.
— Ecusson nul ou très effacé, mais trapézoïdaux bien
visibles — Rares Sp^nnaes ; quelques lionibyces ;
?i()ctnœ, XIV® Groupe — VerrucosSB.
14. — Corps en forme de limace ou de poisson, c'est-à-
dire fortement atténué à la partie postérieure, le
plus souvent avec deux pointes caudales 15
— Corps fortement raccourci et aplati en forme de cloporte
ou décusson — Bhopaloceva ; Bombyces (Cochlidion
et llelerogenea). \^ Groupe — Onisciformes.
— Corps renflé au milieu, en forme de fuseau, générale-
ment à premier anneau étranglé en forme de cou
— Bhopalorera ; liombyces (Lilhosia et Lophopleryx).
X^' Groupe — Tortriciformes.
— Corps raccourci, ordinairement atténué aux deux extré
mités, mais cylindrique et non aplati en cloporte —
/ Hhopalocem (Nemeobius lucina L.) ; Sphinyex.
Vl" Groupe — Globulosaa.
(I) l^our les es{)èces à corps vcrmirorme et décoloré. V'd. XII* Groupe
Vermiformes.
— Corps très singulier, ne pouvant rentrer dans aucun
de ces quatre groupes — Quelques Bombgcn.
IXe Groupe ^ Furoulaa.
15. — Tête surmontée de :2-t grandes cornes d'au moins
8 "V"" de longueur — llhopalocera.
VII® Groupe — CornutaB.
— Tête sans cornes. 1X« Groupe — Furculao.
16* — Chenille vivant dans un fourreau. Presque toujours un
écusson corné bien visible sur chacun des anneaux
1-8. Taille petite, atteignant rarement i centimètres.
— Psi/chidœ. XV« Groupe — Saccophor».
— Chenille libre, sans fourreau. Très souvent des prolon-
gements filamenteux chaque côté du ventre. Taille
épassant 4 cent. — Bombyces (I) (Exœreta ulmi) ;
Noctuœ. XIXo Groupe — Fimbriatao.
(I) Les chenilles de Bombyces, que l'on pourrait faire rentrer dans ce
groupe, ayant généralement des formes bizarres, Vd. IX' Groupe : FurculaB.
RHOPALOGERA
(1)
TABLEAU DES G HOU l 'ES
1. — Chenille régulièrement cylindrique et allongée, comme
ou se la ligure d'ordinaire i
— Chenille très raccourcie ou de forme assez bizarre, en
poisson, limace, fuseau, cloporte ou écusson. ... G
2. — Des tentacules rétractiles derrière la tête ("2).
1^^ Groupe — Tentaculatao
— Pas de tentacules rétractiles derrière la tête 3
3. — Corps avec des prolongements tubuleux, saillies ou bos-
ses, le plus souvent couverts d'épines.
Vlir^ Groupe — Spinosaa
— (^orps sans prolongements tubuleux, mais parfois sim-
plement avec des épines plus ou moins rameuses. . i
4. — Corps couvert d'épines plus ou moins rameuses, ou de
poils assez longs et épais ;>
— Corps simplement pubescent, c'est à-dire à poils courts,
mais visibles. 111'^ Groupe — Granulosaa
— Corps glabre ou simplement velouté, rayé longitudina-
lenienl ou non. iV« Groupe — NudSB
5. — \jQ corps est couvert d'épines nombreuses et fortes, di-
rectement implantées sur la peau.
Vlll« Groupe — Spinosao
(1) Toutes les chenilles de Rhopaiocères ont 16 pâlies bien développées.
(2; Ce cnraclpro est parfois ]}cu visible à première vue cbez les Tkaïs. car
il peut f^lre masqué pir les prulongements l'bariiuiii qui couvrent le corps des
espèces de ce genre.
- 6 -
— Le corps porte des poils nombreux, de diverses lon-
gueurs et irrégulièrement groupés, ce qui lui donne
un aspect un peu drapé. il® Groupe — Pannosœ
6. — Corps pisciforme ou limaciforme, c'est à dire forte-
ment atténué à la partie postérieure (I) 7
— Corps fusiforme, c'est à dire renflé au milieu, avec le
1*' anneau étranglé en forme de cou (excepté Heterop-
terus morpheus) et presque toujours discolore ou ma-
culé. X« Groupe — Tortriciformes
— Corps très court, atténué aux deux extrémités, le plus
souvent en cloporte ou en écusson 9
7. — Le corps est terminé par deux pointes caudales (i).
Pas de tentacules rétractiles derrière la tête. ... 8
— Le corps n'est pas terminé par deux pointes caudales.
Des tentacules rétractiles derrière la tête.
l*=r Groupe — Tentaculatœ
8. — Tête surmontée de ^ à i grandes cornes.
VIK Groupe — Gornutae
— Tête non cornue. IX® Groupe — Furculae
9. — Corps en cloporte ou en écusson, c'est-à-dire aplati,
très court et très large, à dos anguleux ou convexe.
V« (moupE — Onisciformes
— Corps court, mais cylindrique.
Vl^' Groupe — Globulosas
(i- Chez. Cœuouymphn tiphon Rotl., le corps ressemble plutôt h une larve
(le Tenthrèâe.
(2) Chez certaines espèces* ces (mirites sont parfois 1res rélrériea, mais le
corps n'alleinl pus 7 iiiillimèlres de larfseiir au niveau du 7* anneau. Au con-
traire, P. podalirius, qui appartient à la diagnose suivante, mesure dans celte
région au moins 9 millim. lorsqu'elle a atteint toute sa taille.
TABLEAU HKS GENRES, ESPÈtlES ET VARIÉTÉS
1er Groupk — TENTACULAT>e
1. — Corps sans émiiiences ni prolongements charnus (I) :2
— Corps avec des saillies, éminenres ou prolongements
tubuleux p!us ou moins poilus ou épineux ('!)., 6
2. — Corps fortement atténué postérieurement, limaciforme,
finement pubescent, les côtés généralement marqués
de lignes obliques. I . — Papilio podalirius L.
— Corps allongé, peu ou pas atténué postérieurement,
toujours sans lignes latérales obliques 3
3. — Corps glabre, de teinte verte ou jaune verdâtre, por-
tant sur chaque anneau une bande transversale
noire marquée de taches rouges ou orangées. . . 4
— Corps finement pubescent, au moins sur les côtés,
d un beau noir ; des taches latérales orangées pla
cées en lignes longitudinales o
4. — Tête verte, à 4 traits noirs ; :2® anneau généralement à
() taches orangées, dont i sur la bande noire, les deux
autres en dehors et contiguës ou non à une tache
noire. 3. — l^apilio machaon L.
— Tête noire avec le A vert ou jaune et une tache ou un
trait jaune sur chaque lobe ; t^ anneau n'ayant géné-
ralement que 4 taches orangées.
il. — Papilio alexanor Esp.
(1) P. hospiton porte des saillies Jaunes aiguës, mas peu nettes, au moins
avant la 3* mue ; cependant celles qui sont sur le dos des anneaux 2 et sur-
tout 1 1 sont plus distinctes.
(2) La chenille de P. machaon, lorsqu'elle est jeune, possède des tubercules,
mais elle est no're avec des épines rouges et une l»irge fâche pâle sur les an-
neaux 0 et 7 ou cendré bleudtre avec des banJes trunsverses noires marquées
de points rouges.
- 8 -
5. — Anneaux Bail marqués chaque côté de 3 taches oran-
ge placées loDgitudiualeinent, celle du milieu plus
petite; anneaux I et 1^ n'ayant ordinairement que i
taches chaque côté. 8. — Parnassius delius Esp.
— Anneaux Hall marqués seulement de i taches, le 1^'
n'en portant qu'une. 9. — l'arncLssius mnemosyne L.
6. — Le corps porte des prolongements tubuleux poilus.
Robe jaunâtre, rougeâtre ou incarnat paie. ... 7
— Le corps ne porte pas de prolongements tubuleux,
mais, seulement des saillies arrondies ou aiguës . 10
7. — Dorsale faite d*une bande jaune ou de i rangs de
traits noirs longitudinaux. Prolongements jaunes
ou jaune rougeàtre à poils noirs 8
— Dorsale nulle ou faite d'une bande brune. Prolonge-
ments ordinairement noirs, au moins au bout, rare-
ment en entier rougeàtres 0
8. — Le dos porte une large bande jaune bordée chaque côté
par un rang de traits longitudinaux noirs. Tète jaune
marquée de noir. 6. — TImîs rumina L.
— Le dos ne porte pas de large bande jaune bordée par
des traits noirs. Tête noire et gris verdâtre.
0. — Thaïs tar. medesicastes II.
9. — Prolongements tubuleux à poils jaunâtres. Lignes ordi
naires nulles. o. — TkaU pohjxena Ochs.
— Prolongements tubuleux ù poils noirs. l<ne bande dor-
sale brune cl un lang latéral de tuclies noires;
n. — Thau car. vassandrn Hb.
10. — Uobe noir velours, à saillies bleu d'acier. Des taches
jaune rouge disposées en lignes longitudinales.
7. — Parnassius apoUo L.
— Robe vert cLiir ù lignes noires interrompues, à très
petites saillies jaunâtres. Dos taches jaune orange ou
rouges disposées sur un rang sous dorsal et sur un
stigmatal. 4. — PapHio liospiton Gêné.
Ile Groupe — PANNOS>E
Une seule espèce : Àporia craUegi L. — Vd. HP Gholpe — Granulosaa
- 9 —
III« JGnovPE — GRANULOS>E
1. — Corps ramassé, assez court, à un rang sous-dorsal de
verrues jaune rouge et un rang de traits dorsaux noirs ;
poils bien visibles. 8t). — Nemeohius lucina L.
— Corps allongé, sans rang sous dorsal de verrues
jaune rouge, mais parfois è une bande sous dorsale
lauve i
2. T- Corps fortement poilu, comme drapé, à une large bande
sous-dorsale fauve. 10. — Aporia cratœgi L.
— Corps simplement pu|)escent, velouté ou subglabre,
de couleur pâle, sans large bande sous-dorsale
fauve 3
8. — Corps n'ayant comme ligne que la stigmatale (I) qui
est, dans quelques espèces, surélevée, et il est en
général très finement granulé, chagriné ou atome
de noir 4
— Corps ayant dorsale ou sous dorsale (ou les deux à
la fois), avec ou sans stigmatale, et presque tou-
jours à taches noires bien visibles .13
4. — Stigmatale surmontée d'une ligne rouge vif ou bor-
dée inférieuremenl de noir 5
— Stigmatale sans ces caractères 6
5. — Stigmatale surmontée d'une ligne rouge vif.
itiK — Euchloe tagU Hb.
— Stigmatale nettement bordée de noir à la partie infé
rieure. !J3. — Collas palœno L.
6. — Stigmatale continue, ou à peine interrompue aux
incisions 7
— Stigmatale faite d'une tache jaune sur chaque anneau.
(^orps vert bleu mat, à stigmates brun clair bordés
de noir. 13. — Pieris ergane H.-G,
7. — Stigmatale jaune 8
— Stigmatale blanche ou vert très pftle 9
(1) Parfoii elle n'est faiie que de taches ou fortement interrompue.
— 10 —
8. — Corps granulé de blanc et atome de noir, à incisions eu
général bien nettes. li.. — PievU napi L.
— Cotps très peu ou pas granulé de blanc, mais simple-
ment atome de noir. 30. — Leptidia sinapis L.
9. — Corps visiblement pubescent, très finement pointillé
de noir (peu parfois chez pA/comon<') 10
— Corps peu visiblement pubescent, très finement cha-
griné de noir. Stigmates vert sombre 1:2
10. — Corps ayant au moins o mil. de largeur Il
— Corps n'ayant guère au plus que 4 mil. o de largeur.
Stigmatale continue, blanche, fondue à la partie su-
périeure. 21. — ËuchJoe cardamines L.
11. — Stigmates noirs placés sur une tache jaune.
:24. — Colids phicomone Es p.
— Stigmates blancs, finement cerclés de noir.
il. — dolias myrmidone Esp.
12. — Sommet de la tête avec un amas de granulations. Stig-
matale blanche, ordinairement bien nette. Corps vert,
plutôt bleuâtre sur le dos.
±\}, — Gonepienjx cleopatra L.
— Sommet de la tète sans amas de granulations. Stigma-
tale blanche ou vert très pâle, au moins antérieure-
ment. (]orps simplement vert.
i8. — Gonepierycc rhamni L.
13. — Au moins une dorsale li
— Dorsale nulle itî
14. — Dorsale blanche ou jaune lo
— Dorsale vert sombre. Corps alonié de noir it\
— Dorsale rouge, bleue ou violette. Stigmatale blauche
ou rouge, souvent bleue à lu partie supérieure.
J8. — Èitchloe beliaCr,
15. — Corps avec de grosses taches noires, au moins dans
une des régions dorsale ou sous-dorsale 16
— Corps simplement atome de noir, rarement avec
quelques atomes un peu grands 19
16. — Stigmates blancs ou blanc bleuâtre. Taches noires,
généralement de grosseur différente et placées
plus ou moins irrégulièrement, non réparties sur
un rang sous dorsal 17
— Stigmates noirs ou bruns. Taches noires régulières et
placées i par anneau en formant sous-dorsale.
87. — Libythea ceUis Fab.
17. — Dorsale unique, jaune. Tête verdâtre ou bleuâtre,
pointillée ou granulée de noir 18
^— Dorsale double, blanche, parfois tachée de jaune. Tête
gris bleuâtre bordée de jaune ou à une tache jaune
sur les côtés. IS. — Pieris cailidice Esp.
18. — Dorsale large, occupant toute la région du dos. Stigma-
tale faite de i tacnes noires par anneau, ces taches
quelquefois confluentes. Tête assez luisante. Taille
2-6. -iâ. — Euchloe euphenoidcs Stdgr.
— Dorsale assez étroite. Stigmatale jaune, continue. Tête
généralement mate. Taille 3-4, o.
11. — PierU brassicœ L.
19. — Dorsale continue, assez fine, jaune ou blanc jaunâtre. 20
— Dorsale ordinairement nette seulement sur les 4 ou o
premiers anneaux, blanche. Stigmatale continue,
fondue au bord supérieur.
41. — Euchloe cardamines L.
20. - Stigmates blancs cerclés de noir. Stigmatale plus ou
moins continue ou faite de taches. Long. "l-S,
14. — Vieris rapœ L.
— Stigmates jaune rouge. Stigmatale coupée de points
rouges ou ponctuée de bleuâtre. Lone. 3, 5-4.
26. — Lolias edusa Fab.
21. — Sligmatale jaune, le plus souvent marquée d'une tache
rougeâtre sur chaque anneau.
30. — Leptidia sinapis L.
— Stigmatale blanche^ 27. — Colias myrmidone Esp.
22. — Sous-dorsale blanche surmontée d'une ligne bleue
ou rouge vif . 23
— Sous-dorsale non surmontée d'une ligne bleue ou
rouge 24
1
— 12 —
23. — Stigmatale jaune, sous-dorsale surmontée d*une ligne
bleue. Entre les deux lignes se trouve un rang de
points noirs. !2i. — Euchloe euphenoides L.
— Stigmatale nulle. Sous dorsale surmontée d'une ligne
rouge vif. iU. — - Euchloe tagU Hb.
24. — Tête largement marquée de jaune 23
— Tête vert sombre, non marquée de jaune, mais simple-
ment granulée ou atomée de noir.
ily, — Co/i(w hyale L.
25. — Stigmates blanc bleuâtre. Tête gris bleuâtre entourée
de jaune ou à4ine tache latérale jaune. Sous dorsale
ordinairement blanche, parfois marquée de jaune
antérieurement. 15. — Pieris cailidice Esp.
— Stigmates noirs. Tète vert clair, avec l-û traits jaunes
sur les côtés. Sous-dorsale jaune.
IG. — ■ IHeris daplidice L.
I\> Ghoipe. - NUD>E
1. — Le corps ne porte comme ligne que la stigmatale,
qui est parfois surélevée 2
— Le corps porte une dorsale ou une sous dorsale, sou-
vent les deux à la fois, avec ou sans stigmatale,
celte dernière ordinairement marquée de taches
ou points aurore 7
2. — Stigmatale non bordée de noir à la partie inférieure. 3
— Stigmatale bordée de noir à la partie inférieure.
û*^, — CoUas palœno L.
3. — Stigmatale jaune, continue 4
— Stigmatale blanche ou vert pâle 5
4. — Corps granulé de blanc et atome de noir, à incisions
ordinairement bien nettes. 14. — Pieris napi L.
— Corps peu ou pas granulé de blanc, simplement atome
de noir. H(L — Leptidia sinapis L.
5. — Stigmates noirs, placés sur une tache jaune. Corps
très fiiiement pointillé de noir.
2i. — Colias phicomone Esp.
- 43 -
— Stigmates vert sombre. Corps finement chagriné de
noirâtre 6
6. — Sommet de la tête avec un amas de granulations.
HiK — Gonepteryx cleopalra L.
— Sommet de la tète sans amas de granulations.
:2S. — Gonepteryx rhamni L.
7. — Dorsale vert sombre. 80. — Leplidia sinapis L.
— Dorsale pâle, le plus souvent jaune.
05, — Collas edusa Fab.
V Groupe — ONISCIFORMES
1. — Côtés du corps, surtout région sous-dorsale, marqués
de lignes obliques "1
— Côtés du corps sans lignes obliques 34
2. — La couleur dominante du corps est le vert ou un de
ses tons rompus 3
— La couleur du corps est tout autre, jaune, blanc
jaune, rouge fauve, etc. ( I ) ..*... :23
3. — Dorsale, unique ou non, mais continue ou à peine
interrompue aux incisions 4
— Dorsale fortement interrompue, faite de taches
on nure 19
4. — Les anneaux o a 8 ne sont pas marqués chaque côté
de la dorsale de taches rouge plus ou moins sombre «S
— Chacun des anneaux ;» à 8 porte chaque côté de la dor-
sale une tache rouge. Tête jaune à deux points noirs.
Ht). — Thecla pruni L.
5. — (^orps à pubescence bien nette 0
— Corps d'aspect plutôt velouté 17
6. — Dorsale double, jaune 7
— Dorsale unique, jamais jaune 8
(1; Parfois, inuis très rarement, li y a un peu de vrrt. mais celle teinte
n'est répartie que sur de petits espaces plus ou moins isolés.
- 14 —
7. — Dorsales élevées, saillantes, faisant une tache triangu-
laire sur le premier anneau. Stigmatale nulle, parfois
remplacée par des lignes obliques.
39. — Zephyrus belulœ L.
— Dorsales ordinairement non saillantes, très écartées, ne
faisant pas de tache triangulaire sur le premier
anneau. 3o. — Tliecla acacicB Fab.
8. — Dorsale rouge vineux ou brun pourpre 9
— Dorsale d'autre couleur, verte ou brune, ces teintes
souvent très obscures, noires II
9. — Sligmatale rouge pourpre, continue, faisant souvent
tout le tour du corps. Dorsale brun pourpre, le plus
souvent marquée de taches noires.
6t). — Lycœna aslratche Brgstr.
— Sligmatale nulle ou rouge vineux, brun rouge ou
jaune, mais alors ne faisant jamais tout le tour
du corps 10
10. — Chevrons sombres, vert foncé ou brun noir. Corps
crête sur le dos. 48. — Chrysophanus dorilis Hufn.
— Chevrons clairs, blanchâtres ou vert jaunâtre. Corps
ordinairement arrondi.
ly^. — Lycœna aryyroynomon Brgstr.
11. — Sligmatale blanche ou jaune, continue 12
— Sligmatale rouge vineux, brun rouge ou nulle . . .16
12. — Un point rosé au milieu de chaque anneau (parfois
effacé). Dorsale vert brun, bordée de blanchâtre, la
sligmatale bordée de rosé à la partie supérieure.
o8. — Lycœna orbilulus Prun.
— Pas de point rosé au milieu de chaque anneau . . .13
13. — Dorsale ne coupant pas de taches triangulaires jau-
nes ou claires 14
— Dorsale vert foncé, coupant des taches triangulaires
jaunâtres. Sligmatale jaunâtre.
43. — Chrysophanns thevsamon Esp.
14. — Chevrons plus pâles que le fond, blancs ou verdâlres.
Dorsale vert sombre bordée de clair.
64. — Lycœna icarus Rott.
- 18 -^
— Chevrons plus sombres aue le fond, brun, gris ou
vert obscur. Dorsale orainairenient non bordée. . io
15. — Sous-dorsale fine continue, verte. Stigmatale large,
continue, blanche. 80. — Lyccena metanops B.
— Sous-dorsale nulle. Stigmatale jaune.
48. — Chrysophanus donlis Hufn.
16. — Stigmatale rouge vineux ou nulle.
48. -— Chrysophanus donlis Hufn.
— Stigmatale brun rouge, continue. Dorsale brun noir
coupant des taches triangulaires.
5/». — Lycœna argyrognomon Brgstr.
17. — Dorsale jaune ou vert jaunâtre 18
— Dorsale vert sombre ou brun rouge, fine. Un rangsous-
dorsai de taches rouges. 77. — Lycœna minima Fues.
18. — Stigmatale jaune blanchâtre, continue. Sous-dorsale
jaune, séparée de la dorsale par des trapézoïdaux
jaunâtres ou rougeâtres. i\û, — Thecla spini Schiff.
— Stigmatale vert clair. Sous-dorsale nulle ; pas de trapé-
zoïdaux jaunes ou rougeâtres.
49. — Lampides bœlicus L.
19. — Dos sans rangées de fines saillies blanches .... iO
— Dos avec deux rangs de fines saillies blanches.
33. — Thecla W. album Knoch.
20. — Stigmatale continue ou faite de taches 21
— Stigmatale faite d'un rang de lignes obliques, très
effacée ou nulle ^2
21. — Corps à nubescence bien visible, le dos marqué d'un
rang ae taches triangulaires. Stigmatale continue,
fine, vert sombre. 79. — Lycœna cyllarus Rott.
— Corps à pubescence très courte, peu ou pas visible. Ordi-
nairement pas de taches triangulaires sur le dos. Stig-
matale interrompue, large. 74. — lycœna iolas Ochs,
22. — Dorsale rouge violacé ou noire, coupant des taches trian
gulaires. Corps à pubescence bien visible. Deux boutons
jaunes sur le \\^ anneau. 52. — Lycœna argus L.
- 16 -
— Dorsale faite d'un rang de taches jaunes ou vertes, ou
nulle. Corps à pubescence très courte, ordinairement
peu visible. 3i. — Thecla ilicis Esp.
28. — Dorsale continue ou subcontinue (parfois aussi chez
une var. de ci/llarus) ii
— Dorsale interrompue ou faite de taches, très rare-
ment nulle M
24. — Pubescence généralement bien visible (1) 1}\
-— 7 Pubescence extrêmement courte, donnant au corps
un aspect plutôt velouté 31
25. — Dorsale bleuâtre bordée de rose chaque côté, puis sui-
vie de brun rouge ou de violet pourî)re.
il. — Timior ballus F'àh,
— Dorsale sans ces caractères :2G
26. — Robe rouge pourpre, carné, fauve, rouge brun ou
violacé 27
— Robe gris sale ou gris bleuâtre :29
27. — Dorsale noire coupant des taches en triangle, la tache
du premier anneau blanc jaunâtre. (Chevrons noirs ou
roux sombre. :)8. — Zepht/rus quercus \j,
— Dorsale rouge vineux ; dos sans taches triangulaires. 58
28. — Robe rouge pourpre ou jaune rouge, à dorsale et stig-
mntale concolores, mais tranchant généralement peu
sur le fond. oO. — fMinpides lelicanus Lang.
— Robe rouge brun ou violacé, la dorsale au moins bien
nette. 48. — Chrysophanus dorilis Hufn.
29. — Des taches triangulaires pâles coupées par une dorsale
brun noir ou rouge vineux. Sligmatale continue brun
rouge. îiH. — Lycœna anjyroynomon Rrgstr.
— Pas de taches triangulaires blanchâtres sur le dos. 3l>
30. — Dorsale rouge vineux plus ou moins sombre. Stigmalale
rouge vineux, jaune ou nulle.
48. — ChrysopJiajius dorilis Hufn.
(1) Ce caract^^ro, quoique assez consiant, n'est pas luujours salisfaisant ;
dans le doute, on essaiera la coupe suivante.
^ 17 —
— Dorsale verte, assez large. Stigmatale large, continue,
blanche. 80. — Lycœna melanops B.
81. — Dorsale large, rouge. Stigmatale gris brun, cette teinte
souvent violacée ou rougeâtre.
49. — Lampides bœticus L.
— Dorsale fine, brun rouge sombre, stigmatale sombre,
bordée de blanc. 77. — Lycœna minima Fues.
32. — Pubescence bien visible. Dorsale presque toujours
rougeâtre ou violacée 33
— Pubescence très courte ; corps d'aspect velouté. Dorsale
noire. 7i. — Lycœna iolas Ochs,
33. — Stigmatale continue. Chevrons jaunâtres, en général
bien nets. Dorsale fine, rougeâtre.
79. — Lycœna cyllarus Rott. Var,
— Stigmulale nulle. Chevrons ordinairement très effacés
ou subnuls. Dorsale faite de taches en triangle. Deux
boutons jaunes sur le 1 1® anneau.
5:2. — Ijycœna aryus L.
34. — Corps à teinte dominante verte. 3o
— Corps sans teinte verte, le plus souvent incarnat,
brun rouge ou jaune brun 6^
35. — Corps avec deux rangs dorsaux de gros bourgeons
jaunes, ou marqué de nombreuses taches blanches. 36
— Corps sans ces caractères 37
36. — Deux rangs dorsaux de gros bourgeons jaunes.
iû. — Chrysophfimis tiryaureœ L.
— De nombreuses taches blanches sur fond vert brillant.
4i. — Chrysophanus dispar. Ha^^^
37. — Un rang sous dorsal de belles taches jaunes. ... 38
— Pas de rang sous-dorsal de belles taches jaunes. . 39
38. — Corps vert sombre plus ou moins môle de. brun, à dor-
sale gris noir et stigmatale blanche ou jaune.
G6. — Lycœna hylas Esp.
— Corps vert à dorsale vert sombre ou nulle et stigmatale
continue, jaune. 70. — Lycœna corydon Poda.
— 18 -
09. — Dorsale continue ou subconttnue iO
— Dorsale très interrompue, faite de taches ou nulle. o7
40. — Deux dorsales 41
— Une seule dorsale 42
41. — Les deux dorsales sont jaunes, très écartées. Sous-
dorsale nulle. Stigmatale jaune.
3o. — Thecla acaciœ Fab.
— Les deux dorsales sont brunes ou vert foncé. Sous-
dorsale et stigmatale brunes ou vert sombre.
46. — Chrysophanus alciphron Rott.
42. — Corps à pubescence assez longue, bien visible (par
fois veloutée par aberration) 43
— Corps à pubescence très courte, d'aspect velouté . . 53
43. — Stigmatale nulle 4i
— Stigmatale non nulle 4o
44. — Dorsale et sous-dorsale vert souvent sombre.
51. -— Lycœna avgiades Pal.
— Dorsale rouille. Sous-dorsale nulle.
83. — Lycœna avion L.
45. — Région sous-dorsale avec des dessins (lignes, taches
on points), parfois seulement plus pâle que le reste
du corps, mais ce pâle bien tranché (qlielquefois
aussi chez damon et arcas) 46
— Région sous-dorsale absolument sans dessins ... 49
46. — Dorsale d'un vert plus ou moins sombre 47
— Dorsale de toute autre couleur, rouge, brun rouge,
jaune, etc. Stigmates blancs ou jaunâtres .... 48
47. — L^n rang sous dorsal de taches triangulaires jaune rouge.
Dorsale étroite. Stigmatale jaune, bordée de noir
inférieurement. 69. — Lyapna beilargus Rott.
— Pas de rang sous-dorsal de taches jaune rouge, mais seu-
lement la région plus pâle (rarement une sous-dorsale
continue, vert sombre). Dorsale large (I).
73. — Lycœna damon Schiff. et 8i, arcas Rott.
(1) La murphologie de ces deux espèces est liés uniforme e( il n'existe guère
de caraclère assez constant qui per nielle de les difTérencier facileiueni.
- 1Ô -
48. — Dorsale bordée de sombre. Des points sous-dorsaux rou-
ges ou des taches en triangle blanches ou vert clair.
37. — Callophrys rubi L.
— Dorsale bordée de blanc. Sous-dorsale plus ou moins
effacée, brun rouge 65. — Lycœna amanda Schr.
49. — Dorsale rouge^ brun rouge ou jaune 50
— Dorsale vert plus ou moins foncé, brune ou noire . 51
50. — Stigmatale rouge ou jaune.
47. — Chiysophanu,^ phlœas h .
— Stigmatale blanchâtre. Dorsale bordée de blanc.
65. — L} cœna amanda Schr.
51. — Stigmatale blanche ou jaune oi
— Stigmatale sombre, les stigmates brun noir.
78. — Lfjcœna semi argus Rotl.
52. — Le. dos porte des taches triangulaires jaunes, ces taches
coupées par la dorsale. Ordinairement des bourgeons
jaunâtres. 4S. — Chvj/sophanus tkersamon Esp.
— Le dos ne porte pas de taches triangulaires jaunes.
Corps à incisions blanchâtres.
45. — Chryxophafius hippothoe L.
53. — Des taches dorsales triangulaires coupées par la dor-
sale, celle-ci rouge, violet ou carmin 54
— Pas de taches dorsales triangulaires coupées par la
dorsale, qui est vert sombre ou noirâtre 56
54. - Les taches dorsales triangulaires sont rouges ... 55
— Les taches dorsiles triangulaires sont blanches. Stigma-
tale blanche, liserée de vert en haut et de noir en bas.
85. — Cyaniris argiolus L. tar.
55. — Sous-dorsale faite d'un rang de taches rouge pourpre.
Stigmates noirs. Stigmatale rouge pourpre, continue.
57. — Lycœna orion Pal.
— Sous dorsale nulle. Stigmates blancs. Stigmatale blan
che ou brun rouge, bordée de vert, interrompue.
56. — Lyania bâton rar. panoptes Hb.
e
— 20 --
56. — Un rang sous-dorsal de taches triangulaires.
69. — Lycœna bellargus Roll.
— Un rang sous-dorsal de taches plutôt arrondies.
70. — Lycœna cot^don Poda.
57. — Dorsale non nulle, très interrompue ou faite de
taches 58
— Dorsale nulle. Stigmates blancs 60
58. — Dorsale carmin, rouge violacé ou noirâtre 59
— Dorsale vert foncé. Stigmatale blanchâtre, bordée de
noir en haut. Stigmates blancs.
54. — Lycœna optilete Knoch.
59. — Pubescence longue. Stigmatale nulle. Deux boutons
jaunes sur le 1 1® anneau. 5â. — Lycœna argus L.
— Pubescence courte. Stigmatale blanche ou bruô rouge,
bordée de vert. 56. — Lycœna bâton var, panopUs Hb.
60. — Sous-dorsale non nulle, continue, interrompue ou
faite de taches 61
— Sous dorsale nulle. Stigmatale continue, blanchâtre, bor-
dée de noir en haut. 5i. — Lycœna optilete Knoch.
61. — Pubescence assez longue. Sous-dorsale continue.
44. — Chrysophanus dispar var, rutilus Wernb.
— Pubescence subnulle. Sous-dorsale faite d*un rang de
taches jaunes plus ou moins contiguês.
70. — Lycœna corydon Poda.
62. — Dos du \^^ anneau muni d'un organe glanduleux. Corps
brun pourpre à trapézoïdaux visibles.
Si. — Lycœna euphemus Hb.
— Dos du 1^' anneau sans organe glanduleux .... 63
68. — Un rang sous-dorsal de belles taches jaunes ou
jaune rouge 64
— Pas de rang sous-dorsal de belles taches jaunes ou
jaune rouge 65
64. — Taches sous dorsales d'un beau jaune. Dorsale gris plus
ou moins foncé. 66. — Lycœna hyias Esp.
— Taches sous-dorsales jaune rouge. Dorsale vert sombre.
69 . — Lycœna bellargus Rott.
65. — Un rang dorsal de taches en triangle, ces taches bieit
nettes et ordinairement coupées par une fine dor-
sale 66
-— Pas de rang dorsal de taches en triangle 67
66. — Stigmatale continue, blanche, liserée de noir en haut.
85. — Cyanirii argiolus L.
— Stigmatale nulle. Deux boutons jaunes sur le 1 1® an-
neau. 5i. Lycœna argus L.
67. — Dorsale rouille, continue, rarement un peu interrom-
pue. Corps brun rouge. 83. — Lycœna arion L.
— Dorsale noire, interrompue. Corps jaune brun.
40. — LeosopU roboris Esp.
VI« Groupe - GLOBULOSVE
Une seule espèce : Nrmtobius Uuina L. - \d. 111* Groupe- Grannlosa
VII« Groupk — CORNUTVE
1. — Au moins 4 cornes sur la tête, les ^'médianes plus
longues, â taches dorsales ocellées. Tune sur le 6^
anneau, Tautre sur le b^. Corps sans lignes obliques
sur les côtés. 88. — Charaxes Jasiits L.
— 3 cornes seulement. Pas de taches ocellées. Généra-
lement des lignes obliques sur les côtés â
2. — 4 à 6 points bleus sur le T^anneau. Cornesde 3à imill.
de longueur (I), à extrémité obtuse. Tête plutôt
bleuâtre. 89. — Apatura iris L.
— Pas de points bleus sur le 7^ anneau. Cornes de 5 à 8
niili. , à extrémité bifide (au moins chez ilia). Tête verte.
9(1. — Apatura ilia Schiff. et 91, Apatura métis Frr.
(1 La morphologie de ce» deux espèces esl assez uniforme. I^s différences
dans la longueur et la forme des cornes ne sont pas toujours concluantes ;
le caractère tiré de la présence ou de l'absence des taches bleues, quoique
d'ordre inférieur, est plus constant.
2i -
V1II« Groupe — SPINOS>E
1. — Corps avec de fortes épines directement implantées
sur la peau, mais sans mamelons ou prolonge-
ments tubuleux (I) i
— Corps avec des mamelons ou prolongements tubu-
leux, le plus souvent garnis aépines ^6
2. — 1^^ anneau sans épines, quoique plus ou moins poilu 3
— h' anneau avec des épines ou de forts tubercules
épineux 13
3. — Tète surmontée de deux longues épines ou i forts
tubercules épineux 4
-^ Tète sans épines ou forts tubercules épineux, mais
souvent à granulations surmontées ou non d'un
poil raide " . . . 6
4. — Epines de la tête fort longues, rameuses, celles du
corps noires ou rousses à bout noir, avec des poils
blancs. Corps généralement noir velours pointillé de
blanc, sans dessins.
100. — Arachnia letana L.
— Tète sans longues épines rameuses, mais simplement
à forts tubercules épineux. Corps avec des dessins o
5. — Une large bande dorsale blanche; à partir du G® anneau
elle porte des épines blanches, les autres étant jaune
ferrugineux. Corps rougeâtre, brun ou chair.
\()i. — Polygonia C. album L.
— Les anneaux 6 à 1^ sans large bande dorsale blanche.
Toutes les épines jaunâtres à bout noir. Corps gris
bleu ou noir mat. 1011 — Volygonia egea Cr.
6. — Epines entièrement noires (quelquefois aussi par
aberration chez urticœ et cardui) 7
— Epines, au moins en partie, pâles 10
(1) Chez quelques Melitwa, Limenitis sibylla el .Vp/ f/.« aceris, les mnmelons
sont parfois tellement réirécis de la base au soininet qu'ils re^serobleiil pluiât
à des épines, mais, pour les deux derniers, la léle cordiforme ou arrondie, à
verlex très fortement incisé, et surtout la présence de deux épines seulement
sur chaque anneau permettront de lever l'incertitude.
— 23 —
7. — Corps noir velours, sans dessins, mais simplement à gra-
nulations blanches placées en lignes transversales
plus ou moins régulières. Tète noir luisant k poils
noirs. 98. — Vanessa io L.
— Corps avec des dessins 8
8. — Une tache dorsale rouge sombre par anneau. Sous-dor-
sale et stigmatale nulles- Corps^noir à pubescence
blanche ou grisâtre bien visible.
97. — Vanessa antiopa L.
— Pas de tache dorsale rouge 9
9. — Dorsale double, jaune blanchâtre. Corps noir ou bleuâ-
tre, pointillé de jaune blanchâtre.
101. — Vanessa xanlhomelns Esp.
— Dorsale nulle. Stigmatale faite de taches jaunes en
croissant. lOi. — Pyrameis atalanta L,
10. — Dorsale double (partagée par I ligne noire) jaune
ou fauve, quelquefois tirant sur le verdâtre ... 1 1
— Dorsale nulle. Epines jaunes ou jaune et noir. Corps
noir mat, brun rouge ou vert jaunâtre, granulé de
blanc. loi. — Vyrameis afalanta L.
11. — Dorsales jaunes. Corps jaune ou noir varié de jaune. 1:2
— Dorsales fauves, (^orps noir, bleu noir, gris brun ou
brun roux. Epines jaune testacé à bout noir.
100. — Vanessa polychloros L,
12. — Epines jaunâtres ou blanc jaune, à bout souvent noir.
99. — Vanessa urticœ L.
— Epines le plus souvent tricolores (rose, blanc et noir),
quelquefois jaunâtres ou noirâtres.
105. — Py rame is car dui L.
13. — Cou (derrière de la tôte) muni de i épines beaucoup
plus grandes que celles des autres anneaux ... 1 4
— Cou à épines normales (quelquefois cependant un
peu plus grandes chez ff<p/tro.tvnf et /ar/ionm) . . 18
14. — THe brun jaune. Dorsnle blanche, continue, bordée de
noir, I tache triangulaire blanche sur les côtés.
Pi8. — Argynnis niobe L.
— Tête noire ou brun noir, au moins en majeure partie. 15
- 24 —
15. — Dorsale jaune, blanche ou brunâtre, partagée en ^
dans le sens de la longueur, par une fine ligne
noire, ce qui la fait paraître double (I). Pattes
écailleuses noir luisant 16
— Dorsale simple, blanche ou noire 17
16. — Les 2 lignes dorsales sont jaunes. Epines jaune sombre
ou jaune fauve, non placées sur I tache blanche.
131. — Argynniê paphiaL,
— Les 2 lignes dorsales sont blanches ou brunâtres. Epines
brun clair ou jaune ocreux à bout noir, placées sur
des taches blanches. 119. — Brenthis selene SchiS,
17. — Dorsale noire, interrompue. Epines jaunâtres ou jaune
rougeâtre. I Td. — nrenthis amathvsia Esp.
— Dorsale blanche. Epines brun rouge ou rouge brun.
149. — Ar gy finis adippe L.
18. — Un rang stigmatal de grosses taches rouges, à partir
du i® anneau, ou stigmatale rouille, double ... 19
— Pas de taches rouges. Stigmatale nulle ou non cou-
leur rouille 20
19. — Une grosse tache stigmatale rouge sur chacun des an-
neaux, à partir du 4^. Epines noires. Dorsale blanche,
jaunâtre ou rouge fauve. 130. — Aigynnis aglaia L.
— Stigmatale rouille, double. Epines jaunes à bout blau-
châlre. \ttû, - Brenthis diaL.
20. — Tête d'un noir brillant i\
— Tète de toute autre couleur, brune, jaunâtre ou rou
geàtre
^.)
21. — Le dos de chaque anneau porte I tache noir velouté
qui est marquée de i traits clairs formant dorsale
double et ininterrompue. Corps brun pourpre à épi-
nes jaune gris. \M, — Anjynnis pandora Schiff.
— Le dos porle des points blanc bleuâtre. Corps brun noir
à épines de deux couleurs, les dorsales jaune soufre,
les autres noires. 120. — Brenthis euphrosyne L.
(1) Ce caractère se trouve parfois aussi chez adippe, mais la dorsale de cette
espèce est généralement interrompue, et les côtés portent des Irails obliques
Boirs.
— 25 —
22. — Tête cordiforme, brune à 2 taches noires bien nettes.
Corps jaune blanc ou gris jaune à épines jaunâtres et
2 dorsales jaune blanc. \to, — Argynnis ino Rott.
— Tête ordinairement non cordiforme, sans taches noi
res bien nettes ( car elle peut parfois être plus ou
moins lavée de sombre) . 23
28. — Dorsale visible (quelquefois pourtant assez effacée
chez pales) 24
— Dorsale nulle. Corps pointillé de blanc, à épines blan-
châtres ou couleur chair.
118. — Brenthù aphirape Hb.
24. — Dorsale blanche ou blanc jaune, généralement par-
tagée par une fine ligne noire. Tête brun jaune. . 2o
— Dorsale brune, bordée chaque côté de taches jaune
blanc sur lesquelles sont implantées les épines,
celles-ci jaune chair. Tête brun noir.
1^1. — Ihenthis pales Sch'iiï.
25. — Epines jaune sombre. Stigmatale large, blanche ou
jaune. Robe brun noir rayée de jaune et de blan-
châtre. 124. — Argynnis daphne Schiff.
— Epines rouge testacé. Stigmatale double, jaune brun.
Robe gris noir. 127. — Argynnis lathonia L.
28. — Les prolongements épineux sont sur 2 rangs longi-
tudinaux (soit 2 prolongements transversaux sur
chaque anneau) 27
— Plus de 2 rangs longitudinaux de prolongements
tubuleux 31
27. — Des prolongements sur le 10* anneau. Corps vert ou
vert jaunâtre 28
— Pas de prolongements sur le 10^ anneau. Corps rouge
brun ou brun jaune 30
28. — Prolongements plutôt épineux, brun rouge ou pourpré,
sur tous les anneaux, de 2 à 11. Stigmatale jaune.
94. — Limenitis sybilla L.
— Prolongements nettement charnus et généralement
pas sur tous les anneaux, ou alors ceux de 6 à 9
très petits 29
— 26 -
29. — Prolongements du i^ anneau beaucoup plus grands.
93. — Limenitis populi L.
— Prolongements du i^ anneau pas plus erands que les
autres. 9i. — Lvnenitis Camilla Schiff.
80. — Des chevrons latéraux, ouverts en avant. Prolongements
à bouts ordinairement obtus ou arrondis. Dorsale
nulle ou rouge brun. 9o. — Nepiis luciUa Fab.
— Pas de chevrons. Prolongements plutAl aigus, souvent
en épines rameuses. Dorsale blanchâtre.
96. — Nepiis aceris Lepech.
31. — Tête noire (brun clair chez didyma jeune), parfois
avec des taches ou un pointillé blanc ou légère-
ment bleuâtre 33
— Tète au moins en majeure partie colorée (carmin,
rouille, orange, brun rouge ou jaune brunâtre). . 3â
32. — Tète et pattes membraneuses carmin ou rouge sang
(virant au brun rouge sombre avant la nymphose).
Corps noir mat, sans dessin, sinon un pointillé blan-
châtre. Prolongements tubuleux gris cendré à peine
jaunâtre. 1 10. — Melitœa cinxia L.
— Tête orange, rouille, brun roux ou jaune brunâtre.
Corps pâle, grisâtre ou gris bleuâtre clair. Prolonge-
ments sous-dorsaux et parfois une tache à la base des
stigmataux, rouille ; les autres blancs ou blanc jau-
nâtre. \\i. —Melitœa didyma Ochs.
33. — Prolongements tubuleux, au moins en majeure par
tle, noirs 3i
— Prolongements pAles (blanr, jaune, rouf^e ou rouge
brun) 38
34. — Corps noir à incisions jaunes ou largement maculées
de jaune, parfois plus ou moins fauves dans la
réf^ion dorsale 35
— Corps à incisions jamais jaunes ; dos non maculé de
taches jaunes 36
85. — Incisions jaunes, accompagnées devant d'un rang uni-
que de pointillé jaune ou blanc. Stigmates noirs.
108. — Melitœa cynthia Hb.
- 27 —
— Dos largement maculé de jaune soufre, ces macules
faites aux dépens d'une large bande qui est partagée
longitudinalement par une dorsale noire et transver-
salement par 2 à 3 traits noirs sur chaque anneau.
Stigmates noirs, ordinairement non cerclés.
107. — Melitœa malurna L.
86. — Un rang sous dorsal de taches pâles. Tète souvent à
:2 taches blanches. Mo. — Melitœa aurelia Nick.
— Pas de rang sous-dorsal de taches jaunâtres. Tète
sans taches blanches, à chaperon généralement
blanchâtre 37
37. — Chaque anneau est fortement pointillé de blanc, surtout
sur le dos et vers les stigmates, ce qui forme dans
ces deux régions une large bande longitudinale bien
nette. 109. — Melitœa aurinia Rott.
— Les anqeaux sont généralement très peu pointillés ou
ne le sont qu'aux incisions, en'' sorte qu'il n'y a pas
de bande dorsale et stigmatale bien distincte.
109. — Melitœa aurinia var, proiincialis B.
88. — Tète noire, à î taches blanches ou blanc bleuâtre,
ou pointillée de blanc. Stigmatale nulle .... 39
— Tète noire en entier (parfois aussi chez dictynna,
mais la stigmatale est nulle), à peine parfois poin
tillée d'un peu plus pâle à la base des poils. Stig-
matale faite d'une ligne, parfois de pointillé serré,
nulle rependant chez a//ia//a 4i
89. — Dorsale et sous dorsale noires. Prolongements rouille
ou jaune soufre. 117. — Melitœa dictynna Esp.
— Dorsale et sous dorsale ordinairement d'autre cou-
leur ou nulles 40
40. — Prolongements rouge brun, à bout blanc et à épines
rouge brun. M H. — Melitœa parthenie Bork.
— Prolongements blaiurs, blanc jaune sale ou brun
clair, à épines noires 41
41. — Robe violacée, ou blanche à réticulations violacées.
Prolongements blancs ou brun clair. Pattes écaitleu-
ses blanches.
115. — Melitœa aurelia tav. britomartis Assm.
— Robe café sombre. Prolongements blanc jaune sale.
1 13. — Melitœa deione H. -G.
— 28 —
42. — Stigmatale blanchâtre ou jaunâtre. Prolongements dor-
saux jaune roux, les latéraux blanchâtres, à épines
ordinairement concolores. Pointillé blanc de la robe
disséminé sur chaque anneau.
III. — Meliiœa phœbe Knoch.
— Stigmatale nulle. Prolongements brun clair ou jaune
d ocre, à bout blanchâtre, ceux des côtés parfois de
cette dernière teinte. Pointillé des segments sur deux
rangs transversaux. 114. — Meliiœa athalia Rott.
IX« Groupe - FURCUL>E
1. — Tête portant sur chaque lobe, indépendamment du
A, ^-3 traits longitudinaux brun foncé ou noirâ-
tres ( I ) (parfois aussi Ep. ida Esp.). Corps presque
toujours glabre à Tœil nu :2
— Tête ayant au plus un trait noir bien marqué sur
chaque lobe. Corps presque toujours visiblement
pubescent . 14
2. — Corps glabre à l'œil nu, jamais vert (excepté parfois
arethusa). Tète presque toujours globuleuse ... 3
— Corps visiblement pubescent (la pubescence très
courte chez tithonius). Tète subcordiforme. ... 13
3. — Corps jaune d*œuf ou ocracé lavé de verdâlre, au
moins sur les côtés. Dorsale grise bordée de blanc
ou de jaune ' . 4
— Corps argileux, gris jaune, incarnat ou gris rouge . 5
4. — Lignes ordinaires séparées par un filet carminé.
1(57. — Satyrus arethusa Esp.
— Lignes non séparées par un filet carminé. Stigmates
rouge brique. 169. — Satyrus statilinus Hufn.
5. — Ventre roussâtre carné, jaspé de taches blanc nacré.
Stigmatale jaune uankin, large, continue, droite.
1 7(1. — Satyrus fidia L.
— Ventre non jaspé de blanc nacré. Stigmatale blanche
ou brune, parfois ocracée 6
(1) Ces traits sont parfoii assez effacés chez S. hriseis L.
— 29 —
6. — Dorsale en entier interrompue, ou ne devenaot guère
continue qu'à partir du 4^ ou ï,^ anneau ( I ) . . . 7
— Dorsale ordinairement continue, souvent plus foncée
au bord antérieur ou postérieur des anneaux. . . 8
7. — Sous dorsale pâle, chargée d'ufie tache noire sur cha-
cun des anneaux 4 ou S à II.
164. — Saiyrus alcyone Schiff.
— Sous-dorsale nulle ou à peine visible, parfois indiquée
seulement par une tache noire sur les anneaux 7 ou
8 à 1 1. 163. — Satyrus lurmione L.
8. — Dorsale nettement longée chaque côté par une ligne
assez large, en bordure pâle (parfois aussi se
mêle). Taille 8-1, 5 9
— Dorsale non longée ou à peine liserée. Taille 5,o 3 . 12
9. — Après la bordure pâle de la dorsale se trouve une large
nande rougeâlre ou faite de fines stries placées sur
3- i rangs longitudinaux. Pointes caudales blanches
dessus, brunes sur les côtés. 1 64. — Satyrus circe Fab.
— Après la bordure de la dorsale, il n*y a pas de bande
rougeâtre ou faite de stries placées sur 3 à 4 rangs. 1 0
10. — Sous-dorsale gris brun ou brun noir, plus foncée
que le fond. Stigmates noirs ordinairement bien
visibles il
— Sous dorsale p!us pâle que le fond, blanchâtre ou
jaunâtre. Siin^mates très petits, peu visibles.
I6y. — Satyrus statUinus tar. aUionia Fab.
11. — Sous-dorsale bordée de noir à la partie inférieure.
Stigmatale faible, brune, surmontée d'une ligne
pâle, puis d'une foncée. 172. — Salyi^s dry as Scop.
— Sousdorsale bonli'e de blanc, surtout à la partie infé-
rieure. Stigmatale blanche, bordée à la partie supé-
rieure par une ligne brun noir.
171. — Satyiiis aclœa var. cordula Fab.
12. — Tète brune à raies bien marquées. Pointes caudales
ordinairement sombres sur les côtés.
166. — Satyrus semele L.
(1) Dans ce cas, elle est faite d'une lâche sur les 3 ou 4 premiers anneaux,
rarement nulle dans cette partie du corps.
- 30 —
— Tête rougeàtre, à raies souvent assez effacées. Pointes
caudales ordinairement unicolores.
165. — Satyrus 6mew L.
18. — Corps le plus souvent vert brillant (1), à dorsale som-
bre, aiguë aux deux extrémités.
176. — Epinephele tithonius L.
— Corps jaune, gris ou brun, parfois gris verdâtre, cha-
griné, à dorsale brun noir ou violacé, interrompue, at-
ténuée en avant, souvent invisible sur les anneaux I -7.
1711 — Aphantopu.% hr/perantk^ts L.
14. — Corps paraissant glabre ou subglabre à l'œil nu . . 15
— Corps visiblement pubescent io
15. — Corps nettement vert (parfois aussi un peu verdâtre
chez Maniola manto et neoridas) 16
— Corps d'autre couleur, le plus souvent jaunâtre, rou-
geàtre ou grisâtre 20
16. — Corps vert brillant, à trapézoïdaux jaunâtres, ressem-
blant à celui d'une larve de Tenthrède. Dorsale vert
bleuâtre sombre, bordée de jaune citron pâle.
1 86. — Cœnom/mpha liplion Rott.
— Corps sans trapézoïdaux jaunâtres, ou simplement
avec des granulations 17
17. — Tête verte à deux éminences d'où part un trait lon-
gitudinal rose bordé de blanc. Pointes caudales jau-
nes, à extrémité rouge.
175. — Epinephele lycaon Rott.
— Tète sans trait rose bordé de blanc 18
18. — Corps fortement granulé, ordinairement vert mat,
comme plissé. Une boutonnière et quelques points
foncés sur le l*^"^ segment. Pointes caudales vertes,
blanches sur les cotés.
180. — Cœnonympha hero L.
— Corps ordinairement lisse, luisant ou subluisant. Pas
de boutonnière sur le l®^ segment. Pointes cau-
dales rougeâtres, au moins au bout 19
(1) Il est parfois roux ou brun.
- 31 -
19. — Tête arrondie, vert bleuâtre, à bouche rouge. Corps très
nettement rayé longitudinalement.
J8i. — Cœnonympha arcania L.
— Tète échancrée, verte. Corps peu ou pas rayé.
l8o. — Cœnonympha pamphilus L.
20. — Tète et pattes jaune miel. Corps jaune d'ocre verdâtre
avec deux rangs de traits noirs.
141. — Maniola manto Esp.
— Tête et pattes grisâtres, rougeâtres, etc., mais ja-
mais jaune miel ât
21. — Trapézoïdaux grands, noir brillant. Stigmates blan-
châtres limités par une ligne noire. Vaisseau dorsal
visible. 155. — Maniola neoridas B.
— Trapézoïdaux nuls ou très petits. Stigmates ordi
nai rement noirs 22
22. — Tête avec 1-3 raies" noires (quelquefois la raie est
pâle chez piuiphae) 23
— Tête brun plus ou moins foncé, sans raies noires. . 2i
23. — Une large sous stigmatale noire. Tête à une raie noirâtre
ou pâle. Sous dorsale ondulée, gris rougeâtre, mieux
marquée sur les premiers anneaux.
178. — Epine phele pasiphae Esp.
— Pas de sous stigmatale noire. Stigmatale blanche. Tête
échancrée au sommet, à 3 raies noires et t blanches.
Sous-dorsale blanchâtre. 177. — Epinephele ida Ksp.
24. — Sous dorsale faite de traits nombreux. Stigmatale brune.
Taille i-.-i. I 47. — Maniola mêlas rar. Lefehvrei Dup.
— Sous-dorsale et stigmatale jaunes. Taille 3.
lo7. — Maniola euryale Ksp.
25. — Robe verte 26
— Robe de toute autre couleur 46
26. — Corps surmonté de non)breux et grands trapézoïdaux
d'un noir brillant, ou bien 1^^ anneau avec une
boutonnière 27
— Corps sans ces caractères 28
^ 3â -
Ô7. — Trapézoïdaux noir brillant. Lignes nulles ou très effa-
cées. Tête brune. 1o5. — Maniola neoridas B.
— Une boutonnière sur le I®' anneau. Lignes bien visibles.
Tête verte. 180. — Cœnonympha hero L.
28. — Tète marquée sur chaque lobe d'un trait rosé bordé
de blanc ou de deux raies noires ^9
— Tôle le plus souvent sans taches ou à taches non
ainsi disposées 30
29. — Tête verte à deux éminences, d'où partent deux traits
rosés bordés de blanc. Pointes caudales jaunes à
extrémité rouge. 1 75. — Epinephele 1} caon Rolt.
— Tète brune ou testacé rougeâlre avec ^-i raies et des
points bruns. Pointes caudales jaunâtres ou gris
blanchâtre. 1 73. — Aphantopus hyperanlhus L. var,
80. — Corps vert sale mat, le 1^' anneau plus clair, en collier.
Stigmates et pointes caudales jaune rouge.
181. — Cœnonympha iphis Schiff.
— Corps vert mat ou luisant, mais le !«' anneau non
en collier 31
81. — Bouche rouge ou brun rouge 35
— Bouche concolore ou non avec lu tête, mais sans
teinte rouge 33
82. — Tête vert bleuâtre à bouche rouge. Sous-dorsale et
stigmalale jaunes. 18i\ — Cœnonympha arcania L.
— Tête gris jaune rougeâtre. Sous -dorsale vert clair.
Stigmatale interrompue, brun noir, ordinairement
nulle sur les 4-5 premiers anneaux.
I i'I, — Maniola ceto Hb.
88. — Stigmatale nulle 3i
— Stigmatale bien visible 36
84. — Tête brune, vert ou vert bleuâtre, sans traits blancs.
Dorsale vert sombre 3o
— Tête jaune ou fauve, à deux traits blancs. Un rang
sous-dorsal de taches noires. Stigmates noirs.
* ♦ » 159. — Maniola lapponaEsp .
- 33 -
85. — Dorsale nette, continue. Stigmates jaunâtres.
190. — Pararga mœra L.
— Dorsale visible seulement sur les derniers anneaux et
plus ou moins interrompue.
189. — Pararga hiera Mab.
36. — Pointes caudales rouges ou carmin, au moins dans la
moitié postérieure 37
— Pointes caudales sans teinte rouge 39
87. — Tête grisâtre ou jaune brun. Stigmatale blanche ou
jaune. Lignes ordinaires généralement bien nettes. 38
— Tête verte. Stigmatale rose, rarement jaunâtre. Corps
non très nettement rayé.
185. — Cœnonympha pamphilus L.
88. — Stigmates blancs ou jaunâtres. Dorsale commençant
sur le l«' anneau. 13i. — Melanargia galathea L.
— Stigmates noirs. Dorsale commençant sur le ^^ anneau.
135. — Melanargia japygia Cyr.
89. — Sous-dorsale nulle 40
— Sous-dorsale visible, blanche, jaune ou verte ... 43
40. — Tête verte, vert jaunâtre ou jaune 41
— Tête brunâtre, sans tachp. Stigmatale blanc jaune.
179. — Cœnonympha œdipus Fab.
41. — Tête fortement ponctuée de blanc. Stigmatale blanche,
bordée de sombre i la partie inférieure.
191. — Pararga achine Scop.
— Tête peu ou pas ponctuée de blanc. Stigmatale plu-
tôt jaunâtre 42
42. — Stigmatale double. 187. — Pararga egena L.
— Stigmatale simple. I7i. — Epinephele jurlina L.
48. — Pointes caudales vertes entourées de jaune pâle. Stig-
mates jaunâtres. 188. — Pararga megœra L.
— Pointes caudales ordinairement non entourées de
jaune pâle 44
- Si -
44. — Dorsale assez étroite io
— Dorsale large, vert sombre, bordée de blanc verdâ-
tre. Stigmatale continue, blanche, bordée de
sombre à la partie intérieure.
1 43. — Maniola médusa S. Y.
45. — Stigmatale blanchâtre ou jaunâtre.
•I8i. — Cœnonympha corinna Dup.
• — Stigmatale vert clair. Stigmates jaune orange.
138. — Maniola melanipus Fues.
46. — Corps non couvert de grands points verruqueuxd'un
noir brillant 47
— Corps couvert de nombreux points verruqueux d'un
noir brillant. Tète brune à deux taches noires.
155. — Maniola neorUlas B.
47. — Tête d'un jaune citron, jaune d'œuf ou jaune miel
(parfois subbrunâtre dans la var. cleanthe B.) . .48
— Tête de toute autre couleur 50
48. — Corps jaune d'œuf ou jaune d'ocre verdâtre .... 49
— - Corps jaune citron, à stigmates noirs un peu cerclés de
rouge. 135. — Melanargia car. cleanthe B.
49. — Tète et pattes jaune miel. Des traits noirs sur deux
rangs. I il. — Maniola manto Esp.
— Tête et pattes jaune d'œuf. Lignes ordinaires continues
ou interrompues, mais bien marquées.
138. — Maniola melampus Fues.
50. — Tête nettement verte ou verdâtre, au moins sur le
front (I). Sous-dorsale large, pâle, bordée de noi-
râtre. 130. — Melanargia sjlHus B.
— Tête non d'un vert plus ou moins foncé 51
51. — Tète marquée de 3-4 raies brunes ou noires . . . . 5:i
— Tète sans raies brunes ou noires 53
(1} Mtîroe chez les exempluiies à tèle brunâtre, on remarque la leinte ver-
dâtre sur une étendue plus ou moins grande. Tous les exemplaires que nous
avous pu examiner à Tétat vivant nous ont mônlVé celle couleur caraclérifiliqu».
-- as -
52. — Tèle détachée, à i raies et des points bruns. Corps très
pubescent, à dorsale nulle ou faite de taches sur les
anneaux 1-6-7. 173. — Aphantopus hyperanthus L.
— Tête à 3 raies noires et ^ blanches. Corps peu pubes-
cent, à dorsale noirâtre, continue.
177. — Epinephele ida Esp.
53. — Corps jaune d'œuf, au inoins sur les côtés, avec des
lignes transverses de points bruns sur les anneaux
4-11. Stigmatale large, chocolat sombre.
14i. — Maniola œme var. spodia Stgr.
— Corps sans ces caractères oi
54. — Sous-dorsale faite de nombreux traits obliques fins.
Stigmatale blanc rougeâtre, finement bordée de som-
bre à la partie supérieure et limitée en bas par une
large bande interrompue sur les anneaux 1-3.
U-2. — Maniola ceto Hb.
— Chenille sans ces caractères 55
55. — Tête grise ou fauve à deux traits blanchâtres Corps
fortement rayé, à dorsale continue, brun noir bordée
de pâle. 158. — Maniola ligea L.
— Tête sans traits blanchâtres . 56
56. — Sous-dorsale continue 57
— Sous-dorsale interrompue, faite de taches, de traits
ou nulle 59
57. — (iOrps peu pubescent. Dorsale noire bordée de blanc 1)8
— Corps très pubescent. Dorsale brun rouge. Pointes cau-
dales rouges. 133. — Melannrfpa lachesis Hb.
59. — Stigmates noirs. Stigmatale jaunAtre, continue.
lo7. — Maniola euryale Esp.
— Stigmates ordinairement pâles. Stigmatale blanche,
fine, ombrée à la partie supérieure et parfois aussi à
la partie inférieure. I3i. — Melanargia galathea L.
59. — Stigmates noirs. Tète gris roussâtre, brune ou noi-
râtre 60
— Stigmates ordinairement pâles. Tète jaune ou grise.
134. — Melanargia galathea L.
7
-36-
ÔO. — Sous-dorsale faite d'un rang de taches brunes ... 61
— Sous-dorsale faite de nombreux traits ou de deux
rangs de taches brun noir 6â
61. — Sous-dorsale double sur le 1®' anneau. Tête gris roux
clair. 1 56. — Maniola œthiops Esp.
— Sous-dorsale simple ou nulle sur le !«' anneau. Tête
brun sale. 150. — Maniola pronoe Esp.
62. — Pattes écailleuses annelées de noir Deux sous dorsales
faites de traits noirs. 160. — Maniola lyndaf^tu Esp.
— Pattes écailleuses non annelées. Une sous -dorsale
interrompue, faite de nombreux traits.
147. — Maniola mêlas var. Lefebvrei Du p.
X« Groupe — TORTRICIFORMES
1. — Corps très visiblement pubescent 3
— Corps subglabre, non très visiblement piibescent. . 10
2. — Robe verte 3
— Robe de toute autre couleur, brune, grise, gris
jaune, roussàtre, bleuâtre ou noire 5
3. — 1^' anneau à un collier jaune ou rouge. Stigmatale
n'émettant pas de prolongements transversaux . . 4
— Pas de collier discolore sur le 1®' anneau. Stigmatale
émettant sur chaque anneau deux taches transversales
pointues. iOi, — Scelothrix I alreus var. carlinœ R.
4. — Anneau 11 marqué sur les côtés d'une tache blanche (t).
Premier anneau rosé ou rougeâtre à cou jaune.
'lit, •— Scelothi-yx malvœ L.
— Anné'au 11 sans taches blanches. Cou rouge.
193. — Pamphila palœmon Pal.
5. — 3-i taches jaunes ou jaune rouge sur le l^"^ anneau.
Stigmates orangés. 401. — Cavcharodus alceœ Esp.
— Pas de taches jaunes sur le 1®' anneau, ou moins de
trois 6
(1) Ces taches sont faites des poils qui sont blancs et se trouvent vers la
ré^on ventrale.
-31 -
d. — Cou à une plaque noire marquée d*une tache médiane
claire ou de deux taches brun rouge. Corps noir, for-
tement chagriné, à dorsale et sous dorsale nulles.
î2U3. — Pyrgus proto Esp.
— Cou sans ces caractères, mais collier jaune, blanc
jaune ou rouge, ou à une ligne médiane jaunâtre. 7
7. — Collier rouge, parfois jaune, mais dans ce dernier
cas deux taches blanches au 11® anneau 8
— Collier jaune ou blanc jaune. Pas de tache blanche
au M® anneau 9
8. — Collier jaune. Deux taches blanches au I h anneau.
Des points blancs latéraux.
1l\t, — Scclothiyx malvœ L.
— Collier rouge. Pas de taches blanches au I h auneau.
193. — Pamphila palœmon Pal.
9. — Premier anneau brunâtre à collier jaune. Stigmates
bruns. :200. — Carcharodus lavaterœ Esp.
— Premier anneau blanc jaune à deux taches noires cou-
pées par une fine ligne jaune. Stigmates orangés.
i()2. — Carcharodus altheœ Esp.
— Premier anneau à une ligne médiane jaune. Stigmates
bordés de noir. !20o. — Pyrgus sao Hb.
10. — Robe verte . Il
— Robe gris noir mêlé de rouille. Collier noir ou cou
blanc. Une tache blanche chaque côté du 11® an-
neau. Stigmates noirs. 197. — Augiades comma L.
11. — Collier blanc, jaune ou d'un beau noir. Une tache
blanche chaque côté du 11® anneau ii
— Premier anneau non nettement discolore 13
12. — Stigmates jaune d'ocre. Premier anneau rosé, à collier
jaune. :2 1 :2. — Scelolhryx malvœ L.
— Stigmates noir brillant. Premier anneau noir velours,
ou brun noir à collier blanc.
197. — Augiades comma L.
13. — Une tache ou ligne blanche aux côtés du 1 1® anneau. 14
— Pus de tache ni de ligue blanche aux côtés du 11''
anneau 16
- 38 -
14. — Clapet en visière, comme entouré d'un bourrelet. Tête
brunâtre, plus foncée sur les côtés.
J98. — Augiades syhanus Esp.
— Clapet en visière ou non, ordinairement sans bour-
relet lo
15. — Une large dorsale vert sombre ou brune, bordée de
blanc ou de jaune. Tète vert rosé ou brun clair. Stig-
mates chair pâle. i9(). — Adopœa actœon Esp.
— Une à deux dorsales pâles. Tête jaune gris verdâtre à
une ligne médiane et deux latérales brunes.
I9i. — Adopœa lineola Ochs.
16. — Dorsale fine, noire ou grise, marquée seulement sur
les anneaux l-i. Tête brunâtre à une bande pâle sur
les ocelles, ou jaune à un trait médian brun. Clapet
pointu. Pas de cou.
I9i. — Heteropterus morpheus Pal.
— Dorsale verte ou jaunâtre, ordinairement continue.
Un cou 17
17. — Tête vert mat sans ligne sombre, rugueuse et un peu
aplatie antérieurement.
19'). — Adopœa thaumas Hufn.
— Tête brune ou brun pourpre, plus ou moins marbrée de
jaunâtre, fortement écnancrée.
:2I3. — Thanaos tages L.
DESCRIPTIONS
des Espèces et principales Variétés'"
i-^* Fam. : PAPlLlONIDvE
(EquiiiJœ)
— Chenilles à 16 patles, cylindriques et régulièrement allon-
gées, rarement limaciformes ; glabres ou pubesccntes,
les poils directement implantés sur le corps, sur des
saillies ou des mamelons tubuleux. Elles portent der-
rière la tête un tentacule rétractile en forme de Y ; ce
tentacule, visible seulement quand l'animal est inquiété,
laisse échapper une liqueur acide, rougissant vivement
le papier bleu de tournesol.
— Chrysalides plus ou moins anguleuses, souvent avec deux
pointes devant la tête. Klles sont suspendues par la queue
et par un lien transversal (Papilio), par la queue et par
la tête (Thaïs), ou placées dans un léger réseau sur terre
ou entre les feuilles (Parnassius).
1 ' Ci. : PAPIXIO L.
1. — Papilio podalirlus L.
— Chenille : Très renflée antérieurement, fortement at-
ténuée postérieurement, Innaciforme ; corps lisse
sans éminenco, couvert d'une fine pubescence assez
(Il (.a faune française compte 213 espèces de Rhopaloccra, dont 165 environ
oui leurs premiers états bien connus. Parmi ces dernières, lo hivernent à
Tétat d'œnf. soit 9 00; 106 hivernent à l'état de chenille, soit 64 0 0 ; 34
hivernent à Tétai d« chrysalide, soit 20 0/0 ; 10 hivernent à Tétai de papilloa,
soit 7 0/0.
— 40 —
clairsemée et mieux visible dans la région stigmalale.
Tête petite, arrondie ; derrière elle, les tentacules ré-
tractiles, qui sont rougeâtres.
Robe verte, avec une dorsale jaune clair. Sous-dor-
sale nulle ; cette région est occupée par des traits obli-
ques jaune clair et 3-4 points rouges sur chaque an-
neau, entre lesquels s'en trouvent parfois d'autres
ferrugineux en nombre variable, tous ces points sou-
vent oblitérés. Stigmatale jaune clair. Celte espèce
vire ordinairement au roussâtre avant la nymphose.
Var, a. — Robe jaunâtre ou roussâtre, plus ou moins
pointillée de noir, à fine pubescènce noire', celle des
côtés plutôt blonde. Dorsale continue, jaune clair,
souvent très pâle, mais nette. Côtés marqués de traits
obliques ; chaque anneau porte, en outre, dans cette
région 3 4 points jaune orange placés sur un rang,
et l-:2 noirs sur 2 rangs longitudinaux, ces traits et
ces taches parfois absorbés par la couleur du fond.
Stigmatale généralement assez vague, faite de taches
noirâtres plus ou moins obliques, mieux visibles aux
anneaux médians. Stigmates* en ellipse allongée,
jaunâtres ou jaune blanchâtre, très finement cerclés
de noir. Ventre concolore. Pattes jaune roussâtre, les
écailleuses luisantes, les membraneuses noirâtres au
bout. Tête concolore, parfois un peu lavée de verdà-
Ire ; elle est marqu(*e de petits points noirs placés
assez régulièrement et surmontés* chacun d'un petit
poil noirâtre; A n'arrivant guère qu'au milieu de la
lace ; ocelles cerclés de plus foncé ; chaperon et
épistone souvent maculés de noirâtre. Long. 3-4;
larg. 0,9; de la tête 0,4-2.
— Epoques : Juin à Août ; puis Septembre à Octobre.
— Fiantes : Surtout rosacées arboresceules, prunus
spinosa, domeslica, cerasus et padus ; amygdalus
comraunis et persica ; pyrus niaius ; cratœgus oxy-
acantha; sot-bus aucuparia et autres ; berberis vul-
garis ; quercus robur (Kirby); aromia rotundifolia,
— 41 —
et ? petroselinum sativum. — En Espagne, la var.
feUihamelii, de Février à Mars, sur prunus spi-
nosa (Martorell).
Chrysalide : Renflée au milieu, un peu arquée, à
tête légèrement bifide en avant, avec une petite
saillie chaque côté et prolongée en arrière en un
bec d'où partent obliquement deux carènes bien
Srononcées qui aboutissent à mi-corps sur les
ancs et limitent les ailes, pointe anale obtuse,
large, aplatie, subexcavée dans la région ventrale
et terminée par de nombreux petits crins recour-
bés. Elle est ordinairement grise, celle de la
génération d'été plutôt verte (Berl. eut. Zeit. 1 888,
p. iii^)j vert jaunâtre ou roussâtre mat ; nervula-
tion alaire généralement bien visible. Stigmates
très petits, placés au-dessus d'une ombre brun
noir qui s'étend en ligne longitudinale. Long. â,5;
des ptérothèques 1,3; larg. prise sur la carène
qui limite les ailes I ; larg. entre les deux poin-
tes de la tête et le bec saillant 0,9. (Sp. I , fig I b).
Eclosion : Avril à Juin, puis Juillet à Septembre.
Œuf : Arrondi, lisse, de couleur brunâtre.
Dispersion : Toute l'Europe centrale et la région
méditerranéenne ; Allemagne ; Belgique.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
B.-du-Rhône : Marseille, et la var. œstiv. Zan-
çlœus Z. (Siepi, F. d. J. N., Sept. 1904, p. ^248) ;
Puy-de-Dôme ; Creuse ; Cantal ; Pyr. -Orientales ;
H. et B. -Pyrénées ; H. -Garonne; Gironde; Mai-
ne-et-Loire; Loire-Inférieure; Indre; Cher; Sar-
Ihe ; Morbihan ; Ille-et-Vilaine : Rennes ; Loir-et-
Cher ; Eure-et Loir ; Orne ; Mayenne; Calvados :
Condè, Harcourt, etc. ; Eure : Pont-Audemer ;
Seine-Inférieure ; Somme ; ! Nord : forêt de Mor-
mal (Le Roi) ; Oise : Compiègne ; Aisne ; Seine ;
Seine et-Oise ; Ardennes : Beaumonten-Argonne;
Marne; Aube; Meuse : Monimédy (Bruneau);
Meurthe ; Vosges ; Alsace ; Belfort ; Saône-et-
Loire ; Allier ; Hle-Marne : Langres, StDizier,
Hortes, Montigny, etc.
Mœurs : Les œufs sont isolés ou par deux au revers
des feuilles ; ils éclosent environ quinze jours
après la ponte et les jeunes chenilles, qui sont
d'abord épineuses, mettent à peu près huit
semaines pour atteindre leur complet développe
ment ; la chrysalide hiverne ; elle est attachée
- 42 —
par la queue et par un lien transversal, généra-
lement à une branche de la plante nourricière.
— BibL : Dup. 40, pi. I, fig. I. — Brehm. iM, —
Goos., An. Levai, 18%, p. V>i, — Lambil. 4. —
An. Soc. Fr. 18i8, p. 407 (var. feisthamelii Dup.)
^ F. d. J. N. I90a, p. 16;i - Esp. pi. I, fig. -i.
— Hb. 41. —0. I. 118. —Frr. 6. IHI. — Wild.
57. — Rœs. 1 . 9. — Pr. pL H, fig. ± — Sp. 2, pi. I ,
fig. 1 a. — Dale. (î. — Mûller, illustr. Wochen-
schr. f. Ent. 1897, p. 479. — Abafi-Aigner,
Rovart. Lapok. 1896, p. 82 et vin, x et en (Bio-
logie). — Schultz, 11. Zeit. f. Ent. 1899, p. i3o.
2. — Papillo alexanor Esp.
— Chenille : Cylindrique, à anneaux bien séparés, un peu
atténuée antérieurement, glabre. Tête globuleuse,
granulée.
Robe verte ou jaune verdàtre, à incisions noires, le
1" anneau noir postérieurement, le 2* avec 4 taches
orangées. Lignes ordinaires nulles. Chaque anneau
porte une bande transversale noire marquée de
taches jaune orange qui la coupent en majeure
partie, ne la laissant guère continue qu'en avant.
Ventre concolore. Pattes concolores, les écailleuses
généralement assombries à l'extrémité. Tête noire,
le A vert ou jaune, et ordinairement une tache ou
un trait jaune sur chacjiie lobe. Tentacules rouges.
Long. 4-4,5.
— Epoque : Juillet à septembre.
— lofantes : Oiiibellifères diverses, surtout seseli
dioicum et iiioiitanum ((hno).
Chrysalide : (iris plus ou moins sombre, la partie
supérieure plus foncée (Dup. pi. I, fig. H b.).
— Eclonion : Mai à juillet.
— Dispersion : Tout le littoral méditerranéen ; Anda-
lousie, Italie, Dalmalie et Grèce.
FRANCE. — Alpes-Maritimes : Saint Martin-
Lantosque ; Var ; Basses-Alpes : Digne ; Creuse :
montagne de Sermur ; B. «-Pyrénées : Uayonne;
Charente : Angoulème,
- 43 —
— Mœurs : La chrysalide hiverne, généralement fixée
aux rochers ; Téclosion a lieu l'été suivant, par-
fois même deux ou trois ans après.
— Bibl. : B. R. 0. pi. I, fig. 3. — Dup. iû, pi. l, «g.
3. — (îoos., An. Levai. 1896, p. ;)i>. — Hb Al,
— Tr. lO.iO. — Pr. pi. 3,fig. 3. — Sp. ->, pi. 6,
«g. I. — Powell, Ent. Record, I9()i, p. 68.
— Paplllo machaon L.
— Chenille : Cylindrique, à anneaux bien sépaivs, un peu
atténuée postérieurement à partir du troisième, gla^
bre. Tête petite, subaplalie devant, subrétrécic vers
le haut de la face.
Robe d'un beau vert tendre, mate, à incisions noi-
res. Lignes ordinaires nulles, la stigmatale remplacée
sur chaque anneau par un point rouge minium placé
entre deux traits noirs obli(|ucs, descendant d'arrière
en avant, le trait supérieur n'étant que le prolonge-
ment d'une large bande transversale noire qui passe
par le milieu de chaque anneau, cette bande mar-
quée de taches rouges ordinairement au nombre de
quatre. Dernier segment avec deux points noirs pla
ces entre deux traits allongés obliques noirs ; clapet
bordt' d(î noir. Ventre vert avec une tache mc'diane
noire entre les patles membraneuses.Paltes vertes : les
écailleuses à (ltM'nl(M*articlesombre,leurbase marquée
de \-i points noirs; les membraneuses à 1-2 points
noirs à leur base et une tache médiane noire au côté
externe. Tète verte, fortement hérissée* d'une courte
pubescence noirâtre, à i traits noirs longitudinaux,
un peu obliques, dcuix sur chaque lobe ; de plus une
lâche noire à rinh'riour du A ; ocelles noirs, placés
sur un trait noir. Tentacules rouges ; devant eux, sur
le l*" anneau, se trouvent trois taches noires. Long.
4-4,5; larg. du 3« anneau, I ; de la tète, 0,4.
— Var. a. : Les traits noirs obliques de la région stig-
matale manquent et la tache rouge est isolée ou par-
— 44 —
fois un peu cerclée de noir. Bande transversale noire
terminée brusquement et lermée par la tache rouge
sous-dorsale, en sorte qu'entre cette région et la
région stigmatale se trouve un espace nettement de
la couleur du fond, c'est-à dire vert. Dernier segment
.le plus souvent sans taches ou traits noirs,
Var. b. nigricans : La bande transversale qui passe
par le milieu de chaque anneau et celles des incisions
sont tellement élargies que la teinte du fond dispa-
rait presque entièrement. Les pattes écailleuses
sont marquées de noir au côté externe surtout au
premier article ; quant au dernier, il est entièrement
noir. Cette var. mélanienne est assez commune, sur-
tout fin Septembre ou commencement d'Octobre.
Ab. sphyrus Hb. — D'après Damry (cité par Goos.),
la chenille aurait les taches orangées de lorme dif-
férente.
— Epoques : Mai à Juillet, puis Août à Octobre.
— Plantes : Ombellifères surtout: daucuscarota; aue-
thum fœniculum et graveolens ; angelica sylves-
tris ; peucedanum palustre ; seseli ; ferula ; ca-
rum ; pimpinella anisum et saxifraga ; pastinaca
sylvestris et sativa ; petroselinum sativum ;
meum, etc. ; ruta graveolens ; dictâmnus albus
(Lambil.) ; fragaria et lysiniachia nemorum
(Kirby) ; brassica iCastin) ; en' Algérie, aussi
deverra scoparia Coss. (Eaton, Ënt. M. Mag.
'I89i, p. 16^).
— < fn-ysaiide : Assez anguleuse, la base de rabdomen
fortement bombée dans la région ventrale, la tête
prolongée chaaue côté par une saillie forte, mais
courte, ce qui la fuit paraître bifide ; le thorax a
trois proéminences, deux latérales et une dorsale,
celle ci plus grosse. Dos de Tabdomen ayant gé-
néralement chaque côté un rang de fines saillies
qui ne sont autres que les pattes membraneuses.
Elle est verdâtre, gris noir ou gris rougeâtre
marbrée de noirâtre. Stigmates jaunâtres, puis
concolores et sombres. Chaque côté du ventre pré-
sente en outre un rang de taches pâles qui dis
paraissent à mesure que la chrysalide vieillit.
— 48 —
Extrémité abdominale coupée carrément et ter-
minée par de nombreux crochets très petits, noi-
râtres ou marrons. Long. â,3-3 ; larg. 0,9- 1 ; long,
des ptérothèques â-f,5. Elle est suspendue par Ta
queueet par un lien transversal. (Bren m. fig. 1:261.
— Dale. p. i.)
Parante : Dinotomus lapidator Fab. ; Pteromalus
! eminens Forst. (Lucas, An. Soc. Fr., 1885,
p. CLXXX).
Eclosion : D'avril à août, rarement septembre, en
deux générations.
Œuf : Arrondi, un peu en massue, en apparence
lisse, d'un jaune verdâtre virant rapidement au
vert, puis au brun violacé pourpre avant Téclo-
sion (Sepp. 11, 3 — Bùck. 1, p. o, pi. I,iig. laàf).
Dispersion : Toute la réeion paléarctique, exceoté
les contrées circumpolaires et les sommets des
montagnes.
FRANCE. — Corse; Alpes Maritimes ; Var ;
Basses-Alpes ; Bouches du-Rhône ; Pyrénées-
Orientales ; Hautes et Basses-Pyrénées ; Haute-
Garonne ; Cantal ; Gironde ; Loire-Inférieure ;
Indre ; Cher ; Morbihan ; llle-et Vilaine : Hennés ;
Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ; Sarlhe ; Maine-et-
Loire ; Calvados, avec Tab. sphyrus dans les
vallons de la Folie, près Caen ; Eure ; Seine-
Inférieure ; Somme ; Nord ; Seine ; Oise ; Aube ;
Saône et Loire ; Allier ; Haute-Marne : Langres,
St'Dizier, Il or les, Montigny, Prauthoy, Latrecey,
Mœurs : L'œuf est isolé sur la nervure des feuilles
(Sp. pi. ;)(i, fig. I); pondu de mai à juillet, il
éclot environ lo jours après et la chenille atteint
son complet développement en o-ti semaines. La
chrysalide donne le papillon en août et celui ci
fait une nouvelle ponte au bout de 10-1:2 jours.
Les jeunes larves sont noires ou brun rougeâtre
avec des prolongements charnus et une large
tache blanche sur les anneaux 6 et 7, puis d*un
cendré blouAlre avec des tubercules épineux et
des bandes transversales noires marquées de
points rouges. Elles sont faciles à élever. Leurs
tentacules rétractiles laissent échapper un liquide
dont nous avons parlé précédemment (p. xxiu).
Certains individus répandent parfois une odeur
de musc (F. d. J. N. 19u:;, p. ;^8).
Les chenilles se rencontrent en Haute-Marne
— 46 —
jusqu'à Tarrière-saisoii ; nous en avons pris à
leur deuxième mue du io au 17 octobre. Les
chrysalides tardives de cette génération éclosent
généralement en mai ou juin ; mais on en ren-
contre qui ne livrent le papillon qu'en juillet,
parfois même accidentellement commencement
d'août ( 1) ; dans ce cas,il n'y a qu'une génération.
M. M. Sand, dans son catalogue des Lépid. du
Berry et de l'Auvergne, dit (p. I) : « Une partie
des chrysalides d'automne éclot quinze jours
après. L'autre partie (chrysalides grises) hiverne
pour éclore au printemps ». (^elte dernière
phrase semblerait indiquer que les chrysalides
vertes seraient celles qui écloraienl les premiè-
res. En ce cas, la constatation du célèbre lépi-
doptériste ne serait plus rigoureuse pour notre
région, comme nous avons pu maintes fois le
vérifier nous même. Onze chenilles capturées à
toute leur taille en septembre et octobre I9t)3 et
métamorphosées quelques jours après dans la
môme boîte ont fourni cinq chrysalides vertes
et six grises ( ::). V oici les dates exactes d'éclosion
en I9iii :
(ihrysalides vertes : 7, 9, II, 13, lo juin.
(Chrysalides grises : 29 mai, i, (>, 8, 10, :2I juin.
nihl. : Dup., il, pi. I, «g. :î. — Brehm, -251, fig.
1-260. — Lambil. (1. — An. soc. Fr., 1867, p.
Lxvir et ISS7, pi. 7, lig. I (patte éc. par Goos.).
— (ioos., An. Levai, I89t), p. .'i3. — Austant,
Le Nat., 1892, p. 13, 23 et 31. — Hb. il. —
0. I, 2. 121. — Hœs. I, 3, pi. I, % I. — Pr.,
pi. 3, fig. I. — Sp. 2, pi. I, fig. 2a b et pi. i8,
lig. 1. — Schullz, II. Zeit. f. Enf., 1899, p. 235,
331, 360 et 1900, p. 90. — Sepp. 1, 2, p
g. I. — ïScliuiiz, II. Aeit. 1. tut., l»in^ p. 2^5,
Sepp. 1, 2, pî. 3. — -
Dale, 2. — Chapmin, Enl. M. Mag. 1893, p. 139.
— Slater, Sciences, 1893, p. nu\, — Bacot, Ent.
Record, 1890, p. 2iO.
il) Cette éclosion de juillet est assez commune, celle d*août beaucoup plus
rare. F)n exposant de temps à autre aux vapeurs ammoniacales des chrysalides
de Machaon, nous avons remarqué que le papillon sortait beaucoup plus tard.
L'éclosion d'août ne s'expliquerait-elle pas d'une façon analogue et l'étal
atmosphérique ne jouerait -il pas un rôle prépondérant dans cette quasi-ano-
malie ? Le fait signalé par M. de Rocquigny-Adanson (K. d. J. N. !903. p.
2(>o). d'un Machaon chrysalide le 11 octobre et éclos le 4 juillet suivant, est
donc loin d'être un phénomène rare, au moins dans noire région. On cite
même des chrysalides qui n'auraient livré le papillon qu'au bout de deux ans.
iKathariner. lnsek,-Borse, 19(J1, p. t\2.
(2) Noir au sujet de la coloration grise ; Merrilield, Graduai formation of
Pigment on the dark Pupa of P. Machaon, dans Ent. Hecord, 1899, p. 262.
~ 47 -
— Papilio hospiton Goné.
— Chenille : Cylindrique, avec de très légères éminences
aiguës et jaunes, ces éminences mieux visibles sur
les anneaux -2 et 1 1 ; pubescenle *. Tête arrondie, un
peu aplatie devant, légèrement poilue.
Robe vert clair mat, à incisions noires. Dorsale
nulle, ou, si Ton veut, faite d'un trait noir sur chaque
incision. Sous-dorsale remplacée par un trait orange
largement entouré de noir, les cercles noirs presque
reliés au bord postérieur de chaque anneau par
un linéament noirâtre; sous elle, un autre trait
longitudinal noir. Stigmatale faite d'un rang de ta-
ches orange plus ou moins contiguës et limitées à
la partie inlérieure par un fin trait noir en croissant,
la convexité tournée vers le bas; au-dessus d'elle,'
les stigmates qui sont bien visibles, subelliptiques,
noirs à centre* pâle, cerclés de la couleur du lond,
puis de noir. Ventre vcrdàtre avec une tache noire
entre les pattes membraneuses. Pattes : les écailleu-
ses verdâtres, à extrémité noir luisant ;- les membra
neuses vèrdàtrcs marquées extérieurement au milieu
d'un point noir. Tête verte, k deux traits latéraux
obliques noirs ; entre ces traits s'en trouve un autre
sur lequel sont placés les ocelles ; A lavé de jaune
orangé dans son intervalle, avec un trait longi-
tudinal noir ; pièces buccales pâles. Clapet à 2 taches
noires accolées.
— Epoque : Juin à Août.
— Plantes : Ruta corsica ; peucedauum paniculatum ;
feruia vulgaris et nodiflora (Revelière).
— Chnjsalide : Semblable à celle de machaon, de cou-
leur cendrée, souvent un peu lavée de verdâtre
pâle. Long. :2,o ; des ptérothèques 1,8.
— Parasites : Trogus lutoriusGrav., Dinotomus viola-
cé us Mocs.
— Eclosion : Mai.
-48-
Dispersion : Corse et Sa rd a igné.
FRANCE. — Corse : Ajaccio, Vivario, pente du
Rotondo, Bdsielica, etc.
Mœurs : La chrysalide hiverne. L'adulte est comme
une forme insulaire du précédent, et M. Stand-
fusz a pu obtenir Vhospiton presque pur en trai-
tant par une chaleur convenable des chrysalides'
de machaon. (Culot, Inlerméd. Bombyc. et En-
tomol., 1904, p. 8i3.) Le papillon mâle répand
une agréable odeur, celle-ci surtout bien sen-
sible pendant les premières heures qui suivent
Téclosion (Fri.).
Bibl. : Goos, An. Levai, 1896, p. o4. — An. Soc.
Fr. 1866, p. 552. — Slet. ent. Zeit., 1881, p. lio.
- Sp. !>, pi. 6, fig. ± — Curo, âO. — Mém. Ac.
Turin, 1839, p. 83. — Damry, Ent. Zeitsch. 1898,
p. 11.
:ô« g. : thaïs Fab.
— ThaTs polyxena Schiff. = Hypsipyle Fab. = Hy-
permnesta Scop.
— Chenille : Cylindrique, les prolongements tubuleux
brun rouge à bout noir, leurs poils jaunes. Robe
incarnat pâle, jaune rougeàlre ou un peu ardoisée,
à quelques petits points noirs. Lignes ordinaires
nulles; parlois cependant, au moins chez certains
échantillons exotiques, on remarque une raie sous-
dorsale plus obscure.
— Var. Cassandra Hb. : Robe plus sombre, parlois jaune
citron, les prolongements tubuleux lauve rouge,
brun noir ou noir, à poils noirs. Une bande dorsale
brune et une série latérale de points noirs disposés
en triangle.
— Epoque : Avril à Août ; la rechercher seulement de
Juillet à AoiU.
— Plantes : Aristolochia pislolochia, rotunda et cle-
matilis ; c'est sur cette dernière surtout que vit
la var. cassandra Hb.
Chi^salide de var, cassandra Hb. : Allongée, cylin-
drico-coDique, rigide, lisse, les étuis des anten-
nes et de la trompe seuls légèrement saillants,
chagrinée assez grossièrement et peu profondé-
ment. Couleur gris jaunâtre, gris terreux ou
cendré chaud avec quatre bandes longitudinales
noires plus ou moins régulièrement délimitées
chaque côté. Long. â-i,3 ; des ptérothèques,
1,3-1,5; iarg. de tête, 0,6-0,7.
Eclosion : Mars à Mai, parfois !2-3 ans après.
Œuf : Moyen, en forme de pain, la partie supé-
rieure élevée, la base aplatie, le sommet à méri-
diens cannelés. Brunâtre clair, mais paraissant
rougeâtre, car le sommet porte en son milieu un
point et les côtés un anneau, Tun et l'autre rou-
gefttres (Zdobnicky).
Dispersion : Littoral méditerranéen et sud de TEu-
rope jusqu'à Vienne.
FRANGE. — Var, Cassandra Hb. ; Alpes-
Maritimes ; Var : Hyères, Cannes ; Bouches-
du-Rhône : Aix, au tholouet (Boyer).
Mœurs : Les œufs, ordinairement pondus par
groupes de 60 environ, sont déposés à la partie
inférieure, rarement aussi à la partie supérieure
des feuilles d*Arislolochia clematitis. A Téclo-
sion, la chenille est arrondie, d'un gris noir,
avec deux rangs de taches dorsales sombres ;
tète et plaque du cou noir luisant ; pubescence
éparse. Après la l'« mue, chaque anneau porte
4 prolongements tuberculeux (le premier n'en
porte pas sur le dos et le dernier n'en possède
aucun sur les côtés), ceux ci vermillon à pointe
gris sombre ; dorsale claire ; pubescence noire.
A la i^ mue, la robe devient blanchâtre, avec 8
rangs de taches noires, les dorsales plus grosses.
Tête et placjue du cou brun rouge. Ventre gris.
Tentacules jaunes. Elle aime le plein soleil. En
société lorsqu'elles sont jeunes, elles mangent
les feuilles tendres du sommet de la plante.
Après la i^ mue, elles se dispersent et vivent
isolées. La chrysalide hiverne et l'état léthargi-
que peut durer de 9 mois à 3 ans.
BibL : Dup. 4i, pi. -2, fig. I — Mil. Lép. 6* fasc. p.-2.
pi. x, fig. 4 à o. — Goos., An. Levai., 1896, p.
o4. — Hb.,4i. — 0., I, -2, l-2i. — Tr., 10, 83.
- Frr., I, 13, 7. — Esp., 53. — Wild., 58. —
— 50 —
Pr., pi. 3, %. i. - Slet. enl. Zeit. 1851, p. 115,
et 185-2, p. 177. — Sp., 3, pi. I fig. 3ab. — Jan-
der, Zeit. fiir Entomologie, 1901, p. -26. — Doll-
man, Eut. Record, 1904, p. 445. — Zdobnicky,
Soc. ent. 1903, p. 3(3.
6. — Thaïs rumina L.
— Chenille : Robe orange ou jaune rougeàtrc, parlois
gris un peu obscur avec une légère teinte rousse.
Prolongements charnus rouges, jaune rouge ou gri-
sâtres avec Textrémité plus ou moins rougeâtre, les
poils noirâtres. Chaque anneau porte dans sa moitié
antérieure des petits traits noirs longitudinaux et
parallèles. Ventre plus pâle. Tête jaunâtre, marquée
de noir.
— Var, medesicaste II. : Robe jaune ocreux, incarnat pâle,
ou brun rougeâtre, avec la région dorsale souvent
un peu ardoisée ou violacée. Prolongements charnus
jaunâtres, ceux des anneaux 1-2 plutôt rougeâtres,
ceux de la région dorsale paraissant verdàtres à la
base. Poils noirs. Dorsale double, noire, faite de
traits largement sr^parés, placés entre les prolonge-
ments charnus. Sous-dorsale double, comme la dor-
sale. Stigmatale faite d'une rangée de petits traits
noirs très resserrés, également placés entre deux
prolongements. Ventre verdàtre, sans ligne. Pattes :
les écailleuses plus ou moins noirâtres ; les mem-
braneuses tirant sur le verdàtrc, avec le dernier
article obscur. Tète en partie noire et gris verdâtre.
Tentacules jaune rougeâtre. Long. 4-2,5.
— Epoques : Mai à AoiU.
— Plantes : Arislolochia pistolochia, clematilis, si
pho, bœlica (Rainh.) et autres.
— Chrysalide de var. medesicaste 11.^ Allongée, cy-
lindrlco-coiiique, arrondie vers la tête, grisâtre
ou cendré obscur, avec i bandes et des traits
noirs, généralement moins nettes que chez var.
~ SI --
Cmsandra Hb., parfois môme effacées et indis
tinctes. Long. 1,8; larg. i),5, de la tête 0,5.
— Parasite : Anomalon tenuicorne Grav.
— Eclosion : Mai à Juillet.
— Dispersion : Midi de la France et Espagne.
FRANCE. — Alpes-Maritimes; B. -Alpes : Digne
(jusqu'à GiiO mètres d'altitude) ; Var ; Bouches-
du-Hhône, çà et là ; ! accidentel à Aix ; Pyré-
nées Orientales ; Haute Garonne ; Languedoc.
— Mœurs : Cette espèce paraîl environ un mois
après var. Cassandra Hd. L*éclosion a lieu par-^
fois :2-3 ans après la chrysalidation.
— BibL : B. R. G., pi. 2, fig. 4 à 6. - Dup. 2â0,
pi. 33, fig. 9i. - Mil. Lép. 7^ fasc. I, pi. x,
fig. I. — Goos., An. Levai, 1896, p. 53. — Sp.
3, pi. 6, fig. 3.
3- Ci. : PARIVASSIUS
7. — Parnassius Apollo L.
— Chenille : Cylihdilque, épaisse, à anneaux distincts,
avec des éminences ou verrues sur deux rangs dor-
saux et des poils. Tête arrondie, petite. Robe d'un noir
velours, les éminences bleu d'acier. Dorsale et stig-
niatale remplacées par Un rang de taches jaune
rouge, dont deux sur chaque anneau, une à l'avant,
l'autre à l'arrière ; elles sont au nombre d'environ
25-27. Stigmates jaune rougeàtre, entourés de plu-
sieurs points bleu d'acier. Ventre noir plus clair.
Pattes et ttHe noires, cette dernière mate et souvent
marquée sur chaque lobe d'une tache bleuâtre.
Long. 4,5-5.
— Epoque : Avril à Juin.
— Plantes : Saxifragées et Crassulacées : saxifraga ;
sedum album et telephium ; sempervivum lee-
toruni (Coos.).
— Chrysalide : (3ylindrico-conique,'gris rougeûtre sau-
poudré de bleuâtre (Sp. pi. I, fig. 4 b).
— Eclosion : Avril à août.
I - 82 -
— Œuf : Mi-sphérique, côtelé dans le sens de la lon-
gueur et dans le sens transversal, les côtes for-
mant ainsi des éminences régulières, ce qui lui
donne Taspect d'une n^ûre ou d'un oursin (An.
Soc. Fr. I88i, p. 143, pi. 5, fig. 30. — Sp. pi.
50, fig. 2).
— Dispersion : Régions montagneuses de l'Europe, à
l'exception de l'Angleterre et des régions cir-
cumpolaires. Entre Trêves et Spa (F. d. J. N.,
1887, p. 59) et également entre Trêves et Co-
blence, vers Lochem (Dutreux, dans F. d. J. N.,
1881, p. 91).
FRANCE. — Alpes Maritimes ; Var ; Hau-
tes et Basses Alpes ; Isère ; Lozère ; Puy-de-
Dôme ; Cantal ; Cévennes ; Pyrénées-Orientales ;
Haute-Garonne ; Hautes et Basses - Pyrénées ;
Vosges ; Alsace ; Haut-Rhin ; Jura ; Saône-et-
Loire : I exemplaire à Saint- Jean- de- VafAX.
— Mœurs : La chenille, toute formée dans l'œuf avant
l'hiver, ne rompt sa coque qu'en avril suivant ;
elle vit solitaire et aime à manger par la grande
chaleur ; on ne la rencontre guère qu'à partir de
600 met. d'altitude. La chrysalidation a lieu dans
un léger réseau, entre les feuilles ou sur terre.
Le papillon, tout en fréquentant de préférence
les grands sommets, descend souvent jusque dans
les plaines et les prairies.
— BibL : B. R. G., 2, 1. — Dup. 46, pi. -2, fig. 4. —
Goos., An. Levai, 1896, p. 56. — Esp. 1, pi. 2,
fig. I. — Hb. 45. — 0. I, 133. — Frr. pi. 601.
— Wild. 38. — Rœs. pi. 4. — Sp. 4, pi. 1, fig.
4a. — Aust. pi. 1, fig. 1 à 3. — Hagen, Stet.
Ent. Zeit. 18S-2, p. 4u7. — Frings, Soc. ent.
1897, p. 190 (Ein Tonapparat). — Selmons, Soc.
ent. 1894, p. 50. — Krodel, Ent. Zeitschr. 1898,
p. 30. — Chapman, The Ent. 1900, p. 282. —
Bul. se. Colmar, 1876, p. 165. — Warburg, Ent.
Record. 1893, p. 50.
8. — Parnassius delius Esp. = phœbus God.
— Chenille : Allongée, cylindrique, pubescente, sans
saillies, un peu atténuée aux deux extrémités. Tête
arrondie, petite. Robe noir velours. Un rang sous-
dorsal de taches orangées, dont deux chaque côté
-^83 -
du 1" et du 12« anneau et parfois aussi du 2* et
même du 3% et trois, la médiane plus petite, ^r
chacun des autres. Long. 4-5.
— Epoque : Juillet à août.
— Plantes : Saxifraga aizoides (Frey) ; sempervivum
montanum (Curo>.
— Edosion : Juin à juillet.
— Dispersion : Russie et sommets élevés des Alpes.
FRANCE. — Savoie ; Hautes et Basses Alpes.
— Bibl : Stet. ent. Zeit. 1877, p. 219. — Sp. 4, pi.
48, fig. i, — Curo, 21. — Sellon, The Entomol.,
I89i, p. 23 i. - Selmons, Soc. ent. 1895, p. 34.
9. — Parnassius mnemosyne L.
— Chenille : Cylindrique, un peu atténuée, surtout anté-
rieurement, finement pubescenle, sans saillies. Robe
noir velours ou grise avec les incisions noires. Dor-
sale et stigmatale remplacées par des taches ovales
jaunes ou orangées, I sur le 1*' anneau, 4 sur les
deux suivants, 2 sur chacun des autres, Tanlérieure
plus grande. Ventre et pattes noires. Tête noire, la
partie postéro-supérieure à une tache médiane jau-
nâtre. Long. 3,5- i.
— Epoque : Avril à juin.
— Plantes : Sedum et saxifraga (Mart.) ; Corydalis
cava et halleri (Schœf.), bulbosa et solida (Goos.)-
— Chrysalide : Epaisse, obtuse, jaune d'œuf tachetée
de blanchâtre.
— Edosion : Mai à juillet.
— Œuf : Cylindrico-conique, allongé, assez semblable
à un cône de pin dont on aurait coupé la pointe
(Goos. An. Soc. Fr. 1884, p. 143).
— Dispersion : Prairies des hautes montagnes de
l'Europe, jusqu'en Norvège, à une altitude de
800--i5n() mètres.
FRANCE. — Alpes-Maritimes : Saint Dalmas,
Fejiestra ; Usiuies et Basses Alpes; Var : la Ste-
Baume (Powell et Siepi, F. d. J. N., 190i,
— Si —
p. !Î47) ; Auvergne : Mont Dore ; Pyrénées
Orientales ; Hte-Garonne ; Hautes et Basses-Py-
rénées.
Mœurs : La chenille se cache le jour près de la
terre et elle se transforme en chrysalide dans un
réseau assez épais placé entre les feuilles.
BibL : Oberth., Papilion, îi). — Goos., An. Levai,
1896, p. o7. — Frr. m, 37, pi. 417. — Sp. 4,
pi. I, «g. 5. — Spangberg, Ent. Tidsk., \SSi, p.
In!2. — Tomala, Soc. ent. 189-i, p. 14-2. —
Aigner-Abafi, Rovart. Lapok, 1901, p. fil.
]V Fam. : PlERlDvE
Chenilles allongées, cylindriques, bi-atténuccs, granu-
leuses et couvertes d'une pubescence qui est parfois
peu visible. Tête arrondie, subglobuleuse. Corps géné-
ralement vert, presque toujours avec des atomes ou des
taches noires. Quelques espèces (P. brassicœ et rapœ,
E. cardamines) portent sur leur corps, outre les poils
ordinaires, des poils tubulaires qui laissent suinter
comme une fine gouttelette d'un fluide transparent
(Lambil. 24). Certaines Euchloe portent des ganglions
analogues aux tentacules des Thaïs ; ces ganglions, très
petits, ne sont guère visibles quand la chenille est
vivante. De plus, entre la tète et la première paire de
pattes, on remarque deux glandes très grandes et sépa-
rées en mamelles, destinées à sécréter un liquide qui
semble nécessaire k la trituration des aliments. Ces
glandes se trouvent aussi chez quelques Pieris, Zegris
eupheme et d'autres espèces (Goossens).
Chrysalides fortement anguleuses ou parfois effilées aux
deux extrémités et partant naviculaires (Euchloe), sou-
vent arquées, avec les anneaux libres ou soudés ; elles
sont suspendues par la queue et par un lien transversal.
- 53 -
I" G. : APORIA Hb.
10. — Aporla cratœgl !.. = Nigrovenosus Retz.
— Chenille : Assez allongée, cylindrique, densément et
assez longuement poilue, les poils isolés * sur de
petites granulations. Tète pelile, arrondie.
Robe d'un noir très luisant, la région stigmatale
ordinairement plus pâle, ardoisée ou cendré bleuâtre.
Poils : les dorsaux noirs ; les sous-dorsaux fauves et
formant deux larges bandes caractéristiques, conti-
nues ou subconlinues (ces poils fauves manquent
ordinairement sur les anneaux 1 et 12) ; les stigma-
taux blanchâtres ou grisâtres. Stigmates subronds,
noirs. Ventre noir luisant. Pattes : les écailleuses
noir luisant, les membraneuses noires, grises ou
ardoisées. Tête noire assez peu luisante, avec des
poils blanchâtres. Long. 3-3,5.
— Var. a. — Région stigmatale ardoisé pâle, les stig-
mates seuls formant une tache noire bien distincte.
.Chaque côté de la bande sous-dorsale fauve, qui est
moins large, se trouvent des litures obliques pâles.
— Epoque : Juillet à mai.
— Plantes : Cratœgus oxyacaulha, prunus spinosa,
pyrus malus et communis, cerasus mahaleb et
tous arbres à noyaux ; qucreus robur.
— Chrysalide : Allongée, jaune verdâtre, à nombreu-
ses taches noires placées en lignes longitudinales ;
nervures des ailes visibles en noir; souvent aussi
des traits jaune foncé (Brehm, fig. {"Hij. —
Wilde, 53, pi. I, fig. 8. — Sp. pi. I, fig. 6 b).
— Parasites : Ichneumon culpator Schr., oscillator
Wesm. ; .Vmblyteles mesocastanus Grav. ; Pimpla
instigator (îr., varicornis (ir. ; Microgaster cra-
tœgi Ratz.
— Eclosion : Mai à juillet.
— Œuf : Cylindrique, renflé au milieu, arrondi à la
base, côtelé longitudinalement, surtout vers le
— 66 —
sommet, ce qui le fait ressembler au (( calice
d*une fleur qui aurait 7-8 sépales )). Jaune bril
lant virant au blanc argent 15 jours après la
ponte ; il paraît alors plus fortement côtelé et
comme couvert de granulations aux deux extré-
mités (An. Soc. Fr. 1884, pi. 6, fig. 34. — Sp.
pi. 50, fig. 3. — Dale, 8).
— Dispersion : Toute l'Europe.
FRANCE. — Alpes Mar. ; H. et B.-Alpes ; Var ;
B.-du-Rhône ; Pyrénées-Orientales ; Haute-Ga-
ronne ; H. et B. -Pyrénées (jusqu'à 4.000 met.) ;
Creuse ; Puy de Dôme ; Cantal ; Gironde ; Maine-
et-Loire; Loire-Inférieure ; Finistère; Morbihan ;
Loir-et Cher ; Eure et-Loir ; Indre ; Cher ; Sar-
the ; Calvados : manque au pays d'Auge (Moutier) ;
Eure ; Seine Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Seine ; Aube ; Alsace ; Saône-et Loire ; Haute-
Marne : Si-Dizier, Langres, Mortes, Montigny,
Latrecey, etc.
— Mœurs : Les accouplements ont lieu en Hte \farne
vers le 16 juin et les œufs, pondus à la fin du
même mois, sont placés à découvert sur. une
feuille au nombre de 14 à plus de 100. L'éclosion
se fait en général 15 20 jours après, c'est-à dire
en juillet, comme nous avons pu nous-mème le
constater à plusieurs reprises (t). Les jeunes
larves filent une toile légère et fermée ; elles
ménagent toutefois un orifice par lequel elles
passent matin et soir pour manger. Avant l'hiver,
elles en construisent une autre plus forte et elles
demeurent ainsi jusqu'en mars ou avril, époque
à laquelle elles se séparent, d'abord en s'éloi-
gnant sur les différentes branches du végétal,
puis en se transportant sur d'autres arbustes.
Elles mesurent en ce moment de 1-1,5 cent., et
dès lors la croissance se fait rapidement, au
moins pour quelques-unes, car il en est qui
n'atteignent toute leur taille que fin mai. La
chrysalide, suspendue par la queue et par un
lien transversal sous les chaperons des murs ou
après la plante, éclot au bout de \\y'l\) jours et
donne parfois des adultes à ailes entièrement
transparentes (Sajo, Illustr. Wochenschr. fur
Ent. 1896, p. 354).
(i) M. de Rocquigny-Adanson a également remarqué ce fait (F. d. J. N.,
1900, p. 26). En Angleterre, réclosion semble aussi avoir lieu vers la même
époque (Dale, 8).
— 87 —
— Bibl. : B. pi. 4. — Dup. 48, pi. 2. fig. 6. — Brehm,
-259, fig. 1:273. — Goos., An. Levai., 1896, p. 58.
— Lambil., 10. — Hb., 46. — 0., 1, 141 —
Rœss., 1.15, pi. 3. — Pr. pi. 3, fig. 7. - Sp.,
5, pi. 1, fig., 6 a et pi. 6, fig. 4. — lîlustr. Wo-
chenschr. fur entom. 1896, p. 10!, 113 et 275. —
Sepp. m. 37, pi. 10. — Bûck., pi. f, fig. 1 a
à d . — Dale, 8. — Merrifield, Ent. Mag. xxviii,
p. 163. — Hodge, The Ent. 1896, p. 356. —
Sajo, 11. Zeit, f. Ent. 1899, p. 218. — Battley,
The Ent. 1903, p. 249.
:S- O. : PIERIS Schrk.
11. -- Pleris brassicae L.
— Chenille : Allongée, cylindrique, plissée transversale-
ment, atténuée antérieurement \ partir du 6** an-
neau, à poils assez épais, isolés et bien visibles. Tête
arrondie, subglobuleuse.
Robe verdàlre ou jaune verdâtre, tirant parfois sur
l'ardoisé pâle, avec de grosses taches noires qui por-
tent presque toujours* un petit tubercule saillant
surmonté d*un assez long poil blanchâtre et sont ainsi
disposées sur chaque anneau : une chaque côté de la
dorsale, à l'avant du segment (au moins à partir du 4*);
. deux entre la dorsale et la stigmatale, celles-ci pla-
cées obliquement, l'antérieure plus rapprochée delà
stigmatale ; sur les anneaux 1-5-6, ces taches sont
ordinairement fondues en une seule à contours très
irréguliers. D'autres petites taches noires très nom-
breuses semées irrégulièrement et ordinairement
surmontées d'un petit poil noir. Doi*sale continue
de 1-12, jaune. Sous-dorsale nulle. Stigmatale con-
tinue, large, jaune, le bord inférieur souvent fondu.
Stigmates ronds, peu visibles, blanchâtres*, fine-
ment cerclés de noir. Ventre verdâtre, luisant, for-
tement pointillé de noir, au moins à la base des
pattes. Pattes* testacées ou jaunâtres. Tête de la
- 58 -
couleur du fond ou légèrement bleuâtre, au moins
sur les côtés, avec de nombreuses granulations
noires surmontées chacune d'un poil blanc ou noir ;
le A et la base des mandibules ordinairement som-
bres, rintervalle du A jaunâtre. Long. 3-4; larg.
0,4-0,S.
— Epoques : Tout l'été, à partir de Mai ou Juin, sur-
tout d'Août à Octobre ; parfois, mais exccpliouT
nellement, en Novembre (Rouledge, The Enlo
mol., 1894, p. 106).
— Plantes : Crucifères surtout : brassica oleracea,
nasturtium officinale ; cochlearia armoracia ;
tropœolum majus et minus.
— Chrysalide : Anguleuse, avec prolongement frontal
jaune terminé en pointe mousse ; corps caréné,
le ^^ segment abdominal présentant chaque côté
une pointe noire ; prolongement anal aplati,
ayant à la base un relief en fer à cheval et au
côté opposé une tache bifurquée, noire. Elle est
jaune verdâtre avec de nombreux points noirs
assez gros et* un épais pointillé également noir.
Carène jaune, la partie la plus anguleuse noire ;
E ointe terminant les ptérothèques libre, noire.
lOng. î2,8-:2,5 ; des ptérothèques, 1,7 ; larg.
0,5; des deux pointes du 2® seg., 0,(3 (Brehm,
fîg. 1^267).
— Parasites : Microgaster reconditus Nées., glome-
ratus L. avec ses hyper-parasites : Hemiteles ful-
vipes, areator Pz., vicinus (irav. et Mesochorus
aciculatus(Bignell). — Pteromalus puparum L.;
Exetastes illusorOrav. ; Pimpla varicornis Grav. ;
DoriaconcinnalaMeig. ; Kxorista vulgaris Meig.;
Limneria ebenina (irav. ; Apanteles rubripes
Halid. (Cameroii) ; on peut encore ajouter comme
destructeur la Formica rufa (Bernède), et comme
parasite des œufs Cosmocoma ovuiorum Hal.
— Eclosion : Toute la bonne saison, à partir de Mai ;
très rarement Mars ; surtout d'Août à Octobre.
— Œuf : Conique, d'un jaune plus ou moins brillant.
— Dispersion : Toute l'Europe.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; H. et
B. Alpes ; Var ; B.-du-Rhône ; Pyrénées-Orient.;
H. -Garonne ; H. et B. Pyrénées ; Creuse ; Puy-
— 59 —
de-Dôme ; Cantal ; Gironde : Maine-et-Loire ;
Loire-Inférieure ; Finistère ; Morbihan ; Loir-et-
Cher; Eure et-Loir ; Indre ; Cher ; Sarthe ; Cal-
vados ; Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ;
Oise; Seine; Aube; Alsace; Saône-et-Loire ;
Allier ; Haute-Saône ; Haute-Marne : partout,
— Mœurs : Les œufs sont pondus sous les feuilles,
tantôt disséminés, tantôt par groupes de 30 à
plus de 100. L'éclosion a lieu une dizaine de
jours après, et les jeunes chenilles semblent re-
chercher les feuilles superficielles ; parfois elles
dévorent les œufs non encore éclos (Lambil.) La
nymphose s'opère, soit sur la plante nourricière ou
tout autre arbuste, soit mieux, principalement à
Tarrière-saison, sous les chaperons des murs envi-
ronnants. La chrysalide est suspendue par la
queue et par un lien transversal. C'est en cet
état que Tinsecte passe la mauvaise saison. L'a-
dulte se laisserait parfois attirer par les fleurs
artificielles (Bedford, The Ent. 1897, p. 19"?).
— BibL : B. R. G. pi. i. — Dup. oO, pi. -2, fig. 7. —
Brehm. :2oo, fig. 1^66. — Goos., An. Levai. 1896,
p. i)9. — Lambil. IH. — Lucas, An. Soc. Fr.
1884, p. cLiii. — Barthe, Miscel, ent. I89î?, p.
19. — Esp. H. — Hb. 46. — 0. i, 144. — Wild.
o4. — Pr. pi. 3, fig. 8. — Sp. 6, pi. I, fig. 7, —
Buck. I 48, pi. -2, fig- ^2 a b. -- Date, IL— Gro-
ver, The Ent. 1896, p. 365. — Dohrn, Slet. E.
Zeil. !87H, p. 108. — Auel, Allg. Zeit. f. ent.,
I9.i.\ p. M/, 139 et I8L
12. — Pleris rapae L.
— Chfnille : Cylindri(|ne, un peu atténuée aux deux exlré-
nilb's, subplissée transversalement, à poils nom-
breux, très courts, blanchâtres.
Robe d'un vert plutôt sombre, atomée de noir. Dor-
sale assez fine, continue, jaune, sous-dorsale nulle.
Stigmatale jaune, souvent faite de 1 ou 2 taches par
armeau, ces taches séparées ou contiguës ; au-dessus
d'elles les stigmates, qui sont très petits, elliptiques,
blancs, finement cerclés de noir. Ventre vert, par-
fois lavé de cendré bleuâtre ou de bleu ciel pâle,
sans tache ni ligne. Pattes vertes. Tête verte, avec
-co-
des poussières noires surmontées de petits poils,
ceux-ci plus nombreux vers le sommet ; ocelles
noirs. Long. 2,3-3.
— Epoques : Juin à Octobre, parfois même, mais rare-
ment, en Novembre et Décembre.
— Plantes : Crucifères surtout: Brassica oleracea, râpa
et var. esculenta ; tropœolum majus ; reseda
(Stainton). En captivité, goyavier du Congo
(Lambil. 10).
— Chrysalide : Très anguleuse sur les côtés, la tète
prolongée en forte pointe, avec Tabdomen densé-
ment ponctué. Prolongement anal assez court,
bilobé, fendu jusqu'à sa rencontre avec la carène
ventrale ; il est marqué à sa base d'une sorte de
fer à cheval. Couleur cendrée, brunâtre, jaunâtre
ou gris verdâtre, avec de nombreux points noirs,
ceux des ptérothèques dessinant les nervures des
ailes. Stigmates marqués, au moins chez les chry-
salides fraîches, par un trait transversal jaune.
Long. -2. (Brehm. iig. 1470).
— Parasites : Microgaster glomeratus L. et ses hyper-
parasites : Hemiteles fulvipes et Mesocorus aci-
culatus — Doria concinuata Meig; Phryxepieridis
H. D. ; Pteromalus puparum L. ; Ëxorista vulgaris
L. (Bignell.) ; Apanteles rubecula Marsh. ; For-
mica rufa (Bernède\
— Eclosion : Toute l'année, depuis fin Février, parfois
Janvier (Kirkaldy, The Ent. 1899, p. 78) jusqu'à
Novembre, eu 2-8 générations (I).
— Œuf : Pyriforme, côtelé longitudinalement, les cô-
tes atteignant le sommet ; il est, en outre, fine-
ment réticulé. Jaune verdâtre virant au vert.
(Sepp. 1,2, pi. 4).
— Dispersion : Toute la région paléarctique.
FRANCE. — Corse; Alpes-Maritimes; Var;
B.-du-Rhône ; Pyrénées Orient. ; Hte-Garonne ;
H. et B. -Pyrénées; Creuse; Puy-de-Dôme; Can-
tal ; Gironde ; Maine-et Loire ; Loire-Infér. ; Fi-
nistère ; Morbihan ; Loir-et-Cher ; Eure et-Loir ;
Indre ; Cher ; Sarthe ; Calvados ; Eure ; Seine-
Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Seine ; Aube ;
(1) Dans les boites à élevage, on en obllenl facilement dès la seconde moi-
tié de Janyier.
— 61 —
Alsace ; Saône-et-Loire ; Allier ; Haute- Marne :
partout.
— Mœurs : Les œufs sont généralement isolés sur les
feuilles ; la chenille mange les feuilles superfi
cielles de la plante, mais pénètre aussi jusqu*au
cœur. La dernière génération opère sa nympnose
pour rhiver et la chrysalide est suspendue par la
queue et par un lien transversal.
— BibL : B. pi. 4. — Dup. 5-2, pi. 3, fig. 8. — Brehm.
258, fig. 1-269. — Goos., An. Levai 1896, p. 59. —
Lambil. 15. — F. d. J. N. 1901, p. 191. — Esp.
I, pi. 3, fig. -2. - Hb. 47. - 0. I, 146. — Wild.
54. — Rœs. pi. 5. — Pr. pi. 3, fig. 10. — Sp. 6,
pi. i, fig. 8. — Sepp. -2, pi. 4. — Bûck. 19 et 15-2,
pi. !2, fig. 3. — Dale, 15. — Schwarz, dans Proc.
entomol. soc. Washington I, p. î250. — Soûle,
Psyché, 1888.
13. — Plerisergane H. -G.
— Chenille : D'après Griebel, elle est piibescente, d'un
vert bleuâtre mat, avec de nombreux petits points
noirs surmontés de courts poils blanchâtres. Dorsale
et sous-dorsale nulles. Stigmatale faite d'une tache
jaune sur chaque anneau. Stigmates brun clair bor-
dés de sombre. Pattes : les écailleuses vert bleuâtre,
à extrémité brun clair ; les membraneuses avec la
couronne brun clair. Tête pubescente, vert brunâtre,
pointillée de noir, les pièces buccales brun clair.
Long. 3.
— Epoque : Avril.
— Plantes : Crucifères (Griebel).
— Eclosion : Avril ; Juin Juillet. Deux générations.
— Dispersion : Dalmatie, Carinthie et Balkans.
FRANCP]. — Cette espèce aurait été prise dans
la Meuse (?).
— RM, . Sp. 6, pi. Sup. I, fig. 3.
14. — Pleris napi L.
— Chenille : Cylindrique, à trapézoïdaux noirs surmon-
tés chacun d'un très petit poil et à granulations blan-
— 6-2 —
ches placées, les unes irrégulièrement, d'autres assez
régulièrement en lignes longitudinales.
Robe vert tendre, avec les incisions plus ou moins
jaunâtres. Dorsale et sous-dorsale nulles, mais sem-
blant* laites de granulations blanches. Stigmatale
large, continutî, jaune; à sa partie supérieure les
stigmates, qui sont elliptiques, blanc cerclé de noir,
rarementjaunàtre cerclé de rouge, ceux des anneaux
I et 1 1 plus gros. Ventre vert, sans tache ni ligne.
Pattes vertes. Tète d'un vert plus pale, luisante, avec
quelques poils courts.
Assez semblable à rapœ, dont elle diffère surtout par
sa teinte vert clair, par Tabsence de ligne jaune sur
le dos et de pointillé noir dans la région sous-
stigmatale.
— Epoque : Juin à Septembre.
— Plaiites : Crucifères surtout : Brassica râpa et ole-
racea ; tropœolurn mujus; medicago ((joos.) ; résé-
da lutea et luteola — Arum maculatum. (Sibille,
Revue soc. eut. Namur, I9n*>, p. iO.)
— Chrysalide : De couleur variable : jaune verdûlre,
vert clair, brun cuir ou brun noir, avec des lignes
et des taches noires et des points jaunâtres.
Bords des ptérothèques jaunes (Brehm, tig. 1 473).
On en rencontre assez souvent une var. vert bril-
lant avec des bordures jaune clair. (Brit. Nat.
189-2, p. -260.)
— Parasite : Hoplismenus nigripes Gir.
— Eclosion : Presque toute l'année, mais surtout de
Mars à Juillet, généralement en t générations ;
dans le Midi dès Février. En maintenant les chry-
salides à douce température pendant l'hiver,
nous avons obtenu des papillons depuis le o Jan-
vier.
— Œuf \ Pyriforme, côtelé longitudinalement et réti-
culé transversalement. Vert pèle virant à l'argenté
avant l'éclosion. (An. soc. Fr. I88i, pi. 5, fig. 31).
— Dispersion : Toute la région paléarctique.
FRAXCE. — Corse; Aines Mar. ; H. et B.-
Alpes ; Var ; Bouches-du-Rhône ; Creuse ; Puy<
- 63 -
de-Dôme ; Cantal ; Pyrénées Orientales ; Haute-
Garonne ; Hautes et Basses Pyrénées ; Gironde ;
Maine et Loire; Loire Inférieure ; Hie et Vilaine
(Bleuse) ; Finistère ; Morbihan ; Loir-et-Cher ;
Eure-etLoir; Indre; Cher; Sarthe : Calvados ;
Eure; Seine Inférieure ; Somme; Nord; Oise;
Seine ; Aube ; Alsace ; Hte Saône ; Doubs ; Jura ;
Allier; Saônç-et Loire ; Haute-Marne : partout.
Mœurs : Les œufs sont généralement isolés sur les
feuilles ; Téclosion a lieu quelques jours après la
ponte et les jeunes chenilles atteignent leur com-
plet développement en un mois environ. Celles
d'Avril et surtout celles de Septembre donnent
généralement la variété estivale napeœ Esp. ;
celles de Juin, Juillet fournissent plutôt la var.
bryoniœ Ochs. La dernière génération hiverne à
Tétai de chrysalide, celle-ci suspendue par la
queue et par un lien transversal. Parfois Té-
closion n'a lieu que 1:2 mois après la chrysalida
lion (Sladen, The Eut. I90l>,p. Ui). Le papillon
mâle répand généralement une odeur très agréa-
ble, analogue, d'après Sélys-Longchamps, à celle
du thym (Mém. soc. se. Liège, I8ii, tome II) ou
mieux, d'après Perkins, à celle de la verveine
(Ent. month. Mag., 1887, p. 1 1 et 40).
BibL : B. pi. 5. — Dup. 53, pi. 8, fig. 9. — Brehm
l>r;8, fig. 1-27-2. — Goos., Ann. Levai. 1896, p. 60.
Lambil. 17. — Esp. 3. - Hb. 47. — 0. I, U9.
Wild. o5. — Pr. pi. 3, fig. 9. — Sp. 6, pi. I,iig.
9. — Sepp. pi. I. — Biick. !20 et 156, pi. -2, fig. 4.
Dale. 18. — Brit. nat. 189->, p. -260.
15. — Pleris callidice Esp.
— Chenille : Gris bleuâtre, pointillue de noir, souvent
jaunâtre dans la région dorsale. Chaque côté du dos
une ligne blanche ; sligmatale également blanche ;
toutes ces lignes tachées de jaune à la partie anté-
rieure de chaque anneau. Stigmates blanc bleuâtre.
Ventre brunâtre. Pattes écailleuses noires. Tète gris
bleuâtre, entourée de jaune ou avec une tache jaune
sur les côtés, chargée de points saillants noirs, sur-
montés chacun d'un petit poil.
— Époque : Août à Juin suivant.
— Plantes : Crucifères croissant au sommet des hautes
montagnes, dans le voisinage des neiges éter-
nelles : arabis alpina ; nasturtium alpinum ; car-
damine sylvatica ; sempervivum aracnnoideuro et
montanum (Curo).
— Chrysalide : Verdâtre, jaune verdâtre ou grisâtre,
finement pointillée de noir, avec le dos marqué
d'une ligne jaune.
— Eclosion : Juin à Août.
— Dispersion : Sommets des hautes montagnes, à par-
tir de I.5(H) mètres. Pyrénées, Alpes et Caucase.
FRANCE. — Alpes-Maritimes : Berthemont ;
H. et B. -Alpes ; Pyrénées-Orientales ; Hautes
et Basses-Pyrénées ; Haute-Garonne.
— Obs. : La chenille hiverne. D'après Bdv., la chrysa-
lide passerait aussi la mauvaise saison appliquée
contre les rochers.
— JHbL : B, pi. 6. — Wilde, 5o. — Sp. 7, pi. 1, fig.
lu. — Curo, p. :2-2. — Goos., An. Levai. 1896,
p. 61.
16. — Pieris daplidice L.
- Chenille : Cylindrique, pubescente, à tête arrondie,
assez petite, très détachée. Robe gris bleuâtre, à
nombreuses granulations ou points verruqueux
noirs. Sous-dorsale assez large, continue, jaune ou
Diane jaunâtre. Stigmatale à peu près de même lar-
geur que la sous-dorsale, continue, jaune ou blanc
jaunâtre. Ventre et pattes blanchâtres, verdâtres ou
cendré bleuâtre, ces dernièi^es généralement mar-
quées chacune d'une tache jaune. Tête vert clair ou
vert jaunâtre, ponctuée de noir et souvent marquée
de 1--2 traits jaunes sur les côtés. Long. 3.
— Var. : Robe cendré bleuâtre ou verdâtre. Sous-dor-
sale et stigmatale, quand elles sont d'un jaune pâle,
presque toujours marquées d'une tache jaune foncé
à la partie antérieure de chaque anneau.
— Epoques : Juin à Juillet ; puis Septembre à Octobre.
-68-
Plantes : Crucifères et résédacées : Sisymbrium
erucastrum et sophia ; thlaspi arvense ; brassica ;
cheiranthus ; erysimum cheirantoides et repan-
dum (Rogenhofer) ; turritis glabra ; berteroa in-
cana ; reseda lutea, luteola et odorata ; sinapis ;
alyssum.
Chrysalide : Gris sombre, gris brunâtre ou verdâtre,
avec de nombreuses taches noires et quelques
raies roussàtres. Abdomen marqué sur les côtés
de traits blanc jaunâtre.
Parasite : Ânomalon xanthopus Schr. (Mathew).
Eclosion : Avril à Juin ; puis Août à Octobre. Dans
le Midi, la var. bellidice Ochs. paraît dès Fé-
vrier ou Mars. Dans le Nord, il n'y a qu'une
génération.
Œuf : Mi-sphérique, en forme de cupule, d'un rosé
brillant (Dale).
Dispersion : Toute la région paléarctique, excepté
les contrées polaires.
FRANCE. - Corse ; B. Alpes ; Var ; Hérault ;
Pyrénées-Or. ; Haute-Garonne ; H. et B. Pyré-
nées ; Auvergne ; Gironde ; Maine-et-Loire ;
Loire-Inférieure ; Morbihan ; lUe-et Vilaine ;
Bretagne ; Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ; Indre ;
Cher ; Sarthe ; Calvados ; Eure ; Seine Infé-
rieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Seine ; Aube ;
Alsace ; Saône-et-Loire ; Allier ; Haute-Marne :
Langres, Hories,
Mœurs : La jeune chenille est d'abord rougeâtre,
avec la tête noire ; puis elle devient d'un vert
bleuâtre pâle, à dorsale jaunâtre et tête vert
pâle. Jusqu'à la t^ ou 3® mue, elle semble pré-
férer les Qeurs de la plante nourricière. Cette
espèce hiverne à l'état de chrysalide. L'adulte,
quoique n'étant pas très commun en Haute-
Marne, s'y rencontre le plus abondamment sur
la fin de Juillet et dans le courant d'Août. Il aime
à voltieer dans les champs de trèfle et de lu-
zerne. L'espèce a été TC en 1885, et on pouvait
alors trouver très facilement à la fois la cnenille
et le papillon (Goos).
Bibl : B. R. G. Pap. pi. 6. — Dup. 55, pi. 4, fig.l I.
— Goos., An. Levai. 1896, p. 61. — Lambil.
-JO. — Hb. 48. — 0. I. 156. — Wild. 55. — Pr.
pi. 3, fig. 11. — Sp. 7, pi. 1, fig. M et pi. 6,
-66-
fig. o. — Bûck. âl pi., *^ fig., 1 a à c. — Dale.
ly. — Merrifield. ïraiis. Ent. Soc. Lond. 1897,
p. XVIII.
3- G. - EUCHL,OE Hb.
17. — Euchloe belemia Esp.
— Chenille : Semblable à celle de tagis' Hb., mais avec
une dorsale rouge (Goos.).
— Eclosion : Avril à Juin ; puis Juillet à Septembre.
— Dispersion : Espagne et Portugal.
FRANCE. — Prise à Morlaix, par M. de Guerni-
sac (Beilier, F. d. J. N. I88H, p. Mi.), et signalée
par M. Sand (Catal. lépid. Berry, p. "2) comme
ayant été capturée à mural (Ségny», et dans la
mllée de r.Alaqnon (Barretier). La var. œst.
Glauce Hb. aurait été également rencontrée en
Mai et Juin dans le Cantal, à Murât (F. d.
J. N. l88:-5, p. 1-26).
— Bibi : Goos., An. Levai. 1897, p. 24.
18. -~ Euchloe belia Cr.
— Chenille : Celle du type est assez semblable à carda-
mines L. Elle est cylindrique, assez allongée, un
peu atténuée antérieurement, à anneaux distincts,
visiblement pubescents. Stigmatale blanche. Tête
assez petite, arrondie, plutôt lenticulaire, détachée.
Robe verte ou jaunâtre, iortcment pointillée de noir
(ces points ordinairement sur trois rangs transver-
saux), et parfois de rougeâtre dans la région dor-
sale. Dorsale continue, assez étroite, blanchâtre ou
légèrement cendré bleuâtre. Stigmatale continue,
étroite, blanche ou gris verdâtre, ordinairement
marquée de petits points peu visibles. Stigmates
elliptiques, blancs, finement cerclés de noir. Ventre
et pattes concolores, le plus souvent verdàtres, le
clapet de la couleur des bandes. Tête verdâtre, fine-
-fil-
ment et lortement pointîllée de noir, parfois un peil
marquée de jaunâtre, pubescente. Long. 3 3,5.
Var. a. — Robe verte, avec la région dorsale jaune,
celte région tachetée de jaune ou d'aurore ; tout le
corps pointillé, de noir.
Var. b. — Corps en entier jaune, avec des lignes
rouges ou marquées de rouge.
Var. (B8t. atMonia Hb. — Robe jaune ponctuée de
noir. Dorsale bleue ou violette. Sligmatale blanche,
verte ou bleue au bord supérieur. Des taches noires
et rouges, généralement en nombre assez considé-
rable.
— Epoques : Avril à Juillet ; puis Août à Octobre.
— Plantes : Crucifères, dont elle ronge surtout les
siliques : sisymbrium erucastrum, sinapis incana,
barbarea vulgaris (Const), biscuteifa didyma,
lœvigala et autres, raphanus raphanistrum, di-
plotaxis lenuifolia ; cheirantiis cheiri, au moins
en captivité (Breignet, An. Soc. Fr. 1887, p. cxx).
— Chrysalide : Fortement aiguë aux deux extrémités.
Celle du type est ordinairement brune avec des
points noirs, celle de la var. ausonia plutôt
verte, avec la partie antérieure d'un pourpre
violet.
— Eclosion : Mars à Mai ; puis Juin à Juillet. La var.
aiisonia Ub. parait à partir de Mai.
— Œuf: En forme de poire ou mieux de bouteille, à
méridiens cannelés. Jaune brunâtre, virant au
gris plombé, avec la dépression ombrée (An.
Soc. Fr. 1881, pi. 5, fîg. 3H — Sp., pi. 50, fig. 4).
— Dispersion : Midi de l'Europe.
FRANCE. — Corse (Var. ausonia) ; B.-Alpes ;
Var ; Bouches du-Rhône ; Pyr. -Orientales ; H. et
B. Pyrénées ; H. -Garonne ; Auvergne; Gironde;
C^harente ; Maine et-Loire ; Loire-Inférieure : te
PouUguen ; Indre ; Indre-et-Loire (Lelièvre) ;
Cher ; Eure-et-Loir ; Sarthe ; Aube ; R. : Bar-
sur-Seme ; Seine-et-Oise ; Seine-et-Marne ;
Saône-et-Loire.
— Mœurs : Le papillon pond ses œufs en Septembre
ou au commencement d'Octobre, et les larves.
grossissant très vite, donnent la chrysalide avant
l'hiver. C'est en cet état que l'insecte passe ia
mauvaise saison. La chenille diffère de celle de
daplidice par sa forme plus étroite et par les
bandes qui sont moins larges.
L'éclosîon a lieu au printemps ou pendant Tété
qui suit, souvent aussi deux ans après. L'adulte,
surtout la var. ausonia, remonte jusque dans le
centre de la France, aux environs de Paris et de
Fontainebleau. Il recherche de préférence les
champs de luzerne et les prairies humides. Dans
les pays montagneux, on le rencontre jusqu'à
±{m mètres d'altitude.
Bibl. : Dup., -23-2. pl. Ho, fig. 98. - Aji. Soc. Fr.,
I80H, p. xc; 187 i, p. I et viii. — Goos., An.
Levai., 1896, p. 63. — (îiard, Revue Scient. Bour-
bonnais, 1898, p. lo9 'Géonémie). — Sp., 7. pl. 6,
lig. 6.
19. — Euchloe simplonla Frr.
— Chenille : Faiblement pubescente, d'un jaune pâle,
pointillé de noir, avec trois bandes d'un vert
un peu bleuâtre. Stigmatale remplacée par la teinte
du fond et marquée de petits points noirs.
— Epoque : Juillet à Septembre.
— Plantes : Crucifères des montagnes.
— Eclosion : Juin à Juillet.
— Dispersion : Alpes du centre et de l'ouest. Pyrénées
(Rûhl-Heyne).
FRANCE. — H. etB. Alpes ; Savoie; sommets
des Pyrénées (R-H.)
— Obs. : Les chenilles, qui, d'après Bellier, se ren-
contrent par groupes, ressemblent beaucoup à
celles de la var. avsonia Hb. ; mais elles n'ont
pas, comme cette dernière, la stigmatale blanche.
— liibL : Goos., An. Soc. Fr., I88i, p. I i3, et An.
Levai. IS97, p. -2:^. — Sp., 8.
20. — Euchloe tagis Hb.
— Chenille : Cylindrique, un peu atténuée, à anneaux
bien marqués, à pubescence assez nettement visible.
Tête assez petite, arrondie, subienticulaire.
Robe d'un vert plus ou moins sombre, avec un poin-
tillé noir très fin. Dorsale et sous-dorsale nulles.
Stigmatale continue, blanche, bordée à la partie
supérieure par une large bande d'un rouge profond
ou d'un violet lie de vin. Ventre et pattes conco-
ures. Tête verte ou brunâtre, finement pointillée,
l'épistome et les pièces buccales ordinairement
rouges. Long. 3-3,5.
— Epoque : Février à Juin.
— Plantes : Iberis pinnala, biscutella ambigua.
— Chrysalide : Anguleuse, incarnat pâle ou brun rosé
avec une ligne dorsale et le pourtour des ptéro-
thèques brun. Abdomen souvent d'un rose vio-
lacé.
— Eclosion : Février à Mai.
— Dispersion : Espagne, Portugal, Sardaigne.
FRANCE. — Corse (var.injm/am Stgr.) ; Var ;
B. du-Rhône : Aix, les Camoim, la Treille ;
Pyrénées Orientales 1 ; Indre et Cher (Sand).
— Mœurs : Cette espèce, qui reste environ dix mois
en chrysalide, passe la mauvaise saison dans cet
état.
— liibl. : B. Papil., pi. 5, fig. 1. — Dup. 229, pi. 35,
fig. 98. — Goos., An. Levai 1897, p. 24. — Tr.
X. 90. — Sp.,8. pi. 6, fig. 7.
21. — Euchloe cardamines L.
— Chenille : Allongée, cylindrique, peu atténuée, assez
peu pubescente. Tête arrondie sur les côtés, subien-
ticulaire, grosse, assez détachée. Robe vert d'herbe
ou vert bleuâtre, très finement pointillée de noir.
Dorsale blanche, ordinairement marquée seulement
sur les anneaux 1-4-3, rarement nulle. Stigmatale
continue, blanchâtre, londue au bord supérieur avec
la teinte du fond parfois ombrée de rouge car-
-do-
miné. Ventre vert sale. Pattes vertes. Tête vert som-
bre ou brune, pointillée de noir. Long. 3,5-4.
— Epoque : Juin à Août.
— Plantes : Crucifères : cardamina pratensis, impa-
tiens et autres, turritis glabra, sisymbrium
alliaria, barbarea vulgaris, brassica campestris,
arabis.
— Chrysalide : Naviculaire, très arquée, fortement
renflée au milieu, étirée en pointes allongées
aux deux extrémités, lisse, Tenveloppe alalre à
Eeine striée. Verte, virant au gris jaunâtre ou
runfttre, avec des stries plus claires, rougefttres,
des traits latéraux blancs, la pointe anale rose
et la tête aurore ou orangée (Wilde, 56, pi. 8,
fîg. 14. — Sp.pl. 1,fig. 1-2 b).
— Eclosion : Mars à Juin, parfois même dans le Nord
commencement de Juillet (F. d. J. N. 190 1 , p. 1 43).
— Œuf : D'après Bromilow, il est d'un blanc jaunfttre,
virant au verdâtre au bout de (Quelques jours (The
Entomol. xxv, p. 1 4!2). D'après Lambillion (p. !25),
il est d'un vert jaunâtre passaot bientôt au jaune
orange foncé.
— Dispersion : Toute l'Europe.
FRANCE. — Corse ; H. et B.- Aines ; Var ; B.du-
Rhône ; Pyr. -Orientales ; Hte-uaronne ; Htes
et Basses -Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-Dôme ;
Cantal ; Gironde ; Maine et-Loire ; Loire-Infé-
rieure ; Finistère ; Morbihan ; lUe et-Vilaine ;
Loir et Cher ; Eure et-Loir ; Indre ; Cher ; Sar-
the ; Calvados ; Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ;
Nord; Oise; Seine; Aube; Alsace; Saône-et-
Loire ; Allier ; Haute-Marne : Langres, Hortes,
Latrecey,^Montigny y Saint- Dizier,
— Mœurs : L'œuf, isolé sur les feuilles ou à la base
des fleurs, est pondu en mai ou juin ; il éclôt
une quinzaine de jours après ; la jeune chenille
est verte avec une stigmatale blanche ; à la 4®
mue, elle vire au vert bleuâtre avec des poils
sombres. La chrysalide hiverne et donne le
papillon au printemps suivant, l'éclosion du
mâle précédant généralement d'environ huit
jours celle de la femelle. L'espèce a deux géné-
rations dans le Midi, une seule dans le Nord.
— BibL : B. Papil., pi. 5. — Dup. 3i, pi. 4, fig. la.
— 7i -
— Goos., An. Levai. 1897, p. 28. — Brehm. 261.
— Lambil. 23. — Esp. 4. — Hb. I, 48. — 0. ?,
165. — Frr. vi, 121, pi. 559. — Pr. pi. 3, fig. 13.
— Sp. 8, pi. I, fîg. Ifa. — Sepp. vi, 9. — Bûck.
I. 159, pi. 3, fig. i. — Dale, -Jl. — Himsl. Soc.
ent. 1896, p. lUl'. — Gillmer, Ent. Zeît. f. Ent.
1899, p. 480. — Chapman, Eut. M. Mag. 1888,
no 287. — Dupont, Ent. Record, 1897, p. 329. —
Bretschneider, Ent. Zeit. Gub. I90i, p. 85,90.
22. — Euchloe euphenoides Stgr.
— ChenilU : Cylindrique, un peu atténuée postérieure-
ment, visiblement pubescente. Tête un peu plus
large que le premier anneau, subaplatie devant.
Robe blanc bleuâtre pâle ou verdàtre, mate. Poils
blanchâtres, ceux de la région dorsale, au moins les
plus gros, noirs. Dorsale large, jaune soulre, mar-
quée de taches noires, dont deux généralement plus
grandes au bord antérieur de chacun des anneaux
médians. Elle est bordée chaque côté d'autres gran-
des taches noires, qui tiennent lieu de sous-dorsale.
Un rang sous-stigmatal de taches noires, deux par
anneau, ces taches parfois soudées ou contiguës;
elles sont limitées inférieurement par une ligne
jaune soufre plus ou moins interrompue, qui s'a-
vance jusque sur les pattes. Stigmates •subellipti-
ques, blancs. Ventre blanchâtre. Pattes blanchâtres ;
les écailleuses luisantes, souvent verdâtres et mar-
quées de jaune à la base et de sombre à Textrémité.
Tête luisante, verdàtre ou cendré bleuâtre, le vertex
plus ou moins lavé de jaune ; elle porte de nom-
breuses granulations d'un noir luisant, de chacune
desquelles part un petit poil blanchâtre. Long. 2, 6-3 ;
larg. 0,3-0, i; larg. de la tête 0,25-0,3.
— Epoques : Mai à Juillet ; Septembre à Octobre.
— Plantes : Riscutella didyma, lœvîgata et autres.
— Chrysalide : Très arquée, naviculaire, renflée au
- 72 —
milieu, très effilée aux deux extrémités. Verte
ou brun clair (Sp. pi. 6, fig. 8 b. — firomilow,
The Ent. 1893, p. 137).
Ëclosion : Mars à Juillet.
Dispersion : Sud-ouest de l'Europe.
FRANCE. - Corse ; Alpes Mar. ; B.-Alpes ; Var ;
Bouches-du Rhône ; Lozère ; Pyrénées Orien-
tales ; Haute-Garonne 1 ; Hautes-Pyrénées ; Puy-
de-Dôme ; Cantal ; Languedoc.
Mcsurs : Cette chenille est facile à élever ; elle
mange de préférence les parties fructifères de la
plante. En captivité, d'après Bellier et Graslin,
elle dévore ses congénères, surtout celles qui
sont sur le point de se chrysalider (An. Soc. Fr.
1863, p. 331). Elle hiverne à Tétat de nymphe.
Bibl. : B. R. G., pi. 2, fig. 6. — Dup. 23o, pi. 36,
fig. 99. — Goos., An. Levai. 1897, p. 25. — Sp.
8, pi. 6, fig. 8 a. — NichoU, Ent. Record, 1897,
p. 329.
4i-' G. : GOIilAS Fab.
23. — Collas palœno L.
— Chenille : Assez allongée, subcylindrique, à pubes-
cence très courte, noirâtre. Tête petite, arrondie.
D'après Slandfusz, la robe est d'un vert bleuâtre
velouté, finement pointillée de noir. Dorsale et sous-
dorsale nulles. Stigraatale continue, d'un jaune pro
fond bordé de noir intérieurement, au moins par
places ; sous elle, les stigmates qui sont blancs cer-
clés de noir. Ventre vert mat. Pattes : les écailleuses
jaunâtres; les membraneuses vert mat. Tête verte.
Long. 3,5-4.
— Epoque : Oclobre à Mai.
— fiantes : Vaccinium uliginosuni ; hydrocotyle vul-
garis.
— Chrysalide : Jaune verdâtre, le dos du thorax très
proéminent (Rûhl).
— Ëclosion : Juin à Août.
— 73 —
-— Dispersion : Europe centrale, Russie et Scandina-
vie, Belgique.
FRANCE. — Hautes montagnes ; Alpes-Mari-
times ; Hautes et Basses Alpes ; Hautes-Pyrénées:
Argelès ; ailleurs dans les Pyrénées ! ; Jura ;
Vosges ; Alsace : lac de Lispach ; Oise (?).
— iHœurs : La chrysalide est suspendue aux tiges de
la plante nourricière ou à celles des plantes
avoisinantes.
— BibL : An. Soc. Fr. I8f)7, p. 679. — Frr. vi, p. 97,
pi. 5il. — Wild. ol — Sp. 9, pi. I, fig. li. —
Et cités par Sp. : Nauke, Jahresh. Schlesien,
I87''>, p. loi ; et Entomol. M. m, p. 38. - Goos.,
An. Levai. 1897, p. "11.
24. — Collas phicomone Esp.
— Chenille : Cylindrique, épaisse, à anneaux bien dis-
tincts, un peu atténuée postérieurement, pubescenle,
les poils noirs. Tête petite, arrondie, finement pu-
bescente.
Robe d'un vert sombre, veloutée, fortement et fine-
ment ponctuée de noir, avec les incisions parfois
plus claires. Dorsale et sous-dorsale nulles. Stigma-
tale continue, assez étroite, blanche ; elle porte au
milieu de chaque anneau une tache jaunâtre sur
laquelle sont placés les stigmates, ceux-ci de cou-
leur noire. Ventre et pattes vertes. Tête plus pâle
que le corps, vert jaunâtre. Long. 3,5-4.
— Epoque : Octobre à Juin.
— Plantes : Diverses vicia.
— Chrysalide : Terminée en pointe aux deux extrémi
tés, avec Tabdomen arrondi dans la région dor-
sale. Elle est vert sombre, avec un trait jaunâtre
sur les côtés.
— Eclosion : Juillet à Août.
— Dispersion : Hauts sommets des Pyrénées, des
Alpes et des montagnes de Hongrie.
FRANCE. — AlpesMaritimes ; Hautes et Bas
ses -Alpes ; Pyrénées-Orientales ; Hte Garonne ;
Hautes et Basses- Pyrénées.
— 74 —
— MiBurs : La chenille hiverne ; Freyer la représente
sur une vicia. Le papillon voltice généralement
au dessus de 1.500 met. d'altitude.
— BibL : Frr. vu, 105, pi. 661. — Sp.,9,pl. I,fig. 15.
26. — Collas hyale L. = palœno Esp. = croceus var.
Fourcr.
— Chenille : Cylindrique, assez épaisse, couverte d'une
fine pubescence noire. Tête arrondie.
Robe vert terne ou vert bleuâtre, veloutée, marquée
de taches noires, celles de la région dorsale assez
régulièrement placées sur deux rangs et coupées par
deux fines lignes contiguës jaunes, qui forment
sous-dorsale. Stigmatale assez étroite, continue, de
couleur variable, blanche, jaune, rougeâtre ou au-
rore. Ventre et pattes vertes. Tête vert sombre.
Long. 3,5-4.
— Epoques : Juin à Juillet ; puis Septembre à Avril.
— Plantes : Légumineuses herbacées, vicia, trifolium,
medicago, hippocrepis, coronilla varia, etc.
— Chrysalide : Semblable à celle à'edusa. Elle est
verte, avec une ligne longitudinale jaune sur les
côtés ; ptérothèques marqués de 7 points noirs,
un sur le disque, les autres en bordure.
— Eclosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Octobre.
— Œuf : Ovoïde, légèrement fusiforme, assez analo-
gue à un grain d'orange ; lisse à première vue,
il est* côtelé, de couleur jaune serin, pftle ou
blanchâtre, avec des traits plus foncés, brun
jaunâtre. lAii. Soc. Fr., i88i, pi. v, fig. 34 —
Sp., pi. 50, fig. 5).
— Dispersion : Toute l'Europe, excepté les régions
circumpolaires.
FRANCE. — Var; R. du Rhône : W. à MarseilU,
C. à la Sle-Beaujne, etc. ; H. Garonne; H. et B.
Pyrénées ; Auvergne ; Gironde ; Maine-et-Loire;
Loire-Inférieure ; Finistère ; Morbihan ; Loir-
et-Cher ; Indre; Eure-et-Loir; Sarthe ; Cher ;
Calvados ; Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ;
Nord ; Oise ; Seine ; Aube ; Alsace ; Saône-et-
- 76 —
Loire ; Allier ; Haute-Marne : Langres, St-Dizier,
Hortes, Montigny, Prauthoy^ Latrecey, etc.
— Mœurs : D'après Goossens, les chenilles, à peine
écloses, mangent les autres œufs placés à leur
portée ; mais, à l'état libre, la femelle divise sa
ponte.
Les chenilles aiment à reposer sur le milieu des
feuilles et elles se laissent emprisonner par
celles-ci lorsqu'elles se ferment à la nuit tom-
bante. On les rencontre à deux reprises dans nos
régions ; celles d'automne hivernent, chacune
dans une petite toile filée sur le milieu d'une
feuille, et, d'après Rûhl-Heyne (p. 7:2o), les
taches noires dorsales n'apparaissent qu'au prin-
temps. Le papillon recherche de préférence les
prairies artificielles, champs de trèlle, luzerne et
sainfoin.
— BibL : Dup., 58, pi. 4, fig. 13. — Goos., Au. Levai.
1897, p. -28. — Lambil., 30. — Hb., 50. - 0.,
1, 181. - Frr., vi, 105. — Wild., 5-2. — Sp.,
9, pi. 1, fig. 16, et pi. 6, fig. 9. — Stet. Ent.
Zeit., 1848, 4, et 1877, 483. — Dale, Brit. But.,
33.— Frohawk, The Entomol., 1892, p. 271,
1893, p. 5, 60 et 145, et 1896, p. 163. — Wil-
liams, Ibid., 1893, p. 7. — Hawes, Ent. M. Mag.,
1 893, p. 1 -2. — Pickett, Ent. Record, 1 900, p. 29i.
— Theobald, The Ent., 1893, p. 81 et 1901, p.
130, 167 et 204.
26. — Collas edusa Fab. =hyale SGop. = electraLew.=:
Helena H. S.
— Chenille : Cylindrique, un peu atténuée antérieure-
ment, à pubescence très fine et donnant au corps
un aspect velouté. Tête petite, arrondie. Clapet ar-
rondi, avancé.
• Robe d'un vert généralement foncé et uniforme ou
finement ponctué de noir. Sur-stigmatale (latérale)
assez fine, conlinue, blanche ou jaune rougeâtre;
elle est marquée de points plus foncés ou rouges,
placés ordinairement un sur le milieu et un aux
bords antérieur et postérieur de chaque anneau ; en
outre, elle est souvent ponctuée de bleuâtre. Stig-
— 76 —
mates jaune rouge. Ventre et pattes vertes. Tête
vert bleuâtre. Long. 3,5-4.
— Epoques : Juin à Juillet ; Août à Septembre ; puis
Octobre à Février.
— Plantes : Légumineuses herbacées: trifolium, sur-
tout repens, medicago sativa et lupulina, ono-
brychis sativa, hippocrepis comosa (surtout Tab.
hélice Hb.), sarothamnus scoparlus, cytisus ca-
pitatus, etc.
— Chrysalide : Verte, avec un trait jaune sur les côtés
et souvent quelques points jaunâtres ou ferru-
gineux ; ptérothèques rayés ou ponctués de noir.
— Eclosion : Avril à Juin ; Juillet à Août ; puis Sep-
tembre à Octobre.
— Œuf : Fortement fusiforme, à méridiens cannelés ;
jaune clair virant au rouge corail vif.
-^ Dispersion : Toute l'Europe, excepté les régions
circumpolaires. Le papillon a été particulière-
ment abondant en Angleterre en 1877.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Mar. : Cannes, pins
de la Présentation ; Hautes et Basses- Alpes ;
Var ; Bouches-du-Rhône ; Pyrénées-Orientales ;
Haute-Garonne ; Hautes "et Basses-Pyrénées ;
Puy-de-Dôme ; Creuse ; Cantal ; Gironde; Maine-
et-Loire; Loire-Inférieure; Finistère; Morbihan;
llle-et-Vilaine ; Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ;
Indre ; Cher ; Sarlhe ; Calvados ; Eure ; Seine-
Inférieure ; Somme ; Nord ; Seine ; Aube ; Al-
sace ; Saône-et-Loire ; Allier; Haute-Marne:
Langres, Hortes, Montigny, Latrecey, Saint Di-
zier, etc.
— Mœurs : L'espèce a trois générations, au moins
dans le Midi. Les chenilles d'automne hivernent
pour donner le papillon au printemps. Mais une
certaine quantité pourrait bien (I) parfois passer
la mauvaise saison en chrysalide, au moins dans
certaines régions. Bigneil avait recueilli ^soixante
œufs d'edusa pondus en septembre ; les chenilles
sortaient peu après ; mais, comme la température
était défavorable, cinquante-sept périrent de
froid ; les trois survivantes se métamorphosèrent
le 26 novembre, mais périrent en chrysalide. (The
Brit. Nat. 1893, p. 78); en 1899, à Budapesth,
Uhl a constaté Tapparition du papillon le 9 Jan-
vier (Rovart. Lapok., 1899, p. -il).
— 77 —
Le papillon voltige de préférence dans les prai-
ries artificielles. On le rencontre parfois en Fé-
vrier (Bignell, Ent. Mag., 1896, p. 64; Christv,
The Ent. 1893, p. 6(0, et, dans le Midi, en Dé-
cembre (Bromilow, Ent. M. Mag., 1896, p. 17) ;
il a été également signalé dans ce dernier mois
par Shepheard (The Ent. 1898, p. ââl).
— Bibl. : B. G. Papil. 3. — Dup., §9, pi. 4. fig. 14.
— Mil. Lép. o« fasc. li, pi. 6, fig. 7 à 9. —
Lambil., 34. -. Hb., 50. —0., 1, 173. — Wilde,
53. — Pr. pi. 3, fig. 14. — Wien. ent. Monat, ii,
pi. -2, fig. :2. — Sp., 10, pi. 1, fig. 17. — Bûck,
9, pi. 1, fig. 3. — Frohawk, The Entomol,. 189f,
p. -201, 1893, p. 184, et 1895, p. 263. — Rocqui-
gny-Adanson, Revue Scient. Bourb., 1895, p.
191. — Goos., An. Levai., 1897, p. i8. — Ent.
M. Mag., 1877, p. 89. — Harrison, Ent. Record,
1904, p. 172.
27. — Collas myrmldone Esp.
— Chenille : Assez allongée, cylindrique, à anneaux bien
nets, pubescente. Tête arrondie, sublenticulaire,
courtement poilue.
Robe verte, granulée et pointillée de noir. Dorsale
sombre, parfois plus ou moins nette. Stigmatale
assez large, continue, blanche ou vert clair. Stig-
. mates blancs finement cerclés de noir. Ventre vert.
Pattes : les écaillcuses verdàtre testacé à bout oMi-
nairement sombre : les membraneuses vertes. Tête
verte, pointillée de noir, à pubescence blonde.
Long. 3,5-4.
— Epoques : Mai ; puis Automne.
— Plantes : Cylisus hiflorus, capitatus, nigricans et
ratîsboneiisis.
— Eclosion : Juin à Juillet; puis Septembre à Oc-
tobre.
— Œuf: D'après Gartner, il est allongé, fusiforme
(Sp. p. 10).
— Dispersion : Prusse, Silésie, Autriche-Hongrie,
Sud-Ouest de la Russie.
FRANCE. — Creuse: Blessac; Indre: Gargilesse,
- 78 -
Mœurs : Comme on le voit par les localités citées,
celte espèce aurait été trouvée en France par M.
Sand. Il serait bien à souhaiter que de nouvelles
captures vinssent s'ajouter à celles-ci, car, en
denors du célèbre lépidoptériste, aucun auteur,
à notre connaissance, n'en fait mention. D'après
Gartner, les jeunes chenilles dévorent les feuilles
et, lorsqu'elles ont atteint une certaine taille,
elles s'attaquent aux nervures.
Bihl. : Schmid., 7. — Sp., 10. pl.,8uppl. I, fig. 6.
— Wien. ent. Monat., 1861, p. 3U6. — Stet.
ent. Zeit., 1862, p. 146.
S- G. : GOIVEPTERYX Leacli.
28. — Gonepteryx rhamnl L. = canicularis Retz.
— ChenilU : Allongée, cylindrique, allénuée aux deux
extrémités, à anneaux bien nets, très finement cha-
grinée de noirâtre et faiblement pubescente. Tête
arrondie, sublenticulaire.
Robe vert mat foncé, les côtés généralement plus
clairs, parfois atomée de noir. Dorsale et sous-dor-
sale nulles. Stigmatale continue, blanc terne ou
vert très pâle, souvent verte sur les 4-5-6 premiers
anneaux et blanche sur les autres, généralement
fondue à la partie supérieure avec la teinte du fond.
Stigmates petits, vert sombre. Ventre et pattes ver-
tes. Tête verte, hérissée de poils courts. Long. 4-8.
— Epoque : Mai à Septembre.
— Plantes : Rhamnus frangula, cathartica et alater-
nus ; rosa canina ; pyrus et mespilus germanica
(Goos).
— Chrysalide : Aiguë aux deux extrémités, angu-
leuse, le thorax avec une épaisse proéminence
arrondie, l'enveloppe alaire fortement dévelop-
pée. Verte, vert bleuâtre ou vert jaunâtre, les
côtés marqués chacun d'un trait jaune clair.
Stigmates bien nets, ordinairement ferrugineux.
Ptérolhèques plus foncés, avec les nervures bien
marquées. Tète jaunâtre à l'extrémité (Sp., pi. 2,
fig I b).
Parasites : Limneria vulgaris L. ; Mesochorus gra-
cilentus (Bigneli).
Eclosion : Juillet à Septembre ; mais on en ren-
contre toute l'année.
Œuf : Un peu en forme de bouteille, avec quatre
grosses côtes, de couleur vert argent. (An. Soc.
Fr., 1884, p. 144).
Dispersion : Toute l'Europe, excepté les régions
circumpolaires.
FRANCE. — Corse ; Alpes Marit. ; Var ; Bou-
ches-du-Rhône ; Pyrénées-Orient. ; H. -Garonne
Hautes et Basses-Pyrénées ; Auvergne ; Creuse
Maine-et-Loire ; Loire-Inférieure ; Finistère
Bretagne ; Loir-et-Cher : Eure-et-Loir ; Sarthe
Indre ; Cher ; Calvados ; Eure ; Seine-Inférieure
Somme ; Nord ; Oise ; Seine ; Aube ; Alsace
Haute Saône ; Doubs ; Saône-et Loire ; Allier
Haute Marne : Langres, llortes^ Montigny, Saint
Diziery Latrecey, etc.
Mœurs : Les œufs sont isolés, généralement à la
face inférieure et sur la nervure médiane des
feuilles. Pondus au nombre d'une douzaine envi-
ron sur chaque arbuste, en avril ou mai, plus
rarement fin mars, ils éclosent 15-20 jours après.
Les chenilles se tiennent au repos, allongées au
côté inférieur et sur la nervure médiane des
feuilles ; elles atteignent toute leur taille en
juillet. D'après Lélièvre (F. d. J. N. 1878, p. 78,
et 1884, p. 144), l'espèce n'aurait qu'une généra-
tion. Ce fait ne nous paraît pas suffisamment
prouvé, car, si à la rigueur on peut encore con-
sidérer comme ayant hiverné des papillons pris
en mai dans toute leur fraîcheur, renvoyant ainsi
la véritable éclosiou en août, il n'en va plus de
môme si l'on considère la chenille, car, en cer-
taines années au moins, on rencontre celles ci à
toute leur taille en juillet et en septembre. Nous
devons ajouter cependant aue leur croissance est
très irrégulière, certaines a entre elles atteignant
vite leur taille, tandis que d'autres semblent
demeurer stationnaires. La chrysalide est sus-
Eendue par la queue et par un lien transversal,
l'adulte hiverne pour reparaître au printemps,
parfois dès le mois de février.
--80-
BibL : B.R.G. Papil., dI. 3. ~ Dup. 60, pi. i, fig. I -i.
— Brehui. 2Hi?. — Jourdheuille, Lép. Aube, lo.
— An. Soc. Fr. 1884, I 4i. — Goos., An. Levai.
1897, p. -29. — Lambil. >Î7. — Hb. of. — 0. I.
186. — Rœs. 4. 178, pi. i, fig. tiu — Pr. pi. 3,
fig. 16. — Sp. Il, pi. i, fig. la. — Haferkorn,
Enl. Jahr. Kranch. 1896, p. i9i. — Sepp. 4. Ilo.
pi. 37. — Bûck. I io, pi. I, fig. i. — Dale : Brit.
But. U. — Turner, The Enl. 1900, p. 177. —
Warren, Eut. Record, 1891, p. :20l (action du
chlorure de potassium).
29. — Gonepteryx cleopatra L.
— Chenille : Semblable à celle de rliamni, mais robe
d'un vert plutôt bleu dans la région dorsale, stigma-
tale blanche plus décidée, et, d'après Goossens,
sommet de la tête avec un amas de glandes • ressem-
blant à un petit tentacule.
— Epoque : Juin à Août.
— Plantes : Rhamnus alaternus et aipina (Curo).
— Chrysalide : Analogue comme forme à celle de
rhamni. Vert sale, avec un trait latéral îaune,
celui-ci pointillé ou moucheté de rouge chaque
côté.
— Eclosion : ? Février à Avril ; puis Juin à Août —
ou I Juin à Avril.
— Dispersion : Région méditerranéenne.
FRANCE. — Ne dépasse probablement pas le
46° parallèle (F. d. J. N. 1904-1903, p. 33|; Corse ;
Alpes-Mar. ; Var ; Bouches du-Rhône : Marseille,
avec la génér. cest. et aussi vern. italica Gerh.
= tnassiliemis Foulquier (Siepi, F. d. J. N. 190i,
p. mS) ; Gard : iSwies ; Pyrénées Orientales :
Vernet; Haute-Garonne ; Hautes et Basses Pyré-
nées : Ihcamadour ; Cantal; Gironde : I adulte
mftle pris le 6 novembre près de Bordeaux, par
M. Brascassat (F. d. J. N. l90->-l9()3, p. 64 et
84) ; Chareulc : ÀJifjoulème, surtout au Sud ;
Loire : Moni-Pilat, Saint Etienne, ! au bois Noir
(An. Soc. Fr. 1885, p. lxxxiv).
— Mœurs : La plupart des auteurs donnent deux gé-
nérations à cette espèce. Spuler (p. il) indique
--- 81 -
Février à Mars, puis Juin à Aoftt comme date de
Téclosion de l'aauite. D'après Dupuy (F. d. J. N.
190:2-1908, p. 9), le papillon éclorait fin Juin ou
Juillet et hivernerait pour reparaître en Avril. La
capture faite par M. Brascassat semble apporter
une preuve à celte assertion. De plus il aurait
été également rencontré en Janvier. L'espèce,
comme rhamni, passerait donc la mauvaise saison
à Tétat adulte (Bromilow, Eut. M. Mag. xxix,
p. 6i). Dans les Bouches du-Rhône, l'adulte se
rencontre d'abord en Mars- Avril, puis en Juil-
let-Août, et, lorsque Tarrière-saison est chaude,
en Septembre-Octobre. (( N'ayant jamais trouvé
de chenilles de G. deopatra en dehors des mois
de Mai et Juin, et ayant eu dans nos élevages
des chrysalides qui ont éclos en Juillet tandis
que d'autres ont hiverné pour n'éclore qu'au
printemps suivant, nous avons été conduit à pen-
ser que ce papillon pouvait n'avoir qu'une géné-
ration à éclosions partielles ». (Siepi, Cat. Lèp.
Bouches-du-Rhône, p. iti).
Bibl. : Dup. 287, pi. 36, fig. 100. — An. Soc. Fr.
1870, p. 511.— Goos., An. Levai. 1897, p. Î9, —
Dupont, Enlom. Record, 1898, p. 48. — Hb. 5i.
- 0. I. 189. — Sp., M. pi. -2, fig. 2. — Curo, 46.
— Nicholl, Ent. Record, 1897, p. 3l>9.
6-- G. : L.EPTIDIA Billb.
30. — Leptidia sinapis L. = umbratica Trim. = cândi-
dus Retz.
— Chenille : Cylindrique, assez fortement atténuée aux
deux extrémités, effilée et pubescente. Tête arron-
die, un peu aplatie devant.
Robe vert tendre atomée de noir. Dorsale continue,
vert sombre. Sous-dorsale nulle. Sligmatale assez
large, continue, d'un jaune profond, ordinairement
bordée de noir à la partie inférieure. Ventre et pattes
vertes. Tête verte. Long. 3.
— Epoques : Juin à Juillet ; puis Août k Septembre.
— Plantes, : Légumineuses herbacées surtout, vicia
cracca, lotus corniculatus, orobus et iathyrus,
surtout pratensis; vacciaiuni uliginosum ; arabis ;
! sinapis.
— Chrysalide : Elancée, fortement poiutue vers la tète.
Elle est vert jaune, jaune aocre ou gris blan-
châtre, avec un trait latéral rougeâtre, ce trait
portant les stigmates qui sont blancs ; ptérothè-
ques marqués de traits roux ou ferrugineux. Elle
peut être aussi verte, avec un trait jaune sur les
côtés. (Sp. pi. I,fig. 13 b.).
— Edosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Septembre.
— Œuf: Très allongé, en forme de concombre, côtelé
longitudinalement, d'un blanc jaunâtre brillant
(Bûck, p. ^o).
— Dispersion : Toute l'Europe, excepté les régions
circumpolaires.
FRANCE. — Corse ; B. -Alpes ; Var ; B.-du-
Rhône ; Lozère ; Pyr. -Orientales ; H. -Garonne ;
H. et B. -Pyrénées ; P.-de-Dôme ; Creuse ; Cantal ;
Gironde ; Maine-et-Loire ; Loire inférieure ; lUe-
et-Vilaine (Bleuse) ; Bretagne ; çà et là ; Loir-et-
Cher ; Eure et-Loir ; Indre ; Cher ; Sarthe ;
Calvados : Mézidon, Toufrémlle, etc. ; Eure ;
Seine -Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Seine ;
Aube ; Alsace ; Haute-Saône ; Doubs ; Saône-et-
Loire ; Allier ; Haute-Marne : Langres^ St-Dizier,
Mortes, Montigny, Latrecey, etc.
— Mœurs : L'espèce hiverne à l'état de chrysalide. La
f;en. ver. lath}ri Hb. se rencontre surtout dans
e midi et le sud-ouest. L'ab. erysimi se trouve
à peu près partout.
— Bihl. ; Dup., 56, pi. i, fig. Il — Goos., An. Levai.,
1897, p. it>. — Lambil., -26. — Hb., 48. — 0., I,
169. - Wild., 56. — Pr., pi. 3, fig. 1^. — Sp.,
II, pL I, fig. 13 a. — Bûck., I, -25, pi. 3, fig. 3.
Dale ±i.
31. — Leptidia duponchelil Stclgr.
— Chenille : ?
— Eclosion : Mai à Juin.
— Dispersion : Italie et Roumélie. — Fraoce ; Alpes-
Maritimes : la Turbie, collines boisées de Monaco ;
Lozère.
-8â
111^ Fam. : LYCŒNIDtE
— Chenilles très courtes, ovalaires, aplaties dessous, avec le
dos arrondi, anguleux ou convexe, en forme de clo-
portes. Stigraatale presque toujours placée sur un bour-
relet saillant. Stigmates invisibles ou à peine visibles à
l'œil nu, subdorsaux, le dernier toujoui*s au-dessus de
la stigmatale et hors de l'alignement des autres (I).
Segments 10 et H, la plupart du temps caractérisés •
comme il suit : le 10» est muni à son sommet et dans la
région dorsale d'une ouverture transversale par laquelle
l'animal inquiété peut faire sortir une vésicule; le H*
porte, un peu derrière et dessous le stigmate, une paire
de spiracules arrondis qui peuvent laisser passer égale-
ment un petit tentacule (2). Les appareils glanduleux
dont elles sont munies les font souvent rechercher
(Zeller) par les fourmis (chenilles myrmécophiles). Tête
petite, rétractile, cachée au repos.
— ■ Chrysalides courtes, obèses, placées sur le sol ou attachées
à la plante nourricière. L'hivernage a lieu h l'état d'œul
{Zephyrus, ïhecla, Leosopis, quelques Lycœna) de
chenille (Chrysophanus, Lampides, Lycœna) ou de
chrysalide (Callophrys et quelques Lycœna).
t" G. : THECL.A Fab.
32« Thecla spini Schiff. = Lynceus Esp.
— Chenille : Crêtée dorsalement, carénée sur les côtés,
subglabre.
(1) Ce caractère est également propre aax genres Cochlidion et ilelerogenea.
(S| Chez presque lotîtes les espèces vivantes qu'il nous a été donné d'étudier,
nous avons constaté ** ces deux parlicularilés signalées déjà par Guenée à
propos de Lainpides bœlicus (An. Soc. Fr. 1867, p. 665. pi- lâ, ûg. 9 à 12)
et par Hageu à propos de Lycœna corydon.
10
- 8i -
Robe verte, virant au brun rougeâtre avant la nym-
phose. Dos à 3 lignes jaunâtres et à trapézoïdaux
jaunes ou rougeâtres. Sous-dorsale claire ou nulle ;
des chevrons jaune blanchâtre. Stigmatale jaune
blanchâtre. Tête noire. Long. 2- 2,5.
— Epoque : Mai à Juillet.
— Plantes : Cralœgus oxyacantha ; prunus spinosa et
domestica ; rosa canina ; rhamnus catharticus ;
pyrus commuDis (Lambil.).
— Chrysalide : Obtuse, un peu velue, gris ou brun
marbré (Sp., pi. :2, fig. 4 b).
— Eclosion : Juin à Août.
— Œuf : En forme de casque ou de dé à coudre, de
couleur blanc d'os (Peyer., p. !lO).
— Dispersion : Europe méridionale et moyenne, ex
cepté l'Angleterre.
FRANCE. — Alpes Marit. ; Var ; Bouches du
Rhône ; Pyrénées-Orientales ; Cher ; Aube :
Clairvaux : Vosges; Alsace; Saône et-Loîre,TR;
Côte-d'Or : Dijori ; Hte-Marne : Langres, Ilortes,
— Mœurs : L'hivernage a lieu à l'état d'œuf, celui-ci
isolé sur une branche ou un bourgeon. La chry
salide est attachée à une branche de la plante
nourricière par un fil en ceinture. L'éclosion a
lieu au bout d'une quinzaine de jours. Le papil-
lon s'accouple parfois avec ilicis (Bromiiow, The
Entomol., \S9lt, p. 50, 193 et i9\).
— Bibl. : B. G. Lycœn., pi. 1. - Dup., 79, pi. 8,
fig. -29. — Goos., An. Levai., 1897, p. 3U. —
Lambil., 185. — Hb., 39. — 0., 1, 103. — Frr.,
6.69, pi. 5-23. — Wilde, 49. - Pr., pi. 2, fig. 23.
Sp.,b2, pi. 2, fig. 4 a.
33. — Thecla W. album Knocli.
— Chenille : Grêtée dorsalement, carénée sur les côtés,
pubescente. Tête petite, rétractile.
Robe vert généralement pâle, vert pomme, virant
au brun avant la nymphose. Dos avec deux rangées
de fines éminences blanchâtres. Côtés avec des traits
obliques bruns ou rougeâtres, ces traits souvent
- 88-
réduits à des taches. Stigmatale nulle ou jaune
clair. Sous-stigmatale faite de taches ou de traits
pales ou rouge sombre. Ventre finement pubes-
cent, vert clair, avec trois taches rouge sombre.
Tête brun jaune ou brun noir, la bouche noire.
Long. 2-2,5.
— Epoque : Avril à Juin.
— Plantes : Ulmus campestris, cratœgus oxyacantha,
tilia, quercus, alnus — Rosa canina (de Lafitole).
— Chrysalide : Petite, renflée, arrondie, un peu pubes-
cente, de couleur ferrugineuse ou brun grisâtre,
à trois rangs dorsaux de traits bruns, les ptéro-
thëques plus sombres.
— Parasite : Perilitus scutellator Nées. (Perkins), Mi-
crogaster triangulator Wesm. (Giraud).
— Eclosion : Mai a Juillet, et môme Août dans le
Nord.
— Œuf: Semblable à une orange, mais à sommet
plus déprimé, de couleur blanchâtre (Dale, 41).
— Dispersion : Europe, à l'exception des régions
circumpolaires.
FRANCE. — Alpes Marit. ; Var ; Bouches-du
Rhône : Aix, SeptèmeSy Gèmenos ; Hautes et
Basses- Pyrénées ; Creuse ; Auvergne ; Gironde ;
Maine et Loire ; Loire-Inférieure ; Finistère ;
Morbihan ; Ule et-Vilaine ; Loir-et-Cher ; Eure-
et-Loir ; Indre ; Cher; Sarthe TR ; Calvados;
Caew, foret de Cerisy; Seine-Inférieure ; Somme;
Nord ; Oise ; Seine ; Aube ; Alsace ; Saône-et-
Loire, TR : 1 exemplaire ; Haute-Marne : F^an-
grès, Mortes.
— Mœurs : Les œufs sont pondus en Juillet et Août
sur les branches ou les bourgeons : ils hivernent
et Téclosion a lieu au printemps suivant. La
chenille a été abondante dans certaines localités
en I9UU (Lucas, The Ent. 1900, p. 20i). La chry-
salide, fixée à une feuille, donne le papillon
après 1:2- 15 jours. L'adulte, généralement loca-
lisé et toujours R, voltige de préférence dans les
endroits plantés d'ormes.
— BibL : B. G. Lycœn, pi. I. — Dup., 78, pi. 8.
fig. 28. — Goos., An. Levai., 1897, p. 31. Lam-
bil., 187. — 0., l, 109. - Sp., 53. pi, 2, fig. 5.
— Stet. enl. Zeit., 1855, p. 108. — Bûck.,pl. 13,
% 1. — Dale, 41.
34, — Thecla iUcis Esp. = lynceus Fab.
— Chenille : Carénée sur les côtés, subaplatie sur le dos,
à pubescence courte, un peu rougeâtre. Tête très
petite, rétractiie, mais moins que chez les autres
espèces.
Robe d'un beau vert, virant au rouge clair sale avant
la nymphose. Dorsale faite d'un rang de taches.
Sous-dorsale remplacée par des traits obliques.
Stigmatale continue ou subcontinue, tous ces des-
sins d'un jaune mat. Ventre et pattes concolores,
les écailleuses noires. Tète brune ou noire, luisante.
Long. 2-2,5. Avant la nymphose, elle vire au rou-
geâtre et les lignes s'effacent.
— Var, a. — Vert pâle ou vert assez foncé, mais sans
tache ni ligne bien visibles.
— Epoque : Avril à Juin.
— Plantes : Ulmus campestris, robinia pseudo-accacia ;
quercus robur, iiex et coccifera, etc. ; œsculus
hippocastanum.
— Chrysalide : Courte, arrondie, assez renflée, avec
une fine pubescence blonde ou rougeâtre ; elle
est d'un gris jaunâtre virant au brun rougeâtre
ou au brun sombre, l'abdomen marqué de trois
rangs de points plus foncés (Wilde, 50, pi. 8,
fig. 4).
— Parasite : Ichneumon brevis Tisch.
— Eclosion : Mai à Juillet.
— Œuf : En forme d'artichaut, d'un blanc argenté
(An. Soc. Fr. I88i, p. 144).
— Dispersion : Une grande partie de l'Europe, jus-
qu'en Suède et en Finlande.
FRANGE. — Alpes-Mar. ; Var ; B. du-Rhône,
où le type semble remplacé par la var. œsculi Hb.
et i'ab. cerris Hb. ; Pyrénées ; Creuse ; Auverffne ;
Maine-et-Loire ; Loire-Infér. ; Bretagne ; Indre ;
— 87 —
Cher ; Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ; Calvados ;
Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Seine ; Aube ; Alsace ; Saône et-Loire ; Allier ;
Haute Marne : Langrea, Saint-Dizier, Valcourt^
Mortes^ Lalrecey.
— Mœurs : L'hivernage a lieu à l'étal d'œuf et non à
l'état de chrysalide, comme le présupposait Mil-
lière. La chenille est carnassière (Standfusz). La
chrysalide, d'après Riihl, se tient à terre, au
pied de la plante nourricière. Le papillon fré-
2uente les buissons et bosquets ; on le rencontre
ans les pays montagneux jusqu'à une altitude
de \,iOi) met., raremen-t plus haut. Il s'accoupte
parfois avec spini (Bromilow, The Entomol.
1892, p. 193 et 491).
— BibL : Dup., 81, pi. 8, fig. 31. — Lambil. 190. —
Gobs., An. Levai. 1891, p. 31. — Hb. 4o. — 0.
I. lUo. — Frr. H. 79, pi. 178, fig. 389. —Sp. 53,
pi. 5, lig. 6. — Sepp. pi. ty fig. I. — Et cité par
bp., Pabst, Kranch. entom. Jahrb. 1900, p. i.
35. — Thecla acacias Fab.
Chenille : Crêtée dorsalement, carénée sur les côtés, à
fine pubescence blanche. Têle'petite, cachée au repos.
Robe vert jaunâtre. Dorsale double, écartée, conti-
nue, jaunâtre, ne formant pas un triangle sur le
premier anneau, ce qui la dislingue de Zephyrus
betulae, à laquelle elle ressemble beaucoup. Sous-
dorsale faite d'un rang de traits obliques, jaunâtres.
Stigmatale jaune. Ventre et pattes concolores, les
écaillcuses souvent brun sombre ou noir luisant.
Tête noire ou brun sombre.
— Epoque : Mai à Juin.
— Plantes : Prunus spinosa, quercus robur et autres.
— Ckiysalide : Courte, pubescente (Goos.).
— Eclosion : Fin mai à Juillet.
— Dispersion : Europe centrale et méridionale.
FRANCE. — Alpes Mar. ; Var ; Bouches-du-
Rhône ; bois de /a Ste-Baume ; Pyrénées-Orien-
tales ; Hte-Garonne ; Basses Pyrénées ; Auver
- 88 —
fine ; Gironde, 1 ez.(Trimoulet); Loire-Inférieure;
Ile-et-Vilaine : Mesneuf{\ ex.) ; Indre; Cher ;
Eure et-Loir ; Aube : forêt de Clairtaux ; Vosges ;
Alsace ; Saône-et Loire ; Haute-Marne : Langres^
Hortes.
Mœurs : Espèce très localisée et toujours R, hiver-
nant à l'état d œuf. La chenille, très difficile à
trouver, est par contre facile à élever.
BibL : Goos., An. Levai. 1897, p. Si. — Sp., 53.
pi. sup. 1, fig. ii.
36. — Thecla prunl L.
— Chenille : Crêtée dorsalement, carénée sur les côtés,
brusquement aplatie aux deux extrémités, granu-
leuse, subglabre.
Robe verte ou brunâtre, la région stigmatale ordi-
nairement plus pâle. Dorsale continue, vert sombre,
souvent bordée de plus pâle, rarement effacée. Cha-
que côté, sur les anneaux 4 ou 5 à 7-8, une petite
éminence charnue rougeâtre ou finement ponctuée
de rouge ou de brun rouge. Sous-dorsale faite de
traits obliques jaunâtres, ces traits plus ou moins
bordés inférieurement de sombre et souvent accom-
pagnés de taches noirâtres. Pattes claires. Tête jau-
nâtre à deux taches noires. Long. 2-2,5.
— Epoque : Mai à Juin.
— triantes : Prunus spinosa, domestica, padus, etc. ;
rhamnus (Scudoer) ; berberis vulgaris ; corylus
avellana ; quercus robur ; betula alba (^Dup.).
— Chrysalide : Obèse, à abdomen fortement courbé et
séparé du thorax dans la région dorsale par une
profonde dépression en forme de selle, cette
selle de couleur blanchâtre. Elle est brune ou
brun rougeâtre, avec des taches claires et des
tubercules noirâtres sur 4 rangs, la tête marquée
de deux taches jaunes, le thorax souvent blan-
châtre. Extrémité anale terminée par des petits
crins ^Wilde,5U. pL 8,% I.— Sp.,pl. !2,fig. 7b).
— Eclosion : Mai à Août.
— 89 —
Œuf : Vert clair avec des traits latéraux jaunâtres
(Young Nat. 1887, p. :5H). D'après Rûhl ip. 183),
il est vert blanchâtre.
Dispersion ; Presque toute l'Europe, excepté l'ex-
trême sud et les régions polaires.
FRANCE.— B.Pyrén. ; P. de Dôme; Gironde;
Morbihan; Cher; Seine Infér. ; Somme; Oise ;
Seine; Aube: Erv) \ Alsace; Saône-et Loire ;
Allier ; Haute-Marne : Langres.
Mœurs : L'œuf, pondu sur la branche de la plante
nourricière, n'éclôt qu'au printemps suivant. Le
papillon est assez localisé et semble peu commun.
Bibl. : Dup., -26, pi. 7, fig. 26, — Lambil.. 191 —
Goos., An. Levai. 1891, p. 31 — Hb. 40. — 0.
1,111.- Esp. 19. — Frr. 6, 89, flg. 535. — Rœs.
I, 41, pi. 7. — Pr., pi. 3, fig. 23. — Sp., 53,
pi. 2, fig. 7 a.- Bûck., pi. 12, fig. 5. — Dale., 41
— Russel, Ent. Record, 1896, p. lOi. — Tutt,
ibid., 1897, p, 73.
S. - G. : Callophpys Billb.
37. •— Callophrys rubi L.
— Chenille : Un peu crêtée sur le dos, carénée sur les
côtés, à pubescencc roussàtre.
Robe veloutée, vert jaunâtre ou vert d'herbe. Dor-
sale continue, verdàtre, jaunâtre ou rougeâtre, bordée
de sombre chaque côté. Sous-dorsale faite de traits
obliques, taches triangulaires ou points, de couleur
blanchâtre ou vert clair. Stigraatale blanc jaunâtre.
Ventre et pattes vertes. Tète brune. Long. 1,5-2.
— Epoques : Juin a Octobre.
— Plantes : Rubus cœsius et fructicosus ; genista sco-
paria et tinctoria ; ulex; onobrychis sativa, trifo-
lium, cytisus ; veronica ; cornus sanguinea
(Schmid); sedum palustre (Plotz); rhamnus (Scud-
der). En Angleterre, aussi betula alba et vacci-
nium vitis idœa.
— Chrysalide : Courte, obèse, obtuse, couverte de
petits poils brun sombre. Elle est de couleur
- 90 —
terne, brun pourpre ou brun sombre, avec les
stigmates plus clairs. (Dale. 41).
— Eclosion : Février à Mars ; Juin à Juillet ; et sou-
vent aussi Août à Septembre.
— Œuf: Arrondi, à sommet déprimé, d'un vert réti-
culé de blanchâtre, le micropyle de teinte à
peu près uniforme (Uellins. — Grice, Eut. Re-
cord,, 1896, p. 83).
— Dispersion : Toute la région paléarctique.
FRANGE. — Gorse; AlpesMar. ; Var; Bouches-
du-Rhône ; Pyrénées Orientales ; Hte-Garonne ;
Hautes et Basses-Pyrénées ; Greuse ; Puy-de-
Dôme ; Gironde ; Maine-et-Loire ; Loire-Infé-
rieure ; Finistère ; Bretagne ; Loir-et-Gher ;
Eure-et-Loir ; Indre ; Gher ; Sarthe ; Galvados ;
Eure ; Seine Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Seine; Aube; Alsace; Saône-et- Loire ; Allier ;
Haute-Marne : ÏMngres, Mortes, Latrecey, Monti-
gny^ St-Dizier, Chancenat/, etc.
— Mœurs: D'après Rogenhofer (Sp.. p. o4), la che-
nille est carnassière. La métamorpnose a lieu en
terre, à une très faible profondeur, sur le sol ou
dans les mousses, auprès des genêts. La chrysa-
lide, comme celle de Z. Quercus et de quelques
autres Lycœnidœ, fait entendre, quand on la
touche, un crépitement (Kleemann, Fri.) qui
serait produit, a après Schilde (Stet. ent. Zeit.,
1878, p. 86), par la sortie de Tair des stigmates.
Ge crépitement disparaît lorsqu'on mouille les
téguments, l/éclosion a lieu Vannée suivante,
parfois même deux ans après. Le papillon a :!-3
générations, au moins dans le Midi, la troisième
ayant lieu en septembre.
— liib!. : Dup., 68, pi. o, lig. 19. — Goos., An. Levai.
1897, p. 33. — Lambil., 19 i. — Kleemann, MS.
— Hb., 38. — 0., I, 91. — Stet. ent. Zeit.,
l8o4, p. 33i>. — Sp., .)!, pi. 2, lig. 9. — Bûck.,
89, pi. 13, fig. 3. — Ent. month. Mag., 1877,
p 11-2, 1878, p. -JIU, I8S6, p. 197, 1888, p. 1Set
1891, p. 249. - Dale, ii.
a- G. : ZEPHYRIJS Daim.
38. — Zephyrus quercus L.
— Chenille: Dos anguleux, crôté, à anneau.x débordants
— 91 —
en carène, à pubescence rousse. Tête très petite,
cachée.
Robe roux fauve mat, le premier anneau à une tache
triangulaire pâle, ordinairement blanc jaunâtre et
tranchant bien sur le fond, cette tache coupée par
la partie antérieure de la dorsale, qui est blanchâtre
en cet endroit et se trouve chaque côté bordée de
noir et souvent accompagnée* de 2-4 points noirs.
Dorsale continue, plus ou moins écartée aux inci-
sions, noire ou brun sombre. Sous-dorsale faite de
traits obliques noirs, ces traits surtout visibles sur
les anneaux 2-10. Stigmatale nulle ; stigmates invi-
sibles. Clapet sali de brun noir ou brun rouge plus
foncé. Ventre blanchâtre. Pattes : les écailleuses
généralement noirâtres extérieurement, luisantes ;
les membraneuses blanchâtres. Tête d'un brun
rouge très luisant, le A et le chaperon blanchâtres.
Long. 1-1,0.
— Epoque : Mai à Juin.
— Plantes : Quercus robur et pedunculata. Fraxinus
excelsior (^Rondou).
— Chrysalide : Courte, un peu renflée au milieu, légè-
rement pubescente * dans la réeion dorsale. Ré-
gion vcMitrale un peu aplatie, l'extrémité anale
lottemeiit arrondie, sans pointes ni prolonge-
ments. Elle est d'un brun fauve un peu luisant,
chargé de taches et de points brun noir, surtout
sur le dos et l'abdomen. Long. 0,9 ; des ptéro-
thèques, 0,7 ; larg. (»,4f. (Wilde, 49, pi. 8, lig. 6).
— Parasite: Eiitnesius crassicornis Grav. (Giraud).
— Eclosion : Juin à Août.
— Œuf : En forme d'oursin, à contours arrondis, avec
une dépression au centre de la partie supérieure,
irrégulirrement réticulé*. Il est d'un brun très
pâle, les réticulations blanches (Date, 4U).
— Dispersion : Toute l'Europe.
FRANGE. — Alpes-Mar. ; Var ; B.-du Rhône;
Pyrénées ; Auvergne ; Gironde ; Maine-et-Loire ;
Loire-lnfér. ; lUe-et-Vilaine (Bleuse) ; Finistère ;
— 92 —
Bretagne ; Loir-et Cher ; Eure-et-Loir; Indre ;
Cher ; Sarlhe ; Calvados : la Souleuvre, Baileroy ;
Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Seine; Aube; Alsace; Saône-et-Loire ; Haute-
Marne : iMngres, St-Dizier, Mortes, Montiqny^
Praslay.
Mœurs : Les œufs sont pondus en Août sur les
branches, autour desquelles ils sont fortement
collés, et ils n'éclosent qu'au printemps suivant.
Les chenilles, carnassières en captivité, sont
faciles à élever. La nymphose s*opère en Haute-
Marne surtout dans la seconde moitié de mai ;
elle se fait en terre, sur le sol ou dans une feuille
pliée. La chrysalide, comme l'avait déjà remar-
qué M. Constans et comme nous avons pu nous
en rendre compte nous même à plusieurs repri-
ses, fait entendre, quand on la saisit, un crépi-
tement, espèce de tin-ti-ti, lequel persiste encore
quelque temps après qu'on Ta replacée dans la
botte. L'adulte éclôt au bout de !!0 jours et
recherche de préférence le bord des forêts et les
ronciers le long des roules boisées.
IHbl. : Dup., 80. pi. 8, fig. 30. — Brehm. 563. —
Goos., An. Levai. 1897, p. 33. — Lambil. 197. —
Hb. 38. — 0. 19). — Rœs. I. 54, pi. 9. — Pr.,
pi. 3, fig. -il. - Sp., 5i. pi. ^, fig. 8. — Sepp. 3.
loi, pi. io. — Bûck. l8o, pi. IH, fig. i. — Ent.
month. Mag. 1877, p. llrf, et 1887, p. 9. —
Edelsten, Ent. Record. 1900, p. 191.
38. — Zephyrus betulae L.
— Chenille : Crêtée dorsalement, carénée sur les côtés,
•pubescenle. Tête petite, cachée sous le !•' anneau.
Robe vert pâle passant au vert pomme, vert bleuâtre
ou vert jaune. Dorsale élevée, double, jaune, écartée
sur les premiers anneaux, où elle circonscrit une
tache triangulaire concolore au fond (ce qui la dis-
tingue de Th. accaciœ). Côtés avec des chevrons
jaune serin ou jaune pale, ordinairement très nets.
Stigmatale jaune. Tête brune. Long. :2,o. Elle vire
au brun rouge avant la nymphose.
— 93 —
— Epoque : Avril à Juillet.
— Plantes : Betula alba, prunus spinosa et doinestica.
— Chrysalide : Petite, obèse, lisse, un peu velue, avec
l'extrémité anale arrondie. Brun rouge, striée et
ombrée de jaunâtre clair et de brun sombre.
— Parasite : Agrypon flaveolatum Gr. (Bignell); Gam-
poplex pugillator Grav., eurynotus (Eedle).
— Eclosion : Juillet à Septembre.
— Œuf : Assez semblable à celui de quercus; cylin-
drique, à sommet déprimé, hérissé de dents de
scie sur 5-6 rangs transversaux, d'un blanc assez
pur ou légèrement verdâtre (An. Soc. Fr. 1884,
pi. 5, fîg. 33. — Sp. pi. 50, fig. 6.— Wood, Ent.
Record, 1896. p. 186).
— Dispersion : Presque toute l'Europe, à l'exception
des régions circumpolaires.
FRA^GE. — Alpes-Marit. ; Var ; B. du Rhône ;
Pyr.-Orientales ; Hte-Garonue ; Htes et Bses-
Py rénées ; Greuse ; Auvergne ; Gironde ; Maine
et-Loire ; Loire-Inférieure ; Finistère ; Bretagne ;
Loir et-Cher ; Eure-et-Loir ; Indre ; Cher ; Sar-
the ; Galvados ; Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ;
Nord ; Oise ; Seine ; Aube ; Alsace ; Belfort ;
Saône-et-Loire ; Allier ; Haute Marne : Langres,
Mortes, Latrecey.
— Mœurs : Les œufs sont déposés sur les branches.
Pondus en automne, ils éclosent au printemps
suivant. La chenille, que l'on rencontre plus
farilemint à la lin de Juin, est facile à élever. La
métamorphose a lieu sur terre et l'adulte, qui
éclôt I .') à :20 jours après la chrysalidatîon, vol-
lige surtout autour des haies et le long des routes
au bord des bois.
— Bibl. : Dup. 77, pi. 7, tig. 27. ~ Goos., An. Levai.
1897, p. :}0. — Lambil. 200. — Hb. 40. — 0. 1.
113. — Rœs. I. 37, pL 6. — Wilde, 51. — Pr.
pi. 2, fig. 22. — Sp. 54, pi. 2, fig. 3. — Sepp. 3.
43. -- Buck. 184, pi. 12, fig. 4. - Dale, 38. —
Turner, Eut. Record, 1896, p. 268.
3"' G. : I^EOSOPIS H.
40. - Leosopis roboris Esp. = evippus Hb.
— Chenille : Subcrotée dorsaiejnent, carénée sur les cô-
— 94 —
tés, couverte de petites aspérités surmontées de
poils de diverses grandeurs, les plus grands noirs,
les autres blonds. Deuxième anneau à une glande
élevée, lisse, très visible, le 10* muni d'une petite
ouverture comme chez bœiica.
Robe grise ou jaune brunâtre, mouchetée de brun
roux, les mouchelures formant une dorsale géminée
et, sur les côtés, des chevrons, des sous-dorsales et
la stigmatale. Stigmates noirs. Clapet gris foncé, à
poils ras. Pattes: les c'cailleuses annelées de gris
verdâtre et de noir intérieurement, cerclées de noir
à la base, les articles 1,2 noirs, 3 roux ; Icn membra-
neuses comme le ventre, qui est clair. Tête noir
brillant ; écusson gris foncé, couvert de petits poils
noirs et séparé en deux par une ligne claire. Long.
2 ;làrg. 0,6-0,7.
— Epoque : Avril à Mai ou Juin.
— Plantes : Fraxinus excelsior Donz. ; ligustrum vul-
gare et syringa vulgaris (Chrét.).
— Chrysalide : Brun café maculée de brun sépia ; elle
a la forme habituelle de celles des Lycénides
(Chrét.).
— Eclosion : Juin à Juillet.
— Œuf : Arrondi, à sommet en mamelon sillonné de
rides autour du micropyle ; il est couvert de ru-
gosités en forme de pointes mutiques, dont les
plus grandes sont à la périphérie, ce qui le fait
ressembler à un petit oursin. Brun rougeàtre, le
mamelon plus clair (Chrét., le Nat., 1890, p. 103,
fig. A).
— DUpersion : Espagne et Midi de la France. —
FRANCE. — Alpes Marit.; Var ; Bouches-du-
Rhône ; Pyrénées-Orientales ; Haute-Garonne ;
Auvergne ; Cantal.
— Mœurs : L'œuf, pondu en Juillet, éclot eu Avril
suivant, bien que la chenille soit formée avant
Thiver. La jeune larve mange d'abord la coque,
au moins en partie, puis s'attaque aux bourgeons
de frêne. Elle est d'abord grise, avec une bande
latérale brune et deux tubercules blanchâtres
- 9S-
sur le dos des segments 2 à 9. Elle atteint toute
sa taille au bout d'un mois, et c'est fin Mai ou
commencement de Juin Qu'elle se métamorphose
après s'être passé un fil autour du corps. L'é-
closion a lieu une quinzaine de jours après la
chrysalalidation.
Bibi : Chrétien, le Nat., 1890, p. 102, fig. B. —
Goos., An. Levai., 1897, p. M. — Sp., 55. —
Nicholson, Ent. Record, 1896, p. 186.
^■' G. : THESTOR Hb.
41. — Thestor ballus Fab.
— Chenille : Carénée sur les côtés, à pubescence bien
visible; deux rangées de crêtes brunes surmon-
tées de poils blancs, courts et raides. Deux tuber-
cules blancs, pyramidaux, plus grands que les
crêtes sur le 1 !• anneau. Clapet arrondi, entouré de
poils blancs. Tête cachée.
Robe jaune, blanc jaunâtre ou brun c'air. Dorsale
continue, bleuâtre, bordée de rose, cette teinte limitée
à son tour à la partie extérieure par une ligne brun
rouge ou pourpre violacé. Côtés à 1-2 rangs de traits
obliques brun rougeàtre, plus ou moins bordés de
blanc au côté interne. Stigmatale brun rouge. Pattes
écailleuscs d'un noir luisant. Tête brune ou noire.
Long. 1,5-2.
— Epoque : Mai à Juin.
— Plantes : Légumineuses herbacées, surtout cap-
sules de lotus hispidus.
— Chrysalide : Raccourcie, obtuse, d'un brun marron.
— Eclosion : Mars à Avril.
— Dispersion : Espagne et Midi de la France.
FRANCE. — Alpes Marit. ; Var : Hyères ; Bou
ches-du-Rhône : Gémenos ; Pyrénées Orientales :
Perpignan.
— Mœitj^ : Chenilles carnassières.
- 96 —
— BibL: Dup., 2-23, pi. 23, fîg. 95. — Goos., An.
Levai., 1897, p. 34. — Sp., 55, pi. 2, fig. 10. —
Bromilow, The Enlomol., 1893, p. 238, et Soc.
eut., 1893, p. 99 et 106. — Tutt, Ent. Record,
1903, p. 119.
5- «• : GHftYSOPHAIVUS Hb.
42. — Chrysophanus virgaureae L.
— ChenilU : Un peu plus allongée que ses congénères, à
pubescence très courte et rougeâtre, avec deux
rangs dorsau.v de bourrelets jaunes, ces bourrelets
nuls sur le premier anneau.
Robe vert sombre. Dorsale jaunâtre ou verdâtre.
Sous-dorsale continue, ordinairement d*un vert
plus foncé que le fond. Stigmatale continue, vert
jaunâtre. Stigmates noirs. Pattes écailleuses brun
noir. Tête noire. Long. 2,5.
— Var. a. — Sous-dorsale nulle.
— Epoque : Septembre à Juin.
— Plantes : Rumex acutus, acetosa, acetosella et
crispus. D'après Spuler (p. 56), elle ne vivrait
fias sur solidago virgaurea, comme le dit Mil-
ière.
— Chrysalide : Obtuse, brunâtre, les ptérothèques
plus sombres.
— Eclosion : Mai à Août.
— Œuf: D'après Gillmer, il est arrondi, en cylindre
court, c'est à dire plus large que haut, couvert
d'excavations hexagonales réticulées assez gran-
des, les six qui environnent le micropyle plus
petites. Base réticulée, vert clair, à bord blan-
châtre (Gub. ent. Zeit. xiv, n*» M).
— Dispersion : Toute l'Europe, excepté l'Angleterre,
la Hollande et la Russie méridionale.
FRANCE. — Aipes-Marit. ; H. et B. Alpes ; Py-
rénées-Orientales ; Huule Garonne ; Hautes et
Basses-Pyrénées ; Auvergne ; Cantal ; Seine-In-
férieure : I ex. trouvé par M. Mocquerys (!) ;
Oise ; Vosges ; Alsace ; Jura ; Haute-Nlarne, TR.
'- 97 -
. , — Mœurs : Les œufs sont pondus isolément ou par
deux sur la tige. La chenille hiverne et se chry-
salide après la plante. Le papillon fréquente
surtout les endroits montagneux et se rencontre
jusqu'à 1.600 mètres d'altitude.
— BihL ; Dup., 67, pi. o, lig. 18. — Brehm., 264. —
Goos., An. Lev., 1897, p. 34. — Lambil., 203. —
0., I, 85. - Frr. 2, 33, pi. 118. — Wild., 48.—
Pr., pi. -i, fig. 1 1. - Sp., 56, pi. % fig. 11.
43. — Chrysophanus thersamon Esp.
— Chenille : D'après Spuler, elle est verte, le dos, à partir
du 2* ou 3« anneau, avec des bourrelets générale-
ment jaunâtres, ces bourrelets imitant des triangles
et partagés longitudinalement par une fine ligne
d'un vert plus ou moins foncé. Côtés avec des traits
obliques vert sombre, souvent bordés de jaunâtre
en arrière à partir de leur milieu. Stigraatale fine,
continue, jaunâtre. Stigmates noirs, placés bien au-
dessus de la stigmatale. Tête et pattes écailleuses
brun rouge. Long. 2-2,5.
— Epoque: Mai, Juin.
— Plantes : Sarothamnus scoparius — Rumex (Ro-
genhofer).
— Chrysalide: Arrondie, brun sombre.
— Eclosion : Juillet, Août.
— Dispersion : Sud- Est de l'Europe, Italie moyenne.
Saxe et Bohême.
FRANCE. — Alpes-Maritimes : Lanlosque.
— Mœurs : Chrysalide attachée à la plante nourri-
cière. Cette espèce aurait été capturée en Belgi-
que, à Hastière, par M. Haverkampf (Rev. soc.
ent. Namuroise, 1906, p. 1.)
— Bibl. : B. G., Lycœn., pi. 2, fig. 6-7 et pi. 3, fig. 3-8.
— Dup., 82, pi. 9, fig. 32. — Wild. 48. — Sp.,
o7. pi. 2, fig. 12.
44. — Chrysophanus dispar Haw.
— Chenille : Type un peu plus allongé que ses congénè-
- 98 -
res, à dos plutôt un peu aplati, à pubescence courte,
mieux visible sur les côtés. Tête très petite, cachée
au repos.
Robe d'un vert brillant, avec de nombreuses taches
blanches généralement placées en lignes longitudi-
nales. Tête noire.
Var. rutilus Wernb. — Robe vert sombre velouté,
à pubescence sombre. Dorsale nulle ou très
effacée. Sous -dorsale blanchâtre ou vert pâle,
continue ou subcontinue, parfois très effacée. Slig-
matale jaune blanchâtre. Stigmates grands, saillants,
elliptiques, blanchâtres, cerclés de brun jaunâtre
pâle. Ventre et clapet verts. Pattes : les écailleuses
brun pâle, les membraneuses vertes. Tête brun jau-
nâtre ou noirâtre, les pièces buccales noires. Long.
1,6(Spuler).
— Epoques : Septembre à Mai ; puis Juin à Juillet.
— Plantes: Rumex acetosa, acetosella, aquaticus et
hydrolapathum ; iris pseudo-acorus ; polygonum
bistorta (Knoterich) — ? Inula dysenterica.
— Chrysalide : Vert virant au cendré, à une dorsale
sombre et une ligne latérale interrompue. Elle
peut être aussi brun foncé (Date. 46) ou brun
clair à dessins foncés (Goos).
— Edosion : Juin ; puis Août.
— Dispersion : Sud-Est de l'Europe, excepté en Grèce,
Allemagne, Bukovine, Italie moyenne, etc.
FRANCE. — Gironde ; Ouest ; Aisne : St
Quentin ; Alsace : Colmar, Strasbourg, Metz ;
Aube : ViUechétif, Lusigny ; Hte Marne : Hortes^
Latrecey»
— Mœurs : L œuf, pondu en Août, éclot sur la fin du
même mois ou en Septembre. La chenille hiverne,
se transforme en Mai ou Juin et livre le papillon
fin Juin, Juillet ou commencement d'Août. Dans
le Midi et le Centre, l'évolution est plus rapide,
et l'espèce a deux générations. La chrysalidatioD
a lieu sur terre ou après la plante nourricière.
Le papillon, toujours très localisé, se rencontre
surtout dans les endroits un peu marécageux de
l'Ouest et de TEst.
— Ribl. : Frr., 127. — Sp., 57, pi. 48, fig. 3 (var. rtKi-
lus). — Dale, 45. — Goos., An. Levai., 1897,
p. 3i.
45. — Chrysophanus hippothoe L. = Chryseis Bork. =:
Eurydice Rott.
— Chenille : Anneaux bien nets, surtout dans la région
dorsale, à fine pubescence blanchâtre ou blonde.
Robe d'un vert sombre velouté, avec les Incisions
généralement blanchâtres. Dorsale continue, som-
bre. Stigmatale blanchâtre. Tête et pattes écailleuses
brunes ou brun rougeâtre. Long. 2,6.
— Epoque : Septembre à Juin.
— Plantes : Rumex acetosa, acetosella et hydrolapa-
thum ; polygonum bistorta.
— Chrysalide : Ramassée, arrondie postérieurement,
jaune, avec les yeux, le bord des ptérothèques
et deux points au bout du fourreau des antennes
noirs. Abdomen pointillé de noir (Rûhl. :21l. —
Sp.,pl. tfig. 13b).
— Eclosion : Mai à Août.
— Dispersion : Europe septentrionale et moyenne,
jusqu'aux Pyrénées et dans les Abruzzes.
FRANCE!^ — Alpes Maritimes; H. etB.-Alpes;
Isère ; Pyrénées-Orientales ; H.-Garonne ; H. et
B. -Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-Dôme ; Cantal ;
Gironde ; Somme ; Aisne ; Oise : Compiègne ;
Seine ; Vosges ; Alsace ; Saône et-Loire : Cou-
ches-Us-Mines ; Ain ; Hle-Marne: Langres^ Hories,
— Mœurs : Les œufs sont isolés sur les plantes et ils
écloseut en Août. La chenille hiverne et la chry-
salidation a lieu sur terre. Le papillon fréquente
de préférence les prairies sèches et se rencontre
jusqu'à I.dOO mètres d'altitude.
— BibL : Lambil. -iOo. — Goos., An. Levai. 1897,
p. Mo. — Hb. ai. — Tr. I(». 74. — Frr. 2. 55,
pi. 157 et 6. 188, pi. ?i9t). — Wild. 47. — Pr.
pi. 3, fig. 15. — Sp., o7. pi. -2, «g. 13a. — Stet.
eut. Zeit. 1854, p. 331.
11
46. — Chrysophanus alclphron Rott. = Hiere Fab. =
Hipponoe Ochs. = Lampctie Hb.
— Chenille z Découverte par Mussehl. D'après Spuler
(p. 88), elle est vert mat, avec deux lignes brunes
sur le dos. Stigmatale brun noir. Stigmates noirs.
Tête brune. Long. 2,5-2,7. Sur la figure qu'en donne
Tauteur allemand, la pubescence est bien visible et
les anneaux, bien séparés, sont nettement arrondis
dans le sens transversal. — D'après Goossens, elle
est d'un vert clair, avec les côtés vert pur ; dorsale
foncée et crêtes ombrées de noir. Stigmates très
visibles.
— Epoque : Avril à Juin.
— Plante : Rumex acetosa.
— Chrysalide : Trapue, comprimée vers le thorax, d'un
gris marqué de vert avec de nombreux points
bruns (Sp. p. 58).
— Eclosion : Juillet à Août.
— Œuf: D'après Aszmus, il est pyriforme, de couleur
jaune verdâtre (Stet. ent. Zeit. I86:h, p. 399).
— Dispersion : Une grande partie de l'Europe, à l'ex-
ception des contrées les plus occidentales.
FRANCE. — Alpes Maritimes : St Martin Lan-
losque^ t allée de thorenc ; Var ; H. et B.- Alpes ;
Isère ; Bouches-du- Rhône, où le type semble
remplacé par la var. gordius Suizer ; Pyrénées-
Orientales ; Ariège ; H. -Garonne ; H. -Pyrénées ;
? B. -Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-ôôme ; Cantal ;
Indre; Alsace : Colmar; Saône et Loire ; Allier.
— Mœurs : Les œufs, pondus la plupart du temps par
groupes, hivernent sur la plante nourricière
(Aszmus, loc. cit,). La chrysalide est suspendue
(Goos.) ou se trouve sur terre, parfois dans une
toile légère. Le papillon, généralement localisé,
se rencontre surtout dans les prairies des pays
montagneux.
— nibl. : Goos., An. Levai. 1897. p. 35. — Tr. 10. 73.
— Frr. ± 13, pi. 103. — Wilde, 47. - Pr. pi. 3,
«g. 1-2. — Sp., ni. pi. -2, Cg. li. — Stet. ent.
Zeit. 1863, p. 399. — Bromilow, The Entomol.
1892, p. 288 (var. gordius Stgr.).
-^ iol -^
47. — Chrysophanus phlœas L.
— Chenille : Vert foncé ou vert jaunâtre, le 1" anneau
généralement rouge vineux, à pubescence visible,
brunâtre ou blonde. Dorsale continue, fine, rouge
carminé, parfois assez effacée. Sous-dorsale nulle,
remplacée par des linéaments rouges. Stigmatale
continue, bien marquée, large, rouge. Tête cachée,
brune ou brun rouge. Long. 1,8.
— Var. a. — Robe virant plutôt au jaunâtre ou au vert
pâle, la dorsale, les linéaments et la stigmatale plu-
tôt jaunes.
— Epoques : Septembre à Mai, puis Juillet à Août.
— Plantes : Polygonées, surtout ruinex acetoselia
(Rambur), acetosa, scutatus, crispus et obtusifo-
lius ; polygonum aviculare et bistorta. Goosseiis
indique aussi Hedera hélix ?, et Bromilow a
trouvé des œufs sur Trifoliumliliforine (Soc. ent.
I89i, p. 178).
— Chrysalide : Analogue à celle des Lycœna, courte,
arrondie, épaisse, trapue, d*un brun clair avec
une dorsale noirâtre. Abdomen niaraué de trois
rangs de points sombres; stigmates olanc rosé.
— Eclosion : Avril à octobre.
— Œuf \ En forme de panier, c'est-àdire circulaire
avec la partie supérieure aplatie, grossièrement
réticulé et creusé d'alvéoles, de couleur crème
clair ou vert grisâtre (Tutt, Brit. Butt. 154. —
Dale, 49. — Young Nat. 1887, p. 89. — Gillmer,
Ent. Zeit. Gub. xiv, n^ II).
— Dispersion : Toute la région paléarctique.
FRANCE. — Corse; Aines-Maritimes; H. et
B. -Alpes; Var ; Bouches au-Rhône ; Pyrénées-
Orientales ; Haute-Garonne ; H. et B. -Pyrénées ;
Creuse ; Puy-de-Dûme ; Cantal ; Gironde ; Fi-
nistère ; Bretagne ; Maine et-Loire ; Loire-Infé-
rieure ; Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ; Indre ;
Cher ; Sarlhe; Calvados; Eure ; Seine-Inférieure;
Somme ; Nord ; Oise ; Aube ; Alsace ; Saône-et-
Loire ; Allier; Haute Marne : Langres, Hortes^
iMtrecey,
— Mœurs : Les œufs sont déposés isolément ou par
- 102 —
paires dans le creux des feuilles. Pondus en
Août, ils éclosent environ trois semaines après.
Les jeunes larves dévorent la partie inférieure
des feuilles ; elles grossissent assez rapidement,
mais ne font leur dernière mue qu*au printemps,
rarement avant l'hiver, et la chrysalidation a
lieu en terre. Difficiles à trouver, elles sont
faciles à élever. L'espèce a deux générations,
excepté dans l'extrême Nord, et des adultes peu
vent être accidentellement trouvés en Décembre
(Bachmetjew, Soc. ent., 1897, p. 18:2).
— Bibl. : Dup., 63, pi. 5, lig. 16. — Lambil., ii)l. —
Goos., An. Levai., 1897, p. H6. — Hb., 86. —
0., 1, 87. — ïr., 10, 76. — Frr., ->, 97, pL 151.
— Pr., pi. 3, iig. H. — Sp., 58, pi, f, fig. 16.
— Sepp., 8, 133. — Bfick., 91. pi. 13, fig. 4. —
Dale, 49. — Bromilow, The Ent., 189:2, p. 319.
— Frohawk., ibid., 1899, p. 434. — Sabine, The
Ent., 1902, p. 114.
48. — Chrysophanus dorllls Hiiln. ^ Circe Oclis. =
Xanthe Fab. = Phocas Esp. = Hypoxanthe K.
— Chenille : Robe d'un vert génc^ralemeiit clair et un peu
lavé de violet par endroits, très finement ponctuée
de blanc, de rougeatre ou de brun jaune, visible-
ment pubescente. Dorsale un peu en creux, continue,
vert sombre ou brun pourpre, souvent peu visible.
Stigmatale jaune ou brun pourpre. Tête cachée,
jaune, Tépistone verdàlre. Long. 2.
— Var, a. — Robe en entier ou au moins en majeure
partie vert violacé.
— Var. b. — Dorsale et stigmatale effacées.
— Epoques : Septembre à Avril ; puis Juin à Juillet.
— Plantes : Rume^t' acetosa (Fab.) ; genista scoparia
(Dup.) et autres papilionacées (Berce).
— Chrysalide : Courte, arrondie aux extrémités, sub-
étranglée à la base de Tabdomen. Verte ou brun
roux, avec des taches noires et des petits poils
concolores (Sp., pi. :2, fig. 15 c).
— Parasite : Ichneumon extensorius L.
— 103 —
Eclosion : Avril à Mai ; Juillet à Août ; Septembre
à Octobre.
Dispersion : Europe moyenne et méridionale, ex-
cepté TAngleterre, le sud de TEspagne et la Si-
cile.
FRANCE — Corse ; Alpes-Maritimes ; H. et
B. -Alpes; Var ; Bouches-du Rhône : Àix, le
Ttwlouet ; Pyrénées-Orientales ; Haute Garonne ;
H. et B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme ; Gironde ;
Maine-et-Loire ; Loire-inférieure ; Bretagne ;
Loir-et-Cher ; Eure-et Loir ; Indre ; Cher ; Sar-
the ; Calvados ; Eure ; Seine Inférieure ; Somme ;
Nord ; Aube ; Seine ; Alsace ; Saône et-Loire ;
Haute-Marne ; Langres, Horles, Latrecey.
Mœurs : Cette espèce, que Ton rencontre dans les
Pyrénées jusqu à I.60U mètres d'altitude, ne pa-
raîtrait qu'une fois dans ces pays montagneux
(Rondou). Dans le Midi, au contraire, et aussi
dans les autres localités de la France quand l'ar-
rière-saison est chaude, elle peut avoir jusqu'à
trois générations, les chenilles de la dernière
passant l'hiver pour se métamorphoser au prin-
temps. La chrysalide, d'après Goos., est suspen
due par la queue et par un lien transversal,
mais on en trouve aussi sur le sol. Le papillon
aime à voltiger dans les prairies et les clairières
humides, à travers les bois et les hautes herbes.
Bibl. : Dup., 32. — Goos., An. Levai., 1897, p. 36.
— Lambil., -210. — Wild., 47. — Rûhl , Î2l8. —
Sp., 58, pi. -2, fig. I.'i a. — Stet, ent. Zeit., 1877,
p. 487. — Sepp., pi. 5. — Gillmer, Ent. ZeiL
Gub., 190i, p. 4-2.
e- «. : L.YCŒrVA Fab.
t" 8. -G. : L.aiiiplde8 Hb.
49. — Lampfdes bœticus L. = Pisonim Fourcr. = Co-
luleœ Rossi.
— Chenille : Ovalaire, suballongéc, convexe dans la ré-
gion dorsale, aplatie dans la région ventrale, glabre
ou subglabre. Tète petite, cachée.
— 104 —
Robe vert clair ou vert olivâtre. Dorsale large,
continue, brunâtre ou sombre. Sous-dorsale nulle,
mais des traits obliques, sublosangés, vert plus
Joncé, parfois lavés de rougeâtre. Stigmatale conti-
nue, droite, vert clair. Stigmates jaunâtres. Ventre
vert clair à une ligne longitudinale blanchâtre.
Pattes : les écailleuses brunes ; les membraneuses
concolores. Tête noire.
Var. a. — Robe rougeâtre ou brune, à chevrons noi-
râtres ou brun violacé.
— Epoques : Juillet à Septembre ; puis Octobre à Mai.
— Plantes : Gousses de coiutea arborescens (Mil.) ;
lupinus mutabilis (Ber.) ; beaucoup de légumi-
neuses (Ramb.). — En Espagne, et aussi dans le
Morbihan, genista, ulex europsBus (Griffith). —
! Medicago sativa, pisum salivum, sarothamnus
scoparius. — En captivité, pois verts.
— Chrysalide : Trapue, arrondie aux deux extrémités ;
rouge sombre ou jaune testacé, avec des taches
brunes et les stigmates noirs ; thorax et ptéro-
thèques plus sombres (Sp., pi. :2, fig. 18 c).
— Eclosion : Juin ; puis Octobre.
— Dispersion : Toute l'Europe.
FRANCE. — Alpes-Maritimes ; Var ; Bouches-
du Rhône ; Hte-Garonne ; H. et B. -Pyrénées;
Creuse ; Puy-de-Dôme ; Gironde ; Maine-et-
Loire ; Loire-Inférieure ; Morbihan ; Ille et-
Vilaine : Rennes; Loir-et-Cher; Eure-et-Loir;
Indre ; Cher ; Sarthe : Calvados : Caen ; Nord :
accid., I ex.; Oise; Seine; Aube: ks Rice\s,
Ervy, Rarsur-Seîne ; Alsace ; Saône et- Loire ;
Hte- Marne : llorle,^, St Dizier.
— McGurs : Les chenilles d'Octobre hivernent pour se
métamorphoser au printemps. La chrysalidation
a lieu dans les gousses (Ri'ihl.), après la tige, à
Taide d'un fil de soie posé transversalement
(Bromilow). Le pupillon, 1res localisé, est lou-
J'ours fort rare, ne se rencontrant souvent que de
oin en loin ; il s'élève jusqu'à 1800 mètres d'al-
titude (Rondou).
— Ilibl. : Mil. Ico. L, pi. 4, fig. I à 5. — Griffith.,
Lép. nuisibles, 6. — Goos., An. Levai., 1897,
— 103 —
p. 37. — Lambil., 216. — An. Soc. fr. 1847,
p. xciv, et (pour les particularités du II)® et 1 1«
segment signalées par Guénée) 1867, p. 665,
pi. 13, fig. 9à \i(\). — Lelièvre, F. d. J. N.,
I89i, p. 61. — Ruhl., 42H. — Sp., o9, pi. -i,
«g. 18 ab. — Sepp., V. 31, IX. — Dale, 51.
50. — Lampides telicanus Lanjs;.
— Chenille : Ovalaire, convexe dessus, fortement carénée
sur les côtés, avec les anneaux distincts, le dos des
4, S. 6, 7 à un renflement dorsal, pubescenle. Tête
globuleuse, rélraclile.
Robe rouge, pourpre ou brun rougeâtre, veloutée.
Dorsale large, continue, de couleur sombre, vineuse
sur les anneaux 3-4, 9-11. Sous-dorsale nulle, rem-
placée par des chevrons à peine indiqués. Stigmatale
nulle ou un peu marquée en carmin. Pattes: les
écailleuses petites, brunes ; les membraneuses très
courtes, concolores. Tête noire ou brune. Long.
1,6-1,8.
— Var. a. — Robe vineuse, à chevrons sous dorsaux
bien marques en carmin obscur.
— Var. b. — Robe blanc carné, à chevrons sous-dorsaux
brunâtres.
— Var. c. — Robe jaune paille.
— Epoques : Juillet à Août ; puis Octobre à Mars ou
Avril.
— Plantes : Fleurs de lythrum'salicaria ; calluna vul-
garis (Mil.) ; dorycnium suffruticosum ; ? genista
tinctoria iTrimoulet). — A Trieste, melilotus
albus (Gartner).
— Chrysalide : Ramassée, globuleuse, obtuse aux deux
extrémités, à segments courts et immobiles.
Jaune d ocre ou argileuse, couverte de poils fins
très courts et finement tachée de brun.
(1) Pour cet particolarités. voyez à la page 83 les principaux caractères des
chenilles de la Fam. des L}'CŒnid{e.
— 106 -
Eclosion : Mars k Mai ; puis Juin à Octobre.
Dispersion : Silésie, nord de la Suisse et région
méditerranéenne.
FRANCE. — Corse : Corte ; Alpes-Maritimes;
Bouches-du Rhône ; Hérault: Montpellier; Pyré-
nées-Orientales ; Hte-Garonne ; Htes-Pyrénées ;
Loir et-Cher : place St-Vincent (i ex.); Ain:
Bagé leChâlel (\ ex.).
Mœurs : Les chenilles, qui sont carnassières, se
trouvent souvent par groupes nombreux sur la
plante nourricière, il y a deux apparitions (Spu-
ler, 60) ; Millière semble n'en indiquer qu'une.
Celles de la dernière génération hivernent. La
chrysalide est fixée, la tête en haut, après les
tiges du végétal sur lequel s'est passée la fin
de l'existence.
Bibl. : Mil. Ico.,pl. 108, fig. 10 à 1i. — Goos., An.
Levai., 1897, p. 37. — Frr., I, 110, pL 56. —
Wild., 46. — Sp., 60, pi. -2, fig. 19.
S"" S. - G. : Lycœna Fab.
51. — Lycœna arglades Pal. = Amynlas Ochs. = Tire-
sias Rot.
— Chenille: Arrondie dorsalement, aplatie dessous, à
courte pubescencc, surtout sur les côtés.
Robe vert pâle. Dorsale conlinue, assez étroite,
vert sombre ou noirâtre, ordinairement bordée
chaque côté de plus foncé. Sous-dorsale comme la
dorsale, rarement effacée. Tête noire. Long. 1,8.
— Far. a. — Robe avec des taclics brunes et blanches.
— Var, b. — Robe verte un peu marquée de rougeâtre.
— Epoques : Septembre à .hiin; puis Juillet à Août.
— Plantes : Légumineuses herbacées, onobrychis sa-
liva, lotus cornicuiatus, trifolium pratense et
arvense, coronilla, pisum sativum, anthyllis vui-
neraria, medicago lupulina et falcata ; genista ;
rhamnus frangula et catbarticus.
— 107 —
Chrysalide : Courte, brun jaunâtre ponctué de noi-
râtre ou de brun, à dorsale sombre.
Eclosion : Avril à Juin ; puis Juillet à Septembre.
Dispersion : Europe moyenne et méridionale.
FRANCE. — Corse ; Isère ; H.-Garonne ; H. et
B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme ; Gironde ; Maine-
et-Loire ; Loire-ln/érieure ; Morbihan ; Ille et-
Vilaine ; Bretagne (! entière) ; Loir-et-Cher ;
Eure-et-Loir ; Indre ; Cher ; Sarthe ; Seine-Infé-
rieure ; cavée de Dieppedalle (Frontin) et çà et là ;
Orne ; Oise ; Seine ; Seine-et-Marne ; Aube ;
Vosges ; Alsace ; Saône-et-Loire ; Hte-Marne :
Langres, Latrecey,
Mœurs : Les œufs sont pondus sur les fleurs ; ils
éclosent au bout de 10-1^ jours et les chenilles
de Septembre hivernent. Il y a ordinairement
deux générations, la première fournissant la
génér. vern. polysperchon Bergstr., espèce géné-
ralement rare et toujours localisée.
Bibl. : Lambil. 219. — Wild. 45. — Sp., 60, pi.
suppl. 1, fig. U. — Stet. ent. Zeit. 18o(K p. 177.
— Aigner, Ulustr. Zeit. t. Ent. 1898, p. 3:28. —
Dale. 53.
52. — Lycœna argus L. = Argyrotoxus Bergstr. = OEgon
Schiff. et L. = Alsus Esp.
— Chenille : En cloporte un peu allongé, plate dessous,
lo dos arrondi, excepté les segments 1,9-12, qui sont
plats, assez visiblement pubescente ; dos du 11«
anneau à ^ boutons d'un jaune pâle, ces boutons
entourés de petites verrues noires et poilues.
Robe d'un vert généralement peu toncé, couverte
de nombreuses granulations blanchâtres. Dorsale
faite de triangles rouge violacé, violet ou sombre,
la pointe en avant, ces triangles contigus ou
non, souvent bordée de blanchâtre et généralement
plus large sur les premiers anneaux. Sous-dorsale
nulle ou faite de traits longitudinaux rougeâtres plus
ou moins contigus et parfois surmontée de chevrons
sombres, bruns ou noirâtres. Stigmatale ordinaire-
— 108 -
ment vert sombre, souvent longée à la partie infé-
rieure par une ligne blanchâtre. Stigmates blancs.
Ventre concolorc. Pattes verdâtres. Tête noire
Long. 1,5-2.
Var, a. — Robe vert foncé, marquée de brun rouge
aux deux extrémités.
Var. b. — Robe jaune citron, plus ou moins marquée
de brun rouge sur les premiers et derniers anneaux.
Var, c. — Robe brun rouge, les côtés souvent mar-
qués de chevrons noirâtres.
— Epoques : Avril à Juin ; puis Août.
— Plantes: Légiimineuses,onobrychissativa(Dulreux);
melilotus officinalis etalba ; trifolium montaDum
(Rûhl) ; ononis ; lotus corniculatus ; colutea arbo-
rescens ; erica (Zeller). — La chenille var. b sur
Genista, surtout gernianica et tinctorîa (Rûhl). —
La var. corsica Bell, sur astragalus (Curo).
— Chtysalide : Courte, arrondie, de couleur verte,
avec les ptérothèaues clairs et Tabdomen plus
sombre. Une dorsale carmin terminée sur le 7^
segment par une tache noire. Stigmates brun
jaune (Sp. 61).
— Echsion : Mai à Juin ; Juillet à Août.
— Œuf : Eu massue, côtelé et comme chargé de gra-
nulations qui deviennent plus petites vers le
sommet. Il est de couleur blanche (Sp. 61).
— Dispersion : Toute TEurope.
FRANCE. — Corse, remplacé par la forme
locale corsica Bel. ; Alpes-Maritimes; H. et B.-
Alpes ; Var ; Bouches-du-Rhône : BeiTf , bords de
l'Arc ; Vy rénées-Oriental es ; H. -Garonne ; H. et
B. -Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-Dôme ; Gironde ;
Ille-et-Vilaine (Bleuse) ; Bretagne ; Loir-et-
Cher : Hussy ; Eure-et Loir ; Indre ; Cher; Cal-
vados ; Eure; Seine-lnfèrieure ; Somme; Oise ;
Seine ; Aube ; Alsace ; Saône-et-Loire ; Allier ;
Hte-Marne : LanyveSy Hortes, Latrecey, St-Dizier.
— Mœurs : L'œuf hiverne pour éclore en Février ou
Mars. La chrysalide est suspendue par la queue
et par un lien transversal. L'espèce n'a qu'une
génération dans le Nord et sur les hautes mon-
— 109 —
tagnes, deux dans le Midi. Le papillon, qui fré-
quente les bois, les talus et le bord des routes,
se rencontre jusqu'à I.dOO mètres d'altitude
(Rondou) ; on le trouve à peu près partout et,
sans être rare, il est souvent fort localisé.
BibL : Dup. 72, pi. 6, fig. â3. — Lambil. -2^21. —
Goos., An. Levai. 1897, p. 30. — Hb. 32. —
•0. I, .')7. -^ Tr. 10, 71 — Frr. 2, 149, pL 175.
— Wild. il. — Sp. 60, pi. 2, fig. 20 ab — Sopp.
7, 17. - Bûck. 112, pi. 15, fig. ;^. — Curo, 110.
— Frohawk, The Entomol., xxvi, p. 285. —
Landquart : Schmetterlinge ùnd Ameisen Beo>
bachtiingen ueber eine Symbiose zwischen...
(Formica cinerea Mayr.), 1901, in-8, 40 p.
63. — Lycœna argyrognomon Brgslr. = OEgon Schiff.
— Chenille : Un peu allongée, à pubescence fine, avec
des tubercules dorsaux blancs.
Robe d'un vert jaune brillant. Dorsale brun rouge
ou brun pourpre, bordée de blanchâtre ; elle est
continue ou faite de taches triangulaires contiguës
ou subcontiguës. Sous-dorsale laite de traits obli-
ques vert jaunâtre. Stigmatale brun rouge. Stig-
mates blancs. Ventre vert nïat. Pattes : les écailleu-
ses brun noir ; les membraneuses vert mat. Tête
noire ou brun noir. Long. 1,6
— Var. a. — Clicvrons sous-dorsaux blancs.
— Vai\ b. — Robe gris sale, à dorsale sombre, les autres
dessins plus ou moins effacés.
— Epoques : Mai à Juin ; puis Août à Septembre.
— Plantes : Légumineuses, colutea arborescens ; ge-
nista scopuria, tinctoria et fleurs (Schmid) de
germanica ; cytisus, melilotus oflScinalis, trifo-
llum, lotus corniculatus et siliquosus, ononis
spinosa et repens, medicago sativa, ulex euro*
pœus, ornithopus perpusillus; calluna vulgaris
(Zeller). La var. prostata Bréb. sur ononis ma-
ritima.
— Chrysalide : Vert terne virant au brunâtre, avec les
-- 110 —
yeux et les incisions des anneaux brun rouge.
Ptérolhèques très longs.
— Eclosion : Mai à Juillet ; puis Août à Septembre.
— Œuf : Circulaire, déprimé au centre sur les deux
extrémités, couvert de petits boutons saillants,
côtelé dans le sens de la longueur, les côtes
n'atteignant pas les pôles. Couleur blanche
(l)ale, 79).
— Vispersion : Toute l'Europe, excepté les Pays-Bas.
FRANCE. — Corse ; Alpes Maritimes ; H. et
B. -Alpes ; Var; Bouches-du-Rhône ; Pyrénées-
Orientales ; Haute-Garonne ; H. et B. Pyrénées ;
Creuse ; Auvergne ; Landes ; Gironde ; Maîne-
et Loire ; Loire-lnfér. ; Ille et-Vilaine (Bleuse) ;
Bretagne ;• Loir et Cher ; Eure et-Loir ; Indre ;
Cher ; Sarthe ; Calvados : Léauparlie, Troarn,
Havent ; Seine inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Aube ; Alsace ; Haute-Saône ; Saône et Loire :
Allier ; Haute-Marne : Langres, Latrtcey, Hortes.
— Mœurs : L'œuf hiverne et éclôt fin Février ou Mars.
La chenille est myrmécophile ; Freyer en a sou-
vent trouvé qui avaient jusqu'à dix fourmis au-
tour de leur corps, et Dannehl (Sp. p. 61) ne l'a
jamais rencontrée sans la voir porter quelques-
uns de ces Hyménoptères. La chrysalide a été
rencontrée également dans les fourmilières; elle
éclot environ au bout de trois semaines et l'es-
pèce a une ou deux générations. Le papillon,
qui se rencontre à peu près partout, aime à vol-
tiger dans les bois secs.
— BibL ; Dup., 71, pi. 6, fig. 22. — Hb., 32. — 0.,
1, 52. — Frr., -2, 121, pL 169. — Wild., 41. —
Pr., pi. 3, fig. 20. — Sp., 61, pi. 2, fig. 2L —
Dale, 80.
54. — Lycœna optilete Knoch.
— Chenilk : D'après Plotz (Sp., 62), elle est d'un vert
pâle velouté, avec une courte pubescence rouge.
Stigmatale blanche bordée de noir, très visible.
Stigmates blancs. Pâlies écailleuses brun noir. Tête
petite* brun noir. — D'après Scudder, elle est très
bombée, d'un vert clair sur le dos, d'un vert foncé sur
- m -
le ventre. Au-dessous de la stigmatale se trouvent
de* grosses taches ovales blanches.
— Far. cyparissus Hb. — D'après Hoffmann, elle est
verte, les côtés à une ligne rouge (Stet. ent. Zeit.,
1893, p. 123)-
— Epoque : Septembre à Juin.
— Plantes : Vaccinium oxycoccos (Scud.), uliglno-
sum et niyrtillus (Frr, et Wocke).
— Chrysalide : Obtuse, vert pâle, à incisions rouseA-
tres, la partie antérieure avec des poils fins éga-
lement rougeâtres (Sp., loe, et/.).
— Eclosion : Juin à Août.
— Dispersion : Europe moyenne et septentrionale.
FRANCE. — H. et Basses. Alpes ; Isère et le
Dauphiné.
— Mœurs : La chenille hiverne ; elle mange de préfé-
rence les fleurs de la plante nourricière. L'éclo-
sion a lieu 15-20 jours après la chrysalidation.
— BibL : Goos., An. Levai., 1897, p. 39. — Frr., 7,
97, pL 656. — Wild., 4L — Sp., 6L pi. -2, fig. 22.
55. — Lycœna lyslmon Hb.
— Chenille : t
— Le papillon parait en Juin et Juillet. L'espèce, propre
à l'Espagne et au nord de l'Afrique, se rencontrerait
aussi, d'après Spûler, dans le Midi de la France (Sp.
p. 62).
56. — Lycœna bâton Bgslr. = Hylus Fab., hylas Fab. et
Hb. = Ampliion Esp. = Vicrama et cashmirensis
Moore.
— Chenille : Type ?
— Yar. panoptes Hb. — D'après Millière, elle est courte,
arrondie, convexe sur le dos, aplatie dans la région
ventrale. Glabre à l'œil nu, pubescente*. Tête à
moitié cachée sous le premier anneau.
- 112 --
ftobe vert clair. Un rang dorsal ^e taches pyrifor-
mes rouge carmin, sur les anneaux 2-9; ces taches
sont partagées par la dorsale qui est carmin som-
bre et portent chaque côté de cette ligne un à deux
points blancs ; de plus, chacune d'elles est accom-
pagnée sur les côtés d'un trait vert sombre bordé
de blanc rougeâlre. Stigmatale interrompue aux
incisions, blanche, bordée chaque côté de vert
sombre. Stigmates blanc mat. Ventre vert sombre
traversé par une ligne médiane noirâtre. Pattes : les
écailleuses brunes, les membraneuses vertes. Tête
noir brillant.
— Epoque: Avril à Juin.
— Plantes : Thymus vulgaris et serpyllum, melilotus
arvensis ; Coronilla varia (Frey.) ; cerastium ar-
vense.
— Chrysalide : Courte, ovoïde, de couleur jaune d*Œu[,
les ptérothèques lavés de verdàtre.
— Eclosion : Avril à Mai et Juillet à Août.
— Dispersion : Europe méridionale et moyenne.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritiraes (var.
panoples) ; Wfkv ; Bouches-du-Rhône ; Pyrénées-
Orientales ; Haute-Garonne : H. et B. Pyrénées ;
Auvergne ; Morbihan ; Ille-et-Vilaine ; Maine-
et-Loire ; Loire-Inférieure ; Indre ; Cher ; Eure-
et-Loir; Loir-et-Cher; Eure; Oise ; Aube ; Al-
sace ; Saône et-Loire ; Haute-Marne : Langres,
— Mœurs : L'œuf éclôt en Avril ou Mai et la méta-
morphose a lieu fin Mai ou Juin ; une partie des
chrysalides éclôt en Juillet, l'autre partie passe
rhiver et donne le papillon 1 en Avril de l'année
suivante. L'espèce, au moins la var. panoptes,
n'aurait donc qu'une génération. Les chenilles
mangent les fleurs de préférence aux feuilles ;
elles sont très carnassières, et, en captivité, elles
dévorent uon seulement leurs semblables, mais
encore les chrysalides. La nymphose a lieu sur
le sol, dans les débris de la plante nourricière.
— mbL : Mil. Ico., II, pi. 85, fig. 1 à 3. — Sp., 62,
pi, sup. I, fig. :24a (var. panoptes Hb.) — Lamb.,
2-26.
- 113 -
B7. — Lycœna orlon Pal. = Battus Hb. = Telephii Ësp.
— Chenille : D'après Oclis., elle est légèrement pubes-
cente, d'un vert de mer ou vert moucheté. Dorsale
violet rouge ou pourpre plus large sur les derniers
anneaux et plus ou moins obscure. Stigmates noirs.
Tête noir brillant.
— Epoque : Juin à Juillet ; puis Août a Avril.
— PlanUts : Sedum album et telephium.
— Chrysalide : Ramassée, assez épaisse, de couleur
gris brun, brun jaunâtre ou verdâtre, ponctuée
ae brun noir ; ptérothèques vert sale ou brun
jaunâtre.
— Eclosion ; Avril à Mai ; puis Juillet à Août.
— Œt*/*; D'après Schmid, il est aplati et de couleur
blanche.
— Dispersion : Presque toute l'Europe, excepté l'An-
gleterre.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
Pyrénées Orientales ; Haute- Garonne ; Puy-de-
Dôme et Auvergne ; Haute-Marne : Langres (!)
— Mœurs : La chenille mange surtout la partie supé-
rieure de la plaute, mais au repos elle se tient
dessous (Schmid) ; elle est myrmécophile. La
chrysalidation a lieu pour l'hiver ; elle se fait
sur terre, sous les pierres ou les feuilles radi-
cales. L'espèce n'a qu'une génération dans le
Nord.
— BibL : Goos., An. Levai., 1897, p. 40. -- 0., 6i. —
Wild., iO. — Schmid, 10. — Sp., 61 pi. sup. I,
fig. -Ji b. — Abafi-Aigner, Rovart. Lapok., 1898,
p. I i3 et XIX.
58. — Lycœna orbitulus Prun.
— Chenille : Diaprés Rogenholer, elle est verte, avec
une pubescence noire, les poils plus longs vers la dor-
sale; celle-ci vert brunâtre bordée de blanchâtre ;
un point rosé au milieu de chaque anneau. Côtés à
traits obliques vert sombre. Stigmatale blanche
bordée de rouge rosé à la partie supérieure. Stigmates
- 114-
noirs finement cerclés de blanc. Ventre vert jau-
nâtre. Pattes vert jaunâtre, à extrémité noire. Tête
petite, noire.
— Epoque : Juillet.
— Plante : ?
— Chrysalide : Brun grisâtre assez brillaDt, le thorax
et les ptérothèques lisses, Tabdomen brun jaune,
à incisions plus claires ; tout le corps porte une
iiue pubescence blanchâtre. Stigmates noirs.
— Edosion : Juillet à Août.
— Dispersion : Alpes et Pyrénées; nord de la Scan-
dinavie (var. aquilina Slgr.).
FRANCE. — Alpes-Maritimes : Lantosque ;
H. et B.- Alpes ; Isère ; Savoie ; Pyr.-Orienlales ;
H. -Garonne ; H. et B. -Pyrénées.
— Mœurs : La chenille, qui a été découverte par
Rogenhofer sous des pierres, se chrysalide dans
les mêmes endroits. L'éclosion a lieu 1:2-13
jours après la nymphose et le papillon se trouve
généralement à une altitude comprise entre l.oOO
et i>.800 mètres.
— BibL : Sp. 6±
59. — Lycœna pheretes Hb.
— Cfienille : r
— Edosion de l'adulte : Juillet à Août.
— Dispersion : Alpes et hautes montagnes de Scandi-
navie.
FRANCE. — Iltes et Bses-Alpes ; Dauphiné ;
Savoie.
60. — Lycœna astrarche Bgstr. = Agestis Hb. et 0. =
Alexis Scop. = Medon Esp. et Hufn. = Idas Lew.
= Nazira Moore.
— Chenille : Corps forlcinonl incisé, pubescent, la pu-
bescence plus grande sur le bourrelet stigmatal.
— Type : Robe vert clair, généralement pâle. Dorsale
noire ou brun pourpre, continue de 2-li, les bords
— ii5 —
latéraux rosés. Des traits obliques sous- dorsaujc
verdàtres, très pâles. Stigmatale en bourrelet, rouge
pourpre. Ventre vert plus clair que le dos. Pattes
jaunâtres, les écailleuses tachées de noir au côté
externe. Tête noire à chaperon blanchâtre (Zeller).
Far. artaxerxes Fab. — Vert clair à petites brosses de
poils blancs. Dorsale large, le plus souvent inter-
rompue aux incisions, vert noirâtre ou sombre.
Bourrelet sligmatal blanc rougeâtre bordé de rose
chaque côté.
— Epoques : Sepleoibre à Mai ; puis Juin à Août.
— Plantes : Erodium cicutarium (Frey.) ; trifolium
(Dubois) ; melilotus oflicinalis et onobrychis
sativa (Paux). — Helianthemum vulgare pour la
var. artaxerxes Fab.
— Chrysalide de la var. artaxerxes : Courte, un peu
obèse, à tête arrondie, avec de petites touffes de
poils sur la face, le cou et l'abdomen, la plus
grande étant celle de la face, celles des segments
ordinairement courbées. Vert pâle ou vert jau-
nâtre, à dos plus sombre, à une ligne latérale
rosée. Ptérothèques au moins en partie blan-
châtres.
— Eclosion : Avril à Juin ; puis Juillet à Septembre.
— Œuf : Circulaire, aplati, avec une dépression cen-
trale à la partie supérieure, grossièrement réti-
culé, de couleur brun verdâtre (Pale. 74).
— Dispersion : Toute la région paléarctique, excepté
l'extrême nord.
FRANCE. — Corse ; Alpes Maritimes : Var ;
Bouches du-Rhône ; Pyr.-Orientales ; Hte-Ga-
ronne ; H. et B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme; Gi-
ronde ; Maine et-Loire ; Loire-Inférieure ; Breta-
gne ; Loir-et Cher ; Eure-et-Loir ; Indre ; Cher ;
Sarthe ; Calvsidos ; Eure ; Seine-Inférieùre ;
Somme ; Nord ; Oise ; Seine ; Aube ; Alsace ;
Saône-et Loire ; Hte-Marne : Langres,
— Mœurs : Les œufs sont placés isolément ou parfois
plusieurs ensemble, mais alors épars, à la face
inférieure des feuilles d'erodium. Pondus en mai
ou en août, ils éclosent au bout d'une quinzaine
de jours. Les chenilles de la seconde génération
hivernent pour se métamorphoser au printemps
suivant. La chrysalide est placée à la surface au
sol, avec ou sans fils autour du corps.
Bibi : Lambil. 2-28. — Sp., 63. pi. i, fig. fô. —
Stet. ent. Zeit. 1868, p. 40t. — Ent. Mon. 1879,
. Ui. — Bûck. 116, pi. 16, fig. 1 a àg. —
taie, 73.
6
61. — Lycœna eumedon Ksp. = Chiron Rott.
— Chenille : ?
— Epoque : ! Septembre à Mai.
— Plantes : Géranium sanguineum, cinereum (Rœss-
ler\ pratense et purpureum ; vicia.
— Eclosion : Mai à Août.
— Dispersion : Europe moyenne et orientale. Suède.
FRANCE. — Alpes Maritimes ; Basses-Alpes ;
Bouches-du Rhône : Aix, Sl-Jean-de-Garguier ;
Pyrénées Orientales ; Haute Garonne : Hautes et
Basses-Pyrénées ; Auvergne ; Jura ; Ute-Marne :
Latrecey (de Wildemberg) (?).
— Mœurs : Celte espèce, propre aux prairies des hau-
tes montagnes, s'élève jusqu'à :2.000 mètres d'al-
titude.
— Bibi : Sp., 64. — Rœssler, 30.
62. — Lycœna donzeli R.
— Chenille : (?)
— Eclosion de l'adulte : Juin à Juillet.
— Dispersion : Hautes-Alpes, Sud-Est de la Russie,
Finlande et Suède.
FRANCE. — Alpes-Maritimes : Si-Martin, val
du Borrèon ; H. et B. -Alpes ; Savoie.
63. — Lycœna eros Ochs.
— Chenille : (?)
— Eclosion de l'adulte : Juillet à Août.
— H7 —
Ùispersion : Hautes montagnes des Pyrénées, des
Alpes, de TApennin et de l*0ural.
FRANCE. — Var ; H. et B.-Alpes ; Isère ; Sa-
voie ; Pyrénées-Oiientales ; H. -Garonne; H. et
B. -Pyrénées ; Cantal : Murât.
64. — Lycœna Icarus Rotl. = Alexis Hb. = Thetis Esp.
— Chenille : Suballongée, crêtée, un peu arrondie, k pu-
bescence fine. Tête petite.
Robe d'un vert plus ou moins sombre, sablé * de
noir. Dorsale vert sombre, bordée de clair chaque
côté. Région sous-dorsale marquée de deux, ra-
rement de un rang de traits obliques, faiblement
saillants, blanchâtres ou vert pâle, parfois effacés.
Stigmatale mamelonnée, blanchâtre ou jaunâtre.
Ventre pâle entre les pattes. Tête noire, avec les
mandibules pâles. Long. S.
— Epoques : Mai à Août ; puis Septembre à Avril.
— Plantes : Ouonis spinosa, niedicaffo sativa, Irifo-
lium, onobrychis, aslragalus glycyphillos ; fru
garia vesca ; lotus corniculatus, melilotus, ge-
nista — Graminées (Kirby) — Dahlia (Ragonot).
— Chrysalide : Vert brillant, à dorsale sombre et stig-
mates jaunes.
— Parasite : Apanteles zygœnarum Marsh. (Fletcher).
— Eclosion : Avril à Septembre.
— (Kuf : Globulaire, à pôles très aplatis, couvert de
petits poils. Vert bleuâtre pâle ou rougeâtre,
finement réticulé de blanc.
— Dispersion : Toute la région paléarctique.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; H. et
B.Alpes; Var; Bouches du-Rhône ; Pyrénées-
Orientales ; Haute-Garonne ; H. et B. -Pyrénées ;
Creuse ; Puy-de-Dôme ; Maine et Loire ; Loire-
Inférieure ; Bretagne ; Loir-et-Cher ; Eure-et-
Loir ; Cher ; Sarthe ; Calvados ; Eure ; Seine-
Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Aube ; Meur-
the-et Moselle : Sancy ; Alsace ; Saône-et-Loire ;
Allier; Hle-Marne : Langres, Hortes, Latrecey.
— 118 —
Mœurs : L*espèce paraît en 2-3 fféoératioos. La
dernière hirerne à l'élat de chenille ; cependant
quelques larves plus avancées se mélamorpho-
senl parfois pour l'hiver. En captivité, elles de-
viennent carnassières si on les fait jeûner (Goos.).
La chr} salide est en terre ou sur le sol, généra-
lement dans une coque légère, et le papillon,
qui fréquente surtout les bois, les prairies, les
champs de luzerne e( même les jardins, se trouve
jusqu'à une altitude de iAHH} mètres ; il peut
éclore en huit jours. Les chenilles ont été trou-
vées en nombre sur des dahlias par M. Ragonot
(Goos., loc, cit.).
BihL : Dup., 73, pi. 7, fig. ii. — Brehm., 264. —
Goos., An. Levai., 1897, p. 4L — LambiL, 431.
Hb. 3H. — 0., I, 38. — Tr., 10, 69. - Frr., 7,
259, pi. 616. — Wild , Ai, -- Pr., pi. 3, fig. 19.
- Sp., 64, pi. i, fig. ±i. — Ent. Nach., 1884,
p. 3tt9. — Sepp., i, 13. — Buck., Ml, pi. 15,
fig. î. — Dale, 70.
65. — Lycœna amanda Sehn.
— ChenilU : Dos lorleinenl proéminent, avec quelques
éminences pubescentes.
D après Gleiszner, la robe est vert sombre. Dor-
sale brun rouge bordée dé blanc et accompagnée de
deux lignes brun rouge. Stigmatale blanche. Ventre
et pattes vert clair. Têlc noir brillant. Long. 2-2,3.
— Epoques : Mai a Juin ; ! Septembre à Juin.
— Plantes : Vicia cracca (Gleiszner); lathyrus praten-
sis (Hondou).
— Eclosion : Juin à Août.
-- Dispersion : Pyrénées, Alpes, Apennins, Russie,
nord-est de rAlIemagne, Suède méridionale.
FRANCE. — Montagnes des Alpes; Pyrénées-
Orientales ; 11. Garonne ; H. el B. -Pyrénées.
— Mœurs : L'adulte s'élève jusqu'à I.oOO met. d*alti-
lude et ne descend guère au dessous de oOU.
— Bibl. : Sp. 6o.
— 119 —
66. — Lycœna hylas Esp. =Thetis Esp. =DorylasHb.
= Argesler Bgstr.
— Chenille : Vert sombre mêlé de brun, avec des raies
jaunes, très finement pubescente *. Dorsale fine, gris
sombre. Sous-dorsale remplacée par un rang de
taches d*un beau jaune. Stigmatale jaune clair. Stig-
mates noirs. Tête noire (Neustadt).
— Epoques : Octobre à Juin ; puis Août.
— Plantes : Thymus vulgatis et serpyllum, anthyllis
vulneraria, trifolium ; melilotus officinalis (Frr.).
— Eclosion : Juin à Juillet ; puis Août à Septembre.
— Dispersion : Europe méridionale et moyenne,
Livonie, Suède méridionale, Angleterre.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
Bouches'du-Rhône : St-l^ons, pic de Bretagne ;
Pyrénées Orientales ; H. Garonne; H. et B. -Py-
rénéen ; Creuse ; Puy-de Dôme ; Cantal ; Ille-
et-Vilaine ; Aube: tes Itiveys (I ex.), ? aussi
Montgueux ; Alsace ; Saône- et- Loire.
— Mœurs : L'espèce hiverne à l'état de chenille et se
montre généralement en deux générations, ex-
cepté dans le Nord.
— Bibl. : Tr. 10, 67. — Wild. 44. —Sp. 68. - Dale,
69. - Lambil. 433.
67. — Lycœna meleager Esp. = Daphnis Bgstr.
— Chenille : Verte avec des bourrelets jaunes. Stigma-
tale saillante, jaune. Stigmates petits, noirs.
— Epoque : ! Avril à Juin.
— Plantes : Thymus latifolius ; orobus uiger (Rouast) ;
astragalus et onobrychis (l)orfmeister).
— Eclosion : Juin à Août.
— Dispersion : Silésie, Prusse, sud-est de l'Allema-
gne et de l'Europe, Hongrie, Suisse.
FRANCE. — Alpes-Maritimes; Var; B.-du-
Rhôue : St-Zacharie; H. et B. - Al pes ; Lozère ;
Cantal; Puy-de Dôme; Hte-Loire.
— Bib!. : Sp. 6o.
— 1-20 —
68. — Lycœna escherl Hb. = Ageslor God.
— Chenille : ?
— Epoques : Mars, Avril.
— Plajites : Astragalus incanus (Saporta) et monspes-
sulanus (Donz.) ; plantago (Uimmig.) ; cynoglos-
sum (Mart.).
— Eclosion : Mai à Juillet.
— Dispersion : Montagnes de l'Europe méridionale et
du sud de la Suisse.
FRANCE. — Alpes Maritimes ; B. Alpes ; Var ;
Bouches-du-Rhône : Marseille, Aix ; Hérault :
Montpellier ; Lozère ; Pyr. Orientales ; H. -Ga-
ronne ; H. et B. Pyrénées ; Puy-de-Dôme ; Can-
tal ; Saône-et-Loire : vallée de l*Arroux (I ex.).
— Bibl. : Sç. 65.
69. — Lycœna bellargus Rott. = Adonis Hb.
— Chenille : Vert pâle ou sombre, à pubescence brune
ou noire, peu crêtée. Région dorsale à une ligne
sombre et chaque côté deux rangées de taches jaune
rouge plus ou moins triangulaires. Stigmatale jaune,
ordinairement bordée de vert sombre à la partie
inférieure. Stigmates noirs très visibles. Ventre vert
grisâtre. Pattes : les écailleuses brun noir, les mem-
braneuses vert grisâtre. Tête brun noir. Long. 2-2,5.
— Var. a. — Robe brun clair.
— Epoques : Septembre à Mai ; puis Juillet à Août.
— Plantes : Hippocrepis comosa et coronilla (Wilde);
genista sagittalis, lotus corniculatus, vicia, tri-
folium, et autres légumineuses ; stachys.
— Chrysalide : Arrondie, sans oreillons, d'un brun
verdâtre avec les ptérothèques verts, elle vire
bientôt au jaune ocreux. Elle porte quelques
poils courts.
— Eclosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Septembre.
— Œuf: Arrondi, avec le sommet creusé, semblable
à un nid (Bijckier) ou à un dahlia blanc, à cœur
verdâtre (Goossens) ; il est couvert de réticula-
- 181 —
lions et de boutons blanchâtres. Sa couleur est
le gris pâle terne, virant au verdâtre (An. Soc.
Fr., 1884, p. 144).
Dispersion : Europe méridionale et moyenne.
FRANCE. — Alpes-Maritimes; B»^«- Alpes ;
Var ; Bouches-du-Rnône ; Pyrénées Orientales ;
Haute-Garonne ; Hautes et Basses-Pyrénées ;
Creuse ; Puy-de Dôme ; Gironde ; Maine-et-Loi-
re ; Loire-Inférieure ; Bretagne ; Loir-et-Cher ;
Eure-et-Loir ; Indre ; Cher ; Calvados : localisé,
surtout plaine de Caen^ rare au pays d'Auge ;
Eure; Seine-Inférieure; Somme; Oise ; Seine ;
Aube; Alsace; Saône et-Loire ; Haute-Marne:
Langres (et l'ab. ceronus Esp. ), Mortes, Latre
cey.
Mœurs ; Les œufs sont pondus en Juin. Les che-
nilles, assez semblables à celles de corydon,
mais d'un vert plus profond, plus sombre, avec
la pubescence noire, se cachent le jour sur terre
ou sous les feuilles. Celles de la seconde géné-
ration hivernent ; elles se métamorphosent au
printemps, en terre, dans une coque légère. L'é-
closion a lieu environ ^0-30 jours après la chry-
salidation, et le papillon, qui se rencontre de
préférence sur les terrains calcaires, le long des
clairières, dans les lieux secs et pierreux, monte
jusqu'à I.30U mètres d'altitude.
Bibl. : B. Lycœn., pi. û. — Brehm.,â6o. — Goos.,
An. Levai., 1897, p. 42. — Lambil., !23o. — 0.,
1, 33. — Frr., 6, 13, pi. 487. — Wild., 43. —
Fr., pi. 3, fig. 18. — Sp., 65, pi. -2, fig. 25. —
1, ng. 1». —
î,pl. 15, fig.
Buck., 106, pi. 15, fig. I a à f. — Dale, 66.
70. — Lycœna corydon Poda = Semibrunnea Mill. ?
— Chenille : Dos lortenient arrondi, à crêtes jaunes,
avec de petites verrues surmonlées de poils brun
clair ou rougeâtre.
Robe vert loncé ou vert bleuâtre. Dorsale sombre,
parfois effacée. Stigmatale en bourrelet, jaune, bordée
inférieurement par un autre bourrelet plus petit et
surmontant les pattes, ce bourrelet également jaune
et marqué de taches jaunes. Stigmates invisibles.
- 122 —
Ventre vert clair. Pattes : les écailleuses vertes ou
sombres ; les membraneuses plus claires. Tête noir
brillant, Tépistome généralement plus clair, grisâtre.
Long., 2, 5.
— Epoques : Mai, Juin ; puis Juillet à Août.
— Plantes: Hippocrepiscomosa (Schmidt) ; anthyllis
vulneraria, coronilla varia, trifolium, lotus, cy-
tisus; astragalus (Speyer) ; plantago (Mart.);
vicia.
— Chrysalide : Courte, arrondie, brun verdâtre pâle,
les ptérothèques blanchâtres et souvent une dor-
sale sombre. Yeux bien marqués, saillants.
— Eclosion : Mai à Juillet ; puis Août à Septembre.
— Œuf : Subdiscoîdal, à bords arrondis, le sommet
un peu déprimé (Frohawk, the Ent. 1900, p. 300).
— Dispersion : Europe moyenne, Balkans et monta-
gnes du nord de l'Espagne.
FRANGE. — Alpes Maritimes ; B»««-Alpes ;
Var ; Bouches-du Rhône ; Pyrénées-Orientales ;
Haute Garonne ; Hautes et B. Pyrénées; Greuse ;
Puy-de-Dôme; Gironde; Maine et-Loire ; Loire-
Inférieure ; Morbihan (Taslé) ; Loir-et-Gher ;
Eure-et-Loir; Indre; Cher; Sarthe (ab. «jn-
(jrapha Kefer.) ; Calvados : Hammlle, SallenelUs^
etc, ; Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ;
Oise; Aube; Alsace; Saôue et-Loire; Gôte-d'Or;
Haule Marne : LangreHy l^rauthoy, Latrecey.
— Mœurs : L'espèce hiverne ? à l'état de larve
^ . comme la plupart de ses congénères ou à l'état
d'œut ; nous ne possédons aucune donnée précise
à ce sujet.
La chenille est assez semblable à celle d'a-
donis ; elle en diffère par sa teinte, qui est d'un
vert plus clair, et par sa pubescence brunâtre. On
la rencontre souvent sous les pierres, et, quand
elle est inquiétée, elle fait sortir de l'extrémité
de son abdomen 1 1 ) une petite vésicule ou ten-
tacule charnu (liagen). La chrysalide se trouve
à moitié enterrée ou sur le sol. L'éclosion a lieu
au bout d'environ trois semaines, et le papillon,
(I) Voyez dam les raraclères ffénéranx de la faiHille, page 83, les particu-
larilés signalées par Guettée, à propos de Lauipidcb bœlicus.
— 123 —
qui du reste est très localisé, se rencontre jus-
qu'à l.6(H) mètres d'altitude. L'espèce a deux
générations dans le Midi, une seule dans le Nord,
où on la rencontre de Juin à Septembre.
BibL : B. Lycœn., pi. t et pi. 6, fig. 7. —Mil.
Ico., l., pi. 4. — Lambil., :238. — Goos., An.
Levai., 1897, p. 43. — Hb., 31. — Tr., 10, 67.
— Wild., 43. — Frr.. 3, 45, pi. 223. - Fr.,
pi. 3, fig. 17. — Sp., 66, pi. l>, fig. 26. — Stet.,
ent., Zeit., 1852, p. 125. — Bûck., 109, pi. 14,
fig. 3 a à c. — Dale, 63.
71 . — Lycœna admetus Esp.
— Chenille : ?
Plante : Onobrychis saxatilis (Donz.). au moins
pour la var. ripperti Frr.
Eclosion de l'adulte : Juin à Juillet.
Dispersion : Aragonie et Sud-Est de l'Europe, à
partir de Vienne. La var. lipperti dans les Al-
pes méridionales.
FRANCE. — Cantal, un ex. de la var. ripperti
Frr.
72. — Lycœna dolus Hb. = Lefebvrei God.
— Chenille : D'après Kùhl, lorsqu'elle est jeune, elle est
verte passant plus tard au violet. D'après Dup., elle
a le dos élevé, caréné, la partie postérieure du corps
aplatie ; poils courts et frisés ; taches jaunâtres cha-
que côté de la carène dorsale, séparées par des
lignes d'un vert sombre. Côtés violâtres, la stigma-
tale jaune.
— Epoque : Mai.
— Plantes : Onobrychis sativa (Curo); trifolium (Treit.);
medicago saliva.
— Chrysalide : De couleur variable, faiblement ponc-
tuée de noir.
— Eclosion : Juin à Août.
— Dispersion : Haute et moyenne Italie.
— 124 —
FRANCE. — Alpes-Maritimes; Var; Bouches-
du-Rhône : St-Pom, St-Zacharie ; Lozère ; Puy-
de-Dôme ; Cantal.
— Bibl, : Goos., An. Levai., 1897, p. 43. — Tr., 10,
61 — Kûhl., 764. — Curo. 118.
73. — Lycœna damon Schiff. = Biton Sulz.
— Chenilk : Dos arrondi, à anneaux saillants, avec une
pubescence fine, mais visible.
Robe vert tendre ou vert jaunâtre. Dorsale conti-
nue, vert sombre. Stigmatale vert noirâtre, bordée
de blanchâtre à la partie supérieure. Sous-stigma-
tale jaune paille ou rougeâlre, très souvent faible-
ment marquée ou nulle. Tête et pattes écaitleuses
brun jaunâtre.
— Epoque : Mai, Juin.
— Plantes : Onobrychis saliva et supina (Rûhl) ; he-
dysarum et lupinus (Berce).
— Chrysalide : Un peu ramassée, obtuse, de couleur
jaune d'ocre, la région dorsale parfois faiblement
lavée de verdâtre. (Sp., pi. i, ng. il b.)
— Eclosion : Juillet à Août.
— Dispersion : Europe moyenne et méridionale.
FRANCE. — Alpes Maritimes ; H, et B. Alpes;
Isère ; Savoie ; Lozère et Cévennes ; H. -Garonne;
H. et B.-Pyrénées ; Cantal ; Alsace, TR. : Turck
heim ?
— Mœurs : L'espèce, qui hiverne ? à l'état de che
nille, est assez localisée ; on la rencontre dans
les régions montagneuses à une altitude de 1.000
mètres environ.
— Bibl. : Dup., 69, pi. 6, fig. 20. — LambiL, 241.
— Hb., 33. — 0., I, 19. — Sp., 66, pi. 2,
fig. 27 a.
74. — Lycœna lolas 0. = lolaûs Hb.
— Chenille : De teinte variable, blanche, verte ou rouge.
Dorsale ordinairenent interrompue aux incisions,
— 128 —
noire, bordée de noirâtre, cette teinte limitée par
des traits sous-dorsaux obliques également noirs,
liserés de clair à la partie supérieure. Sligmatale
large, claire, ordinairement bordée chaque côté, au
moins dans les espèces sombres, de traits noirâti^es.
Tête brune.
— Epoques : Juin à Juillet ; puis Août à Septembre.
— Planle : Capsules de colutea arborescens (Berce).
— Chrysalide : Brun jaunfttre ou grisâtre, les côtés
pondues de noir.
— Parasite : Anisobas cephalotes Kriech.
— Eclosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Août.
— Dispersion : Europe méridionale et partie Sud de
TEurope moyenne.
FRANCE. — Alpes Maritimes ; Var ; Toulon ;
Bouches-du Rhône : Saint- Pons ; semble disparu
d\Aix (Foulquier).
— Mœurs : Les œufs sont placés isolément ou par
paires sur les fleurs de la plante. Pondus en Juin
et commencement d'Août, ils donnent des jeunes
chenilles qui deviennent, en grandissant, vertes,
blanches ou rouges, suivant qu'elles vivent dans
les capsules vertes, blanches ou rouges. On en
rencontre une, rarement deux par capsule. Bien
qu'elles ne possèdent pas d'appareils glanduleux
spéciaux, elles sont myrmécophiles, et, d'après
Aigner (Sp., p. 07), les forficules mangent vo-
lontiers leurs crottes. La chrysalide, qui hiverne,
se trouve en terre ou sur le sol, à nu ou dans une
légère coque blanchâtre et elle n'éclôt parfois
3ue deux ans après. D'après Spuler, l'espèce a
eux générations.
— BibL : Tr. Kl, ;i8. — Frr. -2, 3, pi. 97. - Wild
4i. — Sp., H7. pi. -i, fig. 31
75. — Lycœna cœlestina Kv.
— Chenille : ?
— Eclosion de l'adulte : Juin à Juillet.
— Dispersion : Sud-est de la Russie.
— 126 —
FRANCE. — Alpes-Marilimes : bords de la
haute Vésubie et du Borréon.
— BibL : Mil. Ico. m, pi. 134.
76. *- Lycœna sebrus fi. = Saporlœ Dup.
— Chenille : ?
— Plantes : Orobiis montanus (Rouast) ; onobrychis
montana; colutea arborescens.
— Eclonon : Avril à Mai ; puis Juillet à Août.
— Dispersion : Hautes montagnes, Espagne, Alpes,
Karpathes, Balkans et Oural.
FRANGE. — Alpes-Maril. ; H. et B.-Alpes ;
Savoie ; Var et îles d'Hyères ; Isère ; Bouches-
du-Rhône ; Lozère ; Cantal.
— Mœurs : D'après Donzel, les œufs sont pondus sur
les fleurs en boutons.
77. — Lycœna minima Fues. = Minimus Fues. = Alsus
Fab. = Pseudolus Bork.
— Chenille : D'abord vert blanchâtre à tête noire, elle
passe au brun rosé, chocolat, jaune brunâtre ou
jaune verdâtre, à courte pubescence brun sombre
placée sur de petits tubercules noirs. Dorsale étroite,
rougeâtre, brun marron ou sombre. Sous-dorsale
remplacée par des traits obliques brun rougeâtre,
•parfois effacés. Sligmatale en bourrelet, sombre,
bordée de blanc à la partie inférieure, interrompue
aux incisions. Ventre concolore. Pattes : les écail-
leuses brun noir brillant; les membraneuses de la
même couleur que le ventre. Tête petite, brun som-
bre brillant. Long. l-l,o.
— Epoques : Août à Juin ; puis Juillet à Août.
— Plantes : Coronilia varia et miniina, trifolium pro-
cumbens et camnestre, melilotus arvensis et offi-
cinalis, onobrychis sativa, anlhyllis vulneraria,
astragalus, cicer ; lathyrus pratensis (Paux) ;
Vicia (Russell).
- m -
— Chrysalide : Obèse, petite, raccourcie, finement
pubescente, jaune brun ou jaune verdâtre avec
3-i rangs de taches noires (Sp. pi. "2, fig. i9b).
— Parasites : Liinneria sordida L. ; Mesochorus con
fusus Gr. (Fletcher).
— Eclosion : Avril à Juin ; puis Juillet.
— Œuf ; Arrondi, subaplali, la face supérieure à une
dépression centrale, à cannelures nombreuses et
serrées. Vert pâle, celte teinte n'étant guère
visible que vers le micropyle ; cannelures man-
ches (Dale, 08).
— Dispersion : Toute TEurope, excepté TEspagne
méridionale et les régions circumpolaires.
FRANCE. — Alpes-Maril. ; B. -Alpes ; Var ;
Bouches-du-Rhône ; Pyr. Orientales ; H. -Ga-
ronne ; H. et B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme ; Maine-
et-Loire ; Bretagne ; Morbihan ; Loir-et-Cher ;
Eure et-Loir ; Indre ; Cher ; Sarthe, TR ; Calva-
dos ; Eure ; Seine- Inférieure ; Nord ; Aube ;
Alsace ; Saône-et- Loire ; Allier ; Hte-Marne :
Langres, Latrecey, Ilortes.
— Mœurs : L'œuf est généralement placé sur le ca
lice des fleurs. Il éclôt en Août ou Septembre et
les larves hivernent sous les feuilles de la plante
nourricière, près du sol. Elles mangent d abord
le calice des fleurs, puis les graines (Tutt.).
D'après Spuler, elles seraient pronablement myr-
mécophiles. La chrysalidation a lieu sur le sol.
Le papillon, oui paraît d'Avril à Juillet et même
Août dans le Nord (Seth-Smith, The Ent., 1901,
p. t9i), en \-i générations, recherche les ter-
rains arides et les bois secs.
— Bibl. : Dup. I, 7o, pi. 7, fig. 23. — Lambil. 243
— Hb. 30. — Wild. 4.1 — Sp., 67. pi. 2, fig. 29a.
— Bûck. 100, pi. 14, fig. 2a à f. - Dale, 08. —
Barraud, The Eut., 1901, p. 294.
78. — Lycœna semi-argus Rolt. = Acis Schiff. = Ar-
giolus Esp.
— Chenille : D'après Spuler, elle est d'un vert jaunâtre
sale, à fine pubescence de même couleur. Dorsale
et stigmatale plus sombres. Stigmates brun sombre.
Tête et pattes brun sombre.
— 128 —
^ Époques : Avril à Juin ; puis Août à Septembre.
— Plantes : AnLhyllis vulneraria (Aszmus) ; nreHlottw
macrorhizus iGiard) ; arvensis et officinalis (Rûhl);
graines d'armeria vulgaris (Frr. et Zelier) ; astra-
galus glycyphyllos ; trifolium pratense (Brabant).
— Chrysalide : D'abord vert olivfttre clair, elle vire
ensuite au vert sombre.
— Eclosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Août.
— Œuf : Petit, arrondi, de couleur pâle, le plus sou-
vent blanchâtre (Rûhl).
— Dispersion : Toute TEurope.
FRANCE. — Corse ; AIpes-Marit. ; B. -Alpes ;
Var ; Bouches du-Rhône ; Pyr. -Orientales ; H.-
Garonne ; H. et B. -Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-
Dôme ; Cantal ; Gironde ; Maine et-Loire ; Loire-
Inférieure ; Bretagne ; Loir-et-Cher ; Eure-et-
Loir ; Indre ; Cher ; Sarthe ; Calvados ; Eure ;
Seine-lnferieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Aube ;
Alsace ; Saône-et-Loire ; Hte Marne : Langres,
Mortes, Latrecey.
— Mœurs : Les œufs sont ordinairement pondus par
rangées et les chenilles mangent surtout les
fleurs et les graines de la plante nourricière. Les
chrysalides sont suspendues par la queue et par
un lien transversal après les tiges de la plante
nourricière ; celles de la seconde génération
hivernent. Le papillon, que Ton rencontre jus-
qu'à :2.!)00 mètres d'altitude, fréquente surtout
les prairies et les clairières des bois humides.
-- Bibl. : Lambil. ^46. — Brabant, Le Nat., 1886,
p. 316, et An. soc. Fr. 1896, p. im, — Sp. 67.
— Stet. eut. Zeit. 1863, p. :^91, — Adkin, The
Enl. 1896,^'p. 34-2. — Grover, ibid., p. 365.
79. — Lycœna cyllarus Rolt. = Damœlas Hb. = Alexis
Poda.
— Chenille : Kn cloporte assez allongé, à pubescence
1 courte, mais assez visible. Tête petite, cachée au
I repos.
I Robe verte ou vert jaunâtre. Dorsale rougeâtre,
! ordinairement faite de taches triangulaires conti-
guës. Sous-dorsaie remplacée par des traits obliques
- 129 -
vert foncé ou vert noirâtre. Sligmatale nulle ou
marquée en brunâtre ou en vert sombre. Pattes : les
écailleuses noires ; les membraneuses brun verdâtre.
Tête noire. Long. 2,5.
Var. a. — Robe rougeâtre ou variée de gris, de jaune
et de rouge, avec la dorsale et la stigmatale rougeâ-
très et les chevrons sous-dorsaux pâles, rarement
verts ou bruns.
Var, b, — Comme la var. a, mais avec le dos taché
de rouge et de vert.
— Epoques : Septembre à Juin (Ochs.) ; puis Juillet
à Août.
r— Plantes : Astragalus glycyphyllos, meiilotus oiBci-
nalis, cytisus capitatus, genista sagittalis ; medi-
cago, trifoliiim et onobrychis (Rûnl).
— Chrysalide : Gris brunâtre (Rûhl).
— Parasite : Ichneumon extensorius Grav.
— Eclosion : Mai à Août.
— Dispersion : Toute l'Europe, excepté l'Angleterre
et les régions circumpolaires.
FRANCE. — Corse ; AlpesMarit. ; B. -Alpes ;
Var ; Bouches-du-Rhône ; Pyrénées-Orientales -,
H.Garonne; H. et B.-Pyrénées ; Creuse ; Puy-
de-Dôme ; Maine-et-Loire ; Loire-Inférieure ;
Morbihan ; lile-et-Vilaine et Bretagne ; Loir-et-
Cher ; Eure-et-Loir ; Indre ; Cher ; Calvados :
Caen, Toufrérille, Sallenelles, May-sur-Orne ;
Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord, R ;
Oise ; Aube ; Alsace ; Saône-et-Loire ; H. -Marne:
Langres, Latrecey^ tlortes,
— Mœurs : D'après Ochsenheimer, les œufs pondus
\en Juillet et Août éclosent en Septembre et les
chenilles hivernent. D'après Riihl, elles attein-
draient bientôt toute leur taille et se transforme-
raient en chrysalide avant la mauvaise saison.
Elles sont difficiles à élever. Le papillon, qui
paraît en deux générations seulement dans le
Midi, se rencontre dans les pays montagneux
jusqu'à t.!200 met. d'altitude et voltige de préfé-
rence dans les prairies, les bois humides, les
clairières et les coteaux herbus.
— 130 —
— BibL : B. Lycœn., pi. 3, fig. I à 4. — Dup. 21. —
'Mil. Ico. m, pi. 108, lig. o à 6. — Couin., Bul.
Soc. Bordeaux, I90J. — Lambil. 249. — Hb. 30.
— 0. I, li. — Wild. 4i. — Frr. 3, 108, pi. 271.
— Sp., 68, pi. i, fig. 30 a b.
80. — Lycœna melanops B.
— Chenille : En ovale allongé, convexe dessus, plate
dessous, atténuée postérieurement, les anneaux 4-7
à peine renflés, carénée sur les côtés, à poils courts,
serrés et grisâtres. Tête petite, rétractile.
D'après Millière, la robe est gris bleuâtre. Dorsale
et sous-dorsales assez larges, continues sur les an-
neaux 2-t I ou à peine interrompues aux incisions,
vert glauque, tranchant peu sur le fond. Sous la
sous-dorsale et sur les segments 3-9, un trait oblique
gris bleuâtre qui se réunit à un autre placé dessous
en formant une sorte de >. Stigmatale large, conti-
nue, ondulée, blanchâtre, finissant en pointe pour
se réunir au clapet. Ventre vert bleuâtre, pâle, sans
tache ni ligne. Pattes très petites, les écailleuses
testacées, les membraneuses blanchâtres. Tête noire
ou pourpre foncé.
— Var. a. — Robe vert pomme ou vert bleuâtre.
— Epoque : Septembre à Juin.
— Plantes : Dorycniuin, surtout suffruticosum et de-
eunibens.
— Chrysalide : Brun clair, avec deux rangées de pe-
tites éminences noires sur les côtés des anneaux.
— Eclosion : Mars à Mai.
— Dispersion : Espagne, surtout Ibérie et Midi de la
France.
FRANCE. — Alpes Maritimes ; Var: Hyères;
Bouches du-Rhôiie ; Pyrénées Orientales ; Hle
Garonne ; Charente : Anyouléine (Dupuy).
— Mœurs : La chenille, qui hiverne, atteint toute sa
taille fin Mai ou Juin. La chrysalide, fixée à un
corps dur parmi les débris des végétaux, se tient
- 131 -
la tète en haut; de plus, elle est entourée par une
légère toile que la larve a filée auparavant. L*éclo-
sion se fait en Avril suivant, et même dès Mars en
Provence, c'est-à-dire environ dix mois après la
nymphose.
BibL : Mil. Ico., III, 70, pi. 108, lîg. 1 à 3. — Sp.,
68, pi. 2, fig. 31.
81 . — Lycœna alcon Fab. = Arcas Esp.= Diomedes Bork.
= Euphemus God.
— Chenille : D'après Spuler, elle est d'un vert jaunâtre
sur les côtés, d'un vert plus sombre sur le dos ; elle
vire au brunâtre avant la nymphose.
— Epoque : Mai, Juin.
— Planits : Gentiana pneumonanthe et cytisus sagit-
talis (Rfihl) ; melilotus; trifolium — 1 Genista an-
glica et ononis repens (GriflBth., p. SI). On aurait
vu également le papillon déposer plusieurs œufs
sur aaucus carota (Spuler, p. 68).
— Eclosion: Juin à Août.
— Dispei^sion : Europe du Sud Est et moyenne, depuis
le Nord de ritalie jusque dans le midi de la
Suède.
FRANCE. — Corse ; 11. et B. Alpes ; Hte Ga
ronne ; Auvergne ; Gironde ; Charente ; Maine-
et-Loire; Loire Inférieure ; Morbihan; Ule et-
Vilaine : hennés (Bleuse) ; Cher ; Loir-et-Cher ;
Indre ; Eure-et-Loir ; Oise : Compiègne : Seine ;
Aube ; Alsace; Haute Marne : Latrecey.
— Mœurs: Le papillon, qui éclôt 1 1-16 jours après
la chrysalidation (J. Breit-Di'isseldorf, cité par
Sp.), est très localisé et se rencontre de préfé-
rence dans les landes et les clairières des bois.
— Dibl, : Rfihl., 768. — Sp., 68. — Lambil., 251.
82. — Lycœna euphemus Hb. = Diomedes Rott.
— Chenille : D'après Gillnicr, elle est en ovale, les an-
neaux 1,2 très atténués, avec des Irapt^zoïdaux, dont
quatre dorsaux, surmontés chacun d'un petit poil
13
— 132 -
noir. Le premier anneau porte sur le dos un organe
glandulaire spécial, noir.
Robe d*un beau pourpre, avec les incisions plus
claires. Sligniates déprimés, noirs.
— Epoque : Septembre à Juin
— Plantes — Sanguisorba ofBcinalis (Schmidt) ; pim-
pinella saxifraga ; lotus corniculatus ; trifolium.
— Eclosion : Juin à Août.
— Œuf : En cylindre très aplati, à bords arrondis, les
faces faiblement côtelées, mais les côtes nom
breuses, rayonnantes et ramifiées (Sp. 68).
— Dispersion : Europe moyenne, excepté TAngleterre.
FRANCE. — Alpes-Maritimes ; Isère ; Auver-
gne ; Cantal ; Charente : Angouléme ; Somme ;
Oise ; Aube : Ervy (cité avec ? par Jourdh.) ;
Alsace : Colmar, Strasbourg.
— Mœurs : L'œuf, analogue à celui d'a?(/on, de co-
rjdon et de bellargus, est pondu sur les feuilles
ou les fleurs de la plante. Il éclôt en Septembre,
et la jeune chenille, dont la croissance est très
lente, mange les feuilles et Texlrémité des grai-
nes. Lorsqu'il pleut, elle se cache sous les feuilles
radicales et, quand il fait beau, elle se tient sur
terre. Après l'hiver, elle recommence la même
vie. La chrysalidation a lieu en Juin, et elle se
fait (J. Breit-Dûsseldorf, cité par Sp.) sous les
pierres ou les feuilles tombées.
— Bibl. : Soc. ent. xiv, p. 99. — Sp., 68. —Et, cité
par Sp. : Gub. ent.îeit., xiv, n" 14.
83 — Lycœna arlon L.
— Chenille : Vert clair virant au brun rosé ou au rou-
geâlre. Dorsale rouge rouille. Tête pourpre foncé ou
brun brillant (Newmann).
— Epoque : Mars à Juin.
— Plantes : Thymus serpyllum (Merrin et Rûhl) ; «en-
tiana cruciata (Sand) ; légumineuses (Quœa.) ;
origanum (Bromilow, Soc. ent. 1893, p. 74).
— Eclosion : Mai à Août.
— 133 —
Œuf : Sphérique, à sommet déprimé, à méridiens
cannelés. Bleu verdâtre pâte, les cannélurM
blanrhes.
Dispersion : Presque toute TEurope, excepté le
sud-ouest et les régions circumpolaires.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
Pyrénées-Orientales ; H. -Garonne ; H. et B.-Py-
rénées ; Creuse ; Puy-de-Dôme ; Cantal ; Gi-
ronde ; Maine-et-Loire ; Loire-Inférieure : la
Bouvardière ; Morbihan ; Ille-el-Vilaine et 1 toute
la Bretagne ; Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ; Indre;
Cher ; Orne ; Seine-Inférieure ; Oise ; Seine-et-
Marne ; Seine-et-Olse ; Aube ; Alsace : Colmat\
Strasbourg ; Belfort ; Saône-et-Loire ; H. -Marne:
llories, Lalrecey, Alonligny,
Mœurs : Les œufs sont isolés ou par petits groupes
de deux à six. La chenille, qui hiverne probable-
ment comme beaucoup de ses congénères, mange
de préférence les fleurs de la plante nourricière.
Elle est myrmécophile (Aigner, Illustr. Zeit. f.
Ent. 1899, p. liU). L*éclosion de l'adulte se fait
surtout en juin, mais dans le Midi elle a souvent
lieu à partir de mai. Le papillon est toujours
fort localisé ; on le rencontre surtout dans les
clairières des bois, en plaine et dans les pays
montagneux, où il s*élève jusqu'à 1.6UU mètres
d'altitude.
BibL : Lan^bil. 458. — Rûhl. 307. — Sp. 69. —
Wagner, Soc. ent. Zurich, 1904, p. 1. — Dalo,
60. — Bromilow, Ent. M. Mag,, xxvi, p. 248, et
XXIX, p. 190. — Frohawk, The Ent. 1899, p. 104,
et 1903, p. 57. — Gillmer, Ent. ZeiL Gub., 1903,
p. 37 et 41.
84. — Lycœna arcas Rolt. = Erebiis Knocli.
— Chenille : D'a|)rès Spuler, elle est assez semblable à
(*^lle de damon, mais elle a le dos beaucoup plus
arrondi et sa teinte est plus sombre.
— Epoque : Mars à Juin.
— Plantes : Sanguisorba offîcinalis (Frr.) ; trifolium
(J. Breit.).
— Edosion ; Juin à Août.
— Dispersion : Europe inoyenne et une parlie de
l'Europe méridionale.
FRANCE*. — Alpes-Maritimes : tallée de la
Vèsubie ; Cantal ; Alsace : Colmarj Strasbourg ;
Côte-d'Or: Dijon, TR.
— Mœurs : Celte chenille a à peu près le même genre
de vie que celle d*euphemus (Sp., loc. cit.).
— BibL : Sp. 69.
7-' G. : C\ AIVIRIS Daim.
85. — Cyaniris arglolus L. = Acis Hb. = Cleobis Sulz.
— Chenille : Ovoïde, suballongée, convexe dessus, caixî-
née sur les côtés, couverte de poils courts et serrés,
blanchâtres; anneaux médians relevés en pointe.
Tête petite, cachée.
Robe d'un beau vert pomme. Dorsale très une,
continue de 2 11, blanc vif. Sous-dorsale blanche,
les anneaux 3-10 avec un dessin lestonné et liseré
de vert obscur à sa partie inférieure. Stigmatale
large, continue, ondulée, blanc vif, liserée inlérieu-
rement de vert foncé. Pattes : les écailleuses testa-
cées, les membraneuses concolores. Tête jaunâtre
ou noirâtre, à mandibules vineuses ; elle est noire
quand la chenille est jeune. Long. 1,5-1,8 (Millière).
— Var. a. — Robe vert cendré, vert blanchâtre ou vert
jaunâtre, avec les lignes pâles, la teinte du fond
virant au rougeâlrc, aux deux extrémités, avant la
nymphose.
— Var. b, — Robe vert olive marqué de cramoisi dans
la région dorsale et sur les côtés.
— Var. c. — Robe vert satiné ou vert mousse, à dorsale
vert noirâtre.
— Var, d. — Robe incarnat mêlé de rouge plus clair ou
plus sombre. Dorsale rouge coupant un rang de
- 135 —
taches triangulaires blanches. Stigmataie pâle. Tète
variant du brun au noir.
— Epoques : Mai à Juin ; Août à Septembre.
— Plantes : Doryenium ; hedera hélix (Vil. et Gn.) ;
rhamiius frangula (0.) et catharticus ; calluna
vulgaris et erica ; ilex aquifolium, quercus ilex,
prunus spinosa, robinia pseudo-accacia, pyrus
communis et cydonia ; genisla ; cuscuta mono-
gyna ; cornus sanguinea.
— Chrj/salide : Courte, obèse, lisse, pubescente, verte,
jaune ocracé ou brun clair, les ptérothèques oli-
vâtres ; une dorsale noirâtre, interrompue et des
taches brunes (Rûhl. idi).
— Parasile : Listrodromus nyctemerus Grav. ; obser-
vé quatre fois en Angleterre.
— Eclosion : Avril à Mai ; puis Juillet à Août.
— Œuf : Circulaire, aplati aux pôles, couvert, à l'ex-
ception du micropyle, de réticulations saillantes,
les angles marqués d'un petit tubercule. Vert
bleuâtre pâle, les réticulations blanches (Dale,
54. - Sp. pi. 5U, fig. 7).
— Dispersion : Toute la région paléarctique, excepté
la zone circumpolaire.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; B.-du-
Rhône ; Pyrénées-Orientales ; Hte-Garonne ; H.
et B. -Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-Dôme ; Gi-
ronde ; Maine-et-Loire ; Loire-Inférieure; Fi-
nistère et Bretagne ; Loir-et-Cher ; Eure-et-
Loir ; Indre ; Cher ; Sarthe ; Calvados ; Eure ;
Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Aube ;
Alsace ; Saône-et-Loire ; Allier ; Haute-Marne :
Langres, Latrecey, Ilortes,
— Mœurs : L'œuf, assez semblable à celui dHcarus,
est un peu plus large. Déposé isolément sur les
bourgeons à fleurs (on en trouve parfois plu-
sieurs sur le même bouquet), il éclôt 10 jours
après. La chenille atteint toute sa taille en cinq
semaines et la chrysalide, qui hiverne, est atta-
chée à la plante par un lien de soie. L*éclosion
a lieu, dans le Midi, dix mois après la chrysali-
dation. Dans le Nord, l'espèce se montre en :2-3
générations. Le papillon voltige de préférence
dans les jardins et les bois, et s'élève jusqu'à
l.'iOQ mètres d'altitude.
— 136 -
BibL : Mil. Ico., III, pi. 108, fig. 7à 9. — LambiL.
256. — Frr., 7, 87, pi. 651 . — Wild., 45. — Sp.,
69, pi. % fig. -28 a (var. d) et b (type). — Sepp..
2, pi. 1. - Buck, 94. pi. 14, fig. 1 aàc. —
Dale, 54. —Johnson, Ent. Rec, 1893, p. 224. —
Prideaux, ibid. 1900, p. 268. — Sich., The Ent.,
1902, p. 43. — Raynor, ibid. p. 44.
IV* Fam. : ERYCINID^C - Sous-Fam. : l^m^ohimœ
1" G. : IVEMEOBIUS Sieph.
86. — Nemeoblus luclna L.
— Chenille : En ovale très allongé, ou mieux cylindrique,
raccourcie, atténuée brusquement aux deux extré-
mités, hérissée de poils fins. Pattes courtes. Tête
petite, arrondie.
Robe brune, brun jaunâtre ou brun olivâtre pâle.
Dorsale faite d'un rang de traits ou de taches allon-
gées, sombres. Sous-dorsale remplacée par un rang
de verrues jaune rougeâtre finement pubescentes.
Stigmatale claire, le plus souvent laite de taches ou
de traits. Stigmates noirs. Ventre grisâtre ou cendré
blanchâtre. Tête d'un brun très clair. Long. 2,5.
— Epoques : Septembre à Avril ; puis Juin à Août.
— Plantes : Primula, surtout oiBciiialis et acaulis ;
rumex.
— Chrysalide : Courte, arrondie, hérissée de courts
poils fins et grisâtres. Brun jaune, avec des points
noirs disposés en raies longitudinales (Sp., pi. 2,
fig. 33 a. — Wood, Ent. Record, 1897, p. 336).
* — Eclosion : Avril à Août.
— Œuf : Arrondi, comprimé à la base, jaune verdâ-
tre, transparent (Bùckler).
— 137 —
Dispersion : Europe centrale, du milieu de la Suède
jusqu'au nord de rilalie et de l'Aneleterre, avec
le centre de l'Espagne jusqu'au nord des Balkans.
FRANCE. — Bouches-du-Rhône : boU de la
Ste-Beaume ; Pyrénées-Orientales ; H.-Garonne ;
H. et B.-Pyrénées ; Creuse ; Puy-de-Dôme ; Gi-
ronde ; Maine-et-Loire ; l^oire-lnférieure ; Mor-
bihan ; lUe-et-Vilaine ; Indre ; Cher ; Loir-et-
Cher ; Eure-et-Loir ; Calvados; Eure ; Seine-
Inférieure ; Somme ; Oise ; Aube ; Alsace ;
Saône-et-Loire ; Allier ; Haute-Marne : Langres,
Latrecet/^ HorteSy Monligny,
Mœurs : L'œuf est déposé à la partie inférieure
des feuilles. La jeune chenille hiverne. Pendant
le jour, elle se tient cachée à la surface du sol.
La chrysalide est suspendue par la queue et par
un lien transversal. Le papillon, toujours loca-
lisé, fréquente les charmilles, les allées herbues
des bois découverts, les routes et les hautes
herbes au bord des forêts ; ou le rencontre jus-
qu'à 1.000 mètres d'altitude. 11 paraît dans le
Midi en deux générations* d'Avril à Juin et de
Juillet à Août ; exceptionnellement aussi dans le
Nord (Pearce, The Ent. l89o, p. 338). En Bel-
gique, la mauvaise saison se passe à l'état de
chrysalide (Lambil., 183).
Bibl. : B. G., 3, 3. — Lambil., 181. — Hb., 5. —
Tr., 10, 76. — Frr„ I, Uo, pi. 43. — Pr., pi. f,
iig. 25. — Wild., 39. — Rûhl., 313. — Sp., 5^,
pi. 2, fig. 33 b. — Stet. ent. Zeit., 184-2, p. 50.
— Bûck, 85, pi. là, fig. 3 a à c. — Ent. M!onth.
Mag., 1, p. 243. — Moss, The Ent., 1899, p. 91.
V« Fam. : LlBYTHElNvE
f G. : LIBYTHEA Fab.
87. — LIbythea celtls Fab.
— Chenille : Assez allongée, légèrement pubescente,
plutôt veloutée.
- 138 —
Robe verte, généralement plus sombre dessus,
finement pointillée de blanc. Dorsale continue, blan-
châtre. Sous-dorsale faite d'un rang de points noirs,
deux par anneau. Stigmatale continue, jaune pâle
ou rosée, souvent liserée de blanchâtre à la partie
inférieure ; sous elle, les stigmates, qui sont bruns
ou noirs. Tête vert jaunâtre ou brune. Long. 3.
Var. a. — Robe verte, à dos jaunâtre. Tête finement
pointillée de blanc (Goossens).
— Epoques : Septembre à Mai ; puis Juillet (Goos-
sens).
— Plantes : Celtis australis. En captivité, cerisier.
— Chrysalide : Vert clair, virant au sombre, marquée
de points noirs, Tenveloppe alaire bordée de
clair ; côtés de Tabdomen à une ligne sombre
(Sp.,pl. 2,fig. 3tc).
— Eclosion : Mars ; puis Juin à Août ; accidentelle-
ment Novembre (Siepi, F. d. J. N., I9U3, p. 3i).
— Dispersion : Région méditerranéenne.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var :
Draguignan ; Bouches-du-Rhône : Marseille,
Aix, S t- Pons ; Lozère ; Pyrénées : vallée de Sl-
Vincent.
— Mœurs : La jeune chenille est jaune ou brun rouge,
à dorsale et stigmatale jaunâtres ; elle reste
suspendue à un iil quand on la fait tomber (Goos-
sens). Elle hiverne, et, dès Mars suivant, la chry-
salide, qui est suspendue par la queue, livre le
papillon. L'espèce a une et ! 2 générations.
— BibL : B. Lycœn., I, I. — Dup., 34. — Hb., 53.—
0., I, 191 - Esp., 109. — Wild., 39. — Pr.,
pi. I, fig. 17. - Sp., pi. i, lig. 3i ab. — Goos.,
An. Levai., 1898, p. lo. — Tutt, Ent. Record.,
1899, p. -239. ~ Chapman, Eut. Record, 1900,
p. !28i. — Skinner, Ent. News, 1901, p. 119.
!39 —
Yl*^ Fam. : NYMPHALID^E
Chenilles à 16 pattes, pisciformes ou limaciformes, à
queue bifide et à tête cornue (Sous-Fam. ApaiuHnœ)
ou cylindrique, avec des mamelons tubuleux ou des
épines, le plus souvent rameuses et directement im-
plantées sur la peau en un rang transversal par an-
neau. (Sous-Fam. NymphalidœY Tête carrée, cordiforme
ou arrondie, à vertex souvent très échancré, à face
subaplatie ou légèrement convexe, généralement cou-
verte de granulations surmontées d'un poil rigide.
Solitaires ou en société.
Chrysalides suspendues par la queue, rarement ar-
rondies et oviformes, le plus souvent anguleuses et à
taches métalliques brillantes, dorées ou argentées.
1" Sous-Fam. : APATURIN^
t«' a. : CHARAXES Ochs.
88. — Charaxes Jasius L.
— Chenille : Aplatie dessous, bombée dessus, très atté-
nutc posléricurcmenlà partir du T ou du 8" anneau,
d'où limacitorme et terminée en queue de poisson.
Veloutée, plus ou moins plissée transversalement au
repos. Tête comme recouverte d'une plaque un peu
bombée, à un sillon médian longitudinal et prolon-
gée derrière par- 4 cornes égales deux à deux et gra-
nulées, les externes plus petites ; entre les deux mé-
dianes, il y en a deux autres petites, triangulaires,
bi ou tridentées ; on en voit aussi deux rudimen-
taires entre la \^^ et la 2* qui se trouvent chaque
côté. Vaisseau dorsal assez visible (oi pulsations
— 140 —
à la minute avant la nymphose). Chacun des
anneaux 6 et 8 porte sur le dos une tache
ocellée bordée de noir ou de noir vert ; ces taches
vert jaunâtre pupillées de bleuâtre ou de violacé,
celle de 6 carrée ou subcarrée, celle de 8 plutôt en
lorme de losange à angles arrondis, placée longitu-
dinalement.
Robe vert d'herbe (avant la !'• mue, elle est jaune
virant au gris verdâtre) densément et finement gra-
nulée* de blanc. Dorsale et sous-dorsale nulles (1).
Stigmatale jaune de Naples, nette, au moins à partir
du 4* anneau, assez étroite, continue, faite de rugo-
sités ; elle se continue du côté opposé en contour-
nant les flancs des deux pointes caudales. Stigmates
elliptiques, jaune verdâtre, très finement bordés de
noir en arrière, visibles* et quand l'animal marche.
Ventre et pattes vertes ou blanc verdâtre, sans tache
ni ligne. Tête verte, finement granulée, bordée de
jaunâtre. Cornes : les externes sont jaunâtres en
dehors et rouge carminé en dedans ; les internes
(médianes) sont vertes dans la moitié basilaire, et
rouge carminé à Textrémité. Long. 5-5,6 ; épaisseur
médiane, 1.
— Epoques : Juin ; puis Septembre à Mai.
— Plantes : Arbutus unedo et andrachne. En capti-
vité, rosier.
— Chrysalide : Ramassée, trapue, ovoïde, lisse, non
anguleuse, plus grosse au milieu de Tabdomen ;
tête terminée par deux protubérances arrondies,
très petites. Elle est d'un beau vert d*eau, l'en-
veloppe alaire bordée de rougeâtre. Pointe anale
large, aplatie, grossièrement et densément ponc-
tuée, terminée plutôt en massue, émettant chaque
côté de sa base une grosse saillie qui est con-
tournée en crochet obtus vers la région ventrale.
(1) CerlainR individus portent parrnis sur les snneaux 5 i 9 une trac« de
80Uf>dorsale formée par deux rangs de Unes granulaUons jaunâtres.
— 141 —
A la base de celles-ci, mais isolées, deux autres
saillies (tubercule génital) un peu réniformes,
posées parallèlement, la concavité en dedans,
leurs extrémités relevées. Long. î!,4; des pléro-
thèques, 1,7; largeur, 1,1 (Sp., pi. !2, fig. 35 c.
— F. d. J. N., 1903, pi. 4, «g. 7 à 9).
Eclosion : Juin ; puis Septembre. Les adultes de
Septembre proviennent de chenilles qui évoluent
de Juin à Septembre ; ceux de Juin proviennent
d'œufs pondus en Septembre et dont les che-
nilles hivernent pour se chrysalider en Mai. En
Septembre, on rencontre donc Tadulte, les œufs
et les chenilles.
Œuf : Sphéroïdal, cannelé, à sommet déprimé,
cette dépression lisse. Vert, virant au jaune sa-
fran, puis au gris avec le sommet roux (F. d.
J. N., 1903, pi. i, fig. I et l a).
Dispersion : Tout le littoral méditerranéen jusqu'en
Grèce.
FRANCE. — Alpes-Maritimes ; Var : Toulon,
Hyères ; Bouches-du- Rhône : Marseille, Sl-Pons,
la dotât, St-Loup ; Hérault: Montpellier ; Pyré-
nées, un exemplaire pris aux Eaux-Bonnes, !
accidentel (Rondou).
Mœurs : Les œufs sont pondus isolément sur un
des côtés de la feuille, de préférence sur la face
supérieure, vers la nervure médiane ; quelque-
fois pourtant on en trouve deux ou trois sur une
même feuille. Ils éclosent 5 à 8 jours après. Les
chenilles d'été évoluent en 6 semaines et la nym-
phose dure quinze jours. En tenant les jeunes
chenilles en serre chauffée à :20", M. le D' Siepî
a pu obtenir en Janvier les papillons de Juin.
Bibl. — Dup., m. — B. R. G.. 3, 9. - Goos., An.
Soc. .Fr., 1887, pi. 7, fig. 28 (patte membr.), et
An, Levai., 1898, p. 16. — Siepi, F. d. J. N.,
1887, p. 18, et I9U3, p. 56, pi. 4, fig. 2 à 6. —
Ochs., I, lai. — Hb., 20. — Esp., 104. —
Brehm., liiu. — Pr.,pl. I, fig. 21.— Eut. Nach.,
Il, 156. — Sp., 13, pi. 2, fig. 35 a b. — Dabi,
Soc. ent., 1890, p. 109. — Unger, Ent. Jahrb.
Kranch., 1899, p. 175. — Chapman. Ent. Record,
1897, p. 192 et 217. — Fischer, Ent. Zeit. Guben,
190i, p. 88 et 92. — Chrétien, Bul. Soc. Fr.,
1904, p. 108. — Giard, ibid., p. 1 17.
- 142 —
« • Ci. ! APATURA Ochs.
89. — Apatura Iris L.
— Chenille : Limacilornie, à extrémité anale prolongée
par 2 pointes rougeâtres. Tête cordiforme, aplatie,
surmontée de i cornes assez courlcs, subépineuses,
à extrémité ordinairement bifide. 4 à 6 points bleus
sur le 7* anneau, à la partie interne du chevron.
Robe vert bleuâtre, finement granulée de jaune.
Dorsale nulle. Sous-dorsale laite d'une ligne jaune
d'ocre sur les anneaux 1 à 4, souvent effacée; les
autres anneaux portent des chevrons un peu sail-
lants, jaunes, celui qui aboutit en haut du 7" seg-
ment plus long. Stigmatale jaune. Stigmates invisi-
bles, jaunâtres. Ventre vert bleuâtre. Pattes conco-
lores. Tête vert bleuâtre avec 2 lignes et le sommet
jaune ou avec 2 points rougeâtres et 4 traits blancs ;
cornes vert clair, bordées de jaune, avec la fourche
rougeâtre. Long. 4,5-5.
— Epoque : Juin ou Juillet à Juin suivant.
— Plantes : Populus tremula, nigra, alba, etc. ; quer
eus robur, salix caprea et cinerea (Daub*.
— Chrysalide : Large, un peu aplatie sur les côtés, le
contour de rabdomen et des ptérothèques assez
droit, mais le dos formant un angle très obtus ;
tête prolongée par deux pointes. Elle est verte
ou bleuâtre, les côtés marqués de traits obliques
jaunâtres ou blanchâtres.
— Parasite : Dinotonius pictus Kriech.
— Eclosion : Juin à Août, 12 18 jours après la chrysa
lidation.
-- Œuf : Cylindrique, aussi haut que large, à soràmet
convexe, côtelé (12-14 côtes). Vert olive jaune,
luisant, avec la base rouge pourpre ; il vire bien
tôt au vert pâle, le dessous passant au noirâtre
(Bûckler).
- 143 --
Dispersion : Toute l'Europe centrale ; Belgique ;
Danemark ; Dalmalie.
FRANCE. — Alpes Maiilimes ; Var ; Puy de-
Dôme ; Creuse ; Basses Pyrénées ; Hte-Garonne ;
Loire Inférieure : CluUeaubriant (ie^onlMïer) ;
Indre, R ; Cher, R ; Eure-et-Loir ; Calvados, R ;
Eure : Pont-Audemei\ C ; Seine-Inférieure, R ;
Somme ; Nord, R ; Oise ; Seine ; Aube, C ; Meur-
the-et Moselle : Nancy, Lunétille ; Vosges ; Al-
sace ; Saône-et-Loire ; Haute-Marne : Langre^
llortes, Montigny, Lairecey,St-Diziei\ Bettancourt,
Mœurs : Les œufs, pondus eu Juin ou Juillet, sous
les feuilles, éclosent 10 ou 1:2 jours après. Avant
la 1'^ mue, la chenille est noir brun ou jaune
verdàtrc sale avec 3 lignes un peu sombres et
plus ou moins nettes ; tète grosse, brun marron
tirant sur le noir, sans cornes. Au bout de quel
ques semaines, 1'® mue ; la teinte est à peu près
brune et les cornes apparaissent ; 15 à âO jours
après, 1® mue, et le corps tourne au verdâlre^
tandis que les cornes présentent un trait brun ;
c'est alors qu'elle lisse une petite toile auprès
d'un bourgeon et se prépare à (liverner. Elle me
sure à ce moment 1 cent. La teinte vire au rou-
geûtre, sans mue, et, d'après Daub (Sp., p. 13),
elle tombe à terre avec les feuilles. En Mai,
3® mue ; le corps prend une belle teinte verte, la
croissance devient très rapide ; puis 4® et der
nière mue. A l'éclosion, le papillon reste sur la
chrysalide, la tête en haut, cela pendant 5 à G
heures, puis se retourne, tête en bas ; ce n'est
qu'après être demeuré encore le même temps
clans cette dernière position qu'il s'envole définiti
vement. Cette espèce n'a qu'une génération, par-
fois ! deux par exception (Watson, The Eut.,
xxvii, p. 61. — Rode, Soc. eut., 1894, p. 43).
liihi. : Brehm, 267. — Goos., An. Levai., 1898,
p. 16. — Lambil., 41. — Ochs., I, 153. — Hb ,
-ii>. — Fsp., 11. — Wilde,* 27, pi. 8, «g. 6. ~
Frr., 5, 3, pi. 385. — Rœs , 4, 213, pi. 4. — Pr.,
1, «g. 20. -- Sp., 13, pi. 1', fig. 36. — Caspari,
Jahrb. Nassau, 46^ An., p. 133. — Bfick.. 42,
pi. 6, «îg. 2 a à i. — Dale, 1 19. — The Enlom.,
1882. — Watson, The Enl. xxvii, p. 61. — Barlel,
Eut. Zeilschr.,1898,p. 157. — Ent.Zeitschr. 1898,
p. 44. — Hewet, Ent. Record, 1891 , p. 139. — Rus-
sell, ibid., 1900, p. 294. — Moberly, ibid., p. 350.
90. — Apatura llla Schiflf. = Iris Esp.
— Chenille : Limaciforme, à fine pubescence blanchâtre,
terminée par un clapet qui recouvre les pattes anales
et qui est étiré en triangle allongé dont les côtés se
prolongent, après le sommet, en 2 pointes mousses.
Tête petite, surmontée de 2 cornes rugueuses, sur-
tout devant, et terminées en massue bifide.
Robe vert tendre mat, granulée de blanc ou de
jaunâtre. Dorsale et sous-dorsale nulles, celte der-
nière cependant indiquée quelquefois par un trait
blanc ou jaunâtre sur les 3 ou 4 premiers anneaux.
Stigmatale nulle ou marquée seulement sur les deux
ou 3 derniers anneaux et le clapet. Stigmates très
petits, invisibles, elliptiques*, jaunâtres et semblant
cerclés de verdâtre plus foncé. Les côtés portent 5
chevrons blancs ou jaunâtres, un peu en relief, sur-
tout le 1«f, qui est ordinairement le mieux marqué
et qui se termine sur le dos en épine couchée, plus
ou moins mousse et quelquefois piquée de noir au
sommet. Ventre vert concolore. Pattes : les écail-
leuses vert blanchâtre luisant ; les membraneuses
vert mat, parfois tachées de noir au côté externe.
Tête verte : bouche et mandibules lavées de noir ;
ocelles verdàlres placés sur une ligne brune ou
noire; cornes vertes,* portant en arrière une ligne
jaunâtre ou blanche qui continue la sous-dorsale et
marquées devant d'une ligne noire qui se prolonge
jusqu'à la bouche ; leur massue est rouge marron.
Long. 3,!2 ; des cornes, 0,3 0,6 ; larg. du ?• anneau,
0,8; de la tête, 0,4.
— Epoques : Août à Mai ; puis Juin à Juillet.
— Plantes : Populus tremuî;i. pyramidalis, alba, ni-
gra ; quercus robur ; salix caprea, rosmariaifolia
et viminalis. Le peuplier fournirait la var. Clytie
Schiff (Scudder).
- 145 -
— Chrysalide : Vert pâle ou vert blanchfttre, le» 2
pointes de la tôle, la carène dorsale et le bord
des ptérothèques blanc ou jaunâtre (Wilde, pi.
8,fig. ll.-Sp.,pl. -2, fig. 37 b).
— Eclosion : Juin à Septembre, en i générations.
— Dispersion : Europe orientale et centrale, avec l'I-
talie ; Belgique.
FRANCE. — Alpes-Maritimes ; Var ; B.-du
Rhône, AR ; Puy-de-Dôme ; Creuse ; Hte-Ga-
ronne ; H. et B. -Pyrénées ; Gironde; Maine-et-
Loire ; Loire Inférieure (semble disparaître I) ;
Bretagne ; Indre, R ; Cher, AC : Bourges ; Loir-
et-Cher, TR : forêt de Blois ; Eure-et-Loir ; Cal-
vados, TR : foret de Cerisy ; Eure (irrégulier) ;
Pont-de-l\irche, Pacy-sur Eure, Acquigny; Seine-
Inférieure, R ; Somme : Nord, R ; Oise ; Seine ;
Aube, TC ; Alsace ; Vosges ; Saône et-Loire ;
Haute-Marne : Langres, H or tes, Montigny, La-
trecey, Saint Dizier, Bettancourt.
— Mœurs : Les chenilles de la t'« génération sem
blejit rechercher le haut des arbres, tandis que
celles d*Août et de Septembre se rencontrent
plutôt sur les branches basses ; ces dernières
hivernent. Le papillon vole dans les saulaies,
les prairies et le long des bois un peu humides.
— Bibl. : Dup., 70. — Brehm., 267. — Goos., An.
Levai., 1898, p. 17. — Lambil, 44. — Wilde.
27. — Ochs., I, 160. — Hb., t\ (var. Clytie). —
Sp., 14, pi. 2, fig. 37 a. — Niepelt, Ent. Zeitschr.,
1898, p. 6o. — Harrison, Ent. Record, 1897,
p. 335.
91. — Apatura métis Frr.
— Chenille : Semblable à celle û'À. ilia Schiff., vivant
sur les peupliers et les saules. Le papillon se montre
en Juin et Juillet.
Espèce propre à la Hongrie, la Bukovine et l'Eu-
rope orientale. Se rencontre en France sur le littoral
méditerranéen, principalement dans les Alpes-Mari-
times et le Var. Elle avait été considérée jusqu'à ce
jour comme une var. d'ilia Schiff.
II* Sous-Fam. : NYMPHAL1N>C
f G. : I.IMKIVITIS Fab.
— Chenilles cylindriques, de couleur verte, avec des prolon-
gements tubuleux sur 3 rangs longitudinaux, ces pro-
longements épineux pariois remplacés par des sortes
d'épines rameuses. Arboricoles et passant riiiver géné-
ralement dans une feuille roulée.
— Chrysalide suspendue par la queue, anguleuse, à dos
saillant ; elle est marquée de taches métalliques bril-
lantes.
92. - LImenItis camilla Schiff.
— Chenille : Cylindrique, chacun des anneaux 2, 3, 3,
10-11 surmontés de 2 tubercules charnus, épineux,
les anneaux 6 à 9 et 12 n'en ayant généralement que
de très petits. Tôte cordiforme, hérissée de poils.
Robe à région dorsale d'un vert plus ou moins
lavé de brun sur quelques parties des segments, la
région ventrale plutôt brune. Tubercules rouge
cerise, quelquefois bruns. Sous stigmatale blanche.
Stigmates rouge cerise. Ventre rouge sombre virant
au brun. Pattes : les écailleuses ordinairement noi-
râtres ; les membraneuses rouge plus ou moins
sombre. Tête brun clair, généralement ponctuée de
blanc, avec le A brun et deux autres raies de même
couleur sur lesquelles se trouvent les ocelles. Long.
— Epoques : Juin ou Juillet à Avril ou Mai dans le
Nord. De Septembre à Mai, puis de Juin à Août
dans le Midi.
— Plantes : Lonicera periclymenum, xylosleum et
capprfolium ; symphoricarpus raceniosus.
— Chrysalide ; Anguleuse, à tète bifide, auriculée ;
proéminence dorsale très saillante. Gris brun
rilus ou moins foncé, avec quelques taches métal-
iques (Sp., pi. 3, fig. 2b).
— FarasUes : Ichneumon variegatorius Holm. ; Ambly-
telcs chalybeatus Grav.
— Eclosion : Mai à Septembre, en deux générations
dans le Midi.
— Dispersion : Europe occidentale, centrale et méri-
dionale.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Marit. ; B. Alpes ;
Var ; Bouches-du Rhône, C ; Pyrén. Orientales ;
H. -Garonne ; H. et B. -Pyrénées ; Lozère; Au-
vergne ; Creuse ; Gironde ; Maine et-Loire ; Loire
Inférieure ; Ille-et- Vilaine ; Finistère, AC ; Indre,
C ; Cher ; Loir-et-Cher, AC ; Eure-et-Loir ; Sar-
ihe, AR ; Eure : Evreux ; Seine-Inférieure, R ;
Seine; Seine etOise : Versailles, Fontainebleau;
Aube, TC ; Belgique ; Meurlhe-et Mos. : ISancy ;
Vosges : Epinal; Alsace; Saône et Loire ; Hle-
Marne : Langres, Ilorlea, Montigny., Latrecey,
Saint- Dizier.
— }fœurs : « L*œuf est déposé par la femelle à l'ex-
trémité de la nervure médiane ; la jeune chenille
tapisse celle ci de soie et descend peu à peu en
rongeant le parenchyme, mais en respectant cette
nervure sur laquelle elle se tient au repos: Une
partie des jeunes chenilles écloses en Juin gros-
sissent rapidement et donnent leur papillon en
Juillet; les autres restent à peu près stationnai-
res, passent l'hiver sur leur nervure,, après avoir
eu soin de fixer avec de la soie le pétiole de la
feuille au corps de Tarbustc. Elles se réveillent
au printemps, grossissent rapidement et se chry-
salident en se suspendant aux jeunes tiges de la
plante qui les a nourries » (Jourdheuille, Lép.,
Aube, p. il). Lorsque Tété n'est pas favorable,
la chrysalidation se fait tardivement et, Téclosion
ne pouvant avoir lieu, Tinsecte hiverne aussi à
l'état de nymphe.
— lUbl. : B. Nymphal, pi. 5. — Goos., An. Levai,
1898, p. 18. — Ochs. I, Mi. — Hb. 18. —
Wilde, i6. - Sp. 15, pi. 3, Kg. 2 a.
93. — LImenItls populi L.
— Ciienille : Elle porte 2 luberciiles tubuleux, verts h
u
- U8 -
sommet brun, sur cliacun des anneaux 2, 3, S et
quelquefois 7, 9, ceux du 2' plus grands ; H* anneau
avec 2 petits appendices rejetés en arrière; tous ces
tubercules et appendices garnis de poils en massue.
Tête à i lobes bien séparés et surmontés de pointes
obtuses, noires.
Robe vert pale, la région dorsale ordinairement
marquée de brun, coite teinte envahissant souvent
en entier les anneaux 4, 6, 8, 9, la région latérale
violacée. Dorsale et sous-dorsale nulles, cette der-
nière presque toujours remplacée sur les anneaux
5 et 7 par une tache verte, brillante, ponctuée de
blanc. Stigmatahî généralement blanche. Ventre
brun violacé ; clapet brun, relevé en pointe bilur-
quéc. Pattes brunes, les anales très courtes. Tête
brune, généralement noire sur les côtés. Long. 4,5-5.
— Epoque : Septembre à Mai ou Juin.
— Plantes : Populus, surtout tremula, nigra et alba ;
salix.
— Chrysalide : Ovoïde, obtuse, avec la tête et la poi-
trine proéminentes ; dos prolongé eu hache, ce
prolongement jaune brun. Pointe abdominale
présentant un épaississement en bosse chaque
côté de sa base. Elle est jaunâtre, plus ou moins
ombrée de brun et parsemée de points noirs
(Wilde, 8, fig. 10. - Sp., pi. 6, «g. 10).
— Parasite : Ichneumon variegatorius Holm.
— Eclosion : Juin à Juillet.
— Œuf: Cylindrique, arrondi au sommet, avec des
côtes assez nombreuses, d'un vert mat (Lambil.).
— Dispersion : Une grande partie de TEurope, sur
tout le centre, Belgique, Danemark, Livonie, etc.,
excepté Angleterre et Hollande.
FRANCE. — Puy de Dôme, R ; Allier ; Maine
et Loire ; Ille-et Vilaine ; Finistère ; Cher, R ;
Eure et Loir, R ; Calvados, TR : forêt de Cerisy ;
Eure : Acquifiny ; Seine Inférieure, TR ; Somme ;
Nord (semble disparu) ; Oise ; Seine : Paris ;
Seine-et-Oise : Fontainebleau; Aube, TC ; Meur-
the-et-Moselle : Mancy^ Lunéville ; Vosges : Epi-
— U9 —
nal ; Alsace ; Saône-el -Loire, R ; Hte- Marne î
Langres, H or tes, Praday, Monligny, Chancenay,
Saint- Dizier.
Mœurs : L\suf pondu en Juillet éclôl peu après et
la jeune chenille, qui est brune avec les segments
5-7 plus foncés, se tient sur la nervure princi-
iiale de la feuille, qu*elle ronge jusqu'aux bords,
^our hiverner, elle roule une feuille en cornet
dans le sens de la longueur; sa taille est alors
très petite, mais an printemps la croissance de-
vient rapide et le papillon éclôt environ 15 jours
après la chrysalidation.
BibL : Dup. 64. — B. R. G., 3, 8. - Brehm. 268.
— Goos., An. Levai. 1898, p. 18. — Lambil., 47.
— Ochs. I, 145. — Hb. 19. — Esp. 12, 106. —
Wilde, 26. -- Rœs., 4, 209, pi. 4. — Pr. 1, fig.
18. — Frr. \, 9S, pi. 343. — Sp., 15, pi. 3, fig. I.
— Schreiber, Korr.-Bl. Entom. Ver. Halle, 1888,
p. 5.
94. — Limenltls sibylla L.
— Chenille : Elle porte 2 prolongements charnus ou épi-
neux, brun rouge ou rouge pourpre, sur chacun des
anneaux 2 à 11, ceux de 2, 3, 5, 10, Il plus longs.
Tête cordiforme, à vertex fortement incisé.
Robe vert pâle, fortement pointillée de blanc ou
de jaunâtre, la teinte générale devenant plus pâle
dans la région des stigmates. Dorsale et sous-dor-
sale nulles. Stigmatale blanche ou blanc jaunâtre,
accompagnée d'une large raie pourpre et surmontée
sous chaque stigmate d'une tache d'un jaune bril-
lant. Stigmates blancs, cerclés. de noir, placés au-
dessus de la stigmatale. Ventre brun rouge. Clapet
ombré de pâle, avec la pointe souvent lavée de rose.
Pattes vert brun sombre. Tête rose, granulée de
blanc, marquée de brun, parfois avec deux traits
blancs. Long. 4,2.
— Epoque : Août à Mai.
— 150 —
Plantes : Lonicera, surtout periclymenum et xylos
teum. — Spirœa salicifolia (Frey.).
Chrysalide : Anguleuse, avec une protubérance
comprimée et tranchante dans la région dorsale.
Tête prolongée en t pointes brun sombre cour-
bées vers le bas. D'abord blanc verdâtre, elle
s'assombrit au bout de quelques jours ; le thorax
et les ptérothèques deviennent vert olivâtre,
tandis que le dos et Tabdomen passent au vert
pomme brillant, celui-ci brun sombre a l'extré-
mité. Elle porte en outre des taches métalliques
argentées.
Eclosion : Juin à Juillet ; parfois Août et Septembre.
Œuf : Arrondi, hexagonal, ressemblant à une
orange aplatie dessous ou mieux à un œil d'in-
secte, car il est comme marqué d'alvéoles nom-
breuses qui portent en leur centre un petit tu-
bercule, lequel est lui-même surmonté d'un poil
très fin. Couleur verdâtre clair. (An., Soc. Fr.
1884, pi. 5, fig. 3G. — Sp., pi. 50, «g. 8).
Dispersion : L'Europe presque entière.
FRANCE. — Puy de Dôme ; Creuse ; Hte Ga-
ronne ; H. et B. -Pyrénées; (lironde ; Maine-et-
Loir ; Loire Infér. ; Bretagne ; llle-et-Vilaine
(M. Bleùse) ; Finistère, AR ; Indre, C ; Cher, C ;
Loir et-(^her, R ; Eure et-Loir ; Sarthe, AR ;
(Calvados, A(^ ; Eure : Pont de-V Arche ; Seine-
Inférieure, AR ; Somme ; Nord, TC ; Oise ;
Seine ; Aube, (] ; iMeurlhe-et-Moselle : Nancy ;
Vosges : Epinal ; Alsace ; Saône-et-Loire ; Hte-
Marne : Lanfjres, Hovtes, Montigny. Prauthoij,
Latreceij, Sainl-Dizier, Loutemont, Voillecomte,
Cfhancenay,
Mœurs : L'œuf est isolé à la surface supérieure
d'une feuille ; il éclôt 14 jours environ après la
ponte. La jeune chenille mange le parenchyme
enlier et ne laisse que les nervures. En Octobre,
elle hiverne dans un léger réseau à l'intérieur
d'une feuille roulée (Bi'ick., pi. 7, fig. 1 c). La
chrysalidation a lieu lin Avril ou courant de Mai
et le papillon sort lo jours plus tard. A certaines
années, il y a une eclosion en Août et Septem-
bre ; c'est ainsi que, le 18 Août 1902. nous avons
vu éclore à Prauthoy trois chrysalides qui étaient
suspendues à un sym|)horicarpus. La fraîcheur
de celles-ci quelques jours auparavant et d'au-
— loi —
très raisons spéciales nous porteraient à croire
que, comme pour sybilla, une partie des chenil-
les grossirait rapidement pour évoluer sur la fin
de Télé, les autres restant à peu près station
naires et passant Thiver comme il a été dit plus
haut. En 19l)i, nous avons également rencontré
des adultes très frais les ii et tS Août, et le H
Septembre I90o, nous en capturions plusieurs
sur les bords méridionaux du bois de la Fcrriôre,
territoire d'Hortes (Hte Marne).
nm. : Dup., 67. — Bdv., Nymphal., pi. 5. —
Goos., An. Levai., 1898, p. 19. — Lambil., 51.
— 0.,1, 139. — Hb., 18.— Esp.,115. — Wilde,
25. — Roes., 8, 417, pi. 70, fig. I, 2. - Frr., I,
39, pi. 13. — Stet. eut. Zeit., 1854, 306. - Sp.,
15, pi. 3, fig. 3. — Bfick., 36, pi. 7, fig. I a à d.
— Dale, i-î8. — Dupont, Ent. Record, 1900,
p. 347.
«- Ci. : NEPTIS Fab.
95. — Neptis lucllla Kab.
— Chenille : Allongée, cylindrique, à anneaux distincts,
les 2, 3, 5 et 11 portant chacun deux prolongements
charnus. Tête aplatie devant, à vertex excavé.
Robe brun rouge. Dorsale assez étroite, plus ou
moins interrompue aux Incisions, plus claire que
le fond. Prolongements charnus brunâtres à fine
ponctuation jaune. Sous-dorsale remplacée, de 4 ou 5-
II, par des traits obliques brun sombre éclairés ou
bordés de pâle. Stigmatale continue, jaunâtre, sou-
vent liserée de sombre chaque côté. Ventre brun
rougeàlre pâle finement ponctué de jaune. Pattes :
les écailleuses brun rougeàtre ou sombre ; les
membraneuses concolores. Tête brun noir à ponc-
tuation jaune. Long. 4.
— Epoque : Septembre à Mai.
— Plantes : Spirœa ulmifolia, salicifolia et (Treit.)
flexuosa.
— 132 —
— Chrysalide : Courte, épineuse, avec deux pointes à
la tête ; elle est d'un brun généralement clair.
— Parasite : Pimpla varicornis Grav.
— Eclosion : Mai à Juillet.
— Dispersion : Hongrie, Alpes méridionales, Autriche
et Sud de la Russie.
FRANCE : ?
— Mœurs : La chenille hiverne. Le papillon nous a
été signalé comme ayant déjà été capturé dans le
Midi ae la France. Néanmoins, c'est avec doute
que nous le mentionnons ici, n'ayant pu jusqu'a-
lors trouver de localités précises. L'avenir nous
dira peut-être si cette espèce de Hongrie vient
parfois dans notre pays et doit être comptée
comme faisant partie, au moins accidentellement,
de notre faune.
— BibL : Frr., 4, 3 pi. 289. - Wild., 25. — Piy, pi.
I,fig. 19. -Sp., 16, pL3,fig. 4.
96. — Neptis aceris Lepech.
— Chenille : Cylindrique, à anneaux distincts, les an-
neaux 2, 3, 5, 1 1 portant chacun deux mamelons
poilus, ces mamelons parfois subrétrécis en épines,
ceux du 3* segment plus forts. Tête aplatie devant, à
vertex lortement incisé.
Robe jaunâtre, brun jaune ou brun rougeàtre.
Dorsale étroite, plus ou moins interrompue aux in-
cisions, pâle, ordinairement blanche. Sous-dorsale
nulle ou remplacée par des traits obliques sombres.
Stigmatale faite d'une ligne sinueuse, commençant
en pointe sur le 3^* segment, s'élargissant à partir
du 6* ou 7* et se continuant sur le 1 1® par la partie
latérale el inférieure des prolongements qui sont
fortement divergents et très inclinés en arrière.
Tête brunci
— Epoques : Septembre à Avril ; puis Juillet.
— Plante ; Orobus vernus.
— 153 -^
Chrysalide : D'après Gartner, elle a la tète pro-
longée par deux épines, les ptérothèques larges
et proéminents, labdoinen court et efBlé. Cou-
leur jaune fauve, à nervures sombres ; celle de
la génération d'été avec dessin jaune mat, celles
de printemps avec 4-<S taches métalliques bril-
lantes dans la région dorsale (Stet. eut. Zeit.,
1860, p. :29l).
Eclosion ; Mai à Juin : puis Juillet à Août.
Œuf : Hexagonal, garni de piquants ; ver mat avec
le centre bri liant.
Dispersion : Sud-Est de l'Europe.
FRANCE. — Midi !
Mœurs : Les œufs sont isolés, et les chenilles, qui
éclosent 8-10 jours après la ponte, mangent les
feuilles d'orobus en commençant par le sommet.
La majeure partie hiverne, et, pour celles-ci, la
nymphose se fait au printemps ; le papillon sort
une quinzaine de jours après la chrysalidaliou.
L'espèce, propre à la Hongrie, a été, paraît il,
déjà rencontrée plusieurs fois dans le Midi de la
FVance, mais aucune localité précise ne nous a
encore été signalée.
BibL : Wild., ai. — Sp., 16, pi. 48, fig. 4, et pi.
sup. I, fig. 7.
3- a. : VAIVESSA Fab.
97. — Vanessa antlopa L.
— Chenille : Noire, avec une pubesccnce blanchâtre ou
grisâtre, assez dense et bien visible, chacun des
anneaux â-l I à un rang transversal d'épines noires
garnies de poils blonds ou jaunâtres, celles des an-
neaux 10-11 parfois légèrement rameuses. Dorsale
remplacée sur chacun des anneaux 3-10 par une
grosse tache rouge sombre. Sous- dorsale et stig-
matale nulles. Ventre noir. Pattes : les écailleuses
noires, les membraneuses rougeâtres. Tête noir
mat, à saillies tuberculeuses noires portant chacune
un poil blond ou noirâtre.
- loi —
Epoque : Mai à Août.
Plantes : Salix, surtout caproéa, albâ et viniinalis ;
populus, betula, ulmus et alnus.
Chrysalide : Anguleuse, aveo deux épines aiguës
au bout de la tète, ces épines plus longues que
chez polychloros, et plusieurs rangs d'autres plus
petits sur le dos. Grise, brunâtre ou noir sombre,
tachée de bleu&tre et de fauve (Sp., pi. 6, fig. 14).
Parasites : Hoplismenus terrificus Wesm. ; Ambly-
teles fossorius Mûl. et camelinus Wesm ; Ptero-
malus puparum L. ; Doria concinnata Meîg.
Eclosion : Juin À Juillet ; Septembre à Octobre.
Œuf: Elliptique, côtelé longitudinalement, de
couleur verte.
Dispersion : Toute l'Europe, excepté l'Andalousie.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
Bouches-du-Rhône ; Pyrénées-Orientales ; Hte-
Garonne ; Indre; H. etB.-Pyrénées; P. -de-Dôme ;
Creuse ; Gironde ; Maine ct-Loire ; Loire-Infé-
rieure ; Bretagne ; Cher; Loir-et-Cher; Eure et-
Loir ; Sarthe ; Calvados ; Ca^n, MondeJûille, Beu-
zetal ; Orne : forêt d'Andaine ; Eure ; Seine-In-
férieure, ÏR ; Somme ; Nord, R ; Oise ; Seine ;
Aube ; Meurthe-et-Moselle : Nancy ; Vosges :
Epinal ; Alsace ; Saône-et-Loire ; Allier ; Hte-
Marne : Langres, Hortes, Latrecey^ Montigny,
Praslay,
Mœurs : Les chenilles vivent en société. Les adul-
tes hivernent pour reparaître de mi-Février à
mi-Avril, suivant la rigueur de l'hiver (F. d. J.
N., 1900, p. IH2J) ; on les rencontre au bord des
routes, le long des bois, souvent même jusque
dans les villages, isolément ou par groupes de
deux à trois, et en plus ou moins grande quan-
tité suivant les années. C'est ainsi qu'en 187â
ils ont élé particulièrement abondants en Angle-
terre. L'adulte fait entendre une légère stridula-
tion (Enl. M. Mag., 1877, p. :2u8, et Insect Life,
1889). L'espèce, d'après la plupart des auteurs,
n'aurait qu'une génération : Lelièvre lui en
donne deux (F. d. J. N., 1879, p. 911 Nous par-
tageons cette dernière opinion, mais en la res-
treignant dans la région de l'Est aux années
exceptionnellement chaudes. Speiser a déjà ren-
contré un papillon qui avait la tête de la che-
— l5o —
nille (Illuslr. Zeit. f. Ent., 1899, p. 155). Daprès
Kothke (Insek. Borse, 1902. p. 3U), les che-
nilles seraient sensibles a la musique.
— Bibl. : Dup., 95. pi. 12, fig. 35. — Brehni., 276. —
Lamb., 69. — Goos., An. Levai., 1899, p. 5. —
Esp., 14. — Hb., 12. — 0., 1, 110. — Wild.,
22. - Rœs., 1, 1, pi. 1. — Pr., pi. 1, fig. 14. --
Sp., 17, pi. 3, fig. 11. — Scuader, Psyché, V,
p. 330 à 332. — Sepp, V, 65, p. 18. — Bûck.,
53, pi. 8, fig. 4. — Dale, 157. — Jones, The
Entomol., XXII, p. 211. — Frohawk, The Ent.,
1902, p. 297, et 1903, p. 2. — Field, Ent. News,
190i, p. 6.
98. — Vanessa io li.
— Chenille : Allongée, cylindrique, subglabre, chaque
anneau portant à partir du. 2% à sa partie antéro-
mddiane, un rang transversal d'épines noires garnies
de poils noirs.
Robe entièrement noir velours, à lignes transver-
sales de points blancs. Dorsale, sous-dorsale et stig-
matale nulles. Stigmates noirs. Ventre noir. Pattes :
les écailleuses noires, les membraneuses rougeàtres
ou brun rouge. Tête aplatie devant, d'un noir lui-
sant, avec des saillies tuberculeuses noires portant
chacune un petit poil noir. Long. 4 4,5.
— f'7pofiues : Mai à Juin ; puis Août à Octobre.
— Plantes : Urlica, surtout dioica ; humulus lupulus ;
clemalis vitalba (Goossens).
— Chv)salide : Anguleuse, allongée, la lèle lerniiiiéc
par deux cornes triangulaires divergentes, le
thorax à une forte pointe dorsale. Jaune verdAlre
pâle ou jaune grisâtre tachée de sombre, avec
des taches métalliques ou entièrement lustrée de
métallique (Wild. , pi. 8,iig. 9. — Sp., pi. 6,fig. 13).
— Parasiles : Amblyteles came! i nus Wesm., castiga-
tor Fab. ; Banchus falcalor Fab. (Fri.). — Doria
concinnata Meig. ; Beraldia vanessa» R. I). ;
Phryxe vanessie Meig. : Slurmia vanessie L., et
I Pteromalus puparuin L. (Albin).
— 15G —
— Eclosion : Avril k Mai ; puis Juillet à Septembre.
— Œuf : Oblong, avec des stries longitudinales au
nombre de huit environ. Couleur vert d'herbe
à sommet nuancé de noir.
— Dispersion : Europe, excepté la partie méridionale
(Andalousie) et les régions circumpolaires.
FRANCE. — Corse; Alpes-Maritimes; Var ;
Bouches-du-Rhône : Marseille et dans la banlieue^
entre Camoins- les- Bains et le hameau de la Treille^
boids de VHuveaume, entre la Penne et St Menet
(Siepi, F. d. J. N. lilOi, p. 448), Aix, St Pons,
' la SteBeaume; Pyrénées-Orifsnt. ; H. Garonne ;
H. et B. Pyrénées ; Puy de D. ; (Santal ; Creuse ;
Gironde; Maine et Loire ; Loire Inférieure ; Fi-
nistère et Bretagne ; Indre ; Cher ; Loir et Cher ;
Eure-et Loir ; Sarthe ; Calvados; Eure; Seine-
Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Aube ; Alsace ;
Saône-et- Loire ; Allier ; H. Marne : Langres,
St-Dizier, Mortes, Latrecey, Montigny, etc.
— Mœurs : L'adulte hiverne, reparaît au printemps
et pond ses œufs en Mai. Ceux-ci sont déposés
par groupes de 30 à 80. Les chenilles vivent en
société sur les orlies et se transforment après les
différents corps qu'elles rencontrent datis le voi-
sinage de la plante nourricière, chaperons de
murs, palissades, etc., souvent aussi sur les tiges
et môme les feuilles des orties (Holt., Science
Gossip. 1., p. 43). L'espèce a deux générations,
souvent trois dans les années un peu chaudes. Le
fiapillon voltige partout, le long des bois et dans
es jardins, en pleine campagne et au milieu des
villages. 11 fait entendre un léger bruit lorsqu'il
est dérangé (Bleuze). H a été très abondant en
Angleterre en 1899 (Ransom, The Ent. 1900,
p. 13).
— Bibl. : B. G , Nymph., pi. I. — Dup., 97, pi. 10,
iig. 36. — Brehni. -270. — Goos., An.. Levai.
1898, p. 99. - Lambil, 61. — Esp. 5. -- Hb. M.
0. I, 107. — Rœs. 1, 13, pi. 3. — Wild. -21 —
Pr., pi. 1, fig. 1o. — Sepp. 1,7. — Bûck. 176,
pi. 8, fig. 3. — Dale, loi. — Ude, Ent. Nachr.
Karsch. 1899, p. 366.
99. — Vanessa urticas L.
— Chenille : Assez allongée, avec une pubescence blan-
— 187 ~
châtre, moins épaisse que chez cardui, et un rang
transversal d'épines rameuses sur chaque anneau,
ces épines jaunâtres ou blanc jaunâtre, à bout noir,
celles des premiers anneaux souvent noirâtres dans
la région basilaire. Tête assez large, subaplatie et
subrugueuse.
Robe d'un noir plus ou moins velouté, variée de
jaune, ce jaune fait * de nombreux points d'inégale
grosseur. Dorsale géminée, jaune. Sous dorsale nulle.
Stigmatale géminée, jaune, la ligne supérieure géné-
ralement à bords nets. Stigmates elliptiques, bien
visibles, noirs, placés sur une tache arrondie et jau-
nâtre entre deux épines et les deux stigmatales.
Ventre gris noirâtre, très densément ponctué de
jaunâtre, ce qui le iait parfois tirer sur cette der-
nière teinte ou sur le gris verdâtre ; il est marqué
d'une ligne médiane noirâtre plus ou moins vague.
Pattes : les écailleuses noires, les membraneuses
verdâtres ou jaune verdâtre, parfois teintées de
noir. Tête d'un noir assez luisant, fortement hérissée
de poils noirs et de quelques blancs, ces poils placés
sur des tubercules d'un jaune plus ou moins foncé.
Long. 3,o-4 ; au repos elle ne mesure guère que 3.
Var, ichnusa Bon. : Robe noire, à fine ponctuation
blanche. Dorsale nulle ou jaune rouge, limitée vers
le dessous par une ligne sinueuse brune. Stigmatale
plutôt rougeâtre, parfois nulle. Stigmates elliptiques,
noirs, cerclés de teinte plus claire.
— Epoque : Avril à Septembre.
— Plantes : II il ira dioica et urens. — La var. ichnusa
sur urtica iiienibruiiacea, dioica, pilulifera et
aussi, au moins en captivité (Rambur), sur ur-
tica hispida.
— Chrysalide : Bossue et très anguleuse, la tête munie
de deux pointes très saillantes, l'abdomen avec
le prolongement anal aplati. Brun rougeâtre plus
ou moins foncé avec des saillies et deux rangs
- Jo8 —
abdominaux de taches mélalliques dorées. Long.
2,1-2,3; larg. 0,6-0,7.
Parasites : Ichneumon discriminatorWesm., exlen
sorius L , luctatorius Grav. ; HopUsmeniis terri-
ficus Wesm. ; Amblyleles canielinus Wesm.,
hœreticiis Wesm. ; Apanteles spurius Wesm.
(Bignell), rubripes Haiid. (Uarding) ; Phryxe
vanessa' H. D. ; Exorista vulgaris Meig. ; Plero-
malus puparum L. (Solhehy) ; Limneria uni-
cincta (jt. ; Cryptus leucosliius Gir. ; Hemiteles
luteolator Grav.
Eciosion : Mai à Octobre.
Œuf: Oviforme, à sommet tronqué, à base arron-
die et lisse, avec l-'J stries longitudinales. Vert
jaunAtre pâle ou vert sombre, les côtes plus
claires (Hellins, Ent. Month. Mag. viii, p. 53).
Dispersion : Toute TEurope.
FRANCE. — Corse : la var. ichnusa ù Corie,
Monte-Rotundo ; Alpes-Maritimes ; Var ; Bou-
ches-du-Rhônc : Marseille, Aix; Pyr. -Orien-
tales ; H. -Garonne ; H. et B. -Pyrénées ; Auver-
gne ; Creuse ; Gironde ; Maine-et Loire ; Loire-
Inférieure ; Finistère et Bretagne ; Indre ; Cher ;
Loir-et-Cher; Eure et Loir; Sarthe ; Calvados ;
Eure ; Seine Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Aube ; Alsace ; Saône-el-Loire ; Allier ; Haute
Marne : Langres, Latrecey, Si-Dizier, Mortes,
Montigny, etc.
Mœurs : L'adulte hiverne, reparaît au printemps
et dépose ses œufs sur les feuilles à la lin de
Mars ou au commencement d'Avril. Les chenilles
ressemblent à certaines variétés de cardui, mais
on pourra toujours les en distinguer, car leurs
épines ne sont jamais rougeûtres ou rosées à la
base, les poils sont moins nombreux, la ligne
qui forme la stigmatale supérieure est générale-
ment bien décidée ; de plus elles vivent en so-
ciété, au moins dans le jeune âge, tandis que
celles de cardui sont toujours isolées et cachées
dans une ou plusieurs feuilles en cornet. Cepen-
dant, à la t^ ou 3® mue, elles se disséminent
successivement par groupes de 5, 4, 3, t et, enfin,
on n'en retrouve guère, à la dernière mue, qu'une
seule sur chaque feuille. Les chrysalides sont
parfois entièrement dorées ou métalliques ; cet
état coïncide parfois avec la présence de para-
- lo9 —
sites. Le papillon que Ton rencontre partout,
dans les villages et en pleine campagne, paraît
en 2-3 générations.
Bill. : Type : B. G., Nyniph., pi. I. — Dup. 99,
pi. Il, fig. 37. — Biehm. 277. — Goos., An.
Levai. 1898, p. 98. — Lambil., 63. — Esp. 13. —
llb. 15. — 0. 1, 120. — Rœs. 1, 17, pi. 4. —
Wild 22. — Sp. 17, pL 3, fig. 9a b.— Iris,
1888, p. 209. — Sepp. 1, 2. — Biick., îio et 181,
pi. 9, fig. 2aà c. — Dale, I6i>.
Var. ichnusa Bon. : B. G., Nyinphal., pi. 3,
Kg. I à 2. — Ranibur, An. Soc. Fr. 1832, p. 260.
— Tr. 10, 21.
100. — Vdnessa polychloros L.
— Chenille : Allongée, pubcsccnle, les poilsasscz courts,
biancliàlrc.^ cl placés chacun sur un petit tubercule
blanc ; chaque anneau porte un rang transversal
dVpincs rameuses jaune teslaco ou rouille, Textré-
jniU' dos pointes noire. Tète présentant vers les
bords du chaperon de nombreux tubercules allon-
gés ou épines simples et tronquées.
Robe noire,'à nombreux petits tubercules * blancs.
Deux dorsales continues, larges, de 2-10, fauves. Un
rang sous-dorsal de traits longitudinaux lauveloncé,
un par anneau ; chacun de ces traits porte une épine
rameuse. Sous stigmalalc conlinue, fauve foncé ; au-
dessus d'elle, les sligmales, qui sont d'un noir
velom^s, cerclés de blanc jaunâtre. Ventre noir, à
une ligne médiane plus foncée. Pattes : les écailleu-
ses noires, les membraneuses fauve foncé, marquises
de noir au milieu. Tête d'un noir assez luisant, à
poils blancs.
— Epoques : Mai à Juillet ; puis Août à Septembre.
— Plantes : Salix, surtout ciiprœa ; ulnius campes-
tris ; prunus cerasus, pyrus malus et communis
(Hûhl) ; cratœgus torminalis ; quercus ; populus.
— Celtis australls (Rambur).
— m —
*=^ Chrjaalide : Fortement anguleuse. Tête prolongée
par deux pointes aiguës et écartées. Brun plus
ou moins foncé, parfois teintée de rougeâtre,
avec des taches dorsales métalliques.
— Parasites : Ichneumon cessator Grav., exlensorius
L., discrimiuator Wesm.; Amblyteles camelinus
Wesm. : Tachina larvarum L. ; Pleromalus pupa-
rum L.
— Eclosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Octobre.
— Œuf : En forme de tonneau, à méridiens cannelés
au nombre de 8-9, d'un brun rougeâtre.
— Dispersion : Europe, excepté les régions circum-
polaires.
FRANCE. — Corse; Alpes-Maritimes ; Var ;
Bouches du Rhône ; Pyr.-Orientales ; H. Garonne ;
H. et B. Pyrénées: Cantal; Creuse; Gironde;
Maine et-Loire ; Loire-Inférieure ; Morbihan ;
Finistère et Bretagne ; Indre ; Cher ; Loir-et-
Cher ; Eure-et-Loir ; Sarthe ; Calvados ; Eure ;
Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Aube ;
Alsace ; Saône et-Loire ; Allier ; H. -Marne: Lan
grès, St-Dizier, Horles, Montiyny, Latrecey,
Humbécourt, Valcouri, etc. '
— Mœurs : Les œufs sont pondus sur les branches,
surtout aux extrénnlés et par groupes serrés de
150 à :20(). Jusqu'à la dernière mue, les chenilles
vivent en société dans une faible toile et les
f»api lions éclosent :2-8 semaines après la chrysa-
idation. Ceux de la deuxième génération hiver-
nent pour reparaître en Mars. On en rencontre
parfois en Décembre (Buxton, TheZool., 1901,
p. 32). Ils fréquentent de préférence les routes,
tes promenades et le bord des bois.
— Bibl. : B. G., Nymphal., pi. 6. -- Dup., 161, pi. 1 1,
fig. 38. — Brehm, 2J77. — Goos., An. Levai.,
1898, p. 97. Lambil., 67. — Esp. 13. — Hb. 10.
~ 0., I, 114. ~ Rœs, I, 9, pi. ± — Frr., ^, 75,
pi. 139 (var. pyromtlas Frr). — Wild., 21. —
Sp., 18, pi. 3, tig. 7, et cité par Sp., Ratz., û, 70.
— Sepp, I, 8. — Biïck., 5i, pi. 9, fig. I a à d.
— Dale, 165.
101. — Vanessa xanthomelas Ksp.
— Chenille : >'oire, à points blanc jaiuïâlre nombreux,
- 161 —
surtout sur le dos. Epines noires, rarement jaune
d'ocre sale. Doi'salc double, un peu interrompue aux
incisions, blanc jaunâtre. Sous-dorsale nulle. Stig-
matale blanc jaunâtre, faite* de nombreux points
serrés. Une tache brune sous-stigmatale à partir du
4* annoau, celte tache portant une opine. Ventre
noir. Pattes: les écailleuses noires; les membra-
neuses jaune d'ocre sombre. Tête noire, assez bril-
lante, à peine échancrée au sommet. Long. 4,o-o.
— Epoque : Mai à Juillet.
— Plantes : Salix caprœa^ vilellina et glauca.
— Chrysalide : Brun rougeàtre lavé de bleuâtre,
avec des pointes longues et aiguës, sans taches
métalliques.
— Parasite : Amblyteles camelinus Wesm.
— Eclosion : Juin à Juillet.
— Dispersion : Russie, Hongrie et Alpes orientales.
FRANCE. — Alsace : Strasbourg (douteux
pour de Peyer, p. :28).
— Mœurs : Les chenilles vivent en société, et le pa-
pillon hiverne ! comme ses congénères.
— BibL : Goos., An. Levai., 1898, p. 97. — 0.,1.
117. — Wild., «21.— Sp., 18, pi. 6,%. 1-2, et,
cité par Sp.,Tischer, encykl. Taschenbuch, p. 65,
pi. 1.
4i- G. : POIiYGOlVIA Hb. = Grapla Kirby
102. — Polygonla C. Album L.
— Chenille : Brune, rougeàtre ou carnée, avec des épi-
nes rameuses, celles des anneaux 1 o jaune fauve*,
séparées par du noir et par 2 3 lignes transversales
jaunes, celles de 6-12 blanches dans la région dor-
sale, leurs intervalles également blancs, ce qui
forme une large bande dorsale blanche de 6-12.
Sous-dorsale et stigmatale généralement nulles ou
assez mal limitées, faites de taches rouge fauve plus
ou moins visibles entre lesquelles se trouvent les
stigmates, qui sont noirs cerclés de blanc. Ventre
grisâtre. Pattes : les écaillcuses plus ou moins noi
res, avec le dernier article jaune tcstacc ; les mem-
braneuses grisâtres, souvent marquées d'une tache
gris roussâtre plus ou moins nette. ïele submatc,
d'un noir marbre de gris jaunâtre sale, avec de
nombreux petits poils blonds ou blanchâtres ; cha-
que côté du vertcx se trouve un tubercule épineux
noir muni de 3-6 pointes, à extrémité Icstacée. Pre-
mier anneau noir avec 3 lignes longitudinales sur le
dos, ces lignes jaunâtres et mal délimitées, celle du
milieu plus pâle et aboutissant dans la dépression
du verlex h une tache jaune sale ; il porte de plus
quelques petits tubercules jaunes surmontés chacun
d'un poil blanchâtre. Long. 2,7-3,5.
— Epoques : Mars à Avril ; puis Juin à Septembre.
— Planiea : Ulmus campeslris, ribes rubruin et uva
crispa, corylus avellana, lonicera xylosteum,
prunus spinosa, humulus liipulus, urtica dioica
et urens ; salix ; ? rubus (Ri'ihl) ; prunus arme-
niaca.
— Chrysalide : Anguleuse, à abdomen fortement
arqué ; dos du thorax avec un fort prolongement
en bec comprimé latéralement ; pointes céphali-
ques aplaties, tronquées, émettant une petite
pointe secondaire sur les côtés. Abdomen à deux
rangs de saillies et terminé par un prolonge-
ment aplati, long et assez large, garni à l'extré-
mité d'une multitude de petits crins recourbés.
Elle est rougeâtre ou brunâtre, avec une ombre
triangulaire noir velouté chaque côté de Pabdo-
men et une autre plus pâle chaque côté de la
trompe dans sa région médiane. Abdomen à une
dorsale claire et 3-i taches basilaires métalliques
dorées ou argentées (Wild., pi. 8, fig. M. — Sp.
pi. sup. I,fîg. 8).
— Parasites: Iloplismenus terriiicus Wesm. ; Pimpia
flavonotata (îr. et Pleromalus puparum L. (Har-
wood).
— Kelosion : Mai a Juin : puis Août à Septembre.
- i6â --
— Œuf: Elliptique, à sommet aplati, côtelé, les
côtes au nombre de dix, d'un vert bleuâtre
(Bûck., 37).
— Dispersion : Toute la région paléarctique, excepté
les zones circumpolaires.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
Bouches-du Rhône; Pyrénées-Orientales; Haute-
Garonne ; Hautes et Basses-Pyrénées ; Auvergne ;
Cantal ; Gironde ; Maine et-Loire ; Loire-lnfé
rieure ; Bretagne ; Indre ; Cher ; Loiret Cher ;
Eure-et-Loir ; Sarthe ; Calvados ; Eure ; Seine-
Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Marne; Aube;
Alsace ; Saône-et Loire ; Allier ; Haute Marne :
Langres, Hontes, Saint- DizLei\ Latrecey,
Montigny, etc.
— Mœurs : La chenille se rencontre dans TEst jus-
qu'en Septembre (11-15 Sept.). L'adulte voltige
jusqu'à la mi Octobre (éclosions 4-8 Octobre) et
hiverne pour reparaître en Mars (F. d. J. N. 1901-
1902, p. 135).
— Bibl. : B. G., Nymphal., pi. 6. — Dup., 102, pi.
10, fig. 39. — Br^hm, 278. — Goos., An. Le-
vai., 1898, p. 96. -- Lambil., 72. — Esp., 13. —
Hb., 16. — 0., 1, 125. — Rœs., 1, 25, pi. 5. —
Wild., 20. — Sp., 19, pi. 3, %. 6. — Sepp,
10, 9. — Bûck., 182, pi. 6, lig. 3 a à c. —
Date., 169. — Frohawk, The Ent., 1894, p. 257
et 287. — Cox, The Eut., 1893, p. 37.
103. — Polygonia egea Ci\ = Triangulum Fab. = L.
album Hb., non Esp.
— Chenille : Gris bleuâtre, brun rougeâtre, brun jau-
nâtre sale ou noir mat, avec des stries transversales
jaunes et sombres, ces stries ordinairement mieux
marquées sur les quatre premiers anneaux. Pubes-
cence courte, fine, assez épaisse, blanchâtre. Chacun
des segments 4-1 1 porte chaque côté du dos, devant
les épines, deux grosses taches d'un bleu noir bril-
lant. Epines tricolores, jaunâtres à la base, vert noir
au milieu, noires au sommet, les petites du premier
anneau en entier jaunâtres. Sous-dorsale et stigma-
taie nulles, la sUgmatale parlois marquée en jaune
15
— 164 ^
orangé. Stigmates noirs cerclés de blanc jaunàti'e
pâle. Ventre jaune verdâtrc. Pattes : les écailleuscs
brun marron brillant ; les membraneuses jaune ver-
dàtre. Tête subcordiforme, rugueuse, surtout à la
partie supérieure, avec chaque côte deux éminences
courtes en forme d'oreilles; elle est jaune brun, avec
les pièces buccales noires. Long. 3,5 (Rogenliofer).
— Epoques : Avril ; puis Juillet.
— Plantes : Parietaria diffusa, non officînalis (Sp.
19) ; extraordinairement, ulmus campestris, rîbes
rubnini, urtica dioica, corylusavellaoa, lonicera;
salix hélix et hippophae rhamnofdes (Goos.).
— CArj«7/trfc : Trois rangs d'épines dorsales, celles
du rang médian plus grandes. Brun rouge ou
jaune ronge, sans taches métalliques.
— Eclosion : Mai à Juin ; puis Août à Septembre.
— Dispersion : Europe méridionale et orientale.
FRANCIî : Corse ;. Alpes-Maritimes ; Var ;
Bouches du-Rhôue : Marseille, Aix ; Hérault :
, Montpellier ; Pyrénées-OrientaLes ; Loir et Cher,
indiqué comme AC par Chevillon (??).
— Mœurs : Les œufs hivernent pour éclore en Mars.
L'espèce a :2-8 générations et le papillon voltige
de préférence le long des haies et dans les
jardins.
— Bibl. : Dup. 256, pi. 3i, fig. 96. — Goos., An.
Levai. 1898, p.. 9i. — Sp. I9, pi. 6, fig. 1 1 ab et
sup. I, fig. 9. — Stelt. ent. Zeit. 1865, n. 144. —
Et cité par Sp., Rogenhofer, Verh. zool. bot. V.
Wien. 1860, p. 67. — Slefanelli, Bul. Soc. Ital.
I89o, p. i>, et 1896, p. xxiv. — Bacol, Fnl. Re-
cord, 1897, p. 178.
&-- G. S PYRAMEIS Hb.
104. — Pyramels atalanta L.
— Chenille : Cylindrique, coniprimée, assez peu allon-
gée, avec quelques petits poils blanchâtres. Epines
rameuses, de teinte assez variable, le plus souvent
— 16S —
jaunes, au moins à partir du 2« âge, très rarement
presque noires ; parfois la tige de celles du dos a
l'extrémité noire, tandis que celles des côtés sont
jaunes.
Robe noir mat ou cendré, graiîulée ou pointillée
de blanchâtre, surtout sur le dos. Dorsale et sous-
dorsale nulles, la dorsale parfois légèrement mar-
quée en noir. Stigmatale bien nette, au moios à
|)artir du 5« anneau ; elle est faite de belles taches
jaunes en croissant, à concavité tournée vers le
ventre, ces taches à cheval sur deux anneaux consé-
cutifs, c'est à-dire que leur plus grande épaisseur ?e
trouve sur l'incision. Stigmates elliptiques, noirs,
placés au-dessus et entre deux taches, sous une
épine. Ventre noir. Pattes : les écailleuses noir lui-
sant ; les membraneuses noir mat h extrémité rou-
geàtre. Tête d'un noir plus ou moins luisant, forte-
ment pointillée de blanc, ce qui la fait souvent
paraître de cette dernière teinte ; elle porte des
tubercules noirs surmontés chacun d'un poil blanc.
Long. 4-4,5.
Var. a. — Robe brun rouge, incarnat.
Var. h. — Robe vert jaunàtr<\
— Epoques : Mai à Juillet ; puis Août à Septembre.
— Plantes : Tiilca dioïca et ureiis ; parietaria dif-
fusa (Mart.) et oflicinalis (dans les Pyrénées
Orientales, Cîraslin) ; parfois cynara scolymus.
— Chrysalide : {{amassée, trapue, très anguleuse, à
deux pointes latérales et deux devant la tête,
ces dernières obtuses, le prolongement anal
large, tronqué à l'extrémité. Brune, cendrée,
grisâtre ou vert rougeâtre, délicatement réticulée
et marbrée de noir ; abdomen marqué de tachas
dorées, deux rangs à sa base et un au milieu.
Long. i\3 ; des ptérothèques 1,7 ; larg. au ni-
veau de la deuxième pointe latérale 0,85.
— Parasites : Hoplismenus pica W'esm. ; Amblyteles
camelinus Wesm., castigator Fab., armatorius
— 166 -
Forst. ; Hemiteles fulvipes (BridgmanV; Limneria
cursitans Gr. (Norgate) et majalis Gr. (Bignell) ;
Mesochorus sylvarum L. et Apanteles fuivipes
Hal. (Bignell) ; Microgaster subcompletus Nées.
(Hellins) ; Pteromalus puparura L. (Albin) ; Do-
ria concinnata Meig. ; Sturmia vanessœ R.-D. ;
Voria ruralis Fab.
Eclosion : Eté et automne, à partir de Juin, rare-
ment plus tôt (Dale, Eut. Mont. Mag., IV, p. â61).
Œuf : Ovale, à six côtes saillantes^ aiguës, à som-
met lisse. Vert sombre, les côtés pellucides.
Dispersion : Toute l'Europe, excepté les régions
circumpolaires.
FRANCE. — Corse ; Alpes-Maritimes ; Var ;
B. -du Rhône ; Pyr.-Orientales ; Hte Garonne ;
H. et B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme ; Cantal ; Gi-
ronde ; Maine-et-Loire ; Loire-Inférieure ; Fi-
nistère et Bretagne ; Indre ; Cher ; Loir-et-Cher;
Eure-et-Loir ; Morbihan ; Sarthe ; Calvados ;
Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ;
Seine ; Aube : Alsace ; Hte-Saône ; Doubs ;
Jura ; Saône-et-Loire ; Allier ; Haute-Marne :
Langres, Mortes, St-Dizier, Latrecey, Mon-
tigny, etc.
Mœurs : L'œuf est isolé sur la fetfille ; il éclôt fin
Avril ou commencement de Mai, et la chenille,
qui varie beaucoup (Enl. M. Mag., 1877, p. i09),
vit solitaire dans une feuille roulée. L'éclosion
du papillon a lieu tout Tété et tout l'automne,
en deux générations ; mais c'est en Août qu'elle
se fait en plus grande quantité. L'espèce hiverne
à l'état adulte, parfois aussi à l'état de chrysa-
lide. L'adulte a été très abondant en Angleterre
en 1899 (Laddiman, The Enl., 1900, p. 13.—
Ransom, ibid., p. 13). 11 se laisse parfois attirer
par la sève des arbres, notamment par celle de
l'orme (Cansdale, loc. cit. infra).
Bibl. : B. G., Nymphal., pi. I. — Dup., 105, pi.
1-2, iig. 41. — Brehni, 1270. — Goos., An. Levai.,
1899, p. 5. — Lambil , 5i. — £sp., 14. — Hb.,
11 -0., I, 104.— Rœs., 1,a.S, pi. 6. — Wild.,
n. — Sp., -20, pi. 3, iig. 1-2 a à d. — Sepp, 1,1.
Bûck, 176, pi. 2, iig. 2 a à d. — Dale, 148. —
Edwards, Canad. Ent., 1883, p. 179. — Frings,
Soc. Ent., 1900, p. 188. - Bishop, The Ent.,
1900, p. 268.— Cansdale, Ent. Record, 189! ;
— 167 —
p. 19. — Merrifield, ibid., 1896, p. 169.
Beadie, ibid., p. 270.
105. -- Pyrameis cardui L.
— Chenille : Assez allongée, cylindrique, à pubescence
blanche assez épaisse, surtout à la partie antérinnc
du corps et sur les pattes. Epines rameuses, blan-
ches, la tige à base plus ou moins rosée, rextrémité
des rameaux noire. Tête large, subaplatie devant,
fortement hérissée de poils blanchâtres.
Robe noire varice de jaune avec des Hgnes trans-
versales fines, noires, dont deux généralement plus
nettes sur chaque anneau ou faites de mouchetures
jaunes, rougeàtres et noires (souvent le jaune do-
mine avant la nymphose). Doi'sale géminée, con-
tinue, jaune, assez bien limitée intérieurement, gé-
néralement vague au côté externe. Sous dorsale
nulle. Stigmatale bien visible, continue, ondulée,
jaune clair; elle est parfois comme géminée, mais
alors la ligne supérieure est plutôt formée de taches.
Stigmates placés entre deux épines ; ils sont plus
ou moins visibles, elliptiques, noirs cerclés de jau-
nâtre, avec le centre ordinairement plus pâle. Ventre
gris ou noirâtre fortement pointillé de blanchâtre,
avec une pubescence blanche et parfois une ligne
médiane noire plus ou moins vague et généralement
interrompue. Pattes : les écailleuses noires, rare-
ment un peu roussâtres ; les membraneuses rou-
geàtres ou noirâtres. Tête d'un noir assez brillant.
Long. 3,5-4.
— Var. a. — Robe noire, un peu tachée de jaune sur
le dos. Epines des anneaux 1-3 noires, les autres
jaune pâle à ramifications noires. Dorsale noir ve-
louté, bordée de jaune soufre, interrompue par les
épines. Stigmatale large, jaune; au-dessus d'elle
- 168 —
les stigmates, qui sont noirs bordés de jaune. Pattes
brun rougeâtre (Heilins).
Var, b, — Robe brun gris terne. Epines rosées, à
sommet blanc. -Dorsale concolore, bordée de jaune
chaque côté (Heilins).
Var, c. — Corps densément pubescent, cette pubes-
cence gris pâle, presque aussi longue que les épines,
qui sont toutes jaune vcrdàtre. Stigmates gris ver-
dàtre à centre noir. Tête noire à poils gris. Dans sa
jeunesse, elle est noire sur le dos, brun olive sur
les côtés, avec les épines noires, celles des anneaux
5, 7, 9 rose pâle. Dorsale double, jaune pale. Stig-
matale jaune pâle. Celte var., décrite par Bûckler
(Dale, 139), a été prise par E. Horton le 25 Septem-
bre et s'est chrysalidée le 13 Octobre.
— Epoque : Mai à Septembre.
— Plantes : Carduus, surtout iiutans et crispus ; cir
sium lanceolatuni et arvense ; eryngium campes-
tre ; urtica dioïca ; nialva nicœeusis, parvillora
et sylvestris ; echium vulgare ; achilla^a millefo
lium ; helichrysuin arenarium ; lavatera arborea ;
onopordon acanthium, lappa niiuor, artemisia
vulgaris ; cynara scolymus ; dahlias (Ebrard) ;
filago arvensis, iiounea pulla et silybum maria-
iium (Lambil.) ; gnaphalîum tomentosum (Busse,
Soc. Ent., 1897, p. 108), dioïcum (Tiedeniann,
ibid., p. lio) et niargaritaceum.
— Chrysalide : Grise ou brune, avec deux prolonge-
ments céphaliques obtus et d'autres jaune bril-
lant. Elle présente deux variétés : a) sombre, à
dos atome de brun pâle et finement taché de noir ;
vers le milieu un trait coupé de gris rosâtre ;
base de l'abdomen à taches dorées, accompagnées
extérieurement par un trait gris rougeâtre. Plé-
rothèques brunâtres, parfois tachetés de brun
rosé ; b) verdâlre pâle avec les mêmes taches
que dans la première variété, mais ces taches
moins étendues ; en plus, un reflet général doré.
Long. :2,3-i,o.
— Parasites : Amblyteles camelinus Wesm., casti-
gator Fab. ; Limneria exareolata Gr. (Bignell) ;
— 169 —
Pimpladiluta Gr. (Barrett); Bracon variator Nées,
et Apanteles emarginatus Nées. (Pierce).
Keloaion : Mai à Septembre.
Œuf: En forme de buril, à sommet déprimé en
nid, à fortes stries longitudinales au nombre de
16 environ, réticulé transversalement. Vert som-
bre, avec les côtés plus pâles, translucides
(Bfick. 17a).
Dispersion : Toute la faune paléarctique, excepté
les régions circumpolaires.
FRANCE. — Corse; Alpes-Maritimes; Var ;
Bouches du-Rhône ; Pyrénées-Orientales : Haute
(iaronne ; H. et B. -Pyrénées ; Puy de-Dôme ;
Cantal ; Creuse; (iironde ; Maine et Loire ; Loire-
Inférieure ; Finistère et Bretagne ; Indre ; Cher ;
Loir-et-Cher ; Eure-et-Loir ; Morbihan ; Sarthe ;
Calvados, R au pays d'Auge ; Eure : Poni-de-
l'Arche, Vaseœuil ; Seine-Inférieure; Somme;
Nord ; Oise ; Aube ; Alsace ; Hle-Saône ; Doubs ;
Jura ; Côte-d'Or ; Saône-et-Loire ; Allier ; Hte-
Marne : Langres, liortes, Latrecey, Montigny,
Praslay^ etc.
Mœurs : Les œufs sont pondus isolément. Les che-
nilles vivent solitaires dans une légère tente
soyeuse placée sur les feuilles roulées ; on en
rencontre parfois jusqu*à trois, rarement plus,
sur chaque pied. L'éclosion a lieu environ 14
jours après la chrysalidation ; mais, pour la der-
nière génération, elle* peut être retardée jusau'a-
près I hiver et même dans le courant ae l'été
suivant (Dale, liO), en sorte que Thivernage se
fait à l'état de papillon et aussi de chrysalide.
L'espèce peut avoir :2-3 générations, mais son
apparition est variable et incertaine ; si donc, à
certaines années, elle est excessivement C, à
d'autres elle semble manquer totalement. Un des
f massages les plus intéressants est celui qui eut
ieu au mois de juin 1879, surtout du 10 au 16,
en Suisse, en France et en Angleterre. D'après
les constatations faites dans le Var, entre Saint-
Raphaël et i4^a^,par M.Crozet-Noyer, il y avait
deux courants bien dessinés, l'un vers l'Ouest
par l'Espagne, l'autre vers le Sud par la Sardai-
gne et la Corse. Les papillons remontèrent alors
en France, puis en Angleterre, et le fait fut
constaté dans la Drôme (aireclion E.-O.), la Sa-
— 170 —
voie, par M. Chaboz (Si-Franc) ; la Chareate,
par M. Condamy [Angoulème, direction E.-O.) ;
le Puy-de Dôme, par M. Plumadon (Clermont,
Hoyatj direct. N.-S.) ; la Saône-et-Loire, par M.
Ragonot (Auiun) ; la Côte-d'Or, la Meurtne-et-
Moselle {Nancy, direct. E.-O.) ; les environs de
Paris, par M. d'Apreval (Armainoilliers, direct.
N.-S.), et MM. Girard et Pou jade (Champigny,
Varenne^ St-Maur, direct. N.-E.) ; le Maine-
et-Loire, par M. Decharme (Angers, direct.
E.-O.); l'Eure, par M. Regimbart (Eoreux,
direct. S.-N.) ; la Seine-Inférieure, par M. Tous-
saint (Bolbec, direct. 0. 1/4 N.-O.) ; Tllle-et-
Vilaine, par M. Oberthûr (/?e/ine«, direct. S.-N.,
puis E.-O.), etc. A la même date, un passage fut
également constaté en Suisse, au St-Gothaid, à
Il 50 mètres d'altitude, par le D>^ Fatio (Brehm,
271 et suiv. — F. d. J. N., 1879, p. \U et 153).
En temps ordinaire, le papillon fréquente surtout
les plaines, mais on le rencontre aussi sur les
montagnes jusqu'à 1800 mètres. Il voltige volon-
tiers après le coucher du soleil, et sort parfois
dans les belles journées d'hiver.
Bibl. -^Dup., 107, pi. 1-2, (ig. 42. — Brehm, 271.
— Goos., An. Levai. 1899, p. o. — Lambil., 57.
— An. Soc. Fr., 1869, p. xiv et 1877, p. clxiii.
— F. d. J. N., 1879, p. 143. - Esp.. 10. — Hb.,
12. — 0., 1,104.— Rœs., 1,57, pi. 10. — Wild.,
23. — Sp., 20, pl.3,fig. 13etpl.6,fig. 15ab.—
Senp., 4, 1. — Bûck,, 49 et 147, pi. 8, fig. 1. —
Dale, 137. — Dei, Bul. Soc. ent. Ital., xxi, p.
277. — Cockerell, Psyché, 1897, p. loi. — Ea-
ton, Ent.. M. Mag., 1899, p. 42. — Jenkiuson,
ibid., p. 91. —Mary, Soc. eut. 1897, p. 141 —
Tult, Ent. Record. 1895, p. 110, et 1899, p. 77.
B"" G. ; ARACBIVIA Hb. fpro Arasclmia)
106. — Arachnia levana L.
— Chenille : Cylindrique à fine pubescence blanchâtre,
les poils implantés sur un point blanc ou blanc
roussâtre. Epines rameuses, toutes ou presque tou-
tes rousses à extrémité noire (dans le jeune âge, elles
— 171 —
sont noires avec la base roussàtre ou lestacée). Tête
munie de deux longues épines rameuses, formant
deux espèces de cornes très caractéristiques.
Robe noir velours. Lignes ordinaires nulles ; par-
fois cependant on remarque une sorte de dorsale
noire qui, du reste, ne ressort que par suite de la
présence dans son voisinage de nombreux points
blancs. Stigmates invisibles. Ventre noir. Pattes :
les écailleuses noires ; les membraneuses rouges ou
testacées, presque toujours de la couleur des épines.
Tète noir luisant, avec des poils placés sur des points
blancs. Long. 2-3.
Var. leoana L. — Robe plutôt roussâtrc, mais parfois
aussi noire, avec une dorsale généralement mieux
visible.
— Epoque : Juin, puis Septembre.
■— Plante : Urtîca dioîca.
— Chrysalide : Petite, très anguleuse, à deux pro-
lon(renients latéraux, la gaîue des anteunes très
saillante et d*un noir luisant dessous, les pointes
céphaliques obtuses. Brune ou variée de brun
rougeâtre et de jaune plus ou moins sale, cette
dernière teinte répartie surtout sur la tête et le
thorax, avec les ptérothèques plus sombres. Des
taches métalliques. Stigmates visibles* et placés
entre deux taches saillantes, noires. Pattes mem-
braneuses très saillantes. Long. 1.3 ; larg. des
épaules 0,46 (Sp., pi. 3, fig. 5 c).
— Parasites : AmblytelescamelinusWesm. ; Slurmia
vanessic L ; Phryxe vanessic K. D. et puella L. ;
Doria concinnata Meig. ; Phorocera vernalis L.
Les trois premiers s'attaquent surtout à prorsa.
— Eclosion : Avril à Mai ; puis Juillet à Août ; sou-
vent encore Septembre à Octobre.
— Œuf: Oviforme, à sommet tronqué, à côtes longi-
tudinales, analogue au calice d'un Lychnis, de
couleur verdûlre (An. Soc. Fr , 1884, pi. o,
fig. 37. -— Sp., pi. 50, fig. 9).
— Dispersion : Europe centrale et orientale, Pié-
mont, Dalmatie. Livonie.
FRANCE. — Cher; Somme; Nord; Oise:
Compiègne ; Aisne : Solssons ; Aube : Bar-
Hur- Seine ; Alsace : Colmar, Strasbourg ; Hte-
Maruc : Mortes^ au val de Presles.
Mœurs: Les œufs sont déjposés par colonnes de
1} \Û, le dernier pondu, cest à dire celui qui se
trouve à la partie supérieur, éclosant le pre-
mier. Les cnenilles recherchent les orties qui
croissent sur le bord des eaux, des ruisseaux
surtout : elles vivent en société, mais se répar-
tissent d'abord o, puis 3, ± et enlin I sur chaque
feuille. La chrysalidation se fait pour l'hiver, et
le papillon éclôt au printemps suivant, parfois
même deux ans après. L'espèce a générafement
deux générations, leoana L. au printemps et
prorsa L. en été ; mais parfois, dans les années
chaudes, il peut y en avoir une troisième don-
nant l'ab. porima 0. ou reproduisant prorsn
(Feyerim., !î8) ; cependant nous devons ajouter
que cette dernière fournit souvent aussi à la fois
leoana et prorsa.
Bibl : B. G., Nvmphal., pK 3. — Goos., An. Levai ,
1898, p. 9i. — Lambil., 7o. — Esp., 15. — Hb.,
17. — 0., I, 1-29 et 131 — Treil., 10, 43. —
Hœss., I, i9, pi. 8 et oi, pi. 9. - Wild,, 3. -
Sp., -i(», pi. 3, «g. o ab. — Eut. Nach., 10. iH.
— Bagge, Zool. Garten., xxx'' année, n*' H»,
p. 3lo. — Kuhnier, Eut. Nach. Kaisch., 1898,
p. 37 et 3oi.
7- Ci. : MELITŒA lab.
107. — Melltœa maturna L. = Cynlliia Esp. = Mysia Hb.
— Chenille : Noifc oii brun noir, les pi^olongemcnls et
leurs épines noirs, très velus, ceux qui se trouvent
k la bas(î des pâlies membraneuses gris jaune.
Dorsale faite d'une large bande jaune soufre parta-
gée longiludinalement par une ligne noire et coupée
transversalement sur chaque anneau par deux à
trois traits noirs. Stigmatale faite de taches jaune
soufre ; elle porte les stigmates, qui sont noirs. Yen-
- 173 —
tre gris jaune, plus loncé aux trois premiers an-
neaux. Pattes : les écailleuses noires-; les membra-
neuses gris jaunâtre terne. Tête cordiforme, noire,
couverte d'une fine pubescence noire. Long. 3.
— Epoque : Août à Mai.
— Plantes : Fraxinus exoelsior ; scabiosa succisa ;
salvia pratensis ; clematis vitalba ; plantago lan-
ceolata et autres ; populus alba et tremula ; salix
caprea; fagus sylvatica ; viburnum, inelampyrum
nemorosiim et veronica (Lambil.\
— Chrysalide : Tronquée à la partie antérieure, de
couleur variable, ordinairement verdàtre, par-
fois jaunâtre ou grisâtre, avec des saillies jaunes
sur l'abdomen et des taches noires sur les plé-
rothèques (Wild., pi. 8, fig. ± — Sp., pi. 6,
lig. 16. — Newnham, Ent. Record, 1894, p. l-i).
— Parasite : Arablyteles culpatorius Grav.
— Eclosion : Mai à Juillet.
— Œuf : Pyriforme ovalaire, cannelé vers le sommet,
de couleur jaunâtre (An. Soc. Fr., 1884, pi. o,
«g. 38. — Sp., pi. 50, lig. 10).
— Dispersion : Europe centrale et septentrionale, à
l'exception de TAngleterre et du Danemark.
FRANCE. — Cher ; Loiret ; environs de Pa-
ris : Montmorency, forêts de Clamart, de
Bondy ; Nord: bois de Phalempin (I ex.i;
Marne : Epernay ; Aube : Eroy, Villery ; Al-
sace ; Haute-Marne, R : Auberioe.
— AliL'urs : La chenille hiverne après la seconde
mue, en société, sous une toile ; après la troi-
sième mue, qui a lieu en mai, on ne la trouve
plus qu'isolément ; elle se chrysalide aux ar-
bustes et le papillon recherche de préférence les
bois touffus. En temps d'orage, il desrend des
buissons sur lesquels il aime à voltiger et vient
marcher sur le sol où il est facile à capturer avec
la main (Coos.).
— BibL : Dup., 186, pi. -20, lig. oO. — Lambil., 80.
— Goos., An. Levai., 1899, p. 6. — Hb., ± —
0., I, 18. — Frr., 4, 31, pi. 107. — Wild., II.
— Pr., pi. 1,lig. I.- Sp., 21, pi. 3, fig. 15.
— Stet. Ent. Zeit., 1859, p. 381.
— 174 —
108. — Melitoèa cynthia Hb. = Mysia Hb.
— Chenille : Noire ou brune, avec les incisions jaunes
dans la région dorsale ou marquées d'un trait arqué
jaune et ordinairement un rang transversal de
points également jaunes à la partie postérieure de
chaque anneau. Prolongements épineux noirs. Li-
gnes ordinaires nulles, mais sur les côtés un rang
de traits obliques et des points jaunes, la dorsale
parfois indiquée sur les anneaux 1-3. Stigmates
noirs bordés de jaune. Ventre gris noirâtre. Pattes :
les écailleuses noires ; les membraneuses ordinaire-
ment rougeâtres. Tête cordiforme, noire. Long. 3,5.
— Var. a. — Les taches jaunes sont très développées,
confluentes et descendent jusque sur les pattes.
— Epoque : Septembre à Juin.
— Plantes : Alchemilla vulgaris (Ri'ihl) ; plaiitago
lanceolata (Bromilow) ; viola (Heincuiann) ; pe-
dicularis ^Hofmaim) — ? polyphage iFrey.).
— Chrysalide: D'après Spuler (p. 121), elle est ob-
tuse, gris blanchâtre, tachée et poinlillée de
jaune et noir.
— Parasites : Ichneumon cynthiii» Kr., gracilicoruis
Grav.
— Eclosion : Juillet à Août.
— Œuf: Subpyriforme, finement côtelé, de couleur
blanc jaunâtre (Rûhl., 375).
— Dispersion : Montagnes alpines^ au dessus de 800
mètres. •
FRANGE. — Montagnes des Alpes et du Dau-
phiné, depuis les Basses-Alpes jusqu'en Savoie.
— Mœurs : Les œufs sont déposés isolément, mais
l'on en trouve plusieurs sur chaque plante. Les
jeunes chenilles hivernent en société sous une
tente soyeuse, et le papillon voltige dans les
pays montagneux. L'espèce aurait été rencontrée
en Haute-Marne, à Langres. Malgré l'autorité du
lépidoptériste qui nous a communiqué ce fait,
qous doutons et nous croyons à une erreur oc-
- m -
casionnée par suite d'échanges. Rûhl aurait ren-
contré une femelle de cynihia accouplée avec
un mâle A'Erebia lappona (Sp., 21).
BibL : Goos., An. Levai., 1899, p. 6. — Hb., 2,
(mysia). — 0., 1, 21. — Frr., 3, 77, pi. 247. —
Wild., 11. — Pr., pi. i,fig. 2. —R. H., 375.—
Sp., 21, pi. 3, fig. 14. — Stet. Ent. Zeit., 1853,
p. 30i>. — Chapman, Ent. Record., 1899, p. 247.
109. — Melitœa aurinla Rolt. = Artemls Hb. := Maturna
Sp. = Lye Bgslr.
— Chenille : Cylindrique, peu allongée, à courte pubes-
cence noirâtre. Prolongements épineux noirs ; le
premier segment n'en a pas dans la région dorsale,
mais il porte chaque côté un petit mamelon poilu.
Tête cordiforme.
Robe noir velours mat ou brun sombre. Dorsale
en bande très large, faite d'innombrables points
blancs très serrés et d'inégale grosseur. Sous-dor-
sale nulle. Stigmatale comme la dorsale. Stigmates
gros, subelliptiques, noirs, placés sur une tache
blanche, ce qui les lait paraître entourés d'une bor-
dure à contour irrégulier. Ventre blanchâtre, au
moins à partir des anneaux 4 ou 5, avec une ligne
médiane brun marron, continue et assez fine, au
moins entre les pattes membraneuses ; il est bordé
chaque côté de marron, cette teinte lormant sous la
stigmatale une belle et large bande tranchant sur le
noir du fond. Pattes : les écailleuses noir luisant en
entier ou en partie (dans ce cas, le reste testacé) ;
lorsque l'animal marche, leur partie basilaire sem-
ble blanchâtre ; les membraneuses testacé luisant,
à base plus ou moins blanche, la paire anale ordi-
nairement marquée d'une tache noire au côté
externe. Tête noir luisant, avec de nombreux poils
raides ; chaperon blanchâtre. Long. 3-3,5.
-- 176 -
Var, merope Prun. : Semblable au type, mais le
pointillé blanc est peu prononcé.
Var, prooincialis B. : Robe presque toute noire, par
suite de l'oblitération plus ou moins grande des
points blancs qui forment, dorsale et stigmatale
chez le type. Ventre plus terne, la partie blanchâtre
moins étendue et plus souillée, sa bordure sous-
stigmatale noire et non brun marron. Pattes écail-
leuses ordinairement en entier d'un testacé luisant.
— Epoque : Juillet à Mai.
— Planies : Scabiosa, surtout suecisa ; plantage lan-
ceolata et autres ; lonicera caprifoiiuin et peri-
clymenutn ; hieracium. — Veronica agrestis, di-
gitalis purpurea et teucriuu) scorodonia (Grif-
îith) ; à Zurich, géranium pratense. — Var.
merope Prun., en Juin, sur primula viscosa.
En captivité, lactuca sativa et valerianella oli-
toria (Paux).
— Chrysalide : Obtuse, courte, ramassée, blanchâtre
ou très légèrement verdâtre, avec des taches et
des raies transversales noires. Thorax' à deux
croissants noirs, opposés par le côté convexe, lu
concavité tournée en dehors. Ptérothèques mar-
qués d'un grand trait longitudinal et deux à
quatre taches plus grandes, noires. Abdomen
avec de petits boutons jaunâtres ^Sp., pi. 6,
«g. 17. — Tutt., Eut. Record, 1896, p. 8*J).
— Parasites : Apanteles bignellii et spurius (Bignelll.
— Ji clos ion : Avril à AoAt.
— (Kuf : Pyriforme, à sommet aplati, côtelé sur les
côtés, (le couleur brun clair brillant (Biick., Si).
— Dispersion : Toute l'Europe, excepté l'extrême
nord.
FRANCE. — Alpes-Maritimes-, Var: H. et H.
Alpes ; Isère ; Savoie ; B.-du-Rhône ; Durance ;
Vaucluse : Pyrénées-Or. ; Hte-Garonne ; H. et
R. -Pyrénées ; Puy-de Dôme ; Cireuse ; Dordogne ;
(îironde ; Charente ; Deux-Sèvres ; Maine-et-
Loire ; Loiie-lnférieure ; Finistère et Dretagne ;
Indre; Cher; Loir-et-Cher; Eure-et-l^oir ; Sar-
the ; Calvados : Léaupartie, Baceni, Cordehu-
g le ; Eure ; Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ;
- 177 —
Oise ; Aube ; Meurthe-et-Moselle : Nancy ;
Vosges: Epinal; Alsace; Saône-et-Loire ; Al-
lier; Hte Marne : Lanffres, llortés, Montigny,
ISaintDizier, Valcourf, elc.
Mœurs : Les œufs sont pondus par croupes nom-
breux, d'une centaine environ, à la face supé-
rieure des feuilles. Les jeunes chenilles hiver-
nent en société sous une toile soyeuse. C'est en
Avril et Mat qu'on les rencontre le plus facile-
ment. Elles aiment le plein soleil et se reposent
volontiers sur les feuilles, dans les après-midi
chaudes, surtout de î k i heures. Leur éducation
est facile. En Haute-Marne^ elles vivent sur
scabiosa, et, en captivité, elles ont toujours refusé
le plantain et la véronique. L'espèce doit avoir
deux générations dans le Sud. La var. merope
Prun. se rencontre dans les Alpes, tandis que la
var. prooincialis B est surtout propre à la Pro
vence.
BihL : B. T.., Nymphal., pi. Il — Dup., 146, pi. 21,
lig. (îi. - Lambil , 8iJ. — (îoos.. An. Levai.,
1899, p. 7. — Hb., H. -^ 0., I, !2i. — Frr., I, -io,
pi. 7. — Wild , II. — Sp., 41, pi. 3, fig. 16. -
Stet. ent. Zeit.. \%)\^, p. 303. — Sepp, vu, !20.
— Biick., 8i, pi. 12, fig. t, — Birkenhead, Ent.
Record, 1893, p. ir)6. -- Dav, ibid., 1896, p. 89.
110. — Melitœa cinxia L. = Délia Hb. = Pilosellu) Esp.
— Chenille: CylindiMquc, pou allongée, à prolongements
gris cendre', leurs épines noires. Tétc petite, ai*ron-
die, à lobes bien marques.
Robe noir mal ou brun sombre, avec un pointillé
blanc vers les incisions au bord postérieur des an-
neaux, ce pointillé placé sur 2-3 rflngs transversaux
plus ou moins n'guliers et lait de points de diflfércn-
tes tailles, les plus gros dans la n'gion stigmatale,
ce qui fait paraître cette place plus claire. Lignes
ordinaires nulles. Stigmates elliptiques, noirs, plus
ou moins cerclés irrégulièrement de blanchâtre ou
de grisâtre. Ventre noir. Pattes : les écailleuses noir
luisant ; les membraneuses rouge carmin ; les anales
— 178 -
fortement poilues à la base. Tête rouge carmin lui-
sant, avec une assez forte pubescence noire ; les
lobes sont généralement marqués de noir, cette
teinte répartie surtout à Tendroit des ocelles. La
teinte carmin de la tête et des pattes membraneuses,
caractéristique de cette espèce, vire au brun noir
avant la nymphose. Long. 3-3,5.
— Epoque : Mai à Juin, puis Août à Mai.
— Plantes : Plantago, surtout lanceotata et major ;
centaurea jacea, veronica chamœdrys et agrestis,
hieracium piiosella, cichorium intybus.
— Chrysalide : Ramassée, obtuse, fortement courbée
en angle subdroit à partir du l® segment abdo-
minal, sublisse, à anneaux mobiles. Tubercules
génitaux saillants, éloignés, à extrémités arron-
dies. Pointe anale forte, obtuse, terminée par
une brosse courte, marquée sur le dos et à la base
de la région ventrale d'un sillon assez profond,
(iris blanc, Tenveloppe alaire * densément striée
de noir, ce qui la fait paraître sombre, parfois
tachée de ferrugineux à la base et au bord in-
terne, avec deux rangs terminaux de petits points
blanchâtres. Tête plus ou moins ferrugineuse.
Antennes à articles visiblement noirs et blancs.
Abdomen un peu bleuâtre *, maraué de noir,
avec 5-8 rangs longitudinaux de tacneâ saillantes
orangées, les trois médians plus nets ; entre les
deux extrêmes, les stigmates, qui sont peu visi-
bles, elliptiques, noirs bordés de rouge sombre.
Long., jusqu'à la courbure, 1,i ; des ptérothèques
1 ; larg. 0.55.
— Parasites: Ichneumon pulvinatus Kr.. balteatus
Wesni., cinxiie Kr.
— Eclosion : Mai à Juillet.
— (Kuf\ Ovoïde, à sommet un peu tronqué et can-
nelé, de couleur brun sombre.
— Dispersion : Toute l'Europe, excepté l'Espagne
méridionale et les régions polaires.
FRANCE. — Alpes-Maritimes ; H. et B.-
Alpes ; Var ; Bouches-du-Rhône ; Pyrénées-Or. ;
11. -Garonne ; H. et B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme ;
Cantal ; Creuse ; Dordogne ; (ii ronde ; Charente ;
Deux-Sèvres ; Maine-et-Loire ; Loire-Infér. ;
Finistère et Bretagne; Indre; Cher; Loir-et-
Cher; Eure-et-Loir; Sarthe ; Calvados; Eure;
Seine-Inférieure ; Somme ; Nord ; Oise ; Seine ;
Aube ; Meurthe-et-Moselle : Nancy ; Alsace ;
Saône-et-Loire ; Allier : Moulins , Auhigny ;
Hte-Marne : Langres, Hories, Lalrecey, Mon-
tigny.
— }fœurs : Les œufs sont déposés sur les feuilles par
groupes nombreux de 30 à plus de 100. Les che-
nilles éclosent en Aoùl, hivernent sous une tente
et se dispersent au printemps. L'espèce a deux
générations dans le Sud, une seule dans le Nord.
— Bibl. : B. G., Nymphal., pi. 5. - Dup.,129,pl. 21,
fig. 60. — Goos., An. Levai., 1900, p. 7. —
Lambil., 8.1. — Hb., ô. — 0., I, -27. — Rœs.. 4,
-JOI, pi. 4, fig. -29 a. -- Frr., 3, 29, pi. 103. —
Wild., 13. — Pr., pi. I, fig. 3. - Sp., 22, pi. 3,
fig. 17. — Sepp., 4, 73, pi. 22. — Bûck., pi. H,
fig. 3. — Dale, 193.
111. — Melitaea phœbe Knocli.
— Chenille : Région dorsale et latérale d'un gris noir,
finement ponctiuie de blanc ou de blanc jaunâtre ;
région ventrale brun clair, avec un pointillé plus
effacé. Epines, les dorsales jaune rougeâtre, les
. latérales blanchâtres. Dorsale et sous-dorsale noirâ-
tres, continues ou subcontinues. Sligmatale blan-
châtre, -ordinairement accompagnée d'une ligne
noire à la partie supérieure. Pattes écailleuses noi-
res. Tête noirâlre. Long. 3-3,5.
— Epoques : Septembre à Mai ; puis Juin à Juillet.
— Plante : Centaurea scabiosa (Zimmermann), aspera
(Mart), paniculata (Rouast), jacea et calcilrapa ;
erythrœa centaurium ; cirsium acaule — Plantago
(Wilde).
— Chrysalide : D'après Spuler, elle est d'un gris jau-
nâtre tacheté et pointillé de noir et de rouge.
— Eclosiun : Juin à Juillet dans le Nord. — Dans le
Sud, Avril à Mai ; puis Juin à Juillet.
— Dispersion : Europe moyenne, orientale et méri-
dionale.
16
~ 180 —
FRANCE. — Alpes-Marit. ; H. et B. Alpes ;
Var : Hyères ; Bouches-du-Rbône ; Pyrénées-
Orientales ; Hte Garonne ; H. et B. -Pyrénées ;
Puy-de-Dôme ; Cantal ; Gironde ; Dordogne ;
Charente; Deux- Sèvres ; Maine-et-Loire ; Loire
Inférieure ; Morbihan ; Ule-et-Vilaine et Breta-
gne ; Manche : St-Lô ; Indre ; Cher ; Loir-et-
Cher ; Eure-et-Loir ; Sarthe ; Eure : Bonport
(1 ex.) ; Oise ; Seine ; Seine-et-Marne ; Aube :
les Riceyg, Bar-sur-Seine, Ei^y ; Alsace ; Saôue-
et-Loire ; Allier : Moulins, Aubigny ; Haute-
Marne : Langres,
- Mceurs : Les chenilles sortent de l'œuf en Septem-
bre et hivernent en société. Quand elles sont
jeunes, elles ne diffèrent de celles de didyma
S je parce qu'elles ont la tète noire et non brun
air. L'espèce a deux générations dans le Sud
et le papillon voltige surtout dans les champs
arides et les prairies des montagnes.
— Bibl. : B. G., Nymphal., pi. 5. — Dup., 134, pi. 19,
fig. 56. — Goos., An. Levai., 1900, p. 8. — Hb.,
4. — 0., 1, 39. — Wild., 13. - Frr., 4, 39, pi.
3io et 7, 63, pi. 626. — Sp., 22, pi. 3, fig. 18.
112. — Melltasa diclyma Ochs.
— Chenille : Cylindrique, peu allongée, les prolonge-
ments de deux sortes, savoir : un rang dorsal et
deux stigmataux blancs, ceux-ci marqués de jaune
orange dessous et un rang sous«dorsal plus gros,
orangé ou jaune rouille ; toutes leurs épines noires.
Dernier anneau muni seulement de deux prolonge-
ments, entre lesquels se trouve une tache noire.
Tête lortement échancrée au sommet, subaplatic
devant, à deux lobes très arrondis.
Robe noire, fortement marquée et pointillée de
blanc ou de blanc bleuâtre, les prolongements en-
tourés de noir à la base. Dorsale et sous-dorsale
fmes, noires, laites de traits qui relient les prolon-
gements. Stigmatale large, blanchâtre, parfois peu
nette, plus ou moins bordée de noir à la partie su-
périeure. Stigmates subarrondis, noirs. Ventre blanc
— 181 —
grisâtre ou cendré bleuâtre, à une ligne médiane
noire. Pattes : les écailleuses noir luisant ; les mem-
braneuses concolores au ventre et généralement ma-
culées de sombre. Tête un peu luisanfe, jaune fauve
ou rousse, marquée de points plus pâles d'où par-
tent des poils assez longs, noirs ; A, intervalle com-
pris entre les deux branches et place des ocelles,
noirs ; cette teinte partage du reste la tête en deux
régions, car elle se prolonge dans la dépression du
vertex, jusque vers le cou. Long. 2,2-2,8 ; larg. de
tête 0,3.
— Epoques : Septembre à Mai ; puis Juin à Juillet.
— Plantes : Planlago, surtout lanceolata ; veronica
chamœdrys et autres ; liuaria vulgaris, scabiosa
et euphorbia ; trifolium montanum (Hormuzaki) ;
verbascum nigrum (Griflîth) ; à Zurich, melam-
pyrum nemorosum et artemisia campestris.
— Chi-ysalide : Ramassée, obtuse, verdâtre ou blanc
grisâtre, avec des taches noires et plusieurs
rangs de saillies orangées.
— Edosion : Mai à Juin ; puis Juillet à Août.
— Dispersion : Europe moyenne et méridionale.
FRANCE. — Alpes-Marit. ; H. et B. Alpes ;
Var ; B.-du-Rhône: Pyrénées Or.; Hte Garonne ;
H. et B. -Pyrénées ; Puy-de-Dôme; Cantal ; Dor-
dogne ; Gironde ; Charente ; Deux-Sèvres ;
Maine-et-L. ; Loire-Inf. ; Morbihan (Taslé) ; Ille-
et-Vilaine ; Indre ; Cher ; Loir-et-Cher ; Eure-et-
Loir (irrégulier) ; Sarthe ; Oise ; Seine ; Seine
et-Marne ; Aube; Meurthe-et-Moselle: Nancy \
Vosges : Epinal ; Alsace ; Saône-et-Loire ; Al-
lier : Moulins^ Panloup, Cusset ; Haute-Marne :
Langres, Hortes, Montigny, fMtrecey, S t-Diziery etc.
— Mœurs : La chenille hiverne ; on la rencontre en
Hte Marne, surtout fin Avril et commencement
de Mai, dévorant les feuilles de plantain lancéolé.
L'éclosion a lieu de lo-20 jours après la chrysa-
lidation, et l'espèce a généralement deux géné-
rations, rarement une.
— BibL: Dup., 14G, pi. 2'i, fig. 63. — Goos., An.
Levai., 1900, p. 8. — Esp., 16. — Hb., 3 (cyn-
ihia). — 0., 1, ao. — Rœs., 4, lO-J, pi. 4, % 13.
-Fit., -2, IH. — Wild., Il — Pr.,pl. 1,fig. 5.
- Sp., -i:^, pi. 3, fig. 2iU.
113. — Melltaa deione H.-G.
— Chenille: D'ap